Archives annuelles : 2009

Vers la « société numérique » : l’enjeu de l’éducation aux nouveaux médias

Alors que les Européens qui « surfent » au moins une fois par semaine sont dorénavant majoritaires, que les inégalités socio-économiques ou démographiques dans l’usage d’Internet se réduisent et que les pratiques s’uniformisent (Google, Facebook, Youtube et Wikipedia sont les sites les plus vus sur Internet en Europe), le numérique soulève de nombreux enjeux…

Logique de l’offre numérique : les enjeux de l’accès et des contenus liés à « l’économie numérique »

Faisant l’objet de rapports annuels européens (cf. Benchmark i2010 : Tendances et principales réalisations) ou de plans nationaux (cf. France Numérique 2012), les enjeux traditionnels de l’économie numérique se voient essentiellement traités du côté de l’offre et visent à :

  • la consolidation de l’accès aux réseaux numériques et de la sécurisation des infrastructures ;
  • la diversification des contenus multimédia et des services numériques.

Logique de la demande numérique : l’enjeu de l’éducation aux nouveaux médias dans la « société numérique »

Parce que l’usage du numérique est devenu essentiel pour l’insertion dans l’économie, l’accès à l’emploi, à la culture et aux loisirs et pour pleinement participer à la « société numérique », il devient impératif de se former aux nouveaux médias, c’est-à-dire apprendre à :

  • apprécier et évaluer d’un œil critique les différents aspects et contenus des nouveaux médias ;
  • utiliser les nouveaux médias pour communiquer et créer des contenus multimédias.

Dans un rapport du Centre d’analyse stratégique publié en juillet 2009 : « La société et l’économie à l’aune de la révolution numérique – Enjeux et perspectives des prochaines décennies (2015-2025) », l’axe de réflexion n°1 est « Éduquer et former » afin de permettre à chacun de :

  • maîtriser les outils numériques ;
  • partager la culture qui en découle afin de pouvoir les utiliser de manière efficace.

Dans un communiqué de presse daté du 20 août 2009, Viviane Reding, la Commissaire responsable de la société de l’information et des médias affirme : « Nous devons garantir l’éducation de tous aux nouveaux médias. Si les citoyens pouvaient utiliser les nouveaux médias avec compétence et créativité, nous nous rapprocherions d’une nouvelle forme de participation démocratique. »

Ainsi, une nouvelle approche du numérique – passant des enjeux économiques aux enjeux sociétaux – met l’accent sur l’éducation aux nouveaux médias.

Quelle communication événementielle européenne pour l’anniversaire de la chute du Mur de Berlin ?

Alors qu’en 2009 on célèbre les 20 ans de la chute du Mur de Berlin, événement qui marqua le début de la transition démocratique des États d’Europe centrale et orientale avec, à terme, la réunification du continent européen et les élargissements de 2004 et 2007, quelle communication événementielle européenne ?

Une application – dorénavant classique – de la stratégie « communiquer en partenariat »

Conformément à la stratégie « Communiquer en partenariat » adoptée en 2007 et suivant le programme de travail de la Commission européenne pour 2009, le « triangle institutionnel communautaire » (la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne) fait du 20e anniversaire de la chute du rideau de fer «l’une des priorités de communication de l’UE pour 2009».

Ainsi, après la communication autour des élections européennes en juin 2009, la coopération interinstitutionnelle en matière de communication événementielle européenne tend à devenir classique.

Une application – archi classique – des pratiques de communication de l’UE autour d’un label « 1989-2009: l’Europe, libre et unie »

Conformément aux pratiques de la Commission européenne en matière de communication événementielle européenne :

  • un label invite les organisations de la société civile à bénéficier du parrainage officiel de la Représentation de la Commission européenne dans les Etats membres pour organiser diverses manifestations : concours dans les écoles « Un mur… Des murs… » pour rédiger une courte nouvelle sur les autres murs à faire tomber ; journées européennes du Patrimoine au salon de l’horloge au Quai d’Orsay ; colloque : « 1989 : un événement planétaire ? » au Centre d’Etudes européennes de Sciences-Po…
  • un site spécifique (prochainement mis en ligne) comporte un calendrier des événements labellisés à travers l’Europe (la représentation en France de la Commission dispose d’une page dédiée à ces événements : ) ;
  • un clip vidéo « 20 ans de la liberté » mélange images d’archives et vie d’un jeune garçon né le 9 novembre 1989 pour retracer le chemin parcouru par l’Europe depuis la fin des années 80.

Ainsi, la tendance à l’événementialisation de la communication européenne – analysée ici – tend à devenir archi classique, malgré ces travers :

  • segmentation excessive auprès des seuls réseaux européens intégrés ;
  • déconcentration excessive sans retombées médiatiques importantes.

Souhaitons que cette stratégie de communication événementielle européenne – inspirée par une philosophie managériale de la communication comprise comme diffusion d’opinions et de prestations – ne sombre pas dans des logiques de dépolitisation sans fond et de séduction que de forme.

Sondage postélectoral 2009 : victoire de l’indifférence à l’UE des citoyens européens

Le Parlement européen publie une étude Eurobaromètre réalisée un mois après les élections européennes du 4 au 7 juin 2009 auprès de 26 830 citoyens européens.

Les principaux résultats portent sur :

  • les raisonnements et profils des électeurs, notamment les abstentionnistes ;
  • le souvenir médiatique de la campagne, notamment des campagnes d’information et d’incitation au vote.

La victoire de l’indifférence des citoyens européens aux élections européennes semble être le principal enseignement…

Analyse de la participation électorale en 2009 : l’indifférence européenne face à l’importance des comportements politiques et au poids des profils socio-démographiques

D’une part, l’abstention aux élections européennes s’explique par les comportements politiques des électeurs.

Une majorité d’abstentionnistes décide de ne pas voter pour des raisons avant tout liées à un manque de confiance dans la politique ou le manque d’intérêt pour la politique et non par manque de confiance ou d’information envers les institutions européennes. Ainsi, seulement 10 % mentionnent une méconnaissance de l’UE, du Parlement Européen ou des élections et un abstentionniste sur deux se déclare même attaché à l’Europe. Quant aux raisons qui amènent l’électeur à voter, elles sont essentiellement motivées, et de loin, par le devoir civique.

D’autre part, l’abstention aux élections européennes s’explique par de vrais clivages entre les différents profils types de votants.

Age (le critère le plus marqué) : plus on avance en âge, plus la participation est importante : 21 points séparent la participation des 18-24 ans (29%) de celle des 55 ans et + (50%)

Activités (un clivage très important) : plus on exerce une activité rémunératrice, plus la participation est importante :

  • Catégories où la participation est la plus forte: cadres, directeurs et indépendants ;
  • Catégories où la participation est la plus faible: chômeurs et ouvriers.

Études : plus le niveau d’étude est élevé, plus la participation augmente :

Genre : les femmes votent moins que les hommes.

Ainsi, l’analyse des raisonnements et profils des électeurs révèle l’importance des comportements politiques et le poids des profils socio-démographiques au détriment des éventuelles convictions européennes, indifférentes dans la participation.

Analyse de l’impact des campagnes d’information sur les élections : un souvenir important dans les esprits mais une influence réduite sur les votes

Certes, 67% des Européens se souviennent avoir vu ou lu ou entendu dans les médias une campagne d’incitation au vote. D’ailleurs, ce souvenir relativement fort est largement partagé :

  • La tranche d’âge n’influe pas les résultats ;
  • Le type de média non plus : 71% des utilisateurs quotidiens d’internet se souviennent de la campagne, tout comme 68% de ceux qui ne l’utilisent jamais.

Mais, l’influence de cette campagne d’incitation au vote semble plus que réduite. Le niveau d’information pour voter est jugé suffisant par la majorité des répondants et les abstentionnistes (61%) sont même plus nombreux que les votants (43%) à se souvenir d’une campagne civique.

Ainsi, l’analyse de l’impact des campagnes d’information sur les élections européennes révèle que le jugement que les citoyens ont sur le Parlement européen – exemple : le PE prend en compte les préoccupations des citoyens pour 56% des votants contre 48% des abstentionnistes – est plus important que les connaissances que les citoyens auraient sur le Parlement européen, indifférentes aux campagnes d’information.

Synthèse analytique

Premiers résultats : moyenne européenne et grandes tendances nationales

Communiquer sur les produits laitiers : plus que jamais « Nos amis pour la vie » avec crise du lait, subventions de l’UE et créativité débridée

Alors que les agriculteurs traversent une « crise du lait », la Commission européenne publie un rapport « Situation du marché laitier en 2009 » et propose – selon le communiqué daté du 22 juillet – parmi les mesures pour stabiliser le marché des produits laitiers de « lancer une nouvelle série de programmes de promotion des produits laitiers »…

« Les produits laitiers : nos amis pour la vie » : la campagne détonante prochainement rediffusés sur les écrans TV français

Dès le 23 juillet, dans un nouveau communiqué, Mariann Fischer Boel, Commissaire chargé de l’agriculture et du développement rural, indique que « l’aide à la promotion des produits laitiers bénéficiera d’un budget de 20 millions d’euros » afin d’aider les producteurs de lait à sortir de la crise actuelle.

D’ores et déjà, la Commission européenne s’engage à hauteur de 1 million d’euros par an sur 3 ans pour le programme de communication sur les produits laitiers en France :

  • porté par le Centre National Interprofessionnel de l’Économie Laitière (CNIEL) ;
  • doté au total de 3 millions d’euros par an sur 3 ans.

En octobre 2007, les professionnels de la filière laitière en France avaient rompu totalement avec les codes de leurs précédentes communications en réalisant des spots TV détonants :

  • mise en scène « sur un remix de Staying Alive des Bee Gees, revu et corrigé par Mirwais, le producteur de Madonna » de petits squelettes, les « bony boys », prosternés devant une énorme « Bouddha-vache nourricière » les abreuvant de lait, selon Stratégies.

Les « produits laitiers » sur le web en France : la webosphère créative constamment développées par enjeux ou populations

nosamispourlavie.com, le site relais du dispositif média, « destiné aux jeunes internautes, ludique et proche de leurs centres d’intérêt, pour aller plus loin sur les bienfaits des produits laitiers ».

Plus largement, les produits laitiers – l’un des dispositifs interprofessionnels web les plus complets – sont présents via :

produits-laitiers.com : portail des produits laitiers, avec pour rubriques :

  • une approche santé : « nutrition & santé » (cf. les apports nutritionnels) ;
  • une approche plaisir : « cuisine & recettes » (cf. les usages laitiers) ;
  • des données sur les marchés (cf. la sécurité alimentaire et les industries laitières).

metiersdulait.com : Mine d’information sur les métiers du lait :

  • 21 métiers de l’élevage et 61 métiers de l’industrie à la loupe ;
  • quiz pour tester son profil métier (à la découverte de la voie lactée) ;
  • liste des formations laitières du brevet professionnel au diplôme d’ingénieur.

cliclait.com : Ressources documentaires et pédagogiques sur l’univers laitier pour les enseignants du primaire et secondaire

lemangeur-ocha.com : Observatoire Cniel des Habitudes Alimentaires :

  • une approche pluridisciplinaire pour comprendre à la fois le mangeur éternel et le mangeur contemporain d’ici et d’ailleurs ;
  • un site ressource sur l’alimentation, les cultures et les comportements alimentaires en relation avec les identités, la santé et les modes de vie.

jesoutiensleseleveurslaitiers.com : E-pétition pour « faire poids » dans la négociation pour la nouvelle Politique Agricole Commune. Déjà plus de 11 000 signatures.

« Milk Power – Drink it up! », la campagne de la Commission européenne pour encourager la consommation par les enfants de produits laitiers

En complément des subventions aux actions interprofessionnelles, la Commission européenne finance une mesure de distribution de lait dans les écoles, dont les objectifs sont :

  • dimension nutritionnelle : lutter contre l’obésité chez les enfants ;
  • dimension éducative : un apprentissage de bonnes habitudes nutritionnelles alliées à une meilleure connaissance des produits ;
  • dimension sociétale, voire culturelle : favoriser un style de vie sain et de qualité, alternatif aux aliments et boissons à faible valeur nutritive.

Durant l’année scolaire 2006-2007, la Commission indique que « l’équivalent de 305 000 tonnes de lait a été distribué dans les écoles maternelle primaires et secondaires de 22 États Membres ».

La campagne de communication prévoit notamment des quizz par niveaux d’âge et un concours de photographie qui a suscité la participation de 710 jeunes photographes en juin dernier pour gagner une console Wii Sport…

Communication ratée pour le concours « J’♥ l’Europe »

J’♥ l’Europe, c’est le concours que la Commission européenne organise sur le web afin de sélectionner la meilleure affiche de la Journée de l’Europe 2010…

« J’♥ l’Europe » ou comment faire d’un grand événement commémoratif autour des symboles de la construction européenne un simple jeu concours de graphisme avec remise de prix pécuniaire

Alors que la célébration de la Journée de l’Europe constitue un rendez-vous autour des symboles de la construction européenne et de ses actes fondateurs doté d’une forte dimension commémorative, du fait qu’elle renvoie à un moment fondateur, la Déclaration Schuman du 9 mai 1950, au Salon de l’Horloge ;

le concours organisé par la Commission européenne offre pour expédient symbolique une évaluation des affiches « par un jury d’éminents spécialistes européens du graphisme et de la communication » et une rémunération des lots: « 2 000 euros pour le gagnant et les candidats arrivant en deuxième et troisième positions recevront chacun 1 000 euros ».

« J’♥ l’Europe » ou comment faire d’une occasion rare de pédagogie sur les réalisations concrètes de l’UE un no man’s land d’information même basique

Alors que la célébration de la Journée de l’Europe constitue un événement annuel à date fixe bien identifiable, prétexte légitime pour donner une dimension pédagogique sur les réalisations concrètes de l’UE ;

le concours organisé par la Commission européenne se révèle d’une pauvreté affligeante en matière d’information : la date du 9 mai n’est même pas clairement identifiable et les 60 ans de la Déclaration Schuman – qui marqueront à n’en pas douté l’événement – ne sont, tout simplement, pas abordés.

« J’♥ l’Europe » ou comment faire d’un potentiel rendez-vous festif et populaire autour de l’attachement à l’Europe un énième cocktail à Bruxelles

Alors que la célébration de la Journée de l’Europe constitue une manifestation potentiellement festive, en organisant des actions attirant un large public telles que spectacles, festivals de cinéma, village avec des stands, opération « portes ouvertes » ;

le concours organisé par la Commission européenne convie 12 finalistes – seulement – à une cérémonie de remise de prix qui se tiendra à Bruxelles. Les trois gagnants « se verront offrir un séjour à Bruxelles, frais de transport et de logement payés, pour participer à la cérémonie de remise de prix ».

« J’♥ l’Europe » ou comment faire d’une éventuelle opération d’inspiration 2.0 au service des internautes un banal usage du web au profit d’une minorité

Alors que la célébration de la Journée de l’Europe sur le web constitue une opportunité de valoriser les grandes implications d’un public restreint afin de susciter la participation réduite d’un large public ; i.e. positionner le site comme vitrine des contenus réalisés, partagés, commentés et notés par les internautes ;

le site du concours de la Commission européenne se limite à mettre en ligne le règlement du concours – particulièrement incompréhensible, comme la question « Que se passera-t-il si je fais partie des mais que je ne réponds pas aux critères du concours? » et se contente du vote en ligne sur les seules 12 affiches retenues par le jury en ne précisant pas si ces affiches seront disponibles comme E-card personnalisables et téléchargeables mais en indiquant que « les affiches des 12 finalistes pourront également être utilisées dans des expositions organisées par la Commission européenne » et limitées à un public ultra-minoritaire.

Ainsi, « J’♥ l’Europe », c’est le parfait contre-exemple en matière de communication européenne.