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« Collection européenne » : regards croisés des Européens sur des sujets actualité, politique et société

Avec la « Collection européenne », cinq chaînes publiques européennes (ARTE, l’ARD, la ZDF, France Télévisions et la SRG SSR) s’associent afin de proposer une sélection commune de contenus (documentaires, reportages et magazines disponibles gratuitement en ligne) sur des sujets d’actualité, de politique et de société…

Donner à voir le point de vue du voisin européen sur des sujets contemporains

Comment nos voisins européens appréhendent-ils les questions urgentes auxquelles nos sociétés sont confrontées ? Quels sont les sujets qui les préoccupent ? Qu’en est-il de la place des jeunes en Europe ?

Comment sont traitées ici et là ces questions, la Collection européenne invite à découvrir, en proposant un point de vue européen sur des sujets contemporains.

Une offre multilingue, gratuite en ligne pour tous les Européens

Le catalogue commun, disponible en Europe, propose gratuitement et en cinq langues (français, allemand, anglais, espagnol et italien) des documentaires, reportages et magazines européens à retrouver sur chacune des offres numériques des partenaires (site internet, applications, Smart-TV) : arte.tvfrance.tvardmediathek.dezdf.de et Play Suisse.

Un financement de l’Union européenne

Le soft launch en 2020 a été rendu possible grâce à un cofinancement dans le cadre du volet MEDIA du programme Europe Créative.

Depuis 2021, la Collection européenne bénéficie d’un financement européen de 2.5 millions d’€ pour poursuivre cette offre commune de vidéo à la demande de moyenne durée, de documentaires approfondis et de rapports d’enquête sur les questions européennes actuelles, mise en œuvre par les télédiffuseurs.

« Vue d’Europe » : l’intelligence artificielle au service d’une perspective européenne dans l’information en ligne des médias de service public

L’Union européenne de Radio-Télévision (UER), la plus grande alliance de médias de service public dans le monde, lance l’initiative baptisée « Une perspective européenne », qui a vocation à édifier une sphère publique propice à une information digne de confiance, dans un espace médiatique turbulent, et fondée sur des valeurs communes. De quoi s’agit-il ?

Un service de recommandation aux publics européens : une référence et un repère pour poser un regard neuf sur leurs sujets de préoccupation communs et leurs intérêts mutuels

Les médias de service public membres de l’UER de Belgique (RTBF), de Finlande (YLE), de France (France Télévisions), d’Allemagne (BR-ARD), d’Irlande (RTÉ), d’Italie (RAI), du Portugal (RTP), d’Espagne (RTVE) et de Suisse (SWI swissinfo.ch), ainsi que par ARTE, chaîne franco-allemande, mettent des contenus d’actualité produits et édités à disposition.

Les rédactions participantes sélectionnent ensuite les sujets les plus pertinents traduits dans toutes les langues pour leurs publics et les publient au moyen d’une vignette interactive présente sur leurs sites web et applications, permettant de dépasser les barrières linguistiques et de proposer des contenus fiables.

Les contenus doivent aborder des thèmes évocateurs pour l’ensemble des Européens et servir à informer et à expliquer l’impact des politiques, des décisions et des actions des institutions et des gouvernements européens, et à évaluer dans quelle mesure celles-ci, en favorisant le développement des principes européens fondamentaux, influant sur la vie.

Les médias de service public utilisant le service de recommandations doivent adhérer aux principes de la diversité et de l’inclusion, garantir que les contenus d’actualité font entendre des voix, des opinions et des témoignages personnels reflétant la totalité du paysage social européen, y compris ceux des groupes vulnérables ou marginalisés.

Les contenus doivent être soumis à des processus éditoriaux indépendants et à l’obligation de rendre compte. Ils doivent être exacts et pertinents, justes et respectueux, en particulier de la dignité humaine et de la diversité de pensée.

Des résultats concrets de ces mises à la disposition du public en ligne, en temps réel et dans leurs propres langues d’un point de vue européen sur la couverture de l’actualité réalisée par les audiovisuels publics européens

Inaugurée en juillet 2021, la première phase de cette initiative réunissant 11 médias audiovisuels publics, ont partagé des informations professionnelles et dignes de confiance, en provenance de l’Europe entière, au cours des 8 premiers mois :

  • Plus de 6 500 sujets d’actualité partagés sur les sites web, dont 5 400 ont été repris par leurs homologues de rédactions réparties à travers toute l’Europe, et publiées sur les sites web de services publics audiovisuels nationaux ;
  • Plus de 45 millions de vues des reportages proposés par « Vu d’Europe », ces sujets et reportages inédits ont engendré de surcroît près de 100 millions d’impressions.

La deuxième phase du projet, qui devrait durer 14 mois, innove avec un déploiement dans les médias sociaux avec une nouvelle stratégie permettant de renforcer la participation du public et de toucher les plus jeunes et de donner aussi le coup d’envoi du développement d’un algorithme de journalisme de service public.

Le recours à l’intelligence artificielle vise à renforcer la pertinence et la diversité de l’information en fonction du public cible, à l’aide de la traduction automatique, de la transcription textuelle et des outils de recommandation :

  • L’intelligence artificielle au service de la traduction : il sera clairement indiqué qu’un sujet d’actualité a été traduit, en tout ou en partie, au moyen d’algorithmes, par le biais d’une mention telle que « traduit par IA » ;
  • L’IA au service de la sélection des sujets : en cas de sélection automatique des sujets, en tout ou en partie, au moyen d’algorithmes, une note en fera également mention : « sélection effectuée par IA ».

Le projet « Vu d’Europe » bénéficie d’une subvention du programme Actions multimédias de la Commission européenne ; les médias audiovisuels participants assument les coûts de production du contenu et conservent un contrôle éditorial total sur leurs sujets.

Cette perspective européenne constitue une initiative pionnière en utilisant des outils de traduction et de recommandation automatiques et des infos des médias audiovisuels publics permettant d’ouvrir de nouvelles fenêtres paneuropéennes à suivre.

European Video Alliance : l’actualité européenne, par des agences de presse, en vidéos

Avec comme « objectif principal de fournir un contenu objectif et informatif de haute qualité (en vidéo) provenant du monde entier », EVAnews pour « European Video Alliance » promet un « regard neuf sur l’actualité européenne »…

EVAnews, une alliance d’agences de presse européennes pour produire des contenus d’actualité vidéo originaux en huit langues

Cet été, la plateforme EVAnews a été mise en ligne avec une volonté « ouvrir les questions qui comptent pour les Européens et les histoires qui les rassemblent » et « diffuser des reportages en 8 langues sur des sujets qui interpellent, inquiètent ou ravissent les Européens » autour de catégories comme : International, Politique, Culture, Union européenne, Économie, Sport, Société et Événements.

Avec « la naissance d’une étoile », leur vidéo de lancement, pour laquelle Lacomeuropéenne a été interviewée, l’« un des sujets concerne la communication même des institutions. Aujourd’hui, certains dénoncent une Europe déconnectée des réalités du terrain, du quotidien des populations de ses États membres. Et pourtant, l’UE communique de plus en plus, partage de plus en plus et prend de plus en plus en considération les besoins et les aspirations de ces citoyens ».

EVAnews est le fruit d’une collaboration active entre 6 agences de presse européennes :

  • Adnkronos, Italie
  • ColoSoftwares, Inthe News Services et Belga, Belgique
  • CTK, République tchèque
  • Deutsche Presse Agentur, Allemagne
  • Europa Press, Espagne

EVAnews, un soutien de la Commission européenne pour des plateformes médiatiques européennes

Le soutien aux plateformes médiatiques s’inscrit dans le cadre de l’initiative NEWS du plan d’action de la Commission pour les médias et l’audiovisuel en faveur de la collaboration et de l’innovation dans les médias d’information via un soutien de l’UE pour améliorer l’accès des citoyens à des informations de confiance dans l’ensemble de l’UE en mettant en place et en développant des projets de plateformes médiatiques européennes.

EVANews, l’alliance européenne de l’information européenne vidéo, dont le montant du financement de l’UE s’élève à 1.2 millions d’€, réunit des agences de presse et des organes de production d’informations afin de mettre en ligne sur un portail des vidéos originales traduites dans huit langues couvertes sont l’anglais, l’allemand, le français, le néerlandais, l’espagnol, le catalan, l’italien et le tchèque.

Quoique la visibilité d’EVANews soit encore très réduite en ligne, puisqu’aucun contenu n’apparaît encore dans la rubrique « Actualités » de Google et qu’EVANews ne semble présent pour le moment sur aucun réseau social, il n’en demeure pas moins un vrai potentiel d’attractivité pour le grand public.

Communiqués de presse de la Commission européenne : un style de communication technocratique

Avec une analyse textuelle de près de 45 000 communiqués de presse publiés par la Commission européenne au cours des 35 dernières années d’intégration européenne, Christian Rauh dans « Clear messages to the European public? The language of European Commission press releases 1985–2020 » confirme un style de communication extrêmement technocratique…

Enseignements relatifs aux communiqués de presse de la Commission européenne

Premièrement, cette communication publique est notablement plus difficile à comprendre que la communication politique des exécutifs nationaux et ressemble plutôt à un discours scientifique ; alors qu’un communiqué de presse reflète l’équilibre choisi par la Commission entre les considérations politiques et de communication et est destiné à influencer et à façonner le débat public.

Deuxièmement, ce mode de communication technocratique est indépendant des sujets politiques sur lesquels la Commission communique ; la communication publique de la Commission est presque toujours moins accessible, que l’on s’intéresse à la complexité du langage, à la familiarité des mots et, en particulier, à l’expression de l’action.

Troisièmement, ces constats n’ont guère changé au cours des 35 ans, une période au cours de laquelle les compétences politiques de la Commission et la politisation publique de l’UE ont considérablement augmenté.

Le message est clair. La communication publique de la Commission se caractérise par un langage grammaticalement complexe, par un jargon spécialisé et par un style inhabituellement nominal plutôt que verbal qui privilégie les processus abstraits aux plans d’action temporellement identifiables.

Pathologies du discours technocratique dans la communication de la Commission européenne

Essentiellement, la non-clarté du langage des communiqués de presse de la Commission européenne réside dans un triple déficit :

– Déficit d’accessibilité linguistique : une langue qui n’est pas assez accessible ;

– Déficit de vocabulaire familier : une utilisation de jargon trop spécialisé ;

– Déficit d’orientation vers l’action : une faible clarification et forte nominalisation à la place des verbes.

Le style de communication technocratique que cultive la Commission est probablement bien adapté pour s’adresser à ses acteurs traditionnels et hautement spécialisés que sont le Conseil, le Parlement européen ou les groupes d’intérêts sectoriels.

Mais, dans un contexte où l’opinion publique sur l’UE se polarise, c’est au moins une occasion manquée : ce style réduit la probabilité qu’un journaliste transmette le message, laisse une marge d’interprétation et de cadrage à d’autres acteurs, et diminue les chances que les citoyens comprennent comment la Commission utilise ses pouvoirs politiques.

Pourquoi la Commission européenne souffre d’un remarquable « déficit de communication » comportemental ?

Plusieurs hypothèses restent à creuser :

Premièrement, la communication de la Commission peut être liée à des identités organisationnelles profondément enracinées et à un problème de confiance en soi dans un contexte politisé.

Deuxièmement, la communication complexe de la Commission peut également être fonction de luttes intestines bureaucratiques et de recherche de consensus entre différents intérêts et positions politiques au sein de l’organisation elle-même.

Troisièmement, une communication complexe peut indiquer une prudence stratégique et une gestion des risques institutionnels, en particulier dans des contextes de conflits prononcés au sein du Conseil des ministres ou du grand public.

Obscurcir délibérément les positions politiques serait alors une tentative de désamorcer les débats controversés.

Reste que la communication de la Commission ne s’est pas adaptée aux débats publics de plus en plus politisés sur la gouvernance à plusieurs niveaux dans l’Union européenne et sur la prise de décision européenne à la lumière de débats publics de plus en plus controversés

Le style de communication technocratique fait trop facilement le jeu de ceux qui veulent construire l’image d’une élite bruxelloise détachée du citoyen européen.

European Newsroom : la nouvelle salle de presse sur l’Europe d’agences de presse européennes

Alors qu’un déficit important se creuse à Bruxelles avec de moins en moins de correspondants de presse auprès de l’UE issus des États-membres et pays candidats de l’Europe centrale et Orientale, le projet European Newsroom vise à faire travailler ensemble des agences de presse européennes, au-delà des frontières et sur un pied d’égalité…

De l’intérêt théorique d’une salle de presse commune gérée par les agences de presse européennes réunies à Bruxelles

Une vaste étude « A home for Europe’s Press Agencies » mène l’enquête sur l’idée d’une salle de presse commune aux agences de presses européennes à Bruxelles et présente les avantages pour le journalisme d’agence sur l’Europe et l’information européenne.

L’idée de réseau semble prometteuse, avec ses aspects de travail d’équipe, d’échange mutuel de sources et d’interlocuteurs ; le sens de la communauté peut l’emporter sur l’esprit de compétition, parce que les agences s’adressent à des publics différents sur le continent européen. Enfin et surtout, l’UE elle-même est basée sur un sens de la communauté et donc l’idée européenne d’une action commune pour le bien commun serait vécue en miniature dans la salle de presse pour l’information sur l’UE.

La création d’une salle de rédaction commune faciliterait non seulement le travail des journalistes pour chacune des agences individuelles, mais la mise en commun des agences a également des effets positifs sur la qualité journalistique de l’information européenne : plus fréquente et aussi de manière plus diversifiée sur l’UE et les affaires européennes en raison de l’augmentation des ressources en personnel sur place à Bruxelles.

L’accès à des compétences journalistiques telles que la vérification des faits (factcking) et les possibilités de formation continue ainsi que l’accès à des ressources médiatiques supplémentaires telles que la photo ou la vidéo et un réseau commun d’éditeurs. En d’autres termes, un journalisme de qualité renforce la résilience face à la désinformation et promeut le respect de la diversité d’opinion tout en améliorant régulièrement la qualité d’un journalisme d’agence reposant sur la diffusion de récit factuel à partir de sources originales et du cœur de l’Europe.

La corrélation entre la pertinence de la couverture journalistique de l’UE et des affaires européennes d’une part, et les efforts institutionnels et politiques pour les négociations d’adhésion des pays candidats à l’UE d’autre part, avec une couverture accrue non seulement de ces développements, mais également des affaires générales de l’UE.

La perspective européenne renforcée, tant les évolutions politiques, sociétales et culturelles en Europe, reposant largement sur un ensemble de valeurs communes, créerait un contrepoids médiatique à la propagande des systèmes autocratiques.

Les compétences du métier de journaliste telles que la recherche ou la vérification des faits peuvent ouvrir la voie à des normes journalistiques communes, sans compter l’accès aux sources primaires sur place, l’utilisation d’un système éditorial commun, de nouvelles opportunités commerciales entre les agences. La couverture de sujets en Europe et sur l’Europe, l’UE et ses parties prenantes pourrait s’améliorer, en particulier en ce qui concerne la diversité des contenus et des formats – et la qualité du journalisme d’agence. Ceux qui ne sont pas présents sur place dans les institutions bruxelloises doivent le plus souvent s’appuyer sur des informations filtrées à travers le prisme des groupes d’intérêts et de lobbying de leur pays d’origine. Et ce genre d’information est susceptible de renforcer le point de vue de ces groupes de pression, montrant ainsi une partie de la réalité, mais pas la « big picture ».

Une couverture plus factuelle permettrait au public de se forger sa propre opinion sur les développements politiques et les décisions prises à Bruxelles, un élément crucial pour les agences elles-mêmes ainsi que pour leurs pays d’origine, car cela renforce le niveau de démocratie des pays.

Du lancement concret du projet « European Newsroom » : un lieu de qualité et d’intégrité journalistiques

Porté par l’ambition d’une nouvelle égalité des chances d’accès à l’information, en particulier pour les États-membres et les pays candidats à l’UE ouvrant la voie à une couverture journalistique exhaustive, diversifiée et dépassant les frontières, « European Newsroom » se présente comme « un projet coopératif regroupant des agences de presse de toute l’Europe : dpa, AFP, AGERPRES, ANSA, APA, ATA, Belga, BTA, EFE, Europa Press, FENA, HINA, MIA, STA, Tanjug et TASR » qui bénéficieront de formations initiales et continues, de standards journalistiques communs, d’instruments tels que la vérification des faits contribuent à combattre désinformation et propagande, de manière impartiale et indépendante, sur la base de faits vérifiés et grâce à un accès professionnel aux informations et aux sources, à l’abri de la propagande et des fake news, le tout au cœur de l’Union européenne.

Les avantages les plus importants de la salle de presse commune aux agences de presse européennes :

  1. Une multitude d’agences de presse aux pouvoirs de diffusion uniques, qui fourniront à toute l’Europe des informations vérifiées du cœur de l’UE.
  2. Une salle de presse moderne, équipée de toutes les installations nécessaires pour un journalisme d’information de qualité, en soutien particulièrement aux agences de presse des petits États.
  3. Un centre de formation au journalisme d’information européenne.
  4. Une qualité et une intégrité encouragées par la mise en commun des agences de presse, par leur mise en réseau informelle ainsi que par l’infrastructure et les formations communes.
  5. Un lieu pour une information fiable sur les institutions de l’UE, ainsi qu’une autorité forte pour toute l’Europe dans la lutte contre les fake news.
  6. Pour la première fois dans l’histoire de l’UE, une collaboration de journalistes d’agences d’Europe occidentale et orientale à hauteur d’homme.
  7. Une équipe éditoriale internationale pouvant devenir une voix forte de l’Europe, convaincant par la qualité journalistique et renforçant la perspective européenne.

Au total, le projet d’une salle de presse commune aux agences de presse européennes à Bruxelles renforce la perspective européenne sur des sujets en Europe et sur l’Europe dans le paysage médiatique mondial à travers un collectif et une polyphonie qui rendent compte d’une Europe diversifiée de nombreuses voix, apportant ainsi une contribution précieuse au journalisme de qualité réalisé en Europe.