Archives mensuelles : août 2020

GolfGate : décryptage d’une communication de crise désastreuse

En moins d’une semaine, avant même la fin de l’été, l’un des piliers de la Commission européenne, l’Irlandais Phil Hogan, à la tête du Commerce, l’une des rares compétences exclusives de l’UE, a remis sa démission. Que s’est-il passé pour que la gestion et la communication de crise soit si désastreuse ?

La stratégie de réponse à la crise : incomplète et insincère ; donc pas crédible

Face aux accusations apparues dans la presse irlandaise sur la présence du Commissaire à une réception mondaine dans un club de golf qui n’aurait pas respecté les consignes sanitaires en vigueur, la première séquence – la plus importante – est trop faible. Pourquoi ? Parce que les explications du Commissaire sont incomplète et insincère, ce que l’on apprendra ultérieurement.

Alors que la première règle de la communication de crise consiste à parler rapidement et clairement pour dire la vérité, seule chance d’éventuellement pouvoir s’en sortir, le Commissaire européen ne mesure pas initialement l’étendue du problème ; ses propos sont vagues, imprécis et ses excuses pas suffisamment empathiques et naturelles. La première séquence, qui devait permettre d’inverser le mouvement ne va générer que doutes et suspicion.

La stratégie de résistance : neutralisée et isolée ; donc trop fragile

Si le Commissaire européen était parvenu à rassembler des soutiens à la fois au sein de son institution, au Parlement européen ou dans son pays en tant que cautions qui garantissent ses propos, la pression aurait pu se réduire en partie.

Mais, toute la classe politique irlandaise, y compris des membres du gouvernement, est vent debout contre un Phil Hogan, déjà fragilisé par sa candidature avortée à la tête de l’OMC et qui ne semble pas avoir convaincu ses collègues et surtout sa boss, la présidente de la Commission européenne qui a semblé ne pas vouloir prendre position en sa faveur en demandant des éclaircissements, une manière de ne pas trancher, ce qui ne peut ne fait que déstabiliser encore davantage le Commissaire.

La ligne de défense est donc clairsemé, Phil Hogan est neutralisé par l’absence de renfort et son isolement ne cesse de se renforcer à mesure que les révélations sur ses comportements en Irlande tombent dans la presse : il n’a pas respecté la quatorzaine en vigueur à son arrivée, il s’est déplacé dans des zones reconfinées donc interdites aux déplacements, il a été contrôlé par la police alors qu’il téléphonait au volant. S’il avait fait amende honorable, aurait-il au moins pu ne pas prêter le flanc à « l’affaire dans l’affaire ».

La stratégie de reconstruction : tardive et inédite, donc problématique

Dès la démission du Commissaire Hogan remise, tous les regards se sont naturellement tournés vers la présidente de la Commission européenne qui s’est plutôt montrée inactive, qui n’a pas semblé avoir la main ferme pour trancher dans un sens ou dans l’autre et qui a dû communiquer à deux reprises, après une première prise de parole trop sèche et brutale pour accuser réception de la démission. Le sentiment de flottement et d’indécision risque de laisser des traces.

Mais surtout, Ursula von der Leyen ne semble pas avoir montré qu’elle savait quelle boussole suivre ; la voie tardive de fixer des règles éthiques valables pour tout le Collège des Commissaires ne sera pas sans poser des problèmes de déplacements avec l’épidémie en cours.

En enfin, le remaniement attendu des portefeuilles au sein de la Commission, ce qui semblerait le plus vraisemblable pour remplacer un pilier à un poste stratégique, serait politiquement moins coûteux à long terme que de considérer le portefeuille du Commerce acquis pour le mandat à l’Irlande, laissant un précédent problématique, selon Jean Quatremer.

Au total, la séquence du #GolfGate est révélatrice non seulement qu’il n’y a plus de « silly season » en été à Bruxelles, ce que l’on savait déjà depuis longtemps, mais surtout que les règles de la communication de crise s’y applique ici comme ailleurs, une sorte de normalisation déjà largement entamée avec le précédent unique de la démission individuelle du Commissaire Dalli. Souhaitons que ce progrès dans la responsabilité ne s’accompagne pas d’une fragilisation des Commissaires face aux Etats-membres.

Écoute des podcasts de think tanks européens

La période estivale, propice au temps libre, est le bon moment pour faire le tour des podcasts disponibles dans la sphère, en plein développement, des think tanks européens. Retour d’expériences et conseils sur les podcasts à écouter…

Bruegel : « The Sound of Economics » – un podcast expert éco/fi et perfectible

Le think tank Bruegel est l’un des vétérans dans la sphère des podcasts ; depuis 2016.

Sur le fond, la qualité du podcast est incontestable, avec des experts intervenants différents selon les thématiques abordées autour d’une focale toujours très éco/fi des affaires européennes.

Sur la forme, le rendez-vous n’est pas pleinement satisfaisant : la récurrence très fréquente, l’absence de régularité fixe dans les publications et des durées très variables voire parfois trop longues rendent le podcast imprévisible et difficile à inscrire dans sa semaine.

Au total, le podcast s’adresse vraiment à une cible restreinte à un public exigeant, à l’aise sur les questions éco/fi et plutôt déjà très bien informé des affaires européennes. Le séquençage pas suffisamment rythmé, avec l’absence de format d’échanges différents ne facilite pas l’attachement.

ECFR : « The world in 30 minutes » – un podcast géo-pol. intéressant et pédagogique

Le think tank European Council on Foreign Relations propose un podcast le vendredi soir animé par Mark Leonard, un véritable anchorman qui éclaire les sujets européens, interroge et challenge des experts géopolitiques au bénéfice d’un décryptage pertinent, argumenté des enjeux européens.

Le podcast est convaincant, tant par la variété des sujets abordés, la qualité des intervenants, le rythme de la conversation avec les relances et remarques de l’animateur et surtout le dernier segment « On the bookshelve » qui permet à chacun de partager des conseils de lecture.

Au total, le podcast, rarement techno, jamais monotone, est un rendez-vous bien installé qui s’impose grâce en particulier à la personnalité forte de Mark Leonard. Un podcast à recommander aux personnes qui s’intéressent de près à l’UE ; sans avoir besoin de s’en revendiquer expert.

International Crisis Group : « War & Peace » – un podcast international et informatif

Le think tank International Crisis Group propose, plus récemment, un podcast hebdo autour d’enjeux géostratégiques internationaux liés aux conflits et aux problèmes globaux de la planète.

Le choix des sujets en lien avec l’actualité est toujours pertinent et les podcasts d’un format court (moins de 30 min) sont toujours instructif avec des discussions entre experts de qualité, dans le constat mais aussi les propositions et les solutions éventuelles.

Au total, l’écoute de ce podcast est plus aléatoire quand on s’intéresse en priorité aux enjeux européens, selon les sujets abordés, en sachant que le temps consacré n’est jamais perdu.

Autres podcasts de think tanks européens moins installés

Plusieurs think tanks européens ont lancé des podcasts, mais ne sont pas parvenus à les installer sur toutes les plateformes et de manière régulière :

Center for European Reform (CER) : une rubrique dédiée sur leur site, des podcasts réguliers également disponibles sur Soundcloud avec 170 épisodes ; mais sans identité forte, sans personnalité mise en avant, le format podcast n’est pas pleinement exploité, ce qui est dommage.

European Policy Center (EPC) : une rubrique sur leur site avec quelques podcasts disponibles et une liste complète de 6 épisodes sur une année ; sans identité propre (nom, logo) et sans accès sur les applis pour smartphones, le format n’est pas suffisamment exploité pour vraiment percer dans le paysage.

Carnegie Europe : des podcasts au niveau du think tank global, mais peu de sujets spécifiquement européens, ce qui est dommage car l’animatrice du blog « Strategic Europe » Judy Dempsey serait un profil parfait pour animer un podcast autour d’intervenants du réseau d’experts.

En conclusion, l’investissement des think tanks européens dans le format podcast est particulièrement dynamique, certains podcasts sont parvenus à s’imposer et trouver leur public, d’autres podcasts devraient davantage exploiter les plateformes pour percer. Les think tanks français sont totalement absents pour le moment.

Programme de travail de la DG Communication en 2020 : décentralisation et digitalisation

C’est à une accélération des tendances récentes – la décentralisation et la digitalisation de la communication européenne – que l’on doit s’attendre, selon le programme de travail de la DG Communication de la Commission européenne pour 2020. Revue annuelle des budgets, en hausse réduite à peine plus de 2%, soit 87 millions d’euros…

La décentralisation renforcée de la communication européenne

Avec près de 45% du budget, la communication décentralisée occupe une place toujours plus importante.

D’abord, la communication décentralisée des Représentations de la Commission européenne, des dialogues avec les citoyens et des actions de partenariat représente dorénavant symboliquement le premier poste budgétaire avec 22,3 millions d’euros :

  • 20,9 M€ pour les actions de communication décentralisées par l’intermédiaire des représentations de la Commission européenne dans les États membres ;
  • 1,3 M€ pour des débats publics, des manifestations et des actions de sensibilisation en favorisant le débat dans le cadre de la conférence sur l’avenir de l’Europe.

Ensuite, les Centres d’information Europe Direct « l’instrument fondamental permettant à l’Union d’aller à la rencontre des citoyens », avec 12,6 M€, vont connaître une nouvelle génération sur 2021-2025 permettant notamment de :

  • Contribuer à l’émergence et à l’intégration de la dimension européenne de la citoyenneté et de l’éducation civique dans les écoles, en travaillant avec les étudiants et les enseignants et en offrant du matériel didactique approprié et structuré ;
  • Surveiller la manière dont les contenus sont perçus au niveau local et détecter les cas de désinformation en proposant un retour d’informations.

Par ailleurs, les Relais d’information avec 3,5 M€ couvrent les activités de soutien aux réseaux pour la formation, les activités de promotion et l’information.

Enfin, les espaces publics européens avec 1,2 M€ assurent une présence dans les Maisons de l’Europe situées dans 17 capitales des États membres, en vue d’accueillir des manifestations publiques.

La digitalisation poursuivie de la communication européenne

Deuxième poste du budget avec 22,1 M€, les outils d’information et de communication écrite et en ligne couvrent toute la présence web de la Commission européenne ainsi que les stratégies relatives aux médias sociaux y compris la mise en œuvre de projets innovants.

Le rapport général et autres publications pour 2,1 M€ assure de la production, à la diffusion et à la promotion des publications et des contenus en ligne destinés aux citoyens, qui expliquent ce qu’est l’Union européenne, ce qu’elle fait, ses priorités actuelles et la manière dont elles influent de manière positive sur la vie des citoyens.

Les activités traditionnelles de la communication européenne

Les informations destinées aux médias et productions audiovisuelles avec 6,4 M€ recouvrent les activités « traditionnelles » de reportages vidéo et photos ainsi que les productions audiovisuelle et multimédia afin de permettre au public d’accéder, directement ou par l’intermédiaire des médias, à l’ensemble de la collection audiovisuelle.

L’exploitation des studios de radiodiffusion et de télévision et équipements audiovisuels représente 5,6 M€ y compris la production de programmes audiovisuels et de clips vidéo destinés aux médias sociaux et diffusion en continu en direct vers des comptes institutionnels de médias sociaux (YouTube, Facebook, Twitter, Instagram et LinkedIn).

Les visites de la Commission avec 4,2 M€ prévoit d’ouvrir un nouveau centre dénommé « Experience Europe », accessible au grand public en 2020.

L’analyse de l’opinion publique avec 7 M€ pour la production des enquêtes Eurobaromètres, incluant également des analyses quantitatives et qualitatives sur l’écho donné aux priorités politiques de la Commission européenne dans tous les types de médias (presse écrite, médias en ligne, secteur audiovisuel et médias sociaux) partagés aux membres du Collège et à l’encadrement supérieur sous diverses formes de rapports et de synthèses.

Au final, le programme de travail pour la communication de la Commission européenne, quoique peu lisible est comme toujours instructif des orientations et projets prévus pour l’année.

Pourquoi et comment intégrer la délibération publique aux institutions démocratiques européennes ?

Une enquête de l’OCDE invite les décideurs publics à se saisir des nouvelles formes de participation des citoyens aux institutions démocratiques en prenant la vague de la démocratie délibérative in “Innovative Citizen Participation and New Democratic Institutions: CATCHING THE DELIBERATIVE WAVE”. L’institutionnalisation juridique et culturelle durable de la délibération dans la politique démocratique européenne, la gouvernance de l’UE et l’élaboration des politiques publiques pourrait garantir que les nouvelles institutions seront alignées sur les valeurs de la société…

Pourquoi institutionnaliser la démocratie délibérative à la gouvernance de l’UE ?

Prendre des décisions complexes visant à résoudre des problèmes difficiles que les décideurs ne sont pas en mesure de résoudre par eux-mêmes est l’une des forces de l’institutionnalisation des processus délibératifs. La participation des citoyens facilite l’identification des priorités de la communauté et surmonte la résistance des groupes d’intérêt et des divisions intra et interpartis, permettant d’agir sur des décisions de politiques publiques difficiles mais nécessaires.

Mener de meilleurs processus délibératifs plus facilement et à moindre coût : l’institutionnalisation peut faciliter le développement de processus, de documents, de capacités réutilisables moins vulnérables à la perte de soutien à mesure que les nouveaux décideurs prennent le pouvoir. Cela les rend également plus rapides à organiser à mesure que des problèmes surgissent, car le temps de démarrage peut être réduit.

L’institutionnalisation peut également améliorer la pratique en garantissant un apprentissage collectif et en facilitant l’expérimentation, l’évaluation et l’amélioration de la pratique au fil du temps.

Renforcer la confiance du public : les opportunités de participation du public, de nature ponctuelle dans la plupart des exercices de participation et limité à des questions spécifiques ont sans doute eu un impact positif. L’institutionnalisation de la délibération (et la conduite de beaucoup plus de délibérations citoyennes) peut aider à accroître la confiance du public, car elle ouvre davantage de possibilités à plus de personnes de se rapprocher du cœur de la gouvernance et de susciter une plus grande empathie pour la complexité de la prise de décision publique.

L’institutionnalisation peut également commencer à modifier fondamentalement les relations entre les pouvoirs publics et les citoyens.

Enrichir la démocratie en élargissant la participation citoyenne significative : la démocratie est gouvernée, mais aussi gouvernante. Grâce à l’institutionnalisation, plus de personnes peuvent se rapprocher et faire partie du processus de gouvernance apportant une plus grande diversité de perspectives dans la prise de décision démocratique.

Étendre la garantie d’égalité politique en matière de vote aux élections à la période entre les élections pourrait signifier d’avoir pour objectif que chacun reçoive une invitation à participer à un processus délibératif à un moment donné de sa vie.

Renforcer la capacité civique des citoyens : l’institutionnalisation étend et incorpore le privilège de la représentation parmi un éventail plus large de personnes. Le fait de représenter les autres est en soi une compétence et une forme d’aptitude démocratique qui mérite d’être étendu et cultivé par plus de gens. Cela signifie qu’une plus grande proportion de la société a la possibilité de servir sa communauté, de vivre la complexité de la prise de décision publique et de renforcer son sens de l’action et de l’efficacité.

Comment institutionnaliser la délibération des citoyens à la prise de décision de l’UE ?

Une structure délibérative permanente qui complète les institutions existantes de prise de décision représentative constitue la voie royale vers l’institutionnalisation. Les organes délibérants permanents ont des rôles qui comprennent l’établissement de l’ordre du jour, la surveillance, la fourniture d’informations en continu sur une question de politique publique particulière et des responsabilités similaires à celles des commissions parlementaires.

Une obligation pour une autorité publique d’organiser un processus délibératif sous certaines conditions représente une autre voie vers l’institutionnalisation. Cela consiste à fixer les conditions requises pour qu’une autorité publique organise un processus délibératif plus occasionnels.

Des règles qui permettent aux citoyens d’exiger qu’un organisme public européen organise un processus délibératif seraient la troisième voie pour institutionnaliser la délibération publique dans l’UE impliquant donc une législation ou une réglementation qui stipule que les citoyens peuvent demander d’organiser un processus délibératif sur une question spécifique si le nombre de signatures à l’appui de la demande atteint un seuil spécifié.

En conclusion, l’institutionnalisation des formes délibératives à l’UE ne peut réussir qu’avec une meilleure communication publique mise à profit pour accroître les possibilités d’apprentissage public, pour informer le public sur le processus, les preuves présentées, les résultats et la mise en œuvre, et pour encourager une plus grande participation des citoyens.

Quel modèle d’engagement délibératif pour développer la participation citoyenne à l’UE ?

Au fil des ans, grâce aux efforts conjugués des décideurs, des universitaires et de la société civile, de nombreux modèles de processus délibératifs ont été développés, testés et mis en œuvre à travers le monde. Dans une étude passionnante “Innovative Citizen Participation and New Democratic Institutions: CATCHING THE DELIBERATIVE WAVE”, l’OCDE a identifié 12 modèles de processus délibératifs regroupés en 4 types qui partagent les phases essentielles : apprentissage, délibération et élaboration de recommandations collectives…

Modèles de participation citoyenne potentiels

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1. Recommandations éclairées des citoyens sur les questions de politique publique

Ces processus nécessitent plus de temps (en moyenne un minimum de quatre jours) pour laisser aux citoyens suffisamment de temps et de ressources pour élaborer des recommandations collectives réfléchies et détaillées. Ils sont particulièrement utiles pour les problèmes politiques complexes qui impliquent de nombreux arbitrages, ou lorsqu’il existe une impasse politique bien ancrée sur une question.

2. Opinion des citoyens sur les questions de politique publique

Ces processus nécessitent moins de temps, tout en respectant les principes de représentativité et de délibération, pour fournir aux décideurs des opinions citoyennes plus réfléchies sur une question de politique. En raison des contraintes de temps, leurs résultats sont moins détaillés que ceux des processus conçus pour des recommandations citoyennes éclairées.

Utilisés à tous les niveaux de gouvernement, les jurys de citoyens et assemblées de citoyens ont été créés pour répondre à un large éventail de questions de politiques publiques, les plus courantes étant les infrastructures, la santé, l’urbanisme, l’environnement et les services publics. La plupart ont été ponctuels, mais il existe également un modèle institutionnalisé de groupe permanent.

3. Évaluation citoyenne éclairée des mesures de vote

Ce processus permet à un groupe représentatif de citoyens d’identifier les arguments pour et contre pour que les deux côtés d’un vote soient distribués aux électeurs avant le vote.

4. Organes délibérants représentatifs permanents

Ces nouveaux dispositifs institutionnels permettent une délibération citoyenne représentative pour éclairer la prise de décision publique sur une base continue.

Enjeux du modèle délibératif pour la démocratie délibérative de l’UE

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Pour l’UE, le modèle délibératif le plus approprié dépendra principalement du problème de politique publique concerné. Plus la question est complexe et plus ses implications sont larges, plus des recommandations détaillées sont nécessaires et donc un processus délibératif plus élaboré est applicable.

Les assemblées de citoyens sont bien adaptées pour traiter des questions constitutionnelles et des questions d’importance « globale », car ce modèle permet un apprentissage approfondi de la question de politique publique avec une délibération approfondie.

Les jurys de citoyens sont des processus ciblés pour donner des conseils sur une question de politique publique « spécifique ». En tant que processus plus courts, généralement de quatre à six jours, rassemblant 35 à 50 citoyens sélectionnés au hasard, ils sont suffisamment longs pour que les citoyens élaborent des recommandations détaillées et éclairées pour résoudre des problèmes spécifiques, mais nécessitent moins de temps et moins de ressources que les assemblées de citoyens. Ils peuvent ainsi être utilisés plus souvent et donner des résultats plus rapides.

Le conseil des citoyens peut être une option raisonnable pour développer une vision collective pour un territoire et pour résoudre des problèmes de la communauté peu complexes, car ce sont des formats plus ouverts et flexibles. Si les décideurs souhaitent des recommandations spécifiques et éclairées pour un problème urgent, ils doivent alors définir clairement la tâche des participants.

Le modèle de la Conférence de consensus est utile pour évaluer les progrès technologiques, car le format permet aux citoyens de questionner les scientifiques et les décideurs politiques de manière approfondie pour aller au cœur d’un problème.

En somme, le choix des formats d’engagement des citoyens dans des formes de démocratie délibérative est large et doit intégrer une réflexion en fonction des objectifs et caractéristiques. La voie est libre pour prendre la vague délibérative !