Quel budget pour la communication de l’Union européenne en 2013 ?

Avec la nouvelle année, viennent les nouveaux budgets… La Direction générale à la Communication de la Commission européenne publie son programme de travail annuel pour 2013. Quelles sont les principales évolutions par rapport à l’année dernière ?

Hausse relativement réduite du budget de la DG COMM en 2013

Contrairement à l’année dernière où le budget de la DG COMM avait été en baisse pour la 1e fois depuis sa création en 2006, en 2013 le budget de la DG COMM est en hausse réduite (+ 0.5%  soit 564 000 €) et s’établit à 103 689 000 €.

budget_DG_COMM_2013

Réaffectation relativement importante des grands postes budgétaires

Les grands postes de dépenses sont globalement identiques, quoique des réaffectations affectent les priorités :

  • les actions multimédia sont toujours les plus importantes (28,4 millions d’€) mais subissent une baisse de 2 millions d’€ ;
  • les outils d’information et de communication en ligne, avec une hausse de 2,5 millions d’€ (16,8 millions d’€) sont dorénavant le 2e poste de dépenses ;
  • les actions prioritaires, en particulier les partenariats de communication avec les Etats-membres (12,5 millions d’€) et les relais d’information, notamment le réseau Europe Direct (13,8 millions d’€) sont les budgets stables de plus de 10 millions d’€.

Détails des plus fortes variations : Euronews en forte baisse et Europa en forte hausse

La baisse des actions multimédia porte tout particulièrement sur Euronews qui se voit moins subventionné (-600 000€) et moins mobilisé pour des productions audiovisuelles (-700 000€). La Commission européenne constaterait-elle que sa communication hybride ne fonctionne pas ?

La hausse des outils d’information et de communication en ligne bénéficie au portail Europa qui se voit alloué une enveloppe de 2 millions d’€ supplémentaire, ce qui laisse à penser que le chantier de la refonte sera intensifié en 2013.

Parmi les baisses de budget les plus significatives :

  • -1,2 millions d’€ pour l’exploitation des studios de radiodiffusion et de télévision et équipements audiovisuels ;
  • -1,1 millions d’€ pour la communication des Représentations de la Commission dans les Etats-membres, alors qu’elles sont chargées de porter l’année européenne des citoyens et qu’une Représentation sera ouverte en Croatie en 2013 ;
  • -400 000€ pour les publications écrites ;
  • -200 000€ pour les espaces publics européens qui consistent pourtant à favoriser les synergies dans les Etats-membres entre les Représentations de la Commission et les Bureaux d’information du Parlement européen.

Parmi les hausses de budget les plus importantes :

Au total, le budget de la DG COMM pour 2013 permet de décrypter les priorités : une meilleure communication de la Commission en ligne (refonte d’Europa et renfort pour Rapid) et auprès des visiteurs à Bruxelles au détriment de la communication par l’intermédiaire des productions audiovisuelles, notamment avec Euronews, ou par les Représentations dans les Etats-membres. Ces évolutions permettront-elles de trouver le public européen ?

Lutter contre l’indifférence : ultime mission de la communication européenne ?

Aujourd’hui, « 2013 année européenne des citoyens » vient d’être officiellement lancée à Dublin. Tout au long de l’année, un débat sur l’avenir de l’UE est encouragé au travers d’événements et de conférences organisés partout en Europe. L’opération apparaît comme une mission de secours d’un projet européen abandonné par l’indifférence…

« Ne plus être aimée » : la plus grande menace contre l’Europe selon François Hollande

Interviewé par Le Monde en octobre dernier, le président de la République François Hollande s’était montré particulièrement lucide sur la plus grande menace qui pèse sur l’Europe :

C’est de ne plus être aimée. De n’être regardée au mieux que comme un guichet austère, où les uns viendraient chercher des fonds structurels, d’autres une politique agricole, un troisième un chèque, au pire comme une maison de redressement.

Autrement dit, la plus grande menace ne serait plus – suivant le poncif du déficit démocratique de l’UE  – la distance qui se serait établie irrémédiablement entre les citoyens et les institutions européennes. Ce ne serait pas non plus le défaut de pédagogie de la part des médias ou des responsables politiques.

Donc, le plus grand problème de la relation entre l’Europe et les Européens serait d’ordre amoureux.

« Indifférence et pessimisme » : les menaces sur la construction européenne selon José Manuel Barroso

Dans un parallélisme intellectuel saisissant, le discours du président de la Commission européenne, aujourd’hui, à l’occasion du lancement de l’année européenne des citoyens s’inscrit dans la même veine sur les blessures mortelles portées à l’UE :

I believe constructive criticism does not pose a threat to the European project. But pessimism and indifference do.

Là encore, l’ultime mission de la communication européenne ne semble plus de persuader les citoyens de la plus-value de la construction européenne. Pas même d’expliquer de quelles manières les politiques européennes influent sur la vie quotidienne.

Autrement dit, le mal qui frapperait la relation des Européens à l’Europe serait une forme d’acédie.

Paradoxalement, au moment où le diagnostic n’a jamais été posé aussi lucidement par les autorités, leur ambition apparaît en creux extrêmement limitée.

Palmarès des membres de la Commission européenne actifs sur Twitter en 2013

Que de chemin parcouru depuis le 1er classement en 2010 des membres de la Commission européenne avec seulement 2 Commissaires actifs. Début 2013, ce sont maintenant 20 Commissaires, dont le président qui sont actifs sur Twitter…

Progression impressionnante de l’activité de la Commission sur Twitter

En quelques années, Twitter s’est imposé comme le média social de l’eurosphère.

La progression s’est révélée régulière avec 6 Commissaires en janvier 2011 et 12 Commissaires en janvier 2012. Début 2013, pas moins de 20 Commissaires, dont le président Barroso, soit près de 75% du collège, sont actifs sur Twitter. D’une année sur l’autre, il s’agit à chaque fois d’un doublement de la présence.

Rien que sur l’année 2012, plusieurs mesures de l’activité globale de la Commission européenne permettent de mesurer la progression :

  • 70 435 Followers et 5 600 Tweets en janvier 2012 ;
  • plus de 100 00 Followers et plus de 8 000 Tweets en milieu d’année 2012 ;
  • 209 524 Followers et 18 630 Tweets en janvier 2013.

palmares_Twitter_Commission_2013Classement des Commissaires européens sur Twitter

Avec des niveaux d’engagement des Commissaires très inégaux – notamment s’agissant de l’intervention directe d’un membre de la Commission, encore rare face aux comptes gérés par les équipes, la communication s’est néanmoins professionnalisée, ce qu’indique notamment les 13 « verified accounts ».

Le podium des comptes les plus engagés répond à plusieurs logiques tenant à la fois du portefeuille (Neelie Kroes en charge de la Société numérique est en top du classement) ou de la fonction (José Manuel Barroso, président de la Commission est également bien placé).

Voici la liste des 20 Commissaires européens effectivement actifs sur Twitter début 2013 :

  • Neelie Kroes (Vice-présidente, Société numérique) demeure la Commissaire la plus active (3 605 Tweets) et la plus suivie (58 729 Followers) ;
  • José Manuel Barroso (Président) s’est inscrit avec beaucoup de retard – seulement au cours de l’année 2012 – et est devenu l’un des plus suivi (23 996 Followers) et le plus ouvert avec 1 209 Followings, avec seulement 205 Tweets ;
  • Michel Barnier (Marché intérieur et Services) se positionne en 3e du palmarès avec 17 252 Followers ;
  • Viviane Reding (Vice-présidente, Justice, Droits fondamentaux et Citoyenneté + Communication) est quasi à égalité sur la 4e marche du podium avec 17 150 Followers ;
  • Connie Hedegaard (Action climatique) est 5e dans le classement avec 13 676 Followers, une prouesse au vue de son portefeuille plutôt limité ;
  • Janez Potočnik (Environnement) est 6e et le dernier Commissaire à disposer de plus de 10 000 Followers (10 945 Followers) ;
  • Kristalina Georgieva – ex @KGeorgievaEU (Coopération internationale, Aide humanitaire et Réaction aux crises) est 7e avec 8 555 Followers ;
  • Cecilia Malmström (Affaires intérieures) se positionne 8e alors qu’elle ne s’est inscrite qu’au cours de l’année 2012, une position due à sa communication personnelle très adaptée au réseau social ;
  • María Damanáki (Affaires maritimes et Pêche) est 9e et doublement présente – une exception – avec un compte officiel (5 471 Followers) et un compte personnel en grec (7 277 Followers) ;
  • Andris Piebalgs (Développement) est 10e  avec 7 833 Followers ;
  • Siim Kallas (Vice-président, Transports) est 11e avec 5 649 Followers ;
  • Štefan Füle (Élargissement et Politique européenne de voisinage) est 12e avec 5 519 Followers, alors qu’il est actif depuis seulement moins d’un an ;
  • László Andor (Emploi, Affaires sociales et Insertion) est 13e avec 5 478 Followers ;
  • Antonio Tajani (Vice-président, Industrie et Entreprises) est 14e avec 4 208 Followers acquis au cours de l’année écoulée ;
  • Androulla Vassiliou (Éducation, Culture, Multilinguisme et Jeunesse) est 15e avec 3 461 Followers acquis là encore au cours de l’année écoulée ;
  • Maroš Šefčovič (Vice-président, Relations inter-institutionnelles et Administration) qui a début au cours de l’année 2011 est 16e avec 2 448 Followers, une belle prouesse au vue des enjeux « internes » liés à son portefeuille ;
  • Algirdas Semeta (Fiscalité, Union douanière, Audit et Lutte anti-fraude) est 17e avec 1 672 Followers ;
  • Günther Oettinger (Énergie) est 18e avec 1 569 Followers en ayant débuté en 2012 ;
  • Joaquín Almunia (Vice-président, Concurrence) est 19e et le dernier Commissaire vraiment actif avec seulement 532 Followers ;
  • Johannes Hahn (Politique régionale) est virtuellement 20e avec un compte qui semble officiel mais qui est actuellement protégé.

Sinon, voilà la liste des 7 Commissaires européens encore récalcitrants :

  • Catherine Ashton (Première Vice-Présidente, Haut représentant pour les Affaires étrangères) : son absence pour le moins surprenante est « compensée » par le compte officiel du Service européen pour l’action extérieure (21 548 Followers et 5 100 Tweets) ;
  • Olli Rehn (Affaires économiques et monétaires) ;
  • Karel De Gucht (Commerce) ;
  • Tonio Borg (Santé et Politique des consommateurs) ;
  • Máire Geoghegan-Quinn (Recherche, Innovation et Science) ;
  • Janusz Lewandowski (Budget et Programmation financière) ;
  • Dacian Cioloş (Agriculture et Développement rural) ;

Ainsi, en quelques années, Twitter s’est imposé comme un canal de communication majoritaire au sein du collège de la Commission européenne.

Vœux 2013 : il faut « hacker » la communication de l’Union européenne

Coincée entre 2012 qui fut l’année de la crise de l’euro et 2014 qui sera l’année des élections européennes, 2013 est une année de transition. Formulons le vœu qu’à l’occasion de cette année transitoire, les publics de l’UE se saisissent des enjeux européens, se les réapproprient et fassent preuve de créativité, à l’instar des hackers qui détournent les usages des nouvelles technologies à leur profit. En somme, souhaitons qu’en 2013, la communication de l’UE soit « hackée » !

Hacker l’année européenne des citoyens

Avec toutes les pesanteurs et les limites de la communication de l’UE, les institutions européennes ont voulu que 2013 soit l’année européenne des citoyens. Selon Euractiv, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a déclaré :

Il s’agira […] de mener un large débat à travers toute l’Europe, qui doit intervenir avant la convocation d’une convention et d’une conférence intergouvernementale…

Souhaitons que les citoyens se saisissent de ces opportunités pour détourner l’opération menée par l’UE visant à assurer la promotion des droits individuels liés à la citoyenneté européenne pour en faire de véritables états généraux des politiques publiques européennes, afin de mieux répondre à leurs besoins.

Hacker les négociations budgétaires

En 2013, les négociations sur le budget européen pour 2014-2020 vont également se poursuivre.

Là encore, il est possible pour les citoyens qui se mobilisent de réinventer un scénario de compromis écrit d’avance. Afin notamment de « communautariser » de nouvelles politiques publiques européennes telles que l’aide alimentaire d’urgence, la mobilisation de la société civile en Europe en vue de peser sur le budget de l’UE pour les futures années est une priorité des prochains mois.

Hacker l’initiative citoyenne européenne

Enfin, 2013, c’est la 1e année de plein exercice de l’initiative citoyenne européenne, officiellement lancée en avril 2012 mais de manière tout à fait virtuelle puisque sans capacité pendant une bonne partie de l’année de collecter des signatures en ligne.

Dans cet esprit de « hacking », les Européens peuvent tout à fait détourner l’usage initialement prévu aux initiatives citoyennes pour en faire de véritables occasions d’interpeller les pouvoirs publics européens sur les apories du système.

Au total, il reste à souhaiter pour l’UE que l’année 2013 – et la communication européenne – soit frappée par la culture « hacker » se fondant sur la créativité et la réappropriation par le public.

Quelles ont été les nouveautés de la communication de la Commission européenne en 2012 ?

Alors que l’année s’achève, le programme de travail modifié dans le domaine de la communication pour l’année 2012 permet de mesurer les réorientations stratégiques de la Direction générale à la communication de la Commission européenne. Quelles ont été les nouveautés en 2012 ?

Adapter la stratégie de communication de l’UE à la réalité des médias sociaux en ligne

Seul élément qui n’était pas programmé en début d’année, le nouveau projet pilote qui s’intitule « Partageons l’Europe en ligne ». Doté d’un budget d’un million d’euros, l’objectif est « de renforcer et d’améliorer la présence des Représentations et des Bureaux d’information du Parlement européen (BIPE) sur les médias sociaux en leur fournissant les informations, la formation et l’expertise nécessaires ».

Particulièrement symptomatique de la « conversion » de la Commission européenne aux médias sociaux, le document officiel de la Commission européenne stipule que :

les représentations ne semblent pas encore toutes conscientes de la nette différence entre la communication avec la presse et la communication sur les médias sociaux.

Les missions prévues (cartographie, veille, retours d’expérience, réactivité, évaluation en fonction de l’utilité et de la qualité) soulignent le chemin parcouru par la Commission européenne dans la compréhension des médias sociaux :

  • Cartographie complète de l’environnement des médias sociaux, des détenteurs d’influence et des médias sociaux qui comptent dans les États membres suivant les thèmes prioritaires.
  • Désignation des « responsables rédactionnels » (editorial community managers) pour chaque Représentation et BIPE « à même de transformer le message élaboré par la Commission ou par le BIPE en messages appropriés pour les médias sociaux. (…) Les responsables rédactionnels devront observer et surveiller le contenu des conversations en ligne afin de rendre compte régulièrement de ce dont parlent les gens ».
  • Formation des Représentations et des BIPE sur la manière d’améliorer globalement leur présence sur les médias sociaux et sur la façon de cibler des publics spécifiques d’une manière appropriée à l’environnement des médias sociaux.
  • Retour d’information sur les améliorations substantielles et techniques nécessaires que les institutions européennes doivent mettre en place, de manière à rendre leur politique de communication plus réactive et mieux adaptée au nouvel environnement des médias.
  • Estimation/évaluation permettant d’en apprécier l’utilité et les résultats, au regard des objectifs. L’appréciation des résultats ne peut se limiter aux données chiffrées  et doit porter aussi sur les aspects qualitatifs.

Au total, la Commission européenne confirme pour la première fois dans son programme de travail annuel que « la réputation est l’élément essentiel d’une présence efficace sur les médias sociaux – et de l’adhésion par un très grand nombre d’internautes qui en découle ».

Diffuser Euronews dans plus de langues de l’UE

Deuxième « demi » nouveauté – puisqu’il ne s’agit que d’une réallocation significative de moyens – le lancement d’Euronews dans deux langues supplémentaires, à savoir le grec et le hongrois. Jusqu’à présent, Euronews émet dans 6 langues officielles de l’UE : allemand, anglais, espagnol, français, italien et portugais. D’ailleurs, pour cette dernière langue, la Commission subventionne le maintien des prestations en portugais.

Par ailleurs, la Commission entend continuer de financer le service Euronews en arabe, une aide qui fait suite à la résolution du Parlement européen de 2007 sur les réformes dans le monde arabe. La participation de la Commission est fixée à un coût unitaire mensuel de 404 814 €, un montant qui représente 87,7 % des  coûts réels.

Ainsi, au travers de ces deux nouveautés, la communication de la Commission européenne prouve son évolution pour contribuer à forger des liens plus étroits entre les citoyens et l’Union.