Le journalisme franco-allemand, un modèle vers le journalisme européen ?

Entre un espace public vraiment transeuropéen encore en gestation et des espaces publics nationaux cloisonnés, la volonté politique liée au rapprochement franco-allemand s’est notamment traduite par l’émergence d’un espace médiatique franco-allemand. C’est la démonstration du mémoire de Marjorie Even portant sur le journalisme franco-allemand comme modèle vers le journalisme européen…

Des limites d’un espace médiatique transeuropéen ne reposant pas sur une légitimité politique forte

A défaut d’une volonté des peuples européens et de leurs représentants de fonder une communauté de destin européenne pleinement souveraine, les médias transeuropéens seront toujours faibles… et l’Europe aura toujours la portion congrue dans les médias nationaux.

Pour les médias transeuropéens, la règle est somme toute assez cruelle : l’importance des publics est inversement proportionnelle au traitement de l’UE. Autrement dit, les médias transeuropéens de masse ne traitent quasiment pas de l’UE tandis que les médias les plus européens quant à leur couverture de l’UE s’adressent à un public de facto restreint.

Dans les médias nationaux, que l’on juge qu’il s’agisse d’un problème d’offre (les médias nationaux et les politiques ne savent pas vendre l’UE) ou de demande (les citoyens ne s’intéressent pas à l’UE), le résultat est pareil : les médias octroient à l’UE l’importance que les citoyens et les politiques lui donnent.

Tant que le lieu de légitimation du politique et la scène de compétition de la politique resteront nationaux, l’espace médiatique transeuropéen sera restreint, donc les médias transeuropéens seront exsangues.

Des bénéfices d’un espace médiatique franco-allemand reposant sur la légitimité politique du couple franco-allemand

Aussi perfectible que soit la volonté politique de rapprocher la France et l’Allemagne, cette légitimité permet à un espace médiatique franco-allemand d’émerger et à des médias franco-allemands de trouver leurs publics.

Le modèle franco-allemand, autant qu’on puisse s’en inspirer, offre une série de bénéfices qu’il convient néanmoins de modérer :

Certes la volonté politique fonde une nouvelle réalité institutionnelle franco-allemande qui s’impose, mais dans les sociétés, seule une minorité agissante y participe activement.

Quand bien même l’opinion publique dans son ensemble valide et légitime la construction franco-allemande, l’espace médiatique franco-allemand n’apparaît pas de lui même et s’autonomise avec difficultés.

Sur le chemin d’une médiatisation franco-allemande massive, les résultats – quoique meilleurs comparés aux médias transeuropéens, rapportés à l’échelle des 2 peuples – sont quand même modérés, qu’il s’agisse de l’audience d’Arte ou du lectorat du magazine Paris-Berlin.

Au total, le mémoire de Marjorie Even sur le journalisme franco-allemand, comme modèle vers un journalisme européen est à lire pour comprendre l’articulation entre volonté politique pour le franco-allemand (ou la construction européenne) et émergence d’un espace médiatique franco-allemand (ou transeuropéen) au sein desquels des médias peuvent enfin trouver leurs publics. Publics, néanmoins de plus en plus apathiques, ce qui n’est pas sans conséquence sur la crise de la presse ou celle de l’UE.

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