Ce n’est pas le récent référendum en Grèce autour du #Grexit ou le futur référendum en Grande-Bretagne sur le #Brexit qui remettent en cause la déjà longue tradition de rupture (France, Pays-Bas, Irlande) entre les peuples et l’Union européenne. Pourquoi les référendums sont devenus la bête noire de l’Union européenne ?
Première raison : le projet européen ne répond plus aux attentes et besoins des Européens
À chaque soir de résultats électoraux, le constat s’impose que les Européens – pour dire les choses simplement – ne sont plus satisfaits par le projet européen et la plupart des leaders politiques concèdent volontiers que l’Union européenne doit changer, à commencer par le nouveau président de la Commission européenne qui parle d’un « mandat de la dernière chance ».
Nonobstant les divergences idéologiques portant sur l’existence même de l’Union européenne qui n’intéresse que quelques minorités actives, la divergence principale entre les peuples et l’Union européenne tient en quelques mots.
Tandis que l’Union européenne se positionne comme un acteur international qui protège les Européens face aux enjeux globaux de la compétition internationale, du changement climatique ou de la régulation économique et financière, les Européens attendent de l’Europe qu’elle les protège chez eux dans leurs emplois, dans leurs communautés nationales (immigration, intégration).
Deuxième raison : les modalités d’engagement et de participation des Européens dans la construction européenne sont obsolètes et inadaptées
Hormis l’expression citoyenne lors des élections européennes tous les 5 ans, scrutin jugé de « second rang » dans la plupart des Etats-membres, les citoyens ne disposent pas de moyens « à portée de main » pour s’exprimer sur les orientations de la construction européenne.
Afin de faciliter l’engagement et la participation des Européens, à grande échelle, plusieurs solutions seraient envisageables à brève échéance, comme alternatives paneuropéennes et respectueuses de la démocratie européenne aux référendums nationaux :
- Mettre en forme la newsroom de l’UE pour mieux dégager les actualités européennes importantes et permettre un suivi plus aisé des principaux dossiers (timeline des événements, classement et suivi des documents…) ;
- Mettre en place une véritable plateforme de participation des citoyens aux consultations des institutions européennes et en particulier aux projets de la Commission européenne ;
- Mettre en ligne une plateforme multilingue et fonctionnelle pour faciliter la constitution et la participation aux initiatives citoyennes européennes.
Troisième raison : la prise de décision « à l’européenne » n’est pas suffisamment médiatisée et communiquée
L’apprentissage par les peuples européens du fonctionnement des institutions européennes et de leurs prises de décision n’est pas suffisamment ancré dans les esprits pour acquérir la légitimité et l’évidence qu’on acquise les procédures nationales avec le temps.
En particulier, la scénographie des « sommets européens de la dernière chance », des nuits blanches de négociation entre chefs d’Etat et de gouvernement derrière des portes closes souffre d’un essoufflement auprès des journalistes, donc de leur traitement dans les médias.
Le « service après-vente » de décisions européennes déjà compliquées et rarement décisives n’est également pas suffisamment assuré par les décideurs européens, avec une communication pédagogique et accessible qui se concentrent sur l’essentiel.
Au total, la situation de rupture actuelle entre les peuples et l’Union européenne à l’occasion des référendums n’est pas inéluctable à condition que le projet européen, les modalités d’y contribuer et les décisions européennes changent.