Pour sa 5e édition, lacomeuropéenne revient sur les principaux événements à retenir de l’année écoulée, après les bilans en 2007, 2008, 2009 et 2010…
Événement n°1 de l’année 2011 en communication européenne : le départ du Directeur général de la DG Communication au sein de la Commission européenne, Claus Sørensen
Claus Sørensen est venu à Paris le 4 avril 2011 pour une discussion sur l’UE et sa communication : « L’Europe, bof ? » à laquelle j’ai participé à la Représentation en France de la Commission européenne. Ses principales interrogations :
- Faut-il répondre aux attentes des Européen(ne)s et donc faire une communication en fonction de la demande ou plutôt diffuser des informations en fonction de l’actualité des institutions européennes et faire alors une communication de l’offre ?
- Faut-il communiquer sur les bénéfices concrets de l’Europe au quotidien ou plutôt sur les valeurs et symboles liés à la construction européenne ?
- Faut-il toucher les citoyens à travers une collaboration avec les journalistes pour assurer une présence de l’UE dans les médias ou plutôt s’appuyer sur les multiplicateurs – relais d’opinion pour traduire à une échelle locale ou sectorielle les enjeux européens ?
Lors de son départ, le 30 juin 2011, Claus Sørensen a répondu à mes questions sur son bilan, ses réussites, ses déceptions et ses enseignements à la tête de la DG COMM de la Commission européenne.
Quelles sont les priorités du futur DG COMM à la tête de la communication de l’UE ?
- Priorité n°1 : renforcer la professionnalisation pour une meilleure maîtrise de la complexité et de la transversalité
- Priorité n°2 : couvrir les nouveaux territoires émergés : réseaux et partenariats, communication interne et locale
- Priorité n°3 : assurer une pleine appropriation des progrès et outils du web social avec davantage de mutualisation et de cohérence
Événement n°2 de l’année 2011 en communication européenne : le web social avec la charte de communication dans les médias sociaux de la Commission européenne et l’accréditation d’euro-bloggeurs au Conseil de l’UE
Même si la place des médias sociaux dans la communication européenne selon Viviane Reding est particulièrement réduite : : il ne s’agit que de faire la promotion des informations préalablement diffusées sur le portail officiel ; 2011 a bien été « l’année où la Commission à adopter les médias sociaux », comme le publie aujourd’hui le blog de l’équipe médias sociaux de la Commission européenne.
Quels sont les coûts pour la communication européenne de ne pas investir les médias sociaux ?
- détériorer la relation entre l’UE et les citoyens européens
- renforcer la vulnérabilité de l’UE face aux risques d’opinion
- rater l’occasion pour l’UE de saisir des feedbacks
- scléroser les processus décisionnels de l’UE
Quelles sont les spécificités du guide d’utilisation des médias sociaux destiné aux fonctionnaires de l’UE ?
- Un rappel au code de bonne conduite administrative plutôt qu’une invitation au rôle d’ambassadeur en ligne
- Un guide de recommandations pratiques pour accompagner plutôt qu’une charte d’encadrement pour contrôler
Le web social, terrain d’une nouvelle communication européenne ?
Représente à la fois une aubaine pour impulser un changement culturel et structurel au sein des services communication de l’UE et une opportunité pour repenser le modèle de communication et y inclure réellement les citoyens européens. Le web social constitue en ce sens une étape essentielle dans la redéfinition et la mutation de la communication européenne.
Le Club de Venise qui fête en 2011 ses 25 ans est un symbole du choc des cultures entre la pratique de la confidentialité et l’ouverture à la transparence.
Événement n°3 de l’année 2011 en communication européenne : le journalisme européen en questions
2011 est également une année mouvementée pour les journalistes européens, tant en raison de l’impact du web social sur leur profession en général que de l’attitude particulière des services de presse des institutions européennes :
- Le « journalisme européen » existe-t-il ?
- Les journalistes européens sont-ils encore le seul public de l’UE ?
- Constat n°1 : influence grandissante du citoyen « lecteur-auditeur-téléspectateur-internaute » sur les journalistes dans la production et la diffusion de l’information européenne
- Constat n°2 : le web social, une nouvelle source d’info pour les journalistes, dont la fiabilité est à géométrie variable
- Constat n°3 : le web social, un nouveau lieu pour publier et diffuser l’information des médias traditionnels, produite par les journalistes
Quelle distinction entre information européenne et communication européenne ?
- des enjeux d’image : cohérence, consistance et continuité principalement pour la communication européenne ;
- des enjeux de réalité : complexité, contradiction et critique essentiellement pour l’information européenne.
Comment la Commission européenne et le Conseil de l’UE communiquent auprès des journalistes ?
- Le service du Porte-Parole de la Commission européenne : une approche proactive et promotionnelle auprès de la sphère médiatique bruxelloise
- Le service presse du Conseil de l’UE : une approche réactive et informationnelle auprès des journalistes politiques des médias nationaux
Le service de presse de la Commission européenne sous le feu des critiques en fin d’année
En France, le journalisme européen se renouvelle avec Vigie 2012 : le premier site de fact checking sur l’Europe pour la campagne présidentielle
Événement n°4 de l’année 2011 en communication européenne : des innovations dans la communication du Parlement européen
En 2011, plusieurs nouveautés ont émaillées la communication du Parlement européen :
- Sortie du web-documentaire – une forme ludique au service d’un contenu éducatif – « Rapporteur de crise » en mai 2011
- Lancement du portail – d’information à la fois pédagogique, participatif et d’actualités – « Parlement en action » en mai 2011 ;
- Ouverture de Parlamentarium : la vitrine virtuelle de l’Union européenne ? en novembre 2011 ;
- Mise en ligne de la refonte du site web institutionnel du Parlement européen : vers une meilleure « utilisabilité » ? en novembre 2011.
Événement n°5 de l’année 2011 en communication européenne : communication de l’UE, année zéro ?
- 1e hypothèse : relégitimer la communication européenne non plus sur l’efficacité supposée de l’UE mais sur la légitimité de l’expertise
- 2e hypothèse : relégitimer la communication européenne non plus sur le consentement tacite mais sur l’ignorance assumée des citoyens
- 3e hypothèse : relégitimer la communication européenne sur une nouvelle forme de démocratie qui sans se revendiquer vraiment censitaire ou élitaire serait une coalition de bonnes volontés
Policy & Politics : la politisation de la communication européenne en question
Comment rendre audibles les voix politiques, institutionnelles et médiatiques sur l’UE ?
C’est l’interrogation centrale du séminaire : « La communication européenne: quelle(s) voix pour l’Europe ? » organisé au Bureau d’information pour la France du Parlement européen le 9 décembre 2011 à Paris et au cours duquel je suis intervenu :
- La communication conjointe aux institutions européennes et françaises : branding promotionnel de l’UE ou pédagogie informationnelle sur l’UE et la France ?
- La communication politique européenne : « l’inévitable bulle parle à la bulle » ou l’hypothétique dialogue euro-députés – citoyens européens ?
- L’information européenne : information de qualité hyper-spécialisée ou information généraliste approximative ?
Quels scénarios pour la stratégie de communication européenne ?
- Scénario n°1 : Le marketing d’une « Europe de la raison » à partir des bénéfices pour le consommateur citoyen : une stratégie de communication « light » et « lisse » autour de la valorisation de projets concrets ;
- Scénario n°2 : Le dialogue d’une « Europe des citoyens » pour construire un projet européen participatif : une stratégie de communication « pédagogique » et « multiculturelle » autour de l’organisation de débats paneuropéens ;
- Scénario n°3 : La propagande pour une Europe ancrée dans la tradition : une stratégie de communication « démagogique » et « autoritaire » autour de la valorisation du patrimoine séculaire.
Meilleurs vœux pour vos fêtes de fin d’année et à l’année prochaine !