Archives annuelles : 2014

Elections européennes : quel aura été l’impact du web social sur le scrutin ?

Moment de vérité : « from ‘talking the talk’ to ‘walking the walk’ » comme disent les anglosaxons, l’impact du web social sur les élections européennes semble manifestement limité mais probablement décisif. Explications.

Le web social, le terrain de la campagne des Spitzenkanditaten pour les publics hyper-connectés à l’Europe et sevrés par les médias traditionnels

A défaut d’un traitement médiatique à la hauteur de l’enjeu, les médias sociaux ont au moins permis à ceux qui s’intéressent aux enjeux européens de suivre la campagne des principaux candidats des partis politiques européens dans la compétition pour le poste de futur président de la Commission européenne.

C’est peu, mais c’est déjà beaucoup. D’autant qu’au-delà de l’activité, particulièrement riche sur Twitter (cf. l’étude du Pew Research Center sur « The EU elections on Twitter » sur la modeste attention aux Spitzenkanditaten face aux partis anti-UE), plusieurs initiatives de data visualisation ont permis de suivre les grandes tendances :

  • le baromètre par TNS-Opinion des leaders européens pour suivre jour après jour, et par langue, les mentions du top10 des chefs d’Etat ou de gouvernement européens ;
  • l’infographie de Vigiglobe autour de # TellEurope à l’occasion du débat télévisé (47 chaînes, 25 pays) le plus important entre les Spitzenkanditaten qui récapitule les principales déclarations au regard de l’activité en ligne ;

infographie_tellEurope

  • le Twitter-dashboard du Parlement européen réalisé pour la soirée électorale récapitulant les données clés.

EP_Twitter_dashboard

D’une certaine façon, le web social semble avoir davantage été – pour ceux qui s’intéressaient vraiment aux enjeux de l’élection – un lieu d’observation de la campagne « over the top » des Spitzenkanditen et des phénomènes d’opinion en ligne.

Le web social, le champ de bataille politique aux effets limités de renforcement des prédispositions partisanes et d’activation de la participation électorale

Par rapport aux enseignements de la science politique, les médias sociaux sont plutôt à classés parmi les médias ayant des effets limités en termes de modification du choix électoral et de la participation civique.

Selon quelques électeurs-types ont pu trouver des sources de motivations en ligne :

  • le citoyen consciencieux qui avance le mobile d’aide à la décision ;
  • le partisan qui cherche du renforcement de ses prédispositions ;
  • le vigilant qui avant tout, prétend surveiller le contexte ;
  • le spectateur pour qui l’attente est principalement de divertissement.

Marek Zaremba-Pike sur EuropeDecides.eu estime, sans être totalement catégorique qu’il serait difficile d’argumenter que toutes les discussions en ligne n’ont pas soulever l’attention autour de l’élection et augmenter l’intérêt et améliorer la participation.

Overall, it would be hard to argue that all that discussion did not raise awareness about the elections, increase interest and improve turnout.

Au total, les effets des médias sociaux sur les électeurs en termes de conversion tant renforcement des prédispositions partisanes qu’activation de la participation électorale sont vraisemblablement faibles, et dans tous les cas très inégaux entre espaces publics.

Le web social, le moment de « surchauffe symbolique » le jour du scrutin

Puisqu’il convient d’évaluer l’impact des médias sociaux sur la campagne non seulement en termes de résultats électoraux immédiats, mais aussi sur un plan symbolique, la séquence de signes les plus significatifs dans la construction d’une réalité politique paneuropéenne a surtout été portée par les acteurs du web sur le jour du scrutin, indépendamment de la campagne de communication du Parlement européen.

Outre le doodle consacré aux élections européennes sur Google, sans doute l’un des signes les plus visibles pour les internautes, Twitter a affiché une bannière consacrée aux élections pour appeler les utilisateurs à aller voter entre le 23 et le 25 mai, et le bouton « je vote » sur Facebook a été utilisé pour la première fois en Europe, a été partagé plus de 2,7 millions de fois et a été vu par un électeur potentiel sur cinq dans l’UE (88,1 millions de personnes).

Ces infos communiquées par le Parlement européen (cf. « La campagne virtuelle et l’impact réel des réseaux sociaux sur les élections européennes« ) le conduit à affirmer :

Les réseaux sociaux ont-ils influencé les élections européennes 2014 ? Seuls le temps et des études indépendantes le diront. Ce qui est sûr, c’est que les élections ont eu une dimension virtuelle et virale.

Au total, l’impact des médias sociaux sur les élections européennes n’aura pas été l’heure du triomphe d’une démocratie participative digitale, sans doute mythifiée, sur la démocratie représentative traditionnelle bien vivante. En revanche, leurs effets auprès des hypers-connectés et sur un plan symbolique ne sont pas à négliger.

Le journalisme franco-allemand, un modèle vers le journalisme européen ?

Entre un espace public vraiment transeuropéen encore en gestation et des espaces publics nationaux cloisonnés, la volonté politique liée au rapprochement franco-allemand s’est notamment traduite par l’émergence d’un espace médiatique franco-allemand. C’est la démonstration du mémoire de Marjorie Even portant sur le journalisme franco-allemand comme modèle vers le journalisme européen…

Des limites d’un espace médiatique transeuropéen ne reposant pas sur une légitimité politique forte

A défaut d’une volonté des peuples européens et de leurs représentants de fonder une communauté de destin européenne pleinement souveraine, les médias transeuropéens seront toujours faibles… et l’Europe aura toujours la portion congrue dans les médias nationaux.

Pour les médias transeuropéens, la règle est somme toute assez cruelle : l’importance des publics est inversement proportionnelle au traitement de l’UE. Autrement dit, les médias transeuropéens de masse ne traitent quasiment pas de l’UE tandis que les médias les plus européens quant à leur couverture de l’UE s’adressent à un public de facto restreint.

Dans les médias nationaux, que l’on juge qu’il s’agisse d’un problème d’offre (les médias nationaux et les politiques ne savent pas vendre l’UE) ou de demande (les citoyens ne s’intéressent pas à l’UE), le résultat est pareil : les médias octroient à l’UE l’importance que les citoyens et les politiques lui donnent.

Tant que le lieu de légitimation du politique et la scène de compétition de la politique resteront nationaux, l’espace médiatique transeuropéen sera restreint, donc les médias transeuropéens seront exsangues.

Des bénéfices d’un espace médiatique franco-allemand reposant sur la légitimité politique du couple franco-allemand

Aussi perfectible que soit la volonté politique de rapprocher la France et l’Allemagne, cette légitimité permet à un espace médiatique franco-allemand d’émerger et à des médias franco-allemands de trouver leurs publics.

Le modèle franco-allemand, autant qu’on puisse s’en inspirer, offre une série de bénéfices qu’il convient néanmoins de modérer :

Certes la volonté politique fonde une nouvelle réalité institutionnelle franco-allemande qui s’impose, mais dans les sociétés, seule une minorité agissante y participe activement.

Quand bien même l’opinion publique dans son ensemble valide et légitime la construction franco-allemande, l’espace médiatique franco-allemand n’apparaît pas de lui même et s’autonomise avec difficultés.

Sur le chemin d’une médiatisation franco-allemande massive, les résultats – quoique meilleurs comparés aux médias transeuropéens, rapportés à l’échelle des 2 peuples – sont quand même modérés, qu’il s’agisse de l’audience d’Arte ou du lectorat du magazine Paris-Berlin.

Au total, le mémoire de Marjorie Even sur le journalisme franco-allemand, comme modèle vers un journalisme européen est à lire pour comprendre l’articulation entre volonté politique pour le franco-allemand (ou la construction européenne) et émergence d’un espace médiatique franco-allemand (ou transeuropéen) au sein desquels des médias peuvent enfin trouver leurs publics. Publics, néanmoins de plus en plus apathiques, ce qui n’est pas sans conséquence sur la crise de la presse ou celle de l’UE.

40 ans des Eurobaromètres : de la connaissance de l’opinion publique en Europe à la représentation de l’opinion publique des Européens

L’Association Jean Monnet et la Représentation en France de la Commission européenne, sans doute l’une des Représentations parmi les 28 recourant le plus aux enquêtes d’opinion selon la Chef de la Représentation Anne Houtman, ont organisé un atelier pour dresser un bilan et dessiner des perspectives à l’occasion du 40e anniversaire des Eurobaromètres. Après avoir acquis une certaine respectabilité, notamment auprès des milieux européens et des sphères académiques, comment les Eurobaromètres peuvent-ils conquérir une légitimité certaine auprès des gouvernements et des citoyens ?

NotreEurope_atelier_Eurobarometre

Jacques-René Rarbier, fondateur des Eurobaromètres : l’esprit de prudence et d’audace

Le fondateur des Eurobaromètres, ancien collaborateur de Jean Monnet qui affirmait : « Il faut que les gens sachent ce que nous faisons » a rappelé la genèse de l’attention des institutions européennes pour les sondages.

En 1962, le Service de presse et d’information de la Communauté européenne fit faire par Gallup international une première enquête, dans les six pays que comptait alors la Communauté. Les résultats en ont été publiés dans la revue « Sondages ». Simultanément,  quatre monographies ont été réalisées dans quatre villes : Unna (Allemagne), Sedan (France), Voghera (Italie) et Wageningen (Pays-Bas).

Par la suite, en tant que directeur général à l’information, Jacques-René Rabier intéressait le Parlement européen, et notamment le Rapporteur pour l’Information, à ce genre d’enquêtes. Ce fut lorsqu’il fut amené à quitter son poste, début 1973, à l’arrivée des Britanniques, qu’il proposa au Président Ortoli de créer un système permanent de sondages périodiques, afin de permettre à la Commission de mieux informer les Européens.

Approuvé par la Commission et le Parlement européen, le premier « Eurobaromètre » fut mis sur le terrain, dans les neuf pays membres, en avril-mai 1974, et publié en juillet. Le choix des questions relève à la fois de la prudence et de l’audace :

  • Quels sont les problèmes les plus importants pour votre gouvernement national ?
  • Quelle sera l’importance probable de ces problèmes dans 4/5 ans ?
  • Quelle serait votre préférence pour résoudre ces problèmes entre une action solidaire entre les Etats-membres ou des actions indépendantes de chaque Etat ?

Parce qu’on ne peut parler des Eurobaromètres sans poser quelques questions, Jacques-René Rarbier a conclu par une série de questions adressées à ses successeurs :

  • Sont-ils satisfaits de l’attention portée par les medias aux résultats des Eurobaromètres ?
  • La politique d’information de la Commission tient-elle compte suffisamment des résultats des Eurobaromètres ?
  • La coopération entre les services de la Commission et ceux du Parlement européen, dans ce domaine du suivi de « l’opinion publique » est-elle suffisante ?

Dominique Reynié, Professeur à Science-Po : la conquête des sciences sociales et le défaut politique des Eurobaromètres

Les Eurobaromètres ont une singularité méconnue, une utilité multiforme et une potentialité énorme.

Au niveau des fonctions des Eurobaromètres, c’est dans l’ambition de départ (l’acte politique fort de mesurer pour comprendre et pour agir) que réside l’ambiguïté d’aujourd’hui (la suite politique aurait été de mesurer pour mieux se connaître soi-même dans une dialectique acceptée entre le public-objet de mesure et le public-acteur).

Au niveau des « passagers clandestins » des Eurobaromètres, c’est le triomphe méthodologique dans les sciences sociales qui souffrent d’un biais stato-national : « les Eurobaromètres ont dénationalisé les sciences sociales ». Mais, c’est également le défaut de toute dimension politique… qui va avec tout le reste des défauts de la construction européenne.

Comment les Eurobaromètres pourraient-il contribuer à représenter le peuple européen différemment ? Comment pourraient-ils permettre aux Européens de se découvrir comme une communauté en propre ?

D’abord, en articulant de manière plus rapide et fréquente les Eurobaromètres avec des controverses entre Européens. Mesurer des questions en tension et des différences d’opinion pourraient fonder nos accords et nos désaccords en tant que communauté.

Ensuite, en revenant en information auprès des Européens, en offrant un reflet immédiat auprès de ceux qui sont mesurés afin que nous nous reconnaissions comme une entité politique et que nous développions un sentiment d’appartenance.

Enfin, en incluant des questions propres aux Européens sur leurs valeurs (place des religion, importance de l’égalité homme/femme, respect de l’homosexualité, diversité…) qui permettrait de représenter un point de vue européen dans le monde, et aux yeux du monde entier.

Dominique Reynié a conclu son intervention par une invitation à poursuivre et amplifier les Eurobaromètres pour « sismographier » les opinions dans les réseaux sociaux, via le big data…

Sixtine Bouygues, Directrice stratégie et communication corporate : l’héritage à transmettre et les réformes/innovations à mener

Les missions des Eurobaromètres se sont peu à peu précisées :

Dès le départ, la première mission consiste à suivre les phénomènes d’opinion au sein des Etats-membres de l’UE.

Au fur et à mesure, l’instrument a permis de renseigner les acteurs politiques européens, à la fois pour illustrer avec des données chiffrées mais également pour orienter certaines politiques publiques européennes, comme par exemple les actions de l’UE concernant le Roaming.

Plus récemment, les Eurobaromètres ont été utilisés à des fins de communication, pour confirmer et légitimer le besoin d’une meilleure information des citoyens sur l’Europe ou d’un message clair de l’UE.

Aujourd’hui, le besoin de reformes et d’innovations est un chantier en cours visant notamment à mieux les diffuser, à révéler des tendances sociétales, à exploiter des résultats conjointement avec l’étude des réseaux sociaux, à assurer l’open-data des données…

Yves Bertoncini, Directeur de Notre Europe : les Eurobaromètres, une mine d’or à ciel ouvert, sous exploité mais aussi à creuser

Entre l’UE et les opinions publiques, l’intérêt n’est pas réciproque. Tandis que l’UE adore s’intéresser aux opinions publiques, l’inverse est loin d’être vrai. Pourtant, les Eurobaromètres qui servent à informer les acteurs politiques européens devaient surtout toucher les Européens eux-mêmes.

Comme le fondateur des Eurobaromètres, Yves Bertoncini s’interroge sur la bonne prise en compte des résultats, et des différences, dans les politiques d’information et de communication de l’UE dans les Etats-membres.

Concernant l’intérêt des décideurs pour les Eurobaromètres, Yves Bertoncini suggère qu’en complément des Eurobaromètres semestriels actuels, des « Eurothermomètres » qui soient plus « à chaud et à vif » mesurant des sujets conflictuels… la dictature des sondages à l’échelle de l’UE n’étant pas une crainte à court terme contrairement à l’échelle nationale où les hommes politiques doivent se soucier de leur réélection.

Concernant l’intérêt des citoyens pour les Eurobaromètres, Yves Bertoncini insiste pour rendre plus visibles les résultats dans les médias, ce qui soulèvent toute une série de recommandations allant du site à améliorer, aux rapports à mieux présenter, à une meilleure exploitation des réseaux sociaux et à des voies complémentaires touchant à des enjeux de sociabilité plus impertinents, des comparaisons internationales et des enquêtes qualitatives.

Carine Marcé, Directrice à TNS Sofres : les Eurobaromètres, le rêve et le cauchemar du sondeur

Le rêve, c’est évidemment les données disponibles dans le temps et dans l’espace (à l’échelle de l’UE depuis 1974) qui permettent des usages pour partager et enrichir les analyses, pour comparer et fusionner des enquêtes…

Le cauchemar, c’est davantage le défaut d’une vision globale et d’une réflexion transversale, accessible et synthétique.

L’enjeu est à la fois de conserver le meilleur de l’enquête de terrain tout en parvenant à mieux valoriser les résultats tant par l’opendata que par la visualisation des données.

Au total, les 40 ans des Eurobaromètres ont permis de mesurer le chemin déjà parcouru vers une meilleure connaissance de l’opinion publique européenne au bénéfice des acteurs publics européens et des chercheurs en sciences sociales et le chemin qui reste à parcourir pour que les Européens aient une meilleure représentation, notamment dans les médias, de leurs opinions en tant que communauté.

Elections européennes : quel bilan pour la campagne des partis politiques français ?

Après les résultats, quelques questions restent encore sans réponse comme par exemple : Les élections municipales ont-elles bénéficié de plus de visibilité que les élections européennes ? Le Front national a-t-il également dominé la compétition en ligne entre les partis ?

Match Municipales vs Européennes : un équilibre global qui masque des disparités

Sur l’année 2014, la visibilité en ligne des « élections municipales » par rapport aux « élections européennes » est globalement très équilibré. Une surprise si l’on en juge tant par l’intérêt supposé des Français pour les élections locales que par les émois réguliers des milieux européens sur le déficit de médiatisation des affaires européennes en France.

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Néanmoins, cette égalité globale masque des différences significatives en termes de présence en ligne. Des différences qui confirment que les médias s’intéressent beaucoup moins aux élections européennes (39%) tandis que Twitter, un réseau qui il faut le rappeler n’est utilisé que par moins de 9% de la population française, est largement dominé par le sujet européen.

Match entre les partis politiques français : le Front national domine la campagne, le jour du scrutin et les résultats

Que ce soit au cours du dernier mois de la campagne électorale européenne, le jour du scrutin le dimanche 25 mai dernier ou la semaine de commentaires et d’analyses des résultats, le Front national domine la compétition en ligne entre les partis politiques français.

1. Au cours de la campagne, le Front national est non seulement le parti qui arrive en tête en termes de présence dans les médias en ligne ou sur Twitter mais c’est également le seul parti à assurer une meilleure visibilité sur Twitter (52%) que dans les médias (34%). Le PS est le « 2e parti de France » pendant la campagne des élections européennes à la fois dans les médias (25%) et sur Twitter (20%). L’UMP (17%) assure une présence très moyenne, équivalente dans les médias et sur Twitter. Tous les autres partis sont moins présents sur Twitter que dans les médias et UDI-Modem, Front de gauche et EELV sont souvent à moins de 10%.

Au cours de la campagne :

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2. Le jour du scrutin, le Front national est encore plus dominant à la fois dans les médias (36%) et surtout sur Twitter (71%) qui ne semble s’intéresser qu’à lui ; tous les autres partis politiques sont quasiment invisibles sur Twitter. De manière intéressante, la présence des partis politiques dans les médias en ligne est beaucoup plus importante en volume dans les médias en ligne – qui annonce le soir les résultats – que sur Twitter, qui normalement assure une caisse de résonance lors des « grands événements ».

Le jour du scrutin :

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3. La semaine après le scrutin, les commentaires et les analyses du scrutin européen offrent une place toujours aussi importante au Front national à la fois dans les médias en ligne (44%) et sur Twitter (68%). Là encore, et de manière assez rare, le sujet est beaucoup souvent traité dans les médias en ligne que sur Twitter.

La semaine des résultats :

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Au total, la visibilité de la campagne des partis politiques français à l’occasion des élections européennes permet de conclure d’une part que le Front national a non seulement dominé les résultats dans les urnes mais également en ligne ; et d’autre part, les élections européennes sont davantage un sujet d’actualité qu’un objet de conversation.

Elections européennes : quel bilan pour la campagne des « Spitzencandidaten » ?

A partir de l’analyse des mentions à la fois dans les médias en ligne et sur Twitter des candidats des grands partis européens pour le poste de président de la Commission européenne, quels sont les principaux enseignements d’une campagne qui aura été dominée par Schultz avec une présence cumulée de 39% et plus de 58K mentions sur toute la durée de la campagne mais remportée par Juncker ?

Semaine du 28 avril au 4 mai : le 1er débat le 28 avril à Maastricht entre les candidats, retransmis sur Euronews #EUdebate2014

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Au début de la campagne, Schultz, installé au poste de président du Parlement européen fait la course en tête à la fois dans les médias en ligne (42%) et sur Twitter (40%) quant à Juncker, dès le début, il se détache mieux dans les médias (28%) que sur Twitter (18%).

Les candidats à la Commission s’affrontent lors d’un premier débat le 28 avril à l’Université de Maastricht jugé « décevant » par Euractiv : « l’échange de vues a davantage relevé de l’échauffement pour les confrontations à venir ».

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Le jour du 1er débat, ce sont plus de 47 500 tweets publiés avec #EUdebate2014. Le nuage de mots clés indique clairement la position dominante de Schultz par rapport à Juncker et Verhofstadt.

Semaine du 5 au 11 mai : le 2e débat le 15 mai « The State of the Union Televised Presidential Debate » à Florence

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Schultz est plus que jamais ultra-dominant avec près de la moitié des mentions dans les médias (49%) tandis que Juncker perce un peu mieux dans les médias (33%) mais souffre toujours d’un profond retard sur Twitter (13%).

Lors du deuxième débat à l’Institut universitaire européen de Florence, Euractiv estime qu’il y a « match nul au débat présidentiel européen » ; « leur convergence de vue est fortement ressortie ».

Semaine du 12 au 18 mai : le 3e débat à Bruxelles le 15 mai #TellEurope

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La visibilité des candidats évolue : les candidats des petits partis (libéraux et écolos) sont davantage visibles dans les médias et sur Twitter, mais Schulz fait toujours la course en tête.

Le troisième débat électoral télévisé en direct sur de nombreuses chaînes TV européennes entre les candidats à la présidence de la Commission a lieu le jeudi 15 mai, à Bruxelles ; c’est le seul à avoir accueilli Alexis Tsipras.

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Ce sont près du double de tweets publiés ce jour-là avec #TellEurope (95 600). Le nuage de mots clés indique un certain équilibrage des mentions des candidats entre Schultz et Tspiras puis Keller et Verhofstadt et enfin Juncker.

Semaine du 19 au 25 mai : la semaine du scrutin

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Les positions des candidats s’installent au moment de franchir la ligne d’arrivée :

  1. Schultz aura conservé une confortable avance à la fois sur Twitter et dans les médias pendant toute la campagne.
  2. Juncker sera parvenu à se hisser à la 2e place auprès des médias sans toutefois parvenir à percer sur Twitter.
  3. Tsipras aura clairement réussi à percer sur Twitter au fil de la campagne.

Semaine du 26 au 1er juin : l’annonce des résultats

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Le candidat du parti arrivé en tête au soir du scrutin domine, pour la 1e fois, que ce soit dans les médias en ligne (54%) ou sur Twitter (49%). Face au vainqueur Juncker, Schultz parvient encore à résister. En tout cas, les résultats ont une influence décisive sur la visibilité des candidats : l’effet de verdict du vote est évident.

Semaine du 2 au 8 juin : la victoire de Juncker

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Deux semaines après le scrutin, la victoire de Juncker pour prétendre au poste de président de la Commission européenne s’impose au vue des chiffres comme une évidence avec 78% des mentions dans les médias et 69% sur Twitter. Les autres candidats retournent à leur relative confidentialité.

Au total, les débats télévisés auront offert une importante visibilité aux candidats sur Twitter et permis notamment de faire découvrir les petits candidats. La relative dé-corrélation entre la visibilité des candidats en ligne et les résultats électoraux, en particulier pour Juncker, constitue un autre enseignement.