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Quelles sont les raisons du succès de la déclaration de Viviane Reding sur la situation des Roms en France ?

Aujourd’hui, Viviane Reding, Vice-Présidente de la Commission européenne responsable de la Justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté, a très vivement critiqué le gouvernement français qui ne respecte pas ses engagements européens en expulsant – sur la base d’une circulaire du ministère de l’Intérieur – des centaines de Roms en raison de leur seule origine ethnique. La Commission devrait ouvrir une procédure d’infraction à l’encontre de la France.

Une déclaration réussie en raison de la convergence entre lisibilité politique et visibilité médiatique

Trop souvent, les déclarations du Président de la Commission européenne ou des Commissaires souffrent d’un déficit de lisibilité (le jargon bruxellois reste incompréhensible) et/ou d’un défaut de visibilité (l’agenda médiatique demeure national).

Assez rarement – et c’est le cas de cette déclaration – il arrive que la voix portée par l’UE franchisse ces barrières :

  • un message lisible, exprimant une conviction profondes de la construction européenne – « la discrimination basée sur l’origine ethnique ou la race, n’a pas de place en Europe. » – très largement partagée par les citoyens ;
  • un message visible, s’inscrivant en plein dans la controverse sur les expulsions de Roms en France et suscitant l’intérêt des journalistes.

Une déclaration réussie en raison de la légitimité du positionnement

Au-delà de ces deux qualités – lisibilité et visibilité – qui aurait pu limiter la déclaration de Viviane Reding à un « coup politique et médiatique », le positionnement renforce la légitimité du message :

  • un message crédible, conforme à la mission de gardienne des Traités confiée à la Commission européenne ;
  • un message adéquat qui s’éloigne de tout parti pris partisan pour ne se concentrer que sur le respect des règles de droit adoptées par tous les États membres.

Au total, Viviane Reding réussit à porter – pour l’une des premières fois – une parole fondatrice sur le socle des valeurs de l’UE.

La communication européenne n’est-elle pas surtout un enjeu de formation ?

La lecture de la résolution « sur le journalisme et les nouveaux médias – création d’une sphère publique en Europe » adoptée hier en séance plénière par le Parlement européen révèle que pour les euro-députés, la communication européenne est aussi une enjeu de pédagogie après des publics clés de l’UE…

D’abord, la formation de tous les agents de l’UE, éventuels ambassadeurs de l’UE

Il s’agit d’une évidence, qui n’est pas inutile de rappeler : la communication de l’UE ne peut vraiment être efficace que si ses principaux agents sont correctement formés.

Aussi, la résolution « encourage la Commission et le Parlement à aller plus loin en matière de formation pour développer les compétences de communication de leurs agents, de manière à ce que ceux-ci soient en mesure de communiquer avec les médias et les citoyens ».

Cette préconisation – fort justement – ne se limite pas à la formation des professionnels de la communication de l’UE mais vise chaque fonctionnaire européen, éventuellement « ambassadeur de l’UE », comme le laissait entendre Viviane Reding – la Commissaire titulaire du portefeuille de la communication – dans son courrier en réponse à la lettre ouverte de la communauté des éditeurs et webmasters des sites de la Commission européenne.

Ensuite, la formation des journalistes traitant des affaires européennes, réels relais de l’information sur l’UE

Autre évidence qu’il convient de défendre : l’information sur l’UE ne peut vraiment être pertinente que si les journalistes sont préalablement formés afin de leur permettre de mieux comprendre les institutions européennes.

Aussi, la résolution « encourage toute initiative de l’UE visant à mettre en place des programmes de formation sur les affaires européennes, spécialement destinées aux jeunes journalistes ».

Enfin, la formation des jeunes à l’originalité de la construction européenne, potentiels soutiens de l’avenir de l’UE

Dernière évidence, véritable serpent de mer de la communication sur l’Europe : l’éducation civique européenne (cf. le billet « Vers la création de cours d’éducation civique européenne dans toutes les écoles de l’UE ? »).

Déjà inscrite dans la résolution « Dialogue actif avec les citoyens sur l’Europe » adoptée le 24 mars 2009, le Parlement européen : « il est nécessaire de défendre un modèle actif d’éducation civique européenne qui donne aux jeunes la possibilité de s’investir directement dans la vie publique et de s’engager », la résolution « estime que l’implication entière de l’école est un élément essentiel de la communication de l’UE pour captiver et impliquer les jeunes ».

Ainsi, la leçon de la résolution du Parlement européen est salutaire : la communication européenne est une mission pédagogique qui doit s’inscrire dans la longue durée.

Et si la révolution dans le discours sur l’Etat de l’Union de Barroso était l’annonce de la création d’une agence européenne de la communication de l’UE ?

Alors que José Manuel Barroso s’apprête à tenir son premier discours sur l’Etat de l’Union (l’une des innovations introduites par le plan d’action de Viviane Reding, la Commissaire en charge de la communication) la révolution revendiquée – que l’on peut craindre sans lendemain – serait vraiment au rendez-vous avec l’annonce de la création d’une agence européenne de la communication de l’UE. Pourquoi une telle agence ?

La volonté de « dépassionner un antagonisme d’ordre politique, voire idéologique »

En effet, la mission de communiquer sur l’Europe, que certaines considèrent « impossible », est marquée par de fortes divergences de vues entre les institutions communautaires et les États membres.

La création d’une agence pourrait conduire à « techniciser » le débat en fournissant des données objectives et incontestables sur la base d’indicateurs permettant de comparer le bien-fondé des différentes options politiques envisagées.

De surcroit, une agence constituerait un meilleur gage d’indépendance que les services de la Commission, du Conseil ou du Parlement, soumis à des pressions de diverses natures qui pourraient faire peser un soupçon sur l’impartialité de leurs travaux.

Une mission précise et des activités exclusivement communautaires aux plus-values évidentes

La mission de l’agence européenne de la communication publique consisterait à assurer la communication de l’Union européenne en lieu et place des différents services de communication des institutions communautaires.

Dans le cadre de cette mission, l’agence se verra confier les activités suivantes :

  • définir des orientations générales pour une communication coordonnée au sujet des questions européennes et établir une certaine cohérence de l’identité graphique des activités de communication de l’Union ;
  • mettre en œuvre les priorités annuelles de l’Union européenne dans le domaine de la communication en adoptant un programme de travail annuel et des plans d’action visant à donner une suite aux conclusions des évaluations ;
  • contribuer au développement d’une sphère publique européenne.

Au-delà de ces activités stratégiques, l’agence aura des activités plus opérationnelles, notamment :

  • appliquer les partenariats de gestion avec les États-membres permettant depuis la déclaration politique du 22 octobre 2008 d’améliorer la coordination des activités de communication relevant des priorités définies, sur la base de plans de communication conjoints
  • collecter, analyser, transmettre, mettre en réseau une information objective, fiable et facilement accessible ;
  • signer des contrats d’objectifs et de moyens assortis d’indicateurs de performance permettant de mesurer les moyens mobilisés, les travaux exécutés et les résultats obtenus.

Par ailleurs, l’agence se verra confier des missions complémentaires des initiatives de communication sur l’Europe engagées par les Etats membres :

  • d’une part, il s’agit de tâches de coordination ou d’échanges d’informations et de bonnes pratiques, qui, par leur nature même, sont plus faciles à conduire à un niveau supranational ;
  • d’autre part, la complémentarité pourrait résulter de la mise en commun de ressources des États membres. Une mutualisation de moyens, dont l’évolution pourrait être de confier progressivement l’activité à l’agence européenne.

Ainsi, la plus-value de cette agence européenne de la communication publique est avérée puisqu’il s’agit d’une mission spécifique d’harmonisation de la communication européenne dont on ne retrouve pas d’équivalent dans les politiques mises en œuvre au niveau national et qui résulte d’une application rigoureuse du principe de subsidiarité en confiant des compétences claires à l’UE.

Une pleine implication des États membres dans la gouvernance des agences européennes

Le degré d’implication des États membres se traduit par leur participation au conseil d’administration de l’agence. Il s’agirait de prévoir la représentation de chaque État membre dans leur conseil d’administration ainsi que de toutes les institutions exécutives communautaires, à commencer par la Commission, le Conseil et le Parlement.

Une mutualisation des moyens pour une plus grande réactivité et une plus grande souplesse de gestion

Suivant les recommandations du rapport d’information du Sénat, la mutualisation des moyens permettrait de réaliser des économies d’échelle.

La mutualisation des moyens pourrait porter sur les moyens généraux, tels que les ressources humaines, en particulier au niveau des fonctions support telles que l’assistance dans la procédure budgétaire et en matière d’appel d’offres ou de conseil juridique ou la traduction.

En outre, avec une stricte application des principes de discipline budgétaire et de bonne gestion financière et une parfaite maîtrise des effectifs s’appuyant sur une réelle prise en compte des résultats, le fonctionnement de l’agence se révèlerait particulièrement efficace.

Ainsi, la création d’une agence européenne de la communication de l’UE constituerait vraiment une avancée pour la communication de l’UE, dont on peut regretter que le 1er discours sur l’Etat de l’Union ne l’annonce pas.

Faut-il parler de « révolution » de la communication de l’UE comme Viviane Reding ?

En écho à l’article publié le 30 août par Euractiv « La Commission prévoit une “révolution” de la communication » faisant mention du plan d’action de Viviane Reding – la Commissaire en charge de la communication – faut-il vraiment parler de « révolution » au vue des premières orientations ?

Professionnalisation du personnel et des outils : c’est le moins que l’on puisse attendre

Sans revenir dans le détail du plan d’action de Viviane Reding que nous avions chroniqué lors de sa sortie en juin dernier :

  • Renforcement des outils presse et média de la Commission : technicisation du dispositif et ouverture offensive à des relations presse personnalisées,
  • Renforcement des outils web : consolidation de la toile et ouverture défensive au web social,
  • Renforcement des outils graphiques : harmonisation des identités visuelles et ouverture allusive à l’image de marque,

la modernisation des outils est accompagnée de nouvelles nominations : sept Chefs de Représentation dans les États membres désignés en juillet dernier et Claus Sørensen – l’actuel Directeur Général de la DG COMM – devrait partir fin 2010 après la fin de son mandat…

Centralisation des prises de parole généralistes : c’est le plus sensible des virages stratégiques

Après les approches décentralisée (coordination de relais et réseaux de proximité) et partenariale (de gestion avec les États membres et de collaboration avec les acteurs de la société civile) défendues par Margot Wallström, l’heure serait à la centralisation des prises de paroles généralistes, confiées aux seuls communicants bruxellois.

La DG COMM connaitrait une double évolution pour remplir les missions suivantes :

  • un centre d’expertises et de services pour encadrer la préparation des messages des autres DG,
  • un « porte-parole » unique pour porter seule la voix de la Commission.

La concentration des communications de la Commission entre les mains de la DG COMM – quoiqu’elle constitue un effort louable de rationalisation de la bureaucratie – se trouve très éloignée de la réalité actuelle puisque la plupart des budgets de communication de l’UE sont « sectorisés » (répartition entre les programmes des différentes DG) ou « partagés » via divers projets interinstitutionnels voire avec des administrations nationales.

Personnalisation autour de Barroso : oui à l’orientation politique, mais pas seulement

Á rebours de la tendance récente à la baisse du nombre de correspondants de presse à Bruxelles sans même évoquer la crise persistante de la presse, des RP plus appuyées autour de l’action du Président de la Commission serait menées afin d’inscrire plus efficacement l’Union européenne à l’agenda des mass media.

Sans doute, s’agit-il de la bonne approche pour s’insérer dans le fonctionnement traditionnel de la machine médiatique mais avec la mauvaise personnalité au vue de la popularité de José Manuel Barroso et à contretemps quand on connait les opportunités offertes par les médias sociaux.

Au final, la « révolution » de Viviane Reding apparaît comme une tentative de la part d’une ancienne journaliste de contenter son patron (personnalisation) tout en intéressant ses anciens collègues avec de veilles recettes (politisation) : une stratégie ante-web, oublieuse de l’intérêt d’un dialogue nourri avec les multiplicateurs d’opinion et de partenariats avec des relais institutionnels ou associatifs.

Série d’été : quelle stratégie de l’UE pour communiquer dans les médias sociaux ?

Première salve sur le sujet avec la publication d’une lettre ouverte de la communauté des éditeurs et des webmasters de la Commission européenne au président Barroso et aux Commissaires entrants, en janvier.

Nombreuses préconisations afin d’« exploiter la puissance d’Internet pour une meilleure communication » :

  • une meilleure communication sur tous les sites Europa,
  • une communication de la Commission sur les nouveaux médias sociaux,
  • faire de la communication web l’une des activités essentielles de la Commission.

Riposte de Viviane Reding – en mai – consistant à donner raison d’une main : « Internet doit être un élément essentiel de nos efforts pour communiquer » pour confirmer de l’autre main qu’aucun effort budgétaire ou humain ne serait entrepris.

Quelques indications :

  • Moderniser et rationaliser le portail Europa, suivant les principes suivants : une approche centrée sur l’utilisateur, un langage et des messages clairs et une image de marque cohérente.
  • S’engager dans les médias sociaux, à condition de respecter les règles suivantes : faire partie d’une stratégie de communication cohérente, être basée sur une solide analyse coûts/bénéfices et être menée par des personnels bien formés.

Entre-temps, ouverture d’un blog « Waltzing Matilda » des communicants web de la Commission européenne spécialisé dans la communication sur les médias sociaux pour « explorer des idées, partager des doutes, chercher des conseils » et « apprendre comment la Commission peut utiliser les médias sociaux pour communiquer avec les citoyens ».

Petit fait d’arme pour lacomeuropéenne, après un billet sur les recommandations du manuel de l’UE pour communiquer dans les médias sociaux, venant dans le prolongement d’une préconisation pour la rédaction d’une charte d’utilisation des réseaux sociaux à destination des communicants de l’UE et révélant la perspective purement instrumentale des 10 règles pour une approche « outil » des médias sociaux centrée sur le plan de communication, la page dédiée au « web 2.0 » dans le manuel IPG est actuellement en (re-)construction (dernière mise à jour : 20/07/2010).