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Quels seront les enjeux des élections européennes de 2024 ?

L’une des premières table ronde organisée par Euractiv dessine les lignes directrices d’une campagne qu’il faut bien dire peine encore à vraiment se lancer…

L’opinion publique et les élections européennes

Mathieu Gaillard, directeur d’études chez Ipsos invite à la prudence qui est de mise, parce qu’il rappelle que les élections européennes ne sont pas perçues ou vécues comme une remise en cause des pouvoirs en place au niveau national ; et que la prise de décision des électeurs est très tardive dans les derniers jours avant le scrutin.

Les principaux enjeux pour le Parlement européen résident dans les contours de la prochaine majorité parlementaire entre la droite conservatrice et la gauche sociale-démocrate, tandis qu’une majorité proeuropéenne semble quand encore acquise, une majorité alternative, entre les droites apparaît comme une possibilité numérique, mais pas encore politique.

Des batailles culturelles et des batailles politiques

Le grand projet de la mandature actuelle aura été le Green Deal, c’est une bataille culturelle remportée pour les forces écologiques et progressistes qui auront du longtemps plaider pour se faire entendre.

Mais, à l’échelle de toute la mandature, les batailles politiques n’auront pas été toutes remportées, loin de là ; de nouvelles majorités de substitution plus à droite ont d’ores et déjà votées contre des points emblématiques sur la réduction des pesticides, les zones naturelles de restauration ou la réduction de la pollution des véhicules sur la qualité de l’air, etc.

Tandis que les plus critiques viseront à tirer des conséquences directes de la succession de crises que les dogmes fondamentaux de l’UE ont failli vaciller comme l’équilibre budgétaire ou la libre concurrence ; d’autres ne manqueront pas de constater néanmoins des contradictions entre les ambitions climatiques du Green Deal et certaines politiques structurelles européenne comme l’agriculture, le libre échange ou la politique industrielle.

Des sujets du quotidien et des préoccupations électorales

Tout laisse à penser que des sujets comme l’immigration, le coût de la vie (pouvoir d’achat et inflation), l’environnement et l’action climatique ainsi que la situation internationale (Ukraine, Israël) seront les thèmes de campagne, sur lesquelles les électeurs se sentent beaucoup plus concernés. Les élections européennes seront l’occasion d’en débattre, une nécessité démocratique.

Pour Mathieu Gaillard, les électeurs se sentent concernés par les enjeux européens, lorsqu’ils votent aux élections européennes, et ils semblent être beaucoup plus enclins avec des partis proeuropéens ; dans les enquêtes d’opinion en déclaratif. Dans les enquêtes qualitatives, les décisions de vote se prennent davantage sur des enjeux. A partir de 2017, les préoccupations climatiques prennent en importance, ce qui a un impact sur le vote, même si le discours sur l’écologie punitive prend dans l’opinion et que le risque d’un backlash est toujours possible.

En raison de débats plus clivés sur les politiques de l’Europe, la dynamique de participation aux élections européennes pourrait se confirmer à la fin du printemps prochain, même s’il ne faut pas oublier, en France, qu’il s’agira des premières élections nationales, après la séquence présidentielle et législatives de 2022, une occasion d’un vote sanction mais aussi d’un vote pour lever les contradictions des différentes familles politiques autour de l’Europe.

Prospectives électorales européennes

Pour conclure, Théo Verdier, de la Fondation Jean-Jaurès se lance dans l’exercice difficile de dessiner des tendances :

  1. Face aux risques de dérapages faute de maîtrise des sujets sur le fond, le défi sera de faire campagne sur des idées tout en étant pédagogique
  2. Avec la posture des extrêmes autour d’un euroscepticisme plus constructif, le défi de mener des débats argumentés sur des sujets clés aux niveaux national et européen
  3. Tandis que l’UE s’est occupée des enjeux de vie et de mort ces dernières années avec le Covid ou l’Ukraine, les sujets européens sont beaucoup moins technocratiques, mais pas forcément plus consensuels
  4. Dans les programmes, le volet institutionnel autour de la réforme de l’UE entre élargissement et approfondissement sera un défi d’intelligibilité

Bonne année 2024 !

Naviguer en haute-mer : comment réformer et élargir l’UE pour le 21e siècle

Face à une conjoncture de changements géopolitiques, de crises transnationales et de complexités internes, l’UE n’est pas encore prête à accueillir de nouveaux membres, que ce soit sur le plan institutionnel ou politique. Dans ce contexte, un groupe de travail franco-allemand sur les réformes institutionnelles de l’UE soumet un rapport intitulé « Naviguer en Haute Mer : Réformer et Élargir l’UE pour le 21e Siècle », leaké par Politico Europe contenant des recommandations visant à atteindre trois objectifs : renforcer la capacité d’action de l’UE, préparer l’élargissement de l’UE et renforcer l’État de droit et la légitimité démocratique de l’UE.

Mieux protéger un principe fondamental : l’État de droit

Sur la conditionnalité budgétaire, faire du mécanisme de conditionnalité liée à l’État de droit un instrument de sanction des violations de l’État de droit et, plus généralement, des violations systématiques des valeurs européennes ; en cas de désaccord, étendre le champ de la conditionnalité budgétaire à d’autres comportements préjudiciables au budget de l’UE et introduire la conditionnalité pour les fonds futurs.

Répondre aux défis institutionnels : les domaines clés de réforme

Rendre les institutions de l’UE prêtes à l’élargissement, ce qui signifie que pour le Parlement européen, respecter la limite de 751 députés ou moins et adopter un nouveau système d’attribution des sièges ; pour le Conseil de l’UE, étendre le format trio à un quintet de présidences, chacune couvrant la moitié d’un cycle institutionnel, et pour la Commission, réduire la taille du Collège ou faire la distinction entre les « Commissaires principaux » et les « Commissaires », avec potentiellement seulement les « Commissaires principaux » ayant le droit de vote au sein du Collège.

Pour une meilleure prise de décision au sein du Conseil, généraliser le vote à la majorité qualifiée (QMV), c’est-à-dire transférer toutes les décisions « politiques » restantes de l’unanimité au QMV, sauf pour les domaines de la politique étrangère, de la sécurité et de la défense, et pour rendre le QMV plus acceptable, créer un « filet de sécurité de souveraineté », rééquilibrer le calcul des parts de vote en QMV et offrir une option de retrait pour les domaines de politique transférés en QMV.

Pour la démocratie au niveau de l’UE, harmoniser les lois électorales de l’UE, le Conseil européen et le Parlement européen doivent convenir avant les prochaines élections du Parlement européen de la manière de nommer le Président de la Commission par le biais d’un accord interinstitutionnel.

Pour la démocratie participative, les instruments participatifs existants doivent être étroitement liés à la prise de décision de l’UE, les panels de citoyens doivent être institutionnalisés avec une grande visibilité pour accompagner les choix majeurs et un nouvel Office indépendant de la Transparence et de la Probité doit être chargé de surveiller les activités de tous les acteurs travaillant au sein des institutions de l’UE ou pour elles.

En termes de pouvoirs et de compétences, renforcer les dispositions sur la manière de faire face aux développements imprévus et créer une « Chambre commune des plus hautes juridictions et tribunaux de l’UE » pour un dialogue non contraignant entre les cours européennes et les cours des États membres.

Pour les ressources de l’UE, augmenter le budget de l’UE au cours de la prochaine période budgétaire à la fois en taille nominale et par rapport au PIB, avec de nouvelles ressources propres pour limiter l’optimisation fiscale, l’évasion fiscale et la concurrence au sein de l’UE, ainsi que des décisions budgétaires transférées au QMV pour les dépenses, une révision approfondie des dépenses pour réduire la taille de certaines catégories de dépenses et en augmenter d’autres, permettre à l’UE d’émettre de la dette commune, et à l’avenir, pour chaque cycle institutionnel (mandat du PE) définir un budget européenne, le cadre financier pluriannuel CFP sur cinq ans.

Approfondissement et élargissement de l’UE

Même si l’UE dispose déjà de divers mécanismes de différenciation nécessaires pour accommoder les préférences diverses de plus de 30 États membres de l’UE, la différenciation a ses limites, en particulier en ce qui concerne l’État de droit et les valeurs fondamentales. Elle doit donc être utilisée sous certaines conditions : respect des règles et des politiques de l’UE, utilisation des institutions et des instruments de l’UE, ouverture à tous les États membres, partage des pouvoirs et des coûts entre les participants, et possibilité pour les États membres volontaires d’aller de l’avant.

Dans le cadre de la révision des traités, la différenciation devrait respecter les principes suivants : les clauses de retrait ne devraient être accordées que lorsqu’il s’agit d’approfondir l’intégration ou d’étendre le QMV, et les exemptions des valeurs fondamentales de l’UE ne devraient pas être autorisées.

La différenciation pourrait conduire à quatre niveaux d’intégration européenne, constitués d’un cercle intérieur (intégration approfondie dans des domaines tels que la zone euro et Schengen), de l’UE elle-même, d’un cercle plus large de membres associés, impliquant la participation au marché unique et l’adhésion à des principes communs, et enfin de la Communauté Politique Européenne (CPE), en tant que cercle extérieur de coopération politique sans avoir à être lié au droit de l’UE.

La manière de gérer le processus d’élargissement de l’UE est essentielle pour donner la possibilité aux pays candidats de s’adapter aux politiques et programmes spécifiques de l’UE. Fixer un objectif pour que les deux parties (UE et pays candidats) soient prêtes pour l’élargissement d’ici 2030. Diviser les cycles d’adhésion en groupes plus restreints de pays pour garantir une approche fondée sur le mérite et pour gérer les conflits potentiels, rendant ainsi le processus plus efficace, crédible et guidé politiquement.

Toutes ces recommandations vont faire débat, nécessiterons de prendre du temps, pour éventuellement parvenir à un consensus ; quand les faits risquent de s’imposer, l’anticipation s’exige.

Comment faire campagne auprès des citoyens sur l’Europe ?

Plusieurs tables rondes de la conférence annuelle EuropCom fournissent des insights éclairants sur la manière de communiquer et de mobiliser les citoyens européens en vue des futures élections européennes en juin 2024…

La communication du côté des institutions européennes

Mobiliser les électeurs : le pouvoir des communautés

Première table ronde EuropCom, les stratégies visant à favoriser la participation active aux processus démocratiques reposent sur le principe de se concentrer sur les personnes afin d’aider les gens à voter.

Gaia Manco, Chef de service à la DG COMM du Parlement européen présente la plateforme « together.eu for democracy », le projet de participation des citoyens du Parlement européen :

Action : les institutions doivent toujours fournir des contributions, des espaces, des outils, une éducation et une formation, mais les solutions finales doivent toujours venir de la société civile. L’information conduit à l’engagement et l’engagement conduit à la mobilisation. Cela aide à activer un public plus restreint mais plus engagé, prêt à être actif sur le terrain.

Communauté : les gens se rencontrent lors d’événements, c’est pourquoi aucun projet d’engagement ambitieux ne peut être mené par les institutions sans impliquer les personnes sur le terrain. Les réseaux sociaux ne suffisent pas, l’idée est d’être aussi inclusif que possible.

Inconnu : quelque chose qui doit être accepté, tout projet d’engagement est une co-création des institutions et des communautés, donc le résultat ne peut pas être connu à l’avance.

Informer les électeurs : souligner l’impact des décisions de l’UE sur la vie des gens

Jens Mester, Chef d’unité à la DG COMM, présente plusieurs enquêtes démontrant que l’une des principales raisons pour lesquelles les gens ne votent pas aux élections européennes est le manque d’informations sur l’UE… alors que les gens sont très intéressés à en savoir plus sur l’UE :

  • Montrer l’action politique de l’UE et son impact (discours sur l’État de l’Union, rapport général de l’UE, coins d’apprentissage pour les enseignants et les étudiants) ;
  • Fournir des informations sur les élections et les droits électoraux ;
  • Impliquer les personnes, y compris les jeunes, dans la démocratie européenne (Initiative citoyenne européenne, suivi de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, plateforme « Have your Say ») ;
  • Travailler en collaboration avec d’autres acteurs / activer des partenaires et des réseaux.
  • Activer les bénéficiaires des programmes de financement de l’UE ayant la responsabilité de mobiliser les gens en faveur de l’UE.

La communication du côté des novations

La technologie numérique et le changement démocratique : de la macro-politique à la micro-politique

Autre table ronde EuropCom, Rachel Gibson, Professeure de politique à l’Université de Manchester partage les résultats d’un projet Horizon 2020 sur lequel elle a travaillé pendant cinq ans consacrés au développement de la relation entre les technologies numériques et la démocratie.

Au début de l’ère d’Internet, les praticiens étaient très optimistes et idéalistes quant au rôle des technologies numériques dans l’amélioration de la démocratie. Cet optimisme s’est maintenant dissipé avec l’avènement des fausses informations, des discours haineux et du capitalisme de surveillance.

Les changements structurels qui se produisent en politique grâce à la technologie numérique font dissocier la macro-politique relevant de la démocratie pré-numérique, tandis que la démocratie post-numérique fonctionne au niveau de la micro-politique, des formes de mobilisation introduisant de nouvelles voix dans l’arène politique, au risque d’une privatisation de l’espace public, et au pire, comme un passage vers une vision de la politique plus « narcissique ».

Au niveau macro-politique, à l’époque des partis politiques de masse, il était important de se demander « Où est la voix du public ? ». Cette question demeure, à la condition que les individus soient exposés à une plus large gamme d’informations pour éviter les effets de chambre d’écho.

Au niveau micro-politique, la nouvelle question « Comment l’engagement micro-politique se traduit-il par un changement sociétal significatif ? » pourrait être facilité pour une meilleure prise en compte des opinions numériques par des partis politiques qui gèrent les influenceurs de manière plus efficace.

Ma liberté d’expression contre vos sentiments : l’importance de la satire dans les démocraties modernes

Fabio Mauri, « Directeur général à la DG MEME », adopte une approche non conventionnelle pour son discours en mettant en avant l’importance de la satire dans la construction de démocraties saines et critiques.

La satire est conçue pour faire réfléchir, pas rire ! c’est un phénomène profondément humain, si l’on songe au rôle du bouffon du roi, figure familière dans les cours médiévales, qui était chargé de partager de mauvaises ou difficiles nouvelles avec le souverain par le biais de la comédie.

Les gens ont tendance à faire plus confiance aux comédiens qu’aux politiciens : « Le rire tue la peur et sans peur, nous ne pouvons avoir aucune confiance ». La question de la confiance versus le scepticisme ironique en est était au cœur des débats sur les sociétés démocratiques saines et la confiance que nous avons ou n’avons pas envers les politiciens.

La préoccupation correspond à une tendance croissante à la rectitude politique à tout prix et à une méfiance qui l’accompagne à l’égard de tout ce qui ressemble à de la satire – une sorte d’allergie à la satire. Le fait que vous soyez offensé ne vous donne pas raison. Le rôle de la satire en politique et dans l’espace public plaide en faveur d’une plus grande tolérance à l’égard des opinions qui pourraient ne pas être en phase avec les vôtres, mais qui font néanmoins partie du débat, des désaccords et de la critique essentiels à une démocratie saine. La satire veut exagérer les problèmes pour que vous puissiez les regarder sous un autre angle.

Quelle campagne de communication aux élections du Parlement européen de 2024 ?

Les élections au Parlement européen constituent un moment crucial pour la démocratie européenne. Cependant, la participation électorale reste un défi majeur. Pour encourager une participation active des citoyens, il est essentiel de développer une stratégie de communication embrassant les principaux enjeux pour la future campagne de communication et de promotion des élections européennes.

La création d’un récit mobilisateur

La campagne de communication institutionnelle doit être fondée sur un récit mobilisateur qui valorise l’importance de la participation électorale au Parlement européen. Il est essentiel de souligner les enjeux cruciaux auxquels l’UE est confrontée, tels que les défis climatiques, la lutte contre les inégalités et la promotion des valeurs démocratiques. Le récit doit mettre en évidence le rôle déterminant du Parlement européen dans la prise de décisions et la représentation des intérêts des citoyens européens.

Façonner l’agenda médiatique

Autour des enjeux clés de l’élection, la campagne doit travailler en étroite collaboration avec les médias pour mettre en avant les questions pertinentes et susciter l’intérêt des citoyens. En sélectionnant judicieusement les sujets et en les mettant en avant de manière stratégique, la campagne peut contribuer à façonner l’agenda médiatique et à orienter les discussions publiques vers les thématiques essentielles pour l’avenir de l’Europe.

Adopter une approche de communication inclusive et participative

Pour susciter l’engagement des citoyens, la campagne de communication institutionnelle doit adopter une approche inclusive et participative visant par exemple à encourager les citoyens à utiliser des critères spécifiques afin d’évaluer les candidats et leurs programmes au regard des enjeux du scrutin. Par le biais de messages clairs et percutants, la campagne peut suggérer aux citoyens d’accorder une importance primordiale aux thématiques européennes lorsqu’ils prennent leur décision de vote.

Exploiter pleinement le potentiel des nouvelles technologies

La campagne de communication doit tirer parti de toutes les opportunités offertes par les nouvelles technologies pour atteindre les citoyens. En plus des réseaux sociaux, elle doit explorer d’autres outils technologiques tels que les applications mobiles, les plateformes de débat en ligne et les initiatives de démocratie participative numérique. Ces technologies permettent d’élargir l’accès à l’information, de faciliter l’interaction avec les citoyens et de favoriser leur participation active dans le processus électoral.

Renforcer la collaboration avec les acteurs locaux et les organisations de la société civile

La campagne de communication institutionnelle doit travailler en étroite collaboration avec les acteurs locaux et les organisations de la société civile. Les partenariats avec des organisations engagées dans la promotion de la démocratie et des valeurs européennes peuvent renforcer la portée de la campagne et mobiliser un plus large public. En encourageant la participation de ces acteurs locaux, la campagne peut toucher les citoyens à un niveau plus proche de leurs préoccupations et renforcer ainsi leur motivation à participer aux élections.

Mobiliser les jeunes électeurs par le biais des nouvelles technologies

Les jeunes sont une composante cruciale de l’électorat, et leur engagement est essentiel pour renforcer la légitimité démocratique des élections européennes. La campagne de communication institutionnelle doit comprendre des stratégies spécifiques pour atteindre les jeunes électeurs, en utilisant les plateformes et les réseaux sociaux qu’ils fréquentent régulièrement. Des formats de communication adaptés, tels que des vidéos courtes et percutantes, des infographies ou des contenus interactifs, peuvent capter leur attention et les encourager à s’engager.

Sensibiliser aux risques des nouvelles technologies

Il est crucial d’informer les citoyens, en particulier les jeunes, sur les risques liés aux nouvelles technologies dans le contexte politique. La campagne doit aborder les questions de désinformation, de manipulation des opinions publiques et de protection des données personnelles. Des contenus éducatifs, des vidéos explicatives et des campagnes de sensibilisation peuvent aider à renforcer la résilience des électeurs face à ces risques et à développer leur esprit critique.

Renforcer la transparence et l’authenticité de l’information

La campagne de communication institutionnelle doit mettre en avant la transparence et l’authenticité de l’information. En utilisant les nouvelles technologies, telles que les signatures numériques et les certifications d’authenticité, il est possible de renforcer la confiance des électeurs dans les contenus qu’ils consultent. La mise en place de partenariats avec des médias fiables et des organisations de vérification des faits peut également contribuer à fournir une information de qualité et à contrer la désinformation.

Renforcer les capacités critiques des citoyens face à la désinformation

La campagne doit mettre l’accent sur l’éducation aux médias et à l’information. Des initiatives telles que des ateliers de fact-checking, des programmes d’éducation numérique et des ressources en ligne peuvent aider les citoyens, en particulier les jeunes, à développer leurs compétences critiques face à la désinformation. Il est essentiel de les encourager à vérifier les sources, à croiser les informations et à remettre en question les contenus douteux.

Encourager la participation des acteurs de la société civile

La campagne de communication institutionnelle doit encourager la participation active des acteurs de la société civile dans la lutte contre la désinformation. Des partenariats avec des organisations spécialisées dans la vérification des faits, la protection de la vie privée en ligne et la promotion de la démocratie peuvent renforcer l’impact de la campagne et sensibiliser un public plus large.

Impliquer les partis politiques européens dans la campagne

Les partis politiques européens jouent un rôle fondamental dans l’animation de la campagne électorale et dans la mobilisation des électeurs. Ils doivent être encouragés à utiliser les nouvelles technologies et les médias traditionnels pour informer les citoyens sur leurs programmes politiques, leurs propositions et leur vision pour l’avenir de l’Union européenne. Des débats, des événements publics et des rencontres avec les électeurs peuvent être organisés pour favoriser le dialogue direct entre les partis politiques et les citoyens.

Les think tanks comme éclaireurs des politiques publiques de l’UE

Les think tanks, en tant qu’organisations de réflexion et d’expertise, jouent un rôle crucial dans la formulation et l’anticipation des politiques publiques de l’Union européenne. Leur participation à la campagne de communication institutionnelle peut apporter une valeur ajoutée en termes d’analyse, de débats d’idées et de propositions concrètes. Les think tanks peuvent organiser des conférences, des forums et des publications pour informer les électeurs sur les enjeux clés, les défis et les opportunités de l’UE, stimulant ainsi la participation éclairée des citoyens.

Coopération entre les partis politiques européens et les think tanks

La coopération entre les partis politiques européens et les think tanks peut renforcer l’impact de la campagne de communication institutionnelle. Les partis politiques peuvent s’appuyer sur l’expertise des think tanks pour affiner leurs propositions politiques, bénéficier de recherches approfondies et présenter des solutions pragmatiques aux problèmes européens. Cette collaboration peut également contribuer à promouvoir un débat politique de qualité, basé sur des faits et des arguments solides, et à établir une relation de confiance avec les électeurs.

Renforcer la sensibilisation aux enjeux environnementaux

Dans le contexte de l’urgence climatique et des préoccupations croissantes concernant l’environnement, il est essentiel d’intégrer la sensibilisation aux enjeux environnementaux dans la campagne de communication institutionnelle. Les électeurs, en particulier les jeunes générations, accordent une attention particulière aux politiques environnementales et cherchent des dirigeants qui s’engagent activement dans la transition écologique. Il est important de mettre en évidence les mesures prises par l’Union européenne en matière de durabilité, d’énergies renouvelables, de protection de la biodiversité, etc., afin de susciter l’intérêt et l’engagement des électeurs dans cette thématique cruciale.

Encourager la diversité et l’inclusion dans la participation électorale

La campagne de communication institutionnelle doit également mettre en avant l’importance de la diversité et de l’inclusion dans la participation électorale. Il est essentiel de souligner que chaque voix compte, indépendamment de l’âge, du genre, de l’origine ethnique ou du statut socio-économique. En encourageant une représentation équitable et diversifiée au sein des institutions européennes, la campagne peut inspirer une plus grande confiance et un sentiment d’appartenance chez les électeurs issus de différents milieux sociaux et culturels.

Contextualiser les enjeux géopolitiques mondiaux

Lors des élections européennes, il est essentiel de contextualiser les enjeux géopolitiques mondiaux, tels que l’invasion de la Russie en Ukraine et les tensions entre la Chine et l’Amérique. Ces événements ont un impact significatif sur l’Union européenne et peuvent influencer les politiques et les décisions prises au niveau européen. La campagne de communication institutionnelle doit fournir aux électeurs une compréhension claire de ces enjeux et de leur implication potentielle pour l’Europe.

Il est crucial de souligner comment l’Union européenne aborde ces défis géopolitiques, en mettant en avant les efforts diplomatiques, les mesures de sécurité, ainsi que les positions prises pour défendre les valeurs européennes fondamentales. Informer les électeurs sur l’importance de ces enjeux géopolitiques dans le contexte des élections européennes peut renforcer leur compréhension de l’impact de leurs choix électoraux et les inciter à participer activement au scrutin.

Au total, la future campagne de communication institutionnelle pour les élections européennes doit relever de nombreux défis, mais aussi saisir les opportunités offertes par les nouvelles technologies et les enjeux géopolitiques actuels. En informant, en engageant, et en mobilisant les électeurs, la campagne peut contribuer à promouvoir une participation électorale engagée, informée et démocratique afin de garantir l’intégrité des élections du Parlement européen en 2024, de renforcer la participation électorale et de consolider la démocratie européenne.

Comment les partis politiques européens pourraient vraiment participer aux élections européennes ?

A moins d’un an des élections européennes, l’Institut Jacques Delors creuse la problématique des partis politiques européens, « des objets politiques mal identifiés ? » qui contrairement aux partis nationaux dont la raison d’être est de concourir aux élections ont eux pour mission constitutionnelle de « contribuer à la formation d’une conscience politique européenne et à l’expression de la volonté des citoyens de l’Union »…

Présenter un nouveau cadre de financement européen

Actuellement, le cadre réglementaire des partis politiques européens constitue un contexte contradictoire pour l’engagement des partis politiques européens lors du scrutin européen, ne leur permettant pas de remplir véritablement leur fonction électorale.

En particulier, les règles de financement européen stipulent explicitement que les subventions européennes « ne doivent pas être utilisées pour le financement direct ou indirect d’autres partis politiques, et en particulier des partis ou candidats nationaux ».

Dans l’ensemble, une telle disposition limite fortement la capacité des partis européens à faire campagne dans le cadre des élections européennes. Les Europartis doivent faire preuve de prudence lorsqu’ils font campagne avec leurs partis membres.

=> Présenter un nouveau cadre de financement européen, une proposition qui n’est pas recommandée par l’Institut Jacques Delors devrait permettre de redessiner les règles pour permettre aux partis européens lors de rassemblements communs, ou de tournées de campagne communes, qui ont été jusqu’à présent évités et permettrait aussi de renforcer la visibilité des Europartis via l’inclusion systématique de leur logo et programme dans tout le matériel de campagne de leurs partis membres nationaux.

Présenter des candidats têtes de liste, les Spintzenkandidat

Les Europartis peuvent d’ores et déjà encadrer le processus des Spitzenkandidaten où chaque famille politique présente un candidat soutenu par un parti politique européen et chacun de ses membres dans les différents États.

En effet, la personnalisation accroit l’intérêt des citoyens envers la politique européenne, il faudrait « que chaque parti au niveau européen ait un visage pour les représenter ».

A ce jour, en matière de financement, les partis politiques européens peuvent bel et bien effectuer des dépenses de campagne pour leur Spitzenkandidat dans chaque État membre, à l’exception du pays où il a été placé sur une liste électorale.

=> Présenter des Spitzenkandidaten renforcerait le rôle des partis politiques européens dans l’organisation et l’animation de la campagne électorale, des programmes des candidats aux temps forts et aux narratifs dans les médias.

Présenter des listes transnationales

Alors que la conduite des campagnes reste essentiellement une affaire nationale où les élections européennes ne sont guère plus que la somme de 27 élections nationales, la création d’une circonscription paneuropéenne dans laquelle les partis politiques européens peuvent présenter des listes transnationales aux électeurs sur l’ensemble du territoire de l’UE renforcerait considérablement le rôle des partis politiques européens.

Les Europartis deviendraient explicitement responsables de la sélection des candidats transnationaux et pourraient mener une campagne électorale plus visible à l’échelle de l’UE sur la base d’un manifeste commun.

Ces plates-formes politiques gagneraient donc en importance et auraient le potentiel d’« européaniser » les débats électoraux et de servir de principes directeurs pour le travail législatif du groupe correspondant au Parlement européen.

=> Présenter des listes transnationales, ce qui ne fait pas consensus entre les familles politiques européennes, permettrait d’offrir une visibilité accrue renforçant l’intérêt des partis nationaux puisque « le parti européen aurait un réel pouvoir et cela changerait la donne ». Le succès de Volt et de Diem25 démontre qu’il y a un potentiel de mobilisation transnationale sous-exploité actuellement.

Les partis politiques européens ont quelques autres cartes à jouer

D’une part, continuer à démontrer leur intérêt pour leurs membres afin de contrer le désintérêt (relatif) des partis nationaux pour leurs activités et ce qu’ils ont à leur offrir.

D’autre part, démontrer sans cesse leur intérêt pour exister, au sein de l’espace public européen mais aussi et surtout au sein des espaces politiques nationaux ; en particulier leur rôle essentiel de soutien aux nouveaux partis.

Ces réformes, vraisemblablement mises en œuvre pour les élections à l’horizon de 2029, contribuerons à l’affirmation des familles politiques européennes et à une meilleure identification des acteurs en présence pour les citoyens.