Précision sur le budget consacré à la Présidence française de l’Union européenne

Panorama des différentes actions prévues dans le cadre de la Présidence française de l’UE…

Dans un avis du Sénat sur le Projet de loi de finances pour 2008, Hubert Hanenel, Président de la Délégation pour l’Union européenne s’est penché sur le budget consacré à la Présidence française de l’Union européenne. Ce programme comprend trois types d’action :

1. L’action n° 1 « Activités obligatoires et traditionnelles de la présidence » est dotée d’un financement de 89 millions d’euros, soit environ 46,8 % du montant total.

a) Les manifestations imposées par le calendrier européen et le règlement intérieur du Secrétariat général du Conseil de l’Union européenne

Il s’agit d’une centaine de réunions formelles et informelles du Conseil européen, des Sommets européens et des réunions interministérielles en France, à Bruxelles ou dans un pays tiers.

b) Les manifestations qui incombent traditionnellement à l’Etat membre qui exerce la Présidence

Il s’agit d’une quarantaine de réunions, à la fois au niveau ministériel et des hauts fonctionnaires, dont le voyage en France du Comité des représentants permanents (COREPER) et une réunion avec les députés européens français

2. L’action n° 2 « Manifestations correspondant à l’initiative propre de la présidence française » représente 82 millions d’euros, soit 43,2 % du budget.

a) Les manifestations ou événements correspondant à des initiatives de la Présidence française

Ces manifestations correspondent à des initiatives de la France pendant le semestre de sa présidence. Sont ainsi prévues une quarantaine de manifestations ou événements, dont des réunions ministérielles ou avec la société civile, sur la Méditerranée, la saison culturelle européenne, le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, les journées européennes du développement, les États généraux du multilinguisme, etc. Le budget global envisagé pour ces manifestations est de 42 millions d’euros.

b) Les manifestations labellisables « Présidence française de l’Union européenne »

Il s’agit de manifestations, au niveau ministériel, de hauts fonctionnaires ou d’experts, organisées par les différents ministères, qui pourront obtenir le label « Présidence française de l’Union européenne » et un financement, au terme d’une procédure de sélection rigoureuse. Une quarantaine de manifestations, pour un coût moyen de 1 million d’euros, pourront ainsi être « labellisables » pour un budget total de 40 millions d’euros, pour les quinze ministères concernés.

La liste des manifestations qui pourront bénéficier du label « Présidence française de l’Union européenne » et recevoir un financement est en cours de finalisation. D’autres sources de financement pourront être trouvées, notamment pour les initiatives prises par les collectivités locales. Le Secrétariat général de la présidence française pourra ainsi accorder un label sans nécessairement accorder une subvention.

3. L’action n° 3 « Activités interministérielles » s’élève à 19 millions d’euros, soit 10 % du montant global des crédits.

Cette action recouvrent les dépenses de fonctionnement du Secrétariat général de la Présidence française de l’Union européenne, la communication, les accréditations et les frais de représentation de la Présidence.

Le budget consacré à la communication représente 15 millions d’euros.

Cela recouvre notamment les crédits destinés à financer la publication de brochures d’information sur la Présidence française de l’Union européenne, la création du logo de la présidence et l’élaboration du site Internet de la présidence française de l’Union européenne, dont l’adresse Internet sera la suivante : http://www.ue2008.fr

Cela devrait permettre également de financer des actions spécifiques auprès de publics ciblés, notamment les jeunes et des « décideurs », avec notamment un film promotionnel destiné à être diffusé dans les avions.

Enfin, on peut mentionner les « produits dérivés » comme les stylos, les parapluies ou les blocs de papier, qui sont distribués gratuitement aux participants lors des réunions.

Quelques précisions sur la saison culturelle européenne

Au second semestre 2008, la France organise une saison culturelle européenne, orientée vers les cultures de 26 autres États membres de l’UE…

Parallèlement à la présidence de l’Union européenne, la France organise au 2nd semestre une Saison culturelle européenne en invitant symboliquement sur son territoire les cultures de tous les pays européens et en leur apportant une visibilité exceptionnelle.

Le programme de la Saison, qui est susceptible de subir des évolutions, sera riche de plusieurs centaines d’événements relevant de cinq catégories :

– les grandes manifestations populaires : ouverture à Bruxelles avec l’illumination de la Grand place par l’artiste français Yann Kersalé ; bals européens les 13/14 juillet ; nuit blanche européenne ; événement de clôture : « nuit des images » au Grand Palais.

– 26 « projets tandems » qui associeront artistes français et artistes des 26 autres Etats membres. Par exemple, la « nuit espagnole » centrée sur le flamenco, l’avant garde et la culture populaire ; une saison théâtrale franco-britannique, avec en particulier Juliette Binoche dirigée par le chorégraphe et dramaturge Akram Kahn au théâtre de la ville ; une coproduction franco-polonaise du « Saint François d’Assise » d’Olivier Messiaen.

– 15 manifestations thématiques autour de la création européenne, produites par les institutions culturelles françaises : par exemple cinéma/cinémathèque française ; photo/rencontres d’Arles ; musiques actuelles/transmusicales de Rennes.

– 5 cycles de 27 œuvres européennes : les 27 livres et les 27 films européens de la rentrée 2008 ; 27 concerts en partenariat avec les stations de Radio France ; 27 spectacles de compagnies de théâtre et de danse sélectionnées par un jury de professionnels (ONDA) ; l’art européen en 27 expositions (par exemple, « les futuristes italiens à Paris » au Centre Georges Pompidou, « Picasso et les maitres » au Grand Palais).

– Une saison européenne dans chaque grande ville : Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes, Nice, Rennes, Saint Etienne, Strasbourg, Toulouse. Cette participation prendra la forme de l’organisation d’une manifestation majeure, de l’accueil de certains événements prévus dans le cadre national, et de l’organisation d’une saison européenne au plan local.

Les états généraux du plurilinguisme, qui auront lieu à Paris le 26 septembre (date de la journée européenne des langues) s’accompagneront de manifestations grand public visant à promouvoir l’apprentissage de plusieurs langues étrangères.

Enfin, les jeunes, scolaires et étudiants constituent un public-cible pour la saison. Un partenariat avec les ministères de l’Education nationale et de la Santé et des Sports vise à leur proposer des programmes spécifiques : Jeunes ambassadeurs de l’Europe (avec les étudiants ERASMUS), Parcours européen dans les musées français, « nuit européenne de la jeune création », journée européenne des langues, techno-parade européenne.

Pour accédez à une présentation complète de la programmation de la saison culturelle, cliquer ici

La communication européenne suppose le multilinguisme

L’Union européenne est composée de 27 États membres, qui s’expriment au travers de 23 langues officielles sans compter la multitude des autres langues régionales et locales. En effet, les 492 millions d’Européens ont des origines ethniques et linguistiques très diverses, que 2008, Année européenne du dialogue interculturel illustrera.

Au sein des institutions communautaires et du Parlement européen en particulier, la préservation de la diversité linguistique de l’UE constitue un grand défi. L’UE est une « démocratie multiculturelle et multilingue » et ses institutions doivent pouvoir fonctionner dans le respect des valeurs européennes que sont l’égalité et la transparence.

Voici quelques chiffres sur les bénéfices et les coûts du multilinguisme au sien des institutions communautaires :

  • le coût total de la traduction (texte écrit) et de l’interprétation (à l’oral) dans toutes les institutions de l’UE en 2005 représentait 1 % du budget général de l’UE (environ 1,123 milliards d’euros, soit moins de 2,3 € par citoyen par an) ;
  • les dépenses liées au multilinguisme représentent plus d’un tiers des dépenses totales du Parlement ;
  • le PE a traduit 673 000 pages au cours du premier semestre de 2007 (dont 165 000 en traduction externe) ;
  • depuis 2005, le Parlement européen traduit plus d’un million de pages par an ;
  • en moyenne, le système européen nécessite plus de 2000 traducteurs et 80 interprètes par jour.

Associer les élus locaux pour construire l’Europe des citoyens

Un double constat :

1. les citoyens communautaires souffrent d’un déficit d’information considérable :

Selon le Flash Eurobaromètre N°189a « La communication de l’UE et les citoyens », les Européens ont le sentiment que les informations dont ils disposent au sujet de l’UE sont insuffisantes. Pourtant, près de deux tiers des citoyens européens estiment que les informations qu’ils reçoivent au sujet de l’UE sont utiles (65 %), et environ six personnes sur dix trouvent ces informations intéressantes (61 %).

2. les citoyens font davantage confiance aux élus locaux :

Selon un sondage CSA pour l’Association des maires de France (AMF), 64% des Français estiment que le maire est l’élu local le plus à l’écoute de leurs préoccupations.

Une proposition : associer les collectivités territoriales à la réussite de la présidence française de l’Union européenne

Le secrétaire d’État aux Affaires européennes s’est engagé à organiser des manifestations et des réunions décentralisées pour associer les citoyens – à travers la mobilisation des élus locaux – à la préparation de la Présidence française de l’UE. Cette initiative se donne pour ambition de contribuer à une meilleure appropriation du projet européen par les citoyens et à la construction d’une Europe des citoyens.

Pourquoi l’Europe reste inaccessible et incompréhensible aux citoyens ?

Alors que les Vingt-Sept viennent de se doter d’un nouveau traité pour sortir l’UE de l’ornière, que ce traité sera adopté en France par la voie parlementaire, que la France va prendre la Présidence de l’UE au second semestre 2008, bref qu’il y a une actu européenne forte ; les hommes politiques et les médias – les JT en particulier – n’en parlent pas ou si peu.

Pourquoi les médias refusent de rendre compte de l’actualité européenne ?

Une réponse vient de nous être apportée par Daniel Schneidermann dans sa chronique médiatique de Libération, vendredi 17 novembre :

« dans l’inépuisable catalogue des sujets dont ne parle pas le JT, il faut faire un sort particulier à tout ce qui concerne l’Europe et l’intégration européenne. Comme si la même histoire recommençait éternellement : celle d’une étanchéité totale, entre une confiance « naturelle » des politiques et des journalistes envers l’intégration européenne, et une méfiance viscérale, irréductible, d’une partie des électeurs. »

Finalement, l’Europe semble prise au piège d’un cercle vicieux infernal :

  • parce que les hommes politiques et les médias craignent l’opinion publique, ils ne parlent pas de l’Europe ;
  • parce qu’on ne parle pas de l’Europe, sauf lors des crises et des scandales, les citoyens se sont forgés un jugement relativement négatif : l’Europe se ferait sans eux, voir contre eux.

Sortir de ce cercle vicieux constitue tout l’enjeu de la communication européenne.