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Quelle est l’opinion des Français en matière d’information sur l’Europe ?

Deux Français sur trois, se sentent mal informés sur l’Union européenne (66%) et plus de trois Français sur quatre souhaitent que les responsables politiques français, mais également les médias, parlent davantage de l’Europe (76%). Ce sont les principaux résultats du dernier Eurobaromètre Flash 346 « Les Français et l’Union européenne », réalisé au printemps 2012. Comment les interpréter ?

Paradoxe sociologique du sentiment d’information perçu sur la vie politique de l’UE : les moins diplômés et les chômeurs s’estiment mieux informés que les plus diplômés et les cadres

Selon l’enquête Eurobaromètre (pages 14/15), l’information sur la vie politique européenne fait l’objet d’un paradoxe sociologique puisque ce sont les personnes ayant quitté l’école le plus tôt qui se disent les mieux informées. De même, les chômeurs (35%) se sentent mieux informés que les cadres (24%) :

Alors que les logiques sociologiques sont assez classiques en ce qui concerne le sentiment d’information sur la vie politique française (avec notamment un meilleur sentiment d’information chez les plus diplômés), les variations sont parfois un peu plus surprenantes en ce qui concerne l’information sur la vie politique dans l’UE.

Comment analyser ce niveau d’information « sociologiquement paradoxal » sur la vie politique de l’UE ?

S’agit-il d’une telle indifférence, d’un tel profond désintérêt, voire d’une défiance des classes populaires pour l’UE au point que les populations les moins diplômées jouent « la provocation » de s’estimer les mieux informées, alors que le niveau d’information sur l’UE est objectivement faible en France ?

S’agit-il d’une résignation, d’un abandon de toute idée d’être mieux informé chez les populations les moins diplômées qui – faute d’un effort de pédagogie dans les médias – s’estiment les mieux informés, puisque de toute façon l’information européenne est de toute façon incompréhensible, inaudible ?

Souhait de davantage de la thématique européenne dans le discours des politiques et dans les médias

Selon l’enquête Eurobaromètre, pour le souhait très majoritaire chez les Français de davantage d’information sur l’UE chez les hommes politiques et dans les médias, « les tendances sociodémographiques sont, dans l’ensemble, peu marquées avec très peu de différences selon le sexe et l’âge et un souhait fréquemment plus prononcé chez les plus diplômés. (…) En cohérence avec les différences selon le niveau d’éducation, les cadres sont plus nombreux que les ouvriers à souhaiter davantage d’Europe dans le discours des politiques et les médias ».

Comment analyser ce souhait d’informations sur la vie politique de l’UE dans les médias et les discours des responsables politiques ?

S’agit-il, selon Julien Zalc, consultant pou TNS-Sofres, dans une note de la Fondation Robert Schuman « Les Français et l’Europe : vérités et surprises » de « faire l’hypothèse qu’ils [les Français] aimeraient peut-être entendre un discours plus positif et fédérateur sur l’Union et ses institutions que celui qui leur a été proposé » [pendant la campagne des élections présidentielles] ?

S’agit-il au contraire d’un souhait d’une présence de la thématique européenne moins « politiquement correcte », c’est-à-dire d’une information européenne qui soit plus plurielle, plus nuancée tant dans les discours politiques et les médias ?

Bref, l’analyse de l’opinion des Français en matière d’information sur l’Europe est complexe tant d’une part par un paradoxe sociologique quant au sentiment sur le niveau d’information actuel et d’autre part par un biais politique quant au souhait sur le niveau d’information à venir.

Communication européenne : la pédagogie peut-elle être démagogique ?

Dans une note « Refonder le projet européen », publiée en mars 2012, l’Institut Montaigne – parmi un ensemble de propositions – formule l’idée de rendre l’Europe plus directement perceptible dans les médias en fournissant « un éclairage européen à un certain nombre de rubriques d’actualité, qu’il s’agisse de la météo, des résultats sportifs ou de l’actualité culturelle ».

Plus largement, l’intention de faire de la pédagogie sur l’Europe en dépassant les rubriques traditionnelles du traitement de l’actualité de l’UE dans les médias peut-elle se transformer en démagogie au sens où l’Europe sortirait du champ rationnel pour assurer une présence flatteuse là où la population porterait ses faveurs médiatiques : le sport, la météo, la culture voire le divertissement ou la fiction ?

La pédagogie sur l’Europe dans les médias d’information et les émissions d’information dans l’audiovisuel : une voie bloquée, selon les Européens eux-mêmes

Idéalement, assurer une meilleure information sur l’Europe serait envisageable dans les médias d’information (PQN…) et les émissions d’information (JT…) dans l’audiovisuel. Cela serait même souhaitable puisqu’une majorité des Européens s’estime mal informée sur l’Europe, selon l’Eurobaromètre 74 sur « l’information sur les questions politiques européennes ».

Pourtant, quoique conscients de leur faible niveau d’information sur l’UE, les Européens ne ressentent pas le besoin de combler leur déficit d’information sur l’UE. Toujours selon cette enquête Eurobaromètre, une majorité des Européens estime que la télévision et la radio parlent assez des affaires européennes.

La voie de la pédagogie « informative » sur l’Europe dans le cadre des médias et des émissions d’information n’est donc pas praticable pour mieux faire connaître l’actualité de l’Europe.

La pédagogie empathique sur l’Europe dans des médias d’affinité ou des actualités de divertissement dans l’audiovisuel : une opportunité ouverte sous conditions

Finalement, la pédagogie sur l’Europe ne peut se faire que dans le cadre de la consommation extra-informative des médias chez les Européens. C’est en inscrivant l’Europe dans le cadre des souhaits et des attentes du public et donc des supports ou lieux fort en audience ou audimat – sans rechercher d’emblée un discours sur l’intérêt général et la construction européenne – que des opportunités semblent ouvertes.

Néanmoins, cette recherche d’opportunités de faire de la pédagogie sur l’Europe ne doit pas sombrer dans la facilité voir la paresse intellectuelle en véhiculant des clichés, des préjugés ou en jouant avec les frustrations éventuelles dans la population. Par ailleurs, la pédagogie – même limitée – sur l’Europe doit se faire dans la transparence et avec une relative acceptabilité des publics.

Une fois ces règles de déontologie respectées, l’hypothèse d’assurer « un éclairage européen à un certain nombre de rubriques d’actualité, qu’il s’agisse de la météo, des résultats sportifs ou de l’actualité culturelle » semble une façon insatisfaisante mais relativement efficace d’assurer une présence plus sensible, plus empathique de l’Europe dans le quotidien des Européens.

Ainsi, inscrire une dose de pédagogie sur l’Europe dans le cadre des médias d’affinité et des actualités de divertissement peut renforcer l’attachement des Européens à la construction européenne.

Eurobaromètre : « Union européenne, journalistes et médias sociaux » : fantasmes et réalités des usages

De plus en plus, les services de presse des institutions européennes cherchent à exploiter les médias sociaux afin de s’adapter aux évolutions de l’exercice du métier de journaliste, à l’ère des médias sociaux. Basée sur des entretiens approfondis avec 5 journalistes de chacun des 27 États membres, l’étude menée auprès de 135 journalistes poursuit un double objectif :

  • d’une part, fournir des informations qualitatives détaillées sur les opinions, attitudes et pratiques des journalistes vis-à-vis des médias sociaux dans le cadre de leur travail ;
  • d’autre part, recueillir des informations précises sur les opportunités, modalités et efficacité d’une utilisation approfondie des médias sociaux par les institutions européennes.

Comment les journalistes utilisent-ils les médias sociaux ?

Au-delà des sources traditionnelles les plus couramment utilisées telles que les discussions avec des personnes, Internet et les agences de presse nationales et internationales, la plupart des journalistes interrogés utilisent les médias sociaux dans leur travail. Les sources les plus importantes sont sans conteste Facebook, Twitter, YouTube et les blogs.

La plupart des journalistes sont partagés quant à la question de savoir s’ils séparent leur utilisation professionnelle et privée des médias sociaux. Un grand nombre de journalistes appliquent une distinction, mais la majorité ne le fait pas, pour des raisons de facilité, d’authenticité (c’est plus crédible et naturel) et de commodité personnelle.

Pratiquement toutes les rédactions pour lesquelles les journalistes interrogés travaillent utilisent les médias sociaux. Mais, les journalistes de plus de deux tiers des États membres affirment que leur rédaction n’a pas de lignes directrices formelles sur la manière dont les médias sociaux doivent être utilisés.

Les journalistes sont divisés pratiquement à parts égales entre ceux qui pensent que les personnes qui contribuent aux médias sociaux sont à « l’avant garde de l’opinion publique » et peuvent influencer une majorité et ceux qui ne le pensent pas.

Activités réalisées pour leur travail à l’aide des médias sociaux :

  • rechercher des informations précises ;
  • se tenir informés de l’actualité d’une manière générale ;
  • identifier et approcher certaines personnes difficiles à trouver par ailleurs.

Avantages des médias sociaux par rapport aux médias plus traditionnels :

  • rapidité/accès instantané ;
  • accès plus facile à l’information ;
  • accès à une plus grande diversité de sources, de personnes et d’opinions.

Bilan :

  • Le principal usage des médias sociaux concerne le processus global de recherche de sujets d’actualité, de promotion de ces sujets et de collecte de réactions auprès du public.
  • Les médias sociaux sont perçus comme étant extrêmement utiles et faciles à utiliser. La seule préoccupation soulevée concerne la crédibilité et la fiabilité des informations.

Comment les journalistes conseillent-ils l’UE d’utiliser les médias sociaux ?

Sur un plan théorique, la majorité des journalistes apprécient les avantages effectifs ou potentiels liés à la communication de la Commission européenne par le biais des médias sociaux et sont ouverts à leur utilisation.

En pratique, un grand nombre de journalistes ont déjà acquis certaines habitudes de recherche d’informations par d’autres moyens et estiment que ces sources suffisent à leur usage.

Au total, plus de la moitié des journalistes savent que la Commission européenne utilise les médias sociaux, mais bien peu les pratiquent et ils se décideraient à davantage y recourir s’ils en retiraient un avantage supplémentaire.

Interrogés sur la manière dont la Commission européenne pourrait utiliser davantage et mieux les médias sociaux, les journalistes émettent une multitude de propositions :

  • modifier le ton et l’image de la communication,
  • améliorer le contenu des médias sociaux,
  • accroître la notoriété des activités de la Commission dans les médias sociaux,
  • augmenter la fréquence à laquelle les médias sociaux sont actualisés,
  • intensifier les interactions avec les journalistes,
  • renforcer les informations,
  • apporter une valeur ajoutée.

Lorsqu’elle s’adresse au grand public à travers les médias sociaux, la Commission européenne doit garder à l’esprit trois points essentiels :

  • l’identité du groupe cible auquel la Commission s’adresse et son utilisation ou non des médias sociaux ;
  • les informations doivent être pertinentes pour la vie des personnes avec lesquelles la Commission souhaite communiquer ;
  • le langage de la communication doit être clair et pas excessivement technique.

Dans la communication destinée à des groupes difficiles à atteindre, tels que les jeunes, les points les plus importants à garder à l’esprit sont que la communication doit être claire et concise et que les sujets présentés aux jeunes doivent être importants à leurs yeux.

La majorité des journalistes interrogés pensent que les médias sociaux peuvent être utilisés, mais expriment certaines réserves, notamment que les avis publiés dans les médias sociaux ne sont pas représentatifs de l’opinion publique dans son ensemble.

Bilan :

  • Un grand nombre de journalistes se montrent sceptiques à propos d’une intensification de l’utilisation des médias sociaux.
  • Le principal frein tient à ce que les journalistes jouissent déjà d’abondantes sources d’informations sur la Commission et jugent ces sources satisfaisantes.

Au final, l’Eurobaromètre sur l’Union européenne, les journalistes et les médias sociaux indique qu’une majorité des journalistes utilisera davantage les médias sociaux mais qu’une minorité utiliserait davantage les médias sociaux de l’UE, sous réserve d’une vraie plus-value.

Opinion publique européenne : crise sur l’image et la confiance de l’UE

Les premiers résultats de l’Eurobaromètre 76 mené entre le 5 et le 20 novembre 2011 viennent d’être publié. Ils ne font que confirmer la crise de l’UE…

Dégradation historique de l’image de l’UE

La perception de l’image de l’UE est fortement dégradée :

  • image positive à 31% – la plus faible depuis 5 ans : baisse de 9 points par rapport à l’été dernier et de 21 points depuis l’été 2007 ;
  • image négative à 26% – la plus forte depuis 5 ans : hausse de 6 points par rapport à l’été dernier et de 11 points depuis l’été 2007.

Confiance en berne pour toutes les institutions européennes

La confiance dans les institutions politiques européennes est également en chute avec aucune institution recueillant une confiance majoritaire et une baisse identique de 4 points par rapport à l’été dernier et de 15/16 points depuis l’été 2007 :

  • 1e institution, le Parlement européen (41%) ;
  • 2e ex-aequo : la Commission et la Banque Centrale Européenne (36%) ;
  • 3e : le Conseil de l’UE (32%).

Ainsi, les résultats de l’Eurobaromètre 76 mesure l’impact dans l’opinion publique européenne de la crise de l’UE.

Eurobaromètres : la fabrique monopolistique et officielle de l’opinion publique européenne

Philippe Aldrin dans « L’Europe des Européens – Enquête comparative sur les perceptions de l’Europe » Economica, 2011 analyse les Eurobaromètres. Après 4 décennies et plus de 600 enquêtes d’opinion, plongeons dans « la fabrique monopolistique et officielle de l’opinion publique européenne »…

Ces sondages se sont imposés comme « la source incontournable d’information sur l’état de l’opinion en Europe » au point d’occuper « un magistère d’expertise quasi exclusif sur l’analyse des opinions des Européens » grâce à la caution « scientifique » de la méthode.

Ces sondages – suivant la fiche de lecture ci-dessous – n’en sont pas moins des outils dont le caractère scientifiquement discutable des données et l’évidente instrumentalisation de l’outil ne vont pas sans poser des problèmes…

Analyse interne aux Eurobaromètres : critiques méthodologiques de la fabrique

Au-delà de la traditionnelle critique sociologique des sondages qui présuppose que les personnes sollicitées possèdent un avis préalablement constitué et que cet avis est assez constant, stable et sincère pour justifier des interprétations à travers diverses opérations statistiques, la première partie de l’article se concentre sur les biais possibles.

Biais immanents, intrinsèques à l’étude des opinions par questionnaires fermés

Puisque l’Europe politique est un sujet perçu généralement comme lointain et complexe, voire étranger aux préoccupations de la majorité des acteurs sociaux, plusieurs risques sont inévitables :

  • risques de placer la plupart des répondants devant un sentiment d’incompétence face à des thèmes fictifs et à des modes de questionnement irréalistes (exemple : se mettre à la place des responsables politiques européens pour choisir des priorités) ;
  • risques potentiellement nombreux de malentendus et d’incompréhension entre la question rédigée et la question comprise par les sondés ;
  • risques de recueillir des réponses de circonstance.

Biais induits, générés par la conception et l’administration des questionnaires

Les questionnaires exercent une violence symbolique sur les répondants :

  • effet ventriloque : recueil d’opinions purement artéfactuelles, à cause du caractère trop académique du questionnement ;
  • effet laminoir : écrasement des opinions recueillies, avec l’extrême standardisation des réponses proposées.

« Ce type de sondages a finalement plus de chances de mesurer le niveau d’alphabétisation politique que d’entrevoir les points de vue sur les questions posées. »

Biais topiques, attachés aux spécificités du thème imposé et des publics sollicités

Les questionnaires soulèvent également le problème de l’intelligibilité, du caractère ésotérique des affaires politiques européennes chez les personnes interrogées :

  • distance matérielle, cognitive et symbolique entre les répondants et la réalité européenne ;
  • sentiment d’éloignement géographique et affectif avec le pouvoir bruxellois ;
  • sentiment de méconnaissance quant aux mécanismes de la décision européenne et aux contours changeants de l’UE.

« Quand 70% des répondants déclarent savoir « peu » ou « rien » sur la chose européenne, il n’est pas inopportun de douter de la consistance de leurs réponses aux différentes sollicitations du questionnaire. »

Ainsi, « la production de données brutes dont les caractères méthodologique et sociologique sont discutables ne peut être dissipé par la sophistication ou la rigueur des opérations statistiques. (…) Il ne faut pas feindre de voir l’objectivation chiffrée de l’opinion publique européenne. (…) Les Eurobaromètres ne sont pas la version statistique et rationalisée de la réalité des opinions des Européens. »

Analyse externe aux Eurobaromètres : ressorts de l’institutionnalisation des résultats

La deuxième partie de l’article porte sur le marché monopolistique des sondages européens. « En plus de 35 ans, les Eurobaromètres ont opéré un double processus de substancialisation et de préemption de l’opinion publique européenne. »

« L’équivalence Eurobaromètre = opinion publique européenne est une évidence jamais ré-interrogée qui présente une forte valeur d’utilité pour tous les acteurs (dirigeants politiques européens, journalistes spécialisés sur l’Europe, spécialistes des études d’opinion). »

Les Eurobaromètres : un outil de feedback de plus en plus publicisé

« En raison de l’ampleur de la tâche de collecte, d’analyse et de comparaison des 27 populations nationales de l’UE, l’Eurobaromètre – une enquête commandée, financée, contrôlée et publiée par la Commission européenne – occupe une position de monopole. »

« Créé au cours de l’année 1973, le programme de sondages semestriels est conçu initialement comme un outil de feedback permettant de rendre compte aux responsables européens de l’état de l’opinion sur l’Europe dans l’ensemble des États-membres. »

« Peu à peu, la plus grande publicité (et la mise en ligne au cours des années 1990), donc la plus grande visibilité médiatique entraînent une transformation des rapports Eurobaromètres : au-delà de la forme plus « marketée », sur le fond, les résultats sont présentés comme sûrs, semblant ne plus souffrir les doutes, et les questions susceptibles de mettre au jour ou d’attiser les tensions entre les États-membres sont supprimées. »

« Au fils des années, alors que les répondants s’estiment majoritairement incompétents, indifférents, mal informés et peu désireux de l’être, les résultats favorables à l’unification sont systématiquement mis en exergue. »

« La question politiquement très sensible érigée en indicateur du soutien au processus d’unification invite les répondants à évaluer l’adhésion de leur pays à l’UE en terme de « chose », bonne ou mauvaise. Le caractère évasif du terme « chose » peut contribuer à neutraliser le caractère politiquement impliquant de la question. »

« Le travail de mise en forme des résultats montre que l’outil de feedback est progressivement devenu un instrument d’expertise politique, un appareil connu et reconnu de production de l’opinion publique européenne. »

Les Eurobaromètres : un outil instrumentalisé de « gouvernance »

« Aujourd’hui, les Eurobaromètres sont devenus un instrument de « gouvernance » capable de livrer aux décideurs européens les attentes des citoyens pour choisir en conséquence l’agenda politique et le plan de communication qui s’imposent. »

« La création des Eurobaromètres Spéciaux et Flash signale la transformation de l’outil de feedback en instrument de gouverne politique, principalement au service des projets portés par l’UE. »

« Les Eurobaromètres – notamment dans leur  version enquête qualitative – sont également considérés comme l’une des principales ressources du tournant participatif de la communication européenne visant à « écouter les citoyens ». L’outil devient un appareil d’écoute et d’interactions avec les citoyens. »

Ainsi, « le programme de sondages d’« Etat » s’est progressivement mué en artifice démocratique réputé capable de réduire la distance qui sépare l’Europe politique des citoyens européens. »

En conclusion, pour Philippe Aldrin, le caractère scientifiquement discutable des données ou l’évidente instrumentalisation de l’outil ne semblent pas en mesure d’en parasiter la forte valeur d’utilité. D’autant que chaque catégorie de partenaires apporte sa légitimité spécifique :

  • légitimité institutionnelle et politique pour les « eurocrates »
  • légitimité professionnelle et technique pour les sondeurs ;
  • légitimité scientifique et académique pour les chercheurs.

« Cette réalité explique l’effet d’oracle de l’instrument et l’absence de discussion critique à son égard. »