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Communication européenne sur nos smartphones : il y a une app pour ça

Slogan emblématique de la marque à la pomme lors du lancement de l’iphone : « il y a une app pour ça », l’Union européenne semble s’en être saisi pour investir nos portables avec à ce jour 24 applications référencées sur l’Apple Store. Que peut-on en dire pour chaque catégorie souvent arbitraire prévue pour les classer ?

1ère catégorie : les applications « éducation » en mode ludique ou serious game

Avec un quart des applications référencées de l’Union européenne, les app éducation sont destinées à des publics spécifiques qui visent à faire un apprentissage, que l’on va présenter de la plus ludique à la moins pédagogique :

L’application « Cyber Chronox » se positionne comme un outil ludo-éducatif de sensibilisation des jeunes à la protection des données et aux droits fondamentaux sous forme de bande dessinée interactive pour des activités dans un cadre éducatif informel.

« Happy Onlife » est un jeu engageant visant à accompagner les enfants de 8 à 12 ans tout en impliquant leurs parents et enseignants pour initier avec eux une médiation active afin d’apprendre à se comporter en toute sécurité dans le monde numérique.

« Invasive Alien Species Europe » vise à permettre au grand public de recevoir et de partager des informations sur les espèces exotiques envahissantes en Europe, dont 10 à 15 % sont envahissantes, causant des dommages environnementaux, économiques et/ou sociaux.

L’application « CEPOL LEED » donne accès à une plate-forme de elearning destinée aux responsables de l’application des lois dans les États membres et autres pays partenaires.

L’application « The EU Relocation Programme » vise à aider les demandeurs d’asile avec des informations sur la procédure de relocalisation et leurs droits et obligations lors de la demande de relocalisation.

Dernière app, le « Council Voting Calculator » est destiné aux spécialistes de l’UE afin de leur permettre de simuler un vote à la majorité qualifiée au Conseil de l’UE avec un calculateur en fonction des procédures et des positions des États-membres.

2ère catégorie : les applications de « référence » informatives

Commençons par le commencement, l’application de la Charte de l’UE « EU Charter » se positionne comme « un guichet unique des droits fondamentaux » qui donne accès à la Charte des droits fondamentaux de l’UE ainsi que les jurisprudences de la Cour européenne de justice et de la Cour européenne des droits de l’homme.

Application pratique destinée aux juristes, « CVRIA » se présente comme l’outil idéal pour ceux qui souhaitent se tenir au courant des travaux de la Cour de justice de l’Union européenne : communiqués, décisions, audiences, arrêts et avis.

L’application « EP Research Service » donne accès à toutes les publications et infographies publiées par le Service de recherche du Parlement européen fournissant une analyse indépendante et objective sur les questions, la politique et le droit de l’UE.

Le Bureau européen d’appui en matière d’asile offre un soutien pratique aux personnes sur le terrain avec « EASO Practical Tools » concernant les droits des personnes ayant besoin d’une protection internationale et des informations sur les procédures applicables.

L’application du Comité européen des régions vise à se connecter aux responsables politiques locaux d’Europe et obtenir les dernières nouvelles de l’organisme de l’UE représentant les villes et les régions.

3ème catégorie : les applications « Voyage » de services

« Passenger rights » peut se révéler très pratique si vous avez déjà été bloqué ou vos bagages perdus, l’application couvre désormais tous les modes de transport dans l’UE – aérien, ferroviaire, bus et bateau, vous pouvez vérifier vos droits immédiatement, sur place.

« Going Abroad » est l’application de sécurité routière pour trouver toutes les règles de sécurité routière avant de partir à l’étranger sur les routes en Europe.

Comme partout avec le Covid, « Reopen EU » fournit un aperçu de la situation sanitaire dans les pays européens, sur la base des données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies afin de planifier ses voyages en Europe.

Enfin, « EPexplorer » permet de découvrir le campus bruxellois du Parlement européen à travers une expérience interactive en réalité augmentée.

4ème catégorie : Utilities & Productivity, les applications pratiques

« ERA SMS » de l’agence de l’UE pour les chemins de fer donne un aperçu des principaux éléments constituant le système de gestion de la sécurité ferroviaire.

« Innovation Radar » vise à identifier les innovations et les innovateurs à fort potentiel dans les programmes-cadres de recherche et d’innovation financés par l’UE.

« EU CBRNE Glossary » est le glossaire officiel de l’UE sur les risques chimiques, biologiques, radiologiques, nucléaires et explosifs pour les praticiens de la gestion et de la réponse de crise.

« Food Checker » est un outil de collecte dans le but d’identifier des produits alimentaires apparemment identiques mais présentant des différences de composition (nutrition et ingrédients) sur les étiquettes.

« EU Council » conçue pour les invités aux événements et réunions qui se déroulent dans les bâtiments du Conseil de l’UE à Bruxelles et à Luxembourg.

Bonus : une appli « social media » et une appli « simulation »

En tant que social media, l’app « European Solidarity Corps » vise à permettre aux jeunes de 18 à 30 ans de s’engager dans des projets liés à la solidarité dans toute l’Europe en tant que bénévole, stagiaire ou même salarié travaillant sur un projet solidaire. Les fonctionnalités inspirées des réseaux sociaux, on retrouve la possibilité de créer un profil, publier des contenus, interagir avec la communauté et chater mais aussi rechercher et postuler à des opportunités.

App la plus aboutie, « EUcraft » est un jeu de simulation vous permettant de prendre des décisions au sein du Conseil de l’UE en se mettant à la place des ministres nationaux et en négociant sur des sujets réels afin de parvenir à un accord. Il s’agit d’un jeu éducatif basé sur le vrai processus de négociation et sur de vrais sujets, cependant, les procédures de négociation sont présentées sous une forme simplifiée et gamifiée, avec l’ajout d’éléments ludiques et un degré d’abstraction.

N’hésitez pas à partager en commentaire les applications européennes que vous connaîtriez !

Deuxième saison de la campagne conjointe UEFA et Commission européenne en faveur de l’action pour le climat

Au cours de la saison de football 2021-22, la première saison de l’engagement de l’UEFA à aider l’UE à réaliser le Green Deal avec le spot « The World’s Best Trick » a été diffusé près de 3 000 fois à la télévision et a été diffusé dans plus de 300 matchs de clubs et d’équipes nationales de football féminin et masculin…

UEFA Respect + EU Green Deal : des économies en énergie

L’UEFA et la Commission européenne se lancent pour la deuxième saison d’une campagne de trois ans dans laquelle l’UEFA soutient la Commission pour aider à sensibiliser le public aux priorités européennes en matière de climat et d’énergie.

Un tout nouveau spot, sans star du foot, ni masculine, ni féminine, sera diffusé cette saison dans les compétitions paneuropéennes de clubs et d’équipes nationales masculines et féminines de l’UEFA, y compris l’emblématique Ligue des champions.

La nouvelle publicité promeut les messages de l’UE sur les économies d’énergie et encourage les citoyens à prendre des mesures quotidiennes pour aider à faire face à la crise énergétique actuelle en Europe.

Selon Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, « si nous baissons tous notre chauffage de 1 degré, nous pouvons économiser 10 milliards de mètres cubes de gaz (…) il faut un travail d’équipe : si tout le monde contribue, nous passerons les prochains hivers et serons prêts pour un avenir plus vert ».

La campagne télévisée conjointe répond à un objectif clé de l’engagement de l’UEFA envers le Pacte européen pour le climat, qui invite les citoyens, les communautés et les organisations à aider l’Union européenne à réaliser le Green Deal et la transition de l’Europe vers une économie à zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050.

Première saison réussie

La publicité de la première saison – #EveryTrickCounts s’est avérée un succès retentissant sur plusieurs fronts :

  • En 2021/22, le spot a été diffusé lors de plus de 300 matches dans les compétitions de clubs et d’équipes nationales de l’UEFA dans le football féminin et masculin, y compris le futsal.
  • Pour la finale de la Ligue des champions masculine de l’UEFA, le spot a atteint une audience unique estimée à environ 35 millions de personnes. L’audience unique moyenne d’une journée de l’UEFA Champions League masculine était de 24 millions.

Cette campagne UEFA-Commission européenne sur le climat, d’ores et déjà, atteint un record sans précédent en termes de visibilité de l’Europe.

Regards croisés sur les réseaux sociaux des visites des présidentes européennes en Ukraine

Entre la visite précoce de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, première représentante d’une institution européenne aux côtés des autorités publiques ukrainiennes début avril et la délégation composée de la présidente Ursula von der Leyen de la Commission européenne accompagnée du Haut-Représentant de l’Union pour les affaires étrangères Josep Borrell courant avril, la comparaison des mises en récit sur les réseaux sociaux peut être instructive

Roberta Metosla, présidente du Parlement européen : la force de l’humanité des gestes symboliques de soutien

Les codes des réseaux sociaux sont très judicieusement exploités par la nouvelle présidente du Parlement européen qui a encore un déficit de notoriété à combler dans le trio des présidences des institutions européennes.

Son capital sympathie, mis à profit au cœur de sa visite, constituée notamment d’un discours devant le parlement ukrainien et une discussion avec le Président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky se traduit par des clichés très travaillés pour symboliser son soutien et capturer une esthétique des sentiments forts et communicatifs.

En termes de résultats, le compte Instagram personnel de Roberta Metsola explose les compteurs avec un post iconique rassemblant plus de 53k likes pour 54k abonnés, soit un taux d’engagement extraordinaire de près de 100%. Sur le compte Twitter de la présidence du Parlement européen, le contenu le plus engageant est aussi visuellement très réussi avec le président de la Verkhovna Rada rassemblant plus de 21,5k likes pour 347.1K followers.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne : la force de la solidarité des gestes historiques d’union

La visite de la présidente de la Commission européenne est encore plus forte en termes d’importance et d’engagement de l’Union européenne, qui n’a pas été démenti depuis le début de l’invasion des forces armées russes en Ukraine.

Sa démarche déjà hautement symbolique, renforcée hélas encore par les atrocités commises à Bucha ; vient inscrire des engagements concrets de nouveaux financements, le renouvellement du message que les Ukrainiens appartiennent à la famille européenne, ce qu’Ursual von der Leyen fut la première à dire dans les médias, sous le coup des émotions et de convictions fortes. Sans oublier, la consultation formelle de Zelensky en vue de la future candidature de son pays à l’adhésion à l’Union européenne dont les chefs d’État et de gouvernement ont demandé à la Commission européenne de se prononcer d’ici leur prochain Conseil européen en juin prochain.

En termes de résultats, le compte Twitter partage ses différentes séquences, et la présence à Bucha récolte le maximum d’engagement avec un taux d’engagement d’environ 10% pour 1,1 millions d’abonnés, une très belle performance ; tandis que sur Instagram, c’est la vidéo de l’échange qui obtient à peu près le même niveau d’engagement.

Au total, la communication de leurs visites respectives en Ukraine des présidentes du Parlement européen et de la Commission européenne sur les réseaux sociaux montre l’importance primordial et l’impact magistral de leur démarche auprès des publics.

Illusions institutionnelles et monolinguisme de la communication européenne sur les médias sociaux

Dans un système de 23 langues officielles, certaines sont en pratique plus égales que d’autres, et en particulier les institutions européennes se sont illusionnées en sacrifiant à la promotion d’une sphère publique européenne, des pratiques de communication linguistiques hégémoniques où l’anglais domine, selon Kaisa Koskinen dans « Social media and the institutional illusions of EU communication »…

Des « illusions institutionnelles » du multilinguisme plus théorique que pratique

Dans la théorie littéraire, le concept de « la suspension volontaire de l’incrédulité » ou « foi poétique » développé par William Coleridge en 1817, fait référence à l’acceptation par les lecteurs de la fictionnalité de la fiction. Nous acceptions les règles de la fiction pour profiter d’une histoire divertissante.

Les politiques linguistiques institutionnelles reposent sur une attitude quelque peu similaire en ce sens qu’elle implique une ignorance volontaire de certains aspects pragmatiques de la vie quotidienne au profit d’un principe d’« illusions institutionnelles ». Le multilinguisme peut être à jamais inaccessible dans la vie quotidienne, mais il peut être nécessaire de continuer « comme si » il était la réalité car l’abandonner ferait s’effondrer la construction d’ensemble.

De la « cyberécologie linguistique » virtuelle : le monolinguisme pragmatique des institutions européennes

Les illusions institutionnelles d’égalité et d’équivalence entre les langues n’ont pas survécu au passage aux médias sociaux. Le choix de l’anglais en tant que lingua franca européenne s’est réalisé sans discussion des questions d’égalité et d’accès à l’information, afin de favoriser un dialogue européen en atteignant directement les citoyens intéressés par les affaires européennes au détriment du multilinguisme institutionnel. L’anglais devient la langue commune par laquelle les Européens se comprennent ; rien à voir avec l’impérialisme linguistique britannique ou américain et tout à voir avec l’aspect pratique.

Le développement simultané de se connecter directement aux citoyens en adaptant la communication aux besoins locaux s’est traduit, si l’on peut dire par le détachement d’une partie des traducteurs dans des bureaux locaux et la création d’une unité de traduction web distincte à Bruxelles. Les traducteurs de ces deux unités ont pour tâche explicite de briser l’illusion d’équivalence dans leurs stratégies de traduction et de commencer à localiser les communiqués et pages web en adaptant à la fois leur style et leur contenu aux mieux se conformer aux intérêts locaux dans la culture cible.

Sur les réseaux sociaux, la plupart des profils dans des langues autres que l’anglais sont ceux mis en place par les représentations locales et la coexistence avec d’autres langues que l’UE est devenue rare.

L’anglais est en effet majoritaire sur la chaîne Youtube de la Commission européenne EUtube qui permet les commentaires, et il y en a souvent, majoritairement en anglais. EuroparlTV, en revanche, la webTV du Parlement euuropéen est une chaîne à sens unique, diffusant des informations dans plusieurs langues mais n’invitant à aucune réponse.

Dans ces lignes directrices pour une action responsable dans les médias sociaux, la Commission européenne ne s’exprime pas sur les langues à utiliser. La pratique où l’anglais domine a été autorisée à se développer de manière organique, car L’utilisation d’une langue commune dans les discussions accroît les possibilités d’une sphère publique européenne commune.

Du « linguicisme » : le monolinguisme dans la participation des « citoyens »

Les principes du multilinguisme institutionnel sont bouleversés dans les médias sociaux : le multilinguisme institutionnel a traditionnellement permis aux citoyens de rester individuellement monolingue, mais comme l’institution est désormais plutôt monolingue en n’utilisant que l’anglais dans les médias sociaux, c’est aux commentaires des citoyens d’introduire davantage de langues. Cependant, peu d’entre eux sont disposés à le faire. La majorité des commentateurs optent pour le renforcement du choix linguistique préétabli par l’institution.

Si l’objectif est de permettre une participation démocratique de tous les groupes linguistiques, l’absence de toute régulation institutionnelle des pratiques langagières dans les médias sociaux est donc frappante. Cette absence de politique linguistique explicite laisse place à une évolution que l’on pourrait qualifier de linguicisme, c’est-à-dire de pratiques qui légitiment ou reproduisent une répartition inégale du pouvoir et des ressources sur la base de la langue.

Si la Commission européenne avait une politique de traduction réfléchie pour les médias sociaux, elle aurait pu résoudre différemment la question du multilinguisme. L’unité de traduction web distincte aurait pu élargir sa portée pour inclure les médias sociaux, sachant qu’il existe désormais des services de traduction commerciaux qui fournissent des traductions automatiques pour les besoins des médias sociaux instantanément.

De deux choses l’une sur les réseaux sociaux, soit les pratiques soutenant l’hégémonie de l’anglais sont le résultat accidentel d’un développement organique des stratégies de communication de la Commission européenne, soit il existe des motivations considérées comme plus précieuses qu’un régime linguistique égalitaire pour créer une identité européenne commune et un sentiment d’appartenance et in fine une sphère publique européenne partagée.

Il est évident que l’utilisation croissante des médias sociaux par les institutions de l’Union européenne a un effet profond sur leur paysage linguistique virtuel. En l’absence d’une politique linguistique explicite, les pratiques entraînent une perte importante des formes démocratiques de multilinguisme et une augmentation de la prédominance d’une langue, l’anglais.

Si l’égalité entre les langues officielles demeure l’idéologie dominante, il y a très peu de preuves de tentatives de sauvegarde de l’illusion d’égalité. Il s’ensuit que la question de l’équivalence ne se pose même pas dans la plupart des cas. L’illusion d’équivalence n’a donc pratiquement aucune place dans ces forums.

Si l’on devait identifier quels types d’illusions sont venues remplacer les anciennes : la première illusion est que si la politique linguistique n’est pas explicitée, elle n’existe pas ; la seconde est que tout le monde connaît l’anglais ; la troisième pourrait être que la langue n’est qu’une question pragmatique de communication, sans rapport avec les questions d’identification, d’idéologie, de politique, de pouvoir ou d’éthique.

Sur les médias sociaux, la politique linguistique hégémonique émergente basée sur l’anglais peut bien soutenir l’objectif politique de créer la sphère publique européenne, mais il faut accepter que cette sphère publique ne sera pas « sociale », mais sera alors une construction d’élite non accessible à ceux qui ne sont pas adeptes du numérique et ne maîtrisent pas bien l’anglais.

Quels sont les principaux risques et remèdes des médias sociaux pour la démocratie ?

Aperçu par le Service de recherche du Parlement européen des principaux risques posés par les médias sociaux à la démocratie et leurs remèdes pour offrir de nouvelles opportunités pour étendre et améliorer la démocratie tout en perturbant le paysage politique, déstabilisant les élites gouvernantes et accélérant le rythme du changement et sans plonger dans le « solutionnisme technologique » – la croyance que des solutions technologiques faciles peuvent résoudre des problèmes sociaux et politiques complexes…

1. L’âge de la surveillance

Principaux risques de la surveillance :

  • Surveillance politique : Les médias sociaux offrent des moyens nouveaux et plus efficaces de surveiller les gens, qui peuvent être utilisés par les gouvernements pour cibler les citoyens politiquement actifs et faire taire la dissidence. Même en l’absence de coercition explicite, les citoyens qui soupçonnent qu’ils sont la cible d’une surveillance en ligne peuvent entraver leur expression politique en ligne par crainte de représailles (effets dissuasifs) ;
  • Perte de vie privée et d’autonomie : La collecte massive de données par les plateformes de médias sociaux crée des risques pour la vie privée des utilisateurs et peut affecter leur capacité à former et à exprimer des opinions politiques. Le modèle de capture d’attention des médias sociaux, d’une part, et les stratégies visant à exploiter les besoins et les préjugés humains pour accroître l’engagement, d’autre part, minent tous deux l’autonomie individuelle ;
  • Désengagement politique : Les médias sociaux peuvent contribuer au désengagement politique croissant des citoyens même s’ils ne sont pas les seuls responsables de ce phénomène. L’indifférence des médias sociaux à la démocratie se heurte de plus en plus au fait que les médias sociaux ont un impact croissant sur la démocratie.

2. L’ère de la personalisation

Principaux risques de la personnalisation :

  • Visions du monde rétrécies : En limitant la gamme d’informations à la disposition des citoyens, les modèles de partage d’informations et d’interactions sur les médias sociaux peuvent contribuer au renforcement des frontières de groupe qui empêcheraient un dialogue politique plus large. Malgré les inquiétudes généralisées, les preuves empiriques existantes suggèrent que les effets de personnalisation et de filtrage des médias sociaux sont moins graves et omniprésents qu’on ne le craignait initialement.
  • Fragmentation sociale et politique : Les effets négatifs de la personnalisation sont plus présents dans certains contextes politiques et tendent à toucher davantage certains groupes, comme les hyperpartisans. Les effets politiques négatifs de la personnalisation semblent moins graves et généralisés, le risque de fragmentation et de polarisation sociétale demeure. L’évaluation des effets des médias sociaux dépend également d’hypothèses politiques (idéologiques) sur la nature et les conditions de la politique démocratique.

3. Le fléau de la désinformation

Principaux risques de la désinformation :

  • Distorsion d’opinions et de préférences : Le plus souvent motivée par des entrepreneurs qui font la promotion d’un contenu très engageant pour tirer profit de la vente d’annonces, la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux peut saper la capacité des citoyens à former et exprimer des opinions politiques. Malgré les preuves croissantes d’une exposition significative à la désinformation politique en ligne, l’impact réel de la désinformation sur les opinions et les préférences des citoyens est difficile à évaluer. Bien que la portée et l’impact de la désinformation semblent avoir été surestimés, il existe des preuves d’effets négatifs dans des contextes particuliers et sur des groupes spécifiques.
  • Distorsion des résultats électoraux : La désinformation peut être utilisée pour persuader ou embrouiller les électeurs, et pour mobiliser ou démobiliser les citoyens pour qu’ils votent, ce qui peut, dans certaines conditions, être un facteur déterminant des résultats des élections. La désinformation généralisée et la perception aiguë de celle-ci par le public (amplifiées par le manque de recherches et des rapports inadéquats) peuvent saper la confiance dans (toutes) les informations en ligne et les institutions démocratiques.
  • Désinformation automatisée : Les comptes et algorithmes automatisés contribuent à la propagation de la désinformation sur les réseaux sociaux, mais l’interaction entre les utilisateurs et les algorithmes est indispensable pour que la désinformation soit efficace. Les algorithmes utilisés pour diffuser de fausses informations exploitent les préjugés et les prédispositions humaines, tels que le biais de confirmation humaine, l’inclination à croire des histoires répétées et l’attirance pour un nouveau contenu.

4. Les dérives de la modération

Principaux risques de la modération :

  • Censure politique : Les mesures de modération peuvent contribuer à lutter contre la désinformation sur les réseaux sociaux, tout autant que porter atteinte à la liberté d’expression et permettre la censure politique. Toutes mesures de modération sont risquées, la suppression de contenu est particulièrement problématique lorsque le contenu ciblé n’est pas explicitement illégal. Supprimer et étiqueter le contenu peut être contre-productif, car cela peut renforcer les perceptions concernant la censure injuste et injustifiée de points de vue et de groupes particuliers.
  • Biais algorithmique : Alors que l’automatisation peut alléger certains fardeaux de la modération humaine, elle peut également amplifier les erreurs et automatiser les biais préexistants. Une pression accrue sur les médias sociaux pour s’attaquer aux contenus problématiques peut pousser les plateformes à s’appuyer encore plus sur des outils automatisés, conduisant ainsi à une censure excessive.
  • Pouvoir irresponsable : Malgré les efforts visant à rendre la modération plus transparente et systématique, les mesures de modération sur les réseaux sociaux restent largement floues, arbitraires et appliquées de manière incohérente. La modération des médias sociaux soulève un sérieux problème de responsabilité sur les décisions des plateformes relatives aux contenus problématiques.

5. Les excès du microtargeting

Principaux risques du miocrotargeting :

  • Manipulation politique : Par rapport à la publicité politique conventionnelle, le microciblage politique exploite des types de données plus larges pour identifier des micro-groupes de personnes et pour tester et leur proposer des messages personnalisés. Alors que le microciblage peut servir à réengager les citoyens dans la politique, il peut également être utilisé pour manipuler les opinions et les attentes des citoyens. Le microciblage est intrusif car il est basé sur un grand nombre de données et d’informations (y compris des profils psychologiques) sur les personnes, ce qui peut porter atteinte à la vie privée et à l’autonomie. La nature secrète ou cachée du microciblage augmente le risque de manipulation et sape ainsi la capacité des citoyens à se former et à faire des choix politiques.
  • Distorsion du processus électoral : Le micro-ciblage politique remet en cause les règles électorales existantes concernant la transparence, les campagnes et le financement politique et peut fausser les processus électoraux et politiques. Les preuves d’une large utilisation du micro-ciblage politique sont de plus en plus nombreuses, l’impact réel du micro-ciblage politique reste incertain. Il est possible que les campagnes de micro-ciblage politique puissent déterminer le résultat des élections, en particulier dans les systèmes électoraux où le vainqueur rafle tout. Même si le microciblage ne peut pas être blâmé pour avoir fait basculer les élections récentes, les risques qu’il crée sont susceptibles d’augmenter, étant donné les intérêts politiques et économiques élevés en jeu et les futures avancées technologiques.

Aucun de ces risques n’est à négliger, mais aucun ne doit être pour autant surestimer. Les solutions simplistes n’existent pas. Les technologiques autant que les usages individuels ainsi les comportements collectifs doivent être considérés.

Plusieurs mesures pourraient viser à :

  1. Renforcer la concurrence pour lutter contre les abus de position dominante sur le marché ;
  2. Protéger les données et la vie privée pour empêcher le traitement abusif des données ;
  3. Revoir les règles de responsabilité du contenu pour clarifier les responsabilités pour le contenu en ligne ;
  4. Accroître la transparence et la responsabilité pour le filtrage et la modération du contenu ;
  5. Superviser les algorithmes pour augmenter leur transparence et leur fiabilité ;
  6. Réglementer la publicité politique ciblée pour empêcher les abus et la manipulation ;
  7. Donner aux citoyens les moyens de comprendre les risques numériques et de repousser les attaques.