De quoi l’Année européenne 2016 sera-t-elle le nom ?

À quelques jours de la fin de l’année 2015, sur le site officiel de la Commission européenne concernant les Années européennes, il est noir sur blanc écrit : « Aucune décision n’a encore été prise sur les thèmes des Années européennes à venir ». L’Union européenne se désintéresserait-elle de ses propres moyens de communication auprès du grand public ?

Un agenda législatif allégé, des priorités politiques resserrées… et plus d’année européenne en 2016 ?

La communication de la Commission européenne n’est pas toujours d’une très grande lisibilité, si l’on s’en tient à ses principaux actes.

L’agenda législatif transmis au Parlement européen et au Conseil de l’UE est pour le moins allégé, avec des inquiétudes sur l’absence de certains textes pourtant attendus, comme par exemple sur l’égalité des genres, la qualité de l’air ou l’alcool… La dé-législation européenne semble en marche.

D’ailleurs, les priorités politiques de Juncker – l’alpha et l’oméga de toutes nouvelles initiatives – sont particulièrement resserrées autour de 10 thématiques transversales. A tel point que l’Année européenne 2016 semble la grande oubliée, à moins que l’annonce soit particulièrement tardive.

Une résolution du Parlement européenne pour une Année européenne 2016 pour la fin de la violence faite aux femmes

Pourtant, si la Commission européenne semble avoir oublié l’Année européenne 2016, ce n’est pas le cas du Parlement européen qui a adopté en juin 2015 une résolution sur la stratégie de l’Union pour l’égalité entre les femmes et les hommes (341 voix pour, 281 contre et 81 abstentions) qui réitère la volonté des députés européens de définir 2016 comme l’Année européenne de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles.

Un thème sociétal, contemporain et important, notamment les nouvelles formes de violence telles que le cyber-harcèlement, la cyber-traque furtive ou encore la cyber-intimidation qui ne saurait être écarté par la Commission Juncker, majoritairement à droite, au seul titre que la résolution avait été présentée par l’eurodéputée belge Marie Arena, porte-parole du groupe des sociaux-démocrates…

Encore quelques jours de patience pour savoir si la Commission européenne a prévu de suivre la résolution du Parlement européen pour faire de 2016 l’Année européenne pour la fin de la violence faite aux femmes, ou si l’une des rares actions de communication récurrente de l’UE ne sera pas exploitée.

Comment assurer la transparence du lobbying européen ?

Avec le rôle croissant de l’UE, le lobbying s’est largement développé à Bruxelles. Le Service européen de la recherche parlementaire publie un Briefing visant à faire le point sur les améliorations de la transparence du lobbying au niveau de l’UE…

Le lent cheminement de la responsabilisation du processus décisionnel de l’UE

Le développement du lobbying européen à susciter diverses réactions :

  • Pour certains, le lobbying européen a encouragé la pluralité de la décision de l’UE en favorisant l’inclusion de la société civile, en fournissant aux citoyens européens une « voix » entre les élections afin de surmonter le déficit démocratique au sein de l’UE ;
  • Pour d’autres, le lobbying européen a soulevé des critiques sur l’influence indue sur les décideurs politiques de l’UE, facilité par la pression de groupes qui ont eu un plus grand mot à dire dans le droit de l’UE que leur seule représentativité et expertise ne leur auraient permis.

La première reconnaissance officielle des activités de lobbying au niveau de l’UE remonte à 1988, quand un rapport publié par la Commission européenne – le «Rapport Cecchini» sur l’achèvement du marché unique – recommande que les intérêts des entreprises participent plus activement et directement au processus décisionnel européen.

En 1995, le Parlement européen a mis en place un registre des représentants d’intérêts, suivi par la Commission européenne en 2008. Les deux registres ont été fusionnés en 2011, devenant un registre de transparence commun. Depuis 2008, le Parlement européen a demandé à plusieurs reprises un registre obligatoire.

En 2014, le président de la Commission nouvellement élu, Jean-Claude Juncker, a mis la question de la transparence de la réglementation du lobbying à l’agenda politique, en promettant de présenter une proposition pour un registre obligatoire, qui couvrirait non seulement la Commission et le Parlement européen, mais inclurait également le Conseil (qui reste à ce jour seulement un observateur). En outre, depuis le 1er Décembre 2014, la Commission a entrepris de publier des informations concernant les réunions tenues avec les lobbyistes par les Commissaires, les membres de leurs cabinets, et / ou les directeurs généraux.

Des préoccupations de la transparence et de la régulation des pratiques de lobbying européen

1. Difficile estimation du nombre de groupes d’intérêts qui font du lobbying auprès des institutions européennes

Le nombre et la distribution des groupes d’intérêt varient considérablement puisqu’aucune base de données fiable et « certifiée » existe sur les activités de lobbying au niveau de l’UE.

À compter du 1er décembre 2015, le registre de la transparence de l’UE (non obligatoire) comprend un total de 8 728 personnes inscrites – une augmentation d’environ 60% depuis 2011 qui sous-estime la population totale réelle des groupes d’intérêts de l’UE.

Le Corporate Europe Observatory, un organisme sans but lucratif consacré à la recherche et à la promotion de lobbying transparent, estime dans une étude de 2011 entre 15 000 et 30 000 lobbyistes à Bruxelles. En 2001, la Commission a estimé que les fonctionnaires faisaient face à 20 000 lobbyistes.

2. Défaut d’informations sur la typologie des groupes d’intérêts de l’UE

La typologie des groupes d’intérêts de l’UE varie aussi considérablement. Selon le registre de la transparence de l’UE, les lobbyistes travaillant pour les entreprises au sens large représentent plus de 50% des inscrits, ce qui peut expliquer pourquoi ils constituent la majorité des réunions avec les institutions de l’UE. Les ONG constituent la deuxième plus grande part (2 252 inscrits et 18% des réunions avec la Commission).

Mais, l’exactitude de ces données, toutefois, est contestée. Les cabinets d’avocats sont un bon exemple. Ceux-ci sont considérés parmi les consultants les plus dynamiques opérant à Bruxelles (multipliés plus de cinq fois depuis 1995, et représentant actuellement 53% du marché du conseil dans l’UE). À l’heure actuelle, cependant, non seulement moins de 100 cabinets d’avocats sont enregistrés dans le registre de l’UE, mais les informations qu’ils fournissent sont souvent incomplètes.

3. Méconnaissance sur les dépenses de lobbying européen

La rareté de l’information affecte également les dépenses sur le lobbying au niveau de l’UE. À l’heure actuelle, peu d’informations sont disponibles, et les données disponibles ont tendance à être spécifique à un secteur. Selon un rapport, par exemple, l’industrie des services financiers dépense plus de 120 millions d’€ par an en lobbying auprès des institutions de l’UE. Un autre rapport, publié en 2014, a examiné les dépenses de lobbying dans trois secteurs : l’industrie automobile, l’aviation et l’énergie et a conclu que, entre 2008 et 2013, ces secteurs ont augmenté leurs dépenses d’environ 70%.

Lobbyfacts, un site web qui recueille et agrège les données du registre de la transparence de l’UE, rapporte que le top 10 des entreprises engagées dans le lobbying de l’UE dépensent un total combiné de 39 millions d’€ par an. Philip Morris, ExxonMobil et Microsoft sont les trois plus grands consommateurs de lobbying à Bruxelles avec plus de 4,5 M € par an chacun.

Integrity Watch rapporte que presque toutes les entreprises qui ont eu plus de 10 réunions de haut niveau avec la Commission de janvier à juin 2015 ont déclaré au moins 900 000 € par an en dépenses de lobbying.

4. Délicate gestion des conflits d’intérêts et des « portes tournantes »

Les « portes tournantes », i.e. les allers-retours de professionnels entre des rôles dans le secteur privé et public est une pratique problématique.

Alter-UE, une organisation de la société civile centrée sur l’analyse de lobbying, a dénoncé à plusieurs reprises les règles laxistes en place au niveau de l’UE pour lutter contre ce phénomène. Selon Alter-UE, 50% des membres du personnel qui travaillent dans les plus grandes firmes de lobbying à Bruxelles ont exercé une partie de leur parcours dans l’une des institutions de l’UE. Un rapport récent d’Alter-UE indique qu’en 2009-10, 6 des 13 Commissaires sur le départ ont pratiqué des rôles dans des entreprises ou de lobbying.

Au total, de tous les efforts pour réglementer le lobbying au niveau de l’UE actuellement en cours, le plus important est que tous les co-législateurs européens appliquent les mêmes normes de transparence, ce qui implique que le Conseil se joigne au registre de la transparence utilisée par la Commission et le Parlement européen.

Quelle est la stratégie de communication de la Turquie sur l’Union européenne ?

Alors qu’un sommet UE-Turquie sera organisé dimanche au sujet des migrants, la stratégie de communication de la Turquie sur l’UE, mise en œuvre depuis 2010 et refondée en 2014, patine dans un contexte où les opinions publiques montrent une baisse du soutien à la fois en Turquie et dans l’UE…

Une stratégie de communication sur l’UE de la Turquie à double sens

La stratégie de communication ambitionnne de rétablir la confiance mutuelle et la sincérité du processus d’adhésion tant en Turquie que dans l’UE :

  • Pour la Turquie, l’approche vise à accroître le soutien du peuple turc pour les réformes en renforçant leur conviction que le processus d’adhésion de l’UE est « le projet de modernisation et de démocratisation le plus important depuis la proclamation de la République » qui fera la promotion du niveau de vie dans tous les domaines.
  • Pour l’UE, la démarche vise à faire de la Turquie une priorité plus élevée et à fournir des faits sur la Turquie pour aider à façonner une perception plus précise parmi les citoyens de l’UE.

La mise en œuvre de plans d’action visent à construire des ponts permanents entre les turcs et citoyens de l’UE afin de transmettre à court terme les messages appropriés pour améliorer la perception de la Turquie et à moyen terme établir des mécanismes permanents et durables de dialogue avec les publics cibles pour changer les attitudes et les perceptions des parties prenantes.

Principaux principes de la stratégie de communication sur l’UE de la Turquie

La liste des principes inscrit la stratégie de communication dans une démarche complètement moderne :

  • Identifier les besoins d’information des publics cibles ainsi que leurs sensibilités
  • Adopter une attitude participative, flexible, proactive et utilisant efficacement des moyens de communication modernes
  • Renforcer la relation avec les publics cibles et créer des synergies
  • Employer des actions aux effets durables, mesurables et orientées vers les résultats
  • Fonder sur un engagement sincère et confiant
  • Apporter une transformation des mentalités

Objectifs de la stratégie de communication sur l’UE de la Turquie

Afin de surmonter les obstacles qui se dressent sur le chemin de l’adhésion de la Turquie à l’UE, l’objectif stratégique ultime est de créer la sensibilisation du public à la fois dans l’UE et la Turquie en ce qui concerne les réformes politiques et la transformation socio-économique en Turquie.

Objectifs pour la Turquie :

  1. Informer le public sur les avantages obtenus à la suite du processus d’adhésion à l’UE
  2. Accroître le soutien et la base en faveur de l’adhésion turque
  3. Faciliter la transformation des mentalités en Turquie pendant le processus d’adhésion à l’UE

Objectifs pour l’UE :

  1. Assurer une présence accrue de l’adhésion de la Turquie à l’agenda de l’UE
  2. Renforcer le soutien à l’adhésion de la Turquie dans l’UE en fournissant aux citoyens de l’UE des faits visant à surmonter les malentendus
  3. Mettre en avant le « Strong Turquie, Strong EU » en mettant l’accent sur les contributions de la Turquie à l’UE

Publics et audiences cibles de la stratégie de communication sur l’UE de la Turquie

Afin de construire une relation UE-Turquie basée sur une approche « gagnant-gagnant » durable et forte, l’adhésion à l’UE de la Turquie ne sera pas seulement le résultat d’un processus purement technique effectué par les institutions turques et de l’UE mais exige la participation active et le soutien de tous les segments de la société : les sociétés civiles turques et de l’UE, le secteur privé, les milieux universitaires, les administrations locales / régionales / nationales, les médias internationaux, ainsi que la culture, les arts, les milieux sportifs, les jeunes et les leaders d’opinion.

Afin de toucher les partisans de l’adhésion à l’UE de la Turquie ainsi que les opposants et les sans avis à la fois dans l’opinion publique turque et européenne, des mécanismes durables de dialogue seront construits.

Messages de la stratégie de communication sur l’UE de la Turquie

Messages pour la Turquie :

  • L’UE est un projet de paix qui est basée sur la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité, la primauté du droit et le respect des droits de l’homme
  • L’adhésion à l’UE est un objectif prioritaire pour une Turquie plus démocratique, moderne et prospère
  • Le processus d’adhésion à l’UE aura une incidence positive sur la vie quotidienne des gens, en fournissant une grande quantité d’avantages et d’opportunités pour les différents segments (par exemple, les gens d’affaires, les étudiants, les femmes, les agriculteurs, les personnes défavorisées, etc.)
  • Le processus doit être embrassé et adopté non seulement par l’Etat, mais aussi par tous les segments de la population, notamment par la société civile
  • Le succès du processus d’adhésion à l’UE de la Turquie dépend des changements qui sont nécessaires non seulement dans les règles et les institutions, mais aussi dans les mentalités

Messages pour l’UE :

  • L’adhésion de la Turquie est une priorité que l’UE poursuit avec sincérité, engagement et détermination
  • La Turquie met en œuvre des réformes politiques et la transformation socio-économique avec la prise de conscience de ses obligations relatives à l’adhésion à l’UE
  • La Turquie et l’UE sont des partenaires stratégiquement importants qui partagent des valeurs communes
  • Les deux parties ont beaucoup à gagner dans des domaines tels que la politique étrangère, les relations économiques et commerciales, la sécurité de l’approvisionnement énergétique, la gestion des frontières, de l’emploi et de la politique de migration
  • La Turquie vise à enrichir la mosaïque européenne avec ses propres couleurs comme un modèle exemplaire de diversité culturelle et religieuse vivant ensemble dans la paix.
  • Les peuples de l’UE et de la Turquie sont en train de construire un avenir commun et fort ensemble
  • L’adhésion de la Turquie améliorera l’UE d’un projet régional de paix à un véritable rpojet global

Au total, la stratégie de communication sur l’UE de la Turquie est éclairante tant elle montre le long chemin à parcourir pour convaincre et changer durablement les mentalités en Turquie et dans l’UE.

L’espace public culturel et virtuel au secours de l’UE

Dans une réflexion sur le rôle crucial et ambivalent des médias et de la culture pour l’UE, Ancuta-Gabriela Tarta revisite la notion d’espace public et annonce plusieurs clashs. Pourquoi ?

1er clash des espaces publics : hors ligne contre médias en ligne

Les médias traditionnels imprimés et audiovisuels représentent la connexion la plus importante entre les citoyens et les institutions européennes. Les gens obtiennent leurs informations sur l’activité des institutions européennes dans les médias, et ils ont une image de l’UE sur la base de ce qu’ils voient dans les médias.

En théorie, pour rendre le travail de l’UE, les médias doivent offrir aux citoyens la possibilité de discuter les décisions des institutions européennes, ainsi que de transmettre le résultat de ces discussions à Bruxelles.

Dans la pratique, les décideurs européens sont situés à une distance considérable de la plupart des citoyens dont ils influencent pourtant la vie. Mais, sans soutien public, la légitimité des acteurs politiques européens devient très discutable.

La couverture médiatique traditionnelle de l’UE a plusieurs handicaps :

  • Tout d’abord, les personnages sont ternes et peu attrayants, et les institutions plutôt abstraites et lointaines. Les citoyens déclarent avoir du mal à se rapporter à l’information européenne.
  • Deuxièmement, il y a un manque de perspective dans les infos de l’UE, au point que les gens se demandent « et alors? ». À la fin, l’information est correctement contextualisée mais pas ou peu expliquée, et est souvent assez superficielle.
  • Dernier point, mais non le moindre, les gens considèrent la couverture des nouvelles européenne comme étant biaisés, manquant de pluralisme et de débat.

Alors, les défauts des anciens médias pourraient-ils être réduits par les nouveaux médias ?

Internet est un moyen à la fois le plus rapide et d’ubiquité car il peut être consulté à partir de n’importe quel point de l’espace européen. Dans le même temps, la nature essentiellement interactive du web 2.0 facilite la participation à des discussions et des débats.

2e clash des espaces publics : la culture face à la politique

Habermas, le concepteur de l’espace public, estime que l’espace public littéraire (dans les cafés et les salons) est la condition préalable à l’émergence d’un espace public politique. Que peut cet espace culturel dans la société d’aujourd’hui ?

La culture populaire peut aider à sensibiliser les citoyens aux questions politiques beaucoup plus inintéressants, mais autrement importants en rendant la politique plus accessible, et que cela plaise ou non, en la rendant aussi plus populaire. Les programmes d’infotainment pourraient être un moyen de susciter l’intérêt du public pour les questions politiques qui, autrement, pourraient sembler terne et peu attrayant.

Puisqu’il est irréaliste d’attendre des citoyens qu’ils s’impliquent dans un débat actif sur la politique officielle de l’UE, c’est aux institutions européennes de rendre leur communication plus populaire avec les citoyens.

La réaction du public à une question politique est souvent émotionnelle et esthétique, et non rationnelle et il n’est pas rare que les expériences émotionnelles et esthétiques sont la lampe de poche pour éclairer des questions politiques obscures et incompréhensibles.

Pour un espace public culturel renouvelé reposant sur Internet

Un espace public culturel virtuel serait un espace de communication pluraliste permettant l’expression de tous les points de vue entre les citoyens et les décideurs sur la base d’une « rhétorique de la vie quotidienne » rendant accessible à un large éventail de citoyens les arguments politiques et offrant un environnement de socialisation pour des discussions passionnées voire des réactions irrationnelles, tout en favorisant la participation.

Dans le contexte de l’UE, l’espace public culturel semble très pertinent. Les citoyens de l’UE ne peuvent être appelés à développer un « sentiment » d’appartenance à un espace transnational, aussi longtemps que cet espace est d’abord une construction politique. Ils ne peuvent pas sérieusement se sentir « unis dans la diversité ». Qu’est-ce que les citoyens peuvent, cependant, être censés faire ? Agir et s’exprimer en fonction de leur contexte culturel, leurs goûts, leurs aversions et leurs convictions intérieures.

Internet pourrait être l’endroit de la médiation entre les citoyens et les décideurs puisque la nature virtuelle et la structure des réseaux sociaux tend à favoriser un type de communication informelle qui fait appel principalement aux émotions et à l’esthétique plutôt qu’au rationnel.

L’espace public culturel, via Internet, est en fait la première étape à franchir afin de développer un espace public politique, qui permettrait de résoudre le problème de déficit démocratique des institutions européennes.

Pourquoi les communiqués de presse de la Commission européenne sont si différents ?

Spécialiste des communiqués de presse de la Commission européenne, au point d’y avoir consacré sa thèse, Maria Lindholm estime que la façon dont ces textes sont conçus est tout à fait particulière et peut être expliquée par la situation de communication de la Commission européenne…

Une situation de communication propre à la Commission européenne où persuasion et légitimation vont de pair

Une série d’arguments justifient que les communiqués de presse de la Commisison européenne répondent à un modèle de texte autant souhaité qu’imposé par les contraintes :

Le caractère multilingue de l’UE, qui doit communiquer avec 28 Etats membres sans langage commun, implique que de nombreux écrivains travaillent dans une langue étrangère.

La position de la Commission – institution hybride agissant à la fois comme dirigeant politique de l’UE et « eurocratie » administrative – complique encore la façon dont l’institution peut et doit se positionner.

La Commission a constamment besoin d’indiquer la nécessité d’une action à entreprendre au niveau de l’UE. Non seulement le communiqué de presse doit donner des détails sur une initiative, un rapport ou un événement, mais il doit surtout aider à soutenir un message stratégique plus large sur la «valeur ajoutée» de l’UE qui offre des avantages aux citoyens qui l’absence d’action de l’UE ne permettrait pas d’atteindre.

En fait, la situation de la communication de la Commission européenne lui impose que tous ses efforts de « persuasion » aillent de pair avec un besoin de « légitimation » pour l’UE.

Les communiqués de presse de la Commission européenne à la lumière de la nature complexe et collective de la production de texte

Les communiqués de presse font partie d’une séquence de communication et ne doivent pas être considérées comme un événement isolé. Émis en relation directe avec une conférence de presse quotidienne, le briefing du midi, ils sont le résultat d’un processus de production, qui justifient leurs différences :

D’abord, l’introduction obligatoire dans le communiqué de presse de la Commission (contrairement aux communiqués nationaux) agit comme un résumé pour le Midi Daily Express.

Ensuite, la citation ; vise un double objectif. Premièrement, donner un visage humain à l’institution et deuxièmement, permettre que la partie de persuasion (plus politique) soit endossée par la personne citée, le plus souvent un ou une Commissaire au lieu de rendre l’ensemble de la Commission responsable de l’énoncé.

Enfin, l’intertextualité systématique – une stratégie de mention d’autres textes très fréquemment exploitée par la Commission européenne – est liée au besoin de légitimer ses actions.

De toute évidence, les communiqués de presse de la Commission européenne servent à plusieurs fins, pas seulement informer les correspondants basés à Bruxelles au sujet de ses initiatives mais convaincre le lecteur que les actions au niveau de l’UE sont nécessaires et légitimer ses propres actions en se référant à un processus continu d’initiatives.

Au total, dans la communication de la Commission européenne, les communiqués de presse exercent des fonctions beaucoup plus complexe que d’habitude. Les communiqués de presse émis par la Commission européenne sont parfois ouvertement politique et non seulement dirigé vers les journalistes, le principal public cible. La Commission utilise non seulement les communiqués de presse à des fins informatives, mais aussi comme outils pour justifier l’UE et la Commission.