Facts et Fake : comment les Européens s’informent ou se désinforment sur l’UE ?

Résultats d’une enquête menée auprès de 300 personnes provenant de cinq pays européens par Paulina Fröhlich, Sophie Borkel et Christian Mieß, qui ont cherché à comprendre d’où les citoyens européens tirent leurs informations sur l’Union européenne ainsi que les sources de désinformation auxquelles ils sont exposés. L’objectif était de mettre en lumière les médias et les canaux de communication les plus utilisés, ainsi que les mécanismes qui conduisent à la propagation des fausses informations.

L’information sur l’UE se présente de manière occasionnelle

Interrogées sur les sources à partir desquelles les participants obtiennent leurs informations sur l’UE, la plupart mentionnent divers médias, mais aussi des conversations privées ainsi que des échanges avec des collègues. De manière frappante, mais sans surprise, ce sont les participants plus jeunes qui ont tendance à indiquer les médias sociaux et/ou les médias en ligne comme leurs principales sources d’information.

Les bibliothèques, les brochures, les conférences ou les événements d’information sont également mentionnés de manière occasionnelle. En plus de ceux mentionnés, il y a cependant des personnes qui soulignent qu’elles ne s’informent pas du tout. Plusieurs personnes mentionnent avoir délibérément décidé de ne pas avoir d’abonnement à la télévision ou aux journaux.

Ceux qui se considèrent comme étant activement impliqués et politiquement informés utilisent plus souvent des podcasts, des newsletters et d’autres supports d’information (médias à la demande) en plus des journaux et de la télévision (médias classiques) pour se forger une opinion sur l’UE que ceux qui se disent plus éloignés de la politique. Ces derniers ont tendance à se limiter à la télévision et aux médias sur Internet et, s’ils sont plus jeunes, aux médias sociaux tels qu’Instagram et surtout Facebook.

Ce qui ressort particulièrement de cette discussion, c’est que la plupart des participants ont démontré un niveau élevé de compétence médiatique en ce sens que, quel que soit le canal utilisé, ils ont toujours examiné de manière critique les sources et les ont comparées à des informations de seconde et de troisième main. Dans certains cas isolés, la perception du contenu médiatique apparaît déjà sceptique et fondamentalement méfiante.

La réceptivité aux fausses informations s’explique de différentes manières

La plupart des participants sont conscients de la désinformation. Cependant, seulement après y avoir réfléchi un moment. La source de fausses informations la plus fréquemment mentionnée dont ils ont conscience est la chaîne de télévision Russia Today (RT). Les participants la décrivent comme de plus en plus difficile à identifier en tant que fausses informations, surtout lorsqu’elles apparaissent sur les médias sociaux.

Ils attribuent généralement plus de fausses informations aux médias sociaux qu’à la presse écrite ou aux chaînes de télévision, par exemple. Le manque de citations de source émane pour eux d’un manque de sérieux. Tous les participants n’ont pas encore rencontré consciemment de désinformation. S’ils l’ont fait, ils l’ont rencontrée parmi des connaissances ou des amis (des liens vers des blogs ou des vidéos douteux ont été transmis par message), ou ils entendent des rapports sur les fausses informations provenant des médias de confiance.

L’exemple le plus courant ici concerne les fausses informations sur le coronavirus. Les participants des groupes de discussion soulignent qu’ils considéraient les « fausses informations évidentes », telles que l’affirmation selon laquelle les produits laitiers protégeraient contre le virus, comme moins dangereuses que les informations dont la véracité était plus difficile à déterminer. Avant même que des cercles sociaux d’extrême droite ne soient soupçonnés de fausses informations, d’autres pays étaient suspectés d’en être les acteurs.

De plus, les tentatives d’expliquer pourquoi les citoyens ont tendance à croire les récits alternatifs ou les fausses informations étaient très remarquables. Il existe ici des différences nettes entre les participants qui s’informent activement sur les événements politiques et participent également politiquement, et ceux qui s’intéressent aux événements politiques en marge et ont également tendance à ne pas participer en général : tandis que le premier groupe tend à chercher les raisons dans des facteurs socio-économiques (éducation, position économique, âge), le second groupe voit les raisons davantage dans la recherche de cohésion et de solidarité des personnes. Dans le même temps, les citoyens prétendument non mobilisés expriment une grande compréhension pour cette façon de recevoir des informations. On a soutenu que, de manière similaire à une communauté religieuse, les gens cherchaient la sécurité dans un monde complexe.

En conclusion, l’enquête révèle que les Européens s’informent sur l’UE à travers une variété de sources, allant des médias traditionnels aux médias sociaux et aux conversations privées. Les médias en ligne et les réseaux sociaux ont gagné en importance, surtout parmi les jeunes générations, tandis que certains participants ont exprimé leur volonté de s’éloigner des médias traditionnels en optant pour des sources plus sélectives, telles que les podcasts et les newsletters.

Parallèlement, la sensibilisation à la désinformation est présente, bien que souvent après réflexion. Les participants identifient les médias sociaux comme étant une source fréquente de fausses informations, soulignant la difficulté de distinguer la vérité de la manipulation en ligne. Les résultats montrent également des différences dans la réception de ces informations entre les citoyens politiquement engagés et ceux qui se tiennent à l’écart de la politique, avec des explications allant de facteurs socio-économiques à la recherche de cohésion sociale.

Il est encourageant de constater que la plupart des participants ont démontré une compétence médiatique élevée, en examinant de manière critique les sources et en comparant les informations. Cependant, la persistance de la désinformation et la propagation de fausses informations soulignent la nécessité de renforcer l’éducation aux médias et la capacité des individus à discerner les informations fiables des tromperies.

Pour promouvoir une société bien informée et résiliente, il est essentiel de continuer à encourager la vérification des sources, le questionnement des informations et la recherche de diverses perspectives. Les médias, les plateformes en ligne et les institutions politiques ont un rôle crucial à jouer pour fournir des informations crédibles et combattre la désinformation. En outre, une coopération internationale visant à contrer les campagnes de désinformation et à promouvoir la transparence peut contribuer à renforcer la confiance des citoyens dans l’information qu’ils reçoivent.

En comprenant mieux les schémas d’information et de désinformation, il est possible de développer des stratégies efficaces pour promouvoir une culture de l’information basée sur des faits et pour contrer les effets néfastes de la désinformation sur la société et la démocratie.

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