Archives annuelles : 2009

Panorama des chaînes d’information en Europe et des actions de l’UE pour communiquer dans les médias audiovisuels

A l’occasion du MIPCOM, le marché international des contenus audiovisuels, organisé à Cannes en octobre dernier, l’Observatoire européen de l’audiovisuel et la DG Communication de la Commission européenne ont présenté une analyse du développement des chaînes d’information en Europe, une occasion pour revenir sur les actions de l’UE pour communiquer dans les médias audiovisuels…

Panorama des chaînes d’information en Europe

Voici les principaux résultats issus de la base de données MAVISE gérée par l’observatoire européen de l’audiovisuel :

Forte diversité des canaux de diffusion avec 162 chaînes d’information – sans compter les 2.800 télévisions locales et régionales – disponibles en Europe :

  • 32 chaînes européennes à vocation explicitement internationale et distribuées dans plus d’une vingtaine de pays en Europe : CNN International, BBC World News, Euronews (8 versions linguistiques) et France 24 (3 langues) ;
  • 87 chaînes européennes à vocation essentiellement nationale mais présentes dans près d’une dizaine de pays en moyenne ;
  • 43 chaînes d’information établies hors de l’Europe mais disponibles dans au moins un pays européen.

Fort accroissement des capacités de distribution avec 50% des chaînes d’information ayant moins de 5 ans :

  • quasiment toutes les chaînes d’information sont disponibles dans le cadre des offres satellitaires, câbles ou sur les réseaux ADSL ;
  • seulement 7 chaînes d’information sont accessibles sur les réseaux terrestres analogiques ;
  • 16 chaînes d’information sont diffusées sur les différents réseaux numériques terrestres (TNT) ;
  • 8 chaînes d’information (toutes privées) sont spécialement conçues pour les appareils mobiles ;
  • quelques chaînes d’information ont lancé une application iPhone (BBC World News, Al Jazeera, Sky News, France 24, BFM TV,…).

Forte présence des chaînes d’information publiques : 33 chaînes parmi les 119 chaînes d’information européennes sont publiques, soit presque un tiers des chaînes alors que les chaînes publiques ne représentent que 5 % environ de l’ensemble des chaînes de télévision européennes tous genres confondus.

Forte diversité linguistique : 26 langues sont utilisées par les 119 chaînes d’information européennes. 6 langues dominent toutefois le paysage des chaînes d’information européennes : l’anglais (16 chaînes), l’italien, l’arabe et le turc (11 chaînes), l’allemand (10 chaînes), suivies du français (9 chaînes).

Fort accès aux chaînes d’information étrangères en France : avec la TV par l’ADSL, les Français disposent en moyenne d’une offre de 51 chaînes contre 21 chaînes d’information pour la moyenne européenne.

Panorama des actions de l’UE pour communiquer dans les médias audiovisuels

Parce que les Européens aimeraient être davantage informés sur l’UE par leurs chaînes de télévision, la DG Communication de la Commission a lancé en 2008 une « Stratégie audiovisuelle » visant à accroître la couverture des affaires européennes dans les médias audiovisuels.

Avril 2009 : la Commission européenne a lancé une nouvelle chaîne de télévision « EuroMed » pour « informer le grand public du partenariat euro-méditerranéen, faciliter la couverture et la diffusion de l’actualité euro-méditerranéenne, stimuler le dialogue, promouvoir la diversité culturelle et l’égalité entre les hommes et les femmes », selon Euractiv.

  • partiellement financée par la Commission à hauteur de 2,16 millions d’euros, l’équipe de production d’EuroMed News se compose d’équipes de France Télévision et de centaines de diffuseurs locaux ;
  • essentiellement diffusée sur les télévisions publiques des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient : 300 nouveaux sujets, 40 magazines de treize minutes et 9 documentaires de vingt-six minutes, seront produits jusqu’à février 2010.

1er semestre 2010 : la Commission européenne lancera un réseau de chaînes de télévision européennes pour couvrir plus largement les questions européennes. Doté d’un budget de 8 millions d’euros en 2009, le projet repose sur la production de produits audiovisuels d’information, les équipes de production disposant d’une charte d’autonomie éditoriale.

LIFE, L’Instrument Financier pour l’Environnement : comment l’évolution du programme consacre l’importance de la communication ?

Depuis 1992, LIFE – acronyme de L’Intervention Financière pour l’Environnement – est l’instrument de financement de l’Union européenne consacré aux projets environnementaux. Les évolutions successives du programme traduisent à chaque fois la place sans cesse plus importante accordée à la communication…

LIFE correspond à la mise en place de 3 programmes :

  • LIFE-Nature : finance le réseau Natura 2000 de sites écologiques européens ainsi que d’autres actions de préservation et d’étude de la biodiversité en Europe ;
  • LIFE-Environnement : finance des actions innovantes dans le domaine de l’environnement, comme la dépollution des eaux, le traitement des déchets…
  • LIFE-Pays Tiers : finance la mise en place dans les pays voisins de l’Union des structures nécessaires à l’essor de la conservation de la nature.

1er âge de la communication avec Life I (1992-1995) & II (1996-1999) : le programme communautaire est porté par quelques actions ponctuelles de communication

Aucune stratégie de communication à proprement parler ne se dégage à l’échelle du programme :

  • Certes quelques exceptions – comme les « LIFE Week » et « Green Week » – sont des occasions de communiquer sur le programme LIFE. Mais, la plupart du temps, les actions de communication sont scindées entre les trois volets de LIFE: LIFE-Nature, LIFE-Environnement et LIFE-Pays tiers.
  • Surtout, il existe dans les États bénéficiaires un foisonnement d’actions de communication menées directement par les porteurs de projet puisqu’environ 10% de leur financement doit être réservé à des actions de communication.

Selon le Rapport d’évaluation de la cohérence de LIFE II d’Arthur Andersen de juin 1998, la communication comporte plusieurs faiblesses.

Faiblesses de la communication au niveau national

  • L’insuffisance de la mise en réseau entre les bénéficiaires des différents Etats.
  • Le manque de dissémination des résultats auprès des publics cibles intéressés ou susceptibles de l’être.
  • Un déficit de communication auprès des autorités nationales.

Faiblesses de la communication au niveau européen

  • Un manque de communication auprès des autres services de la Commission européenne susceptibles d’intégrer les résultats de LIFE dans d’autres politiques communautaires.
  • Un problème de communication interne, avec un certain blocage « culturel » des unités thématiques plus intéressées par le développement des instruments législatifs que par des expériences de terrain.
  • Une démarche trop « individuelle » dans la gestion et dans la diffusion des résultats.

Ainsi, la communication des Life I& II se réduit à :

  • des actions communautaires pour informer les porteurs de projets potentiels ;
  • des actions nationales pour diffuser les résultats des bénéficiaires.

2e âge de la communication avec Life III (2000 -2004 puis 2006) : le programme communautaire est doté d’une stratégie de communication globale

L’unification des trois volets de LIFE (LIFE-Nature, LIFE-Environnement et LIFE-Pays tiers) au sein d’une même Unité le 1er février 2001 et la responsabilisation des Unités thématiques permettent d’envisager une communication globale qui faisait jusqu’à présent défaut.

Un objectif général de communication globale à LIFE est défini, i.e. mettre en avant la valeur ajoutée de l’intervention européenne pour en montrer la pertinence en termes d’appui, d’accompagnement et de mise en réseau des acteurs (« L’Europe/LIFE agit avec vous »).

Des objectifs opérationnels sont proposés :

  • mieux valoriser les résultats afin de favoriser le transfert des enseignements des projets vers d’autres utilisateurs ou d’autres politiques européennes ;
  • davantage impliquer les États bénéficiaires de LIFE en leur donnant un rôle actif dans l’amélioration de la communication sur LIFE ;
  • accroître la visibilité institutionnelle et générale de LIFE en donnant une image d’ensemble (« européanité », proximité et qualité de vie).

Des publics-cibles à partir desquels seront déclinées les différentes actions de communication sont identifiés :

  • des cibles « partenaires » : les bénéficiaires actuels des projets, les autres services de la Commission, les autres institutions de l’Union, dans les États bénéficiaires: les Ministères, services de l’Etat en régions, collectivités locales et régionales…
  • des cibles intermédiaires : les organismes relais (associations sectorielles, ONG, réseaux de collectivités, etc.), les médias spécialisés, professionnels ou grand public.
  • des cibles externes et partenaires potentiels : les bénéficiaires potentiels, les « utilisateurs » potentiels des résultats, les professionnels de l’environnement et le grand public.

Une typologie d’actions est prévue :

  • des « bonnes pratiques » de communication procédant d’une communication « interactive », elles n’exigent pas nécessairement d’engagement financier et relèvent essentiellement de l’action de l’Unité LIFE, des unités thématiques et des responsables de LIFE dans les Etats bénéficiaires. Il s’agit ici de progressivement changer les pratiques des membres de ces Unités et de les encourager à mieux communiquer.
  • des « produits » de communication, procédant d’une communication « instrumentale », ces actions représentent un engagement financier et sont plutôt du ressort des équipes externes de communication, sous le pilotage de l’Unité LIFE. Il s’agit ici de productions concrètes (site web, brochures, etc.), qui amélioreront la visibilité de LIFE.

Ainsi la stratégie de communication de Life III repose sur la conjugaison de l’Europe, de la proximité du citoyen et de la mise en réseau des acteurs de l’environnement afin de rapprocher LIFE du citoyen et d’exprimer le rôle de facilitation et d’accompagnement de LIFE tout au long de la mise en œuvre de l’action en faveur de l’environnement.

3e âge de la communication avec Life+ (2007 -2013) : le programme communautaire est composé d’un volet « Information et communication »

Avec le programme Life+, on assiste à une véritable consécration de la communication, qui devient une mission à part entière du financement communautaire en faveur de l’environnement.

LIFE+ est organisé en 3 nouveaux volets :

  • LIFE+ Nature et biodiversité : prolonge et complète l’ancien programme LIFE Nature contribuant à l’application des directives «Oiseaux» et «Habitats» et à l’animation du réseau Natura 2000 (au moins 50 % du budget) ;
  • LIFE+ Politique et gouvernance en matière d’environnement : prolonge et complète l’ancien programme LIFE Environnement avec une attention particulière pour le changement climatique, l’environnement, la santé et la qualité de vie, ainsi que les ressources naturelles et les déchets ;
  • LIFE+ Information et communication : nouveau volet pour cofinancer les projets relatifs à la diffusion des informations et aux campagnes de sensibilisation aux problèmes liés à l’environnement, à la protection de la nature et à la conservation de la biodiversité.

Ainsi, avec Life+ Information et communication, la place éminemment importante de la communication est reconnue pour :

  • Valoriser les acquis de LIFE en matière de gestion de l’environnement européen ;
  • Informer le citoyen/contribuable européen de la bonne utilisation des moyens financiers mis de la Commission
  • Justifier l’existence même de LIFE auprès du grand public.

Ouverture de l’Année européenne 2010 de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale

C’est avec une conférence : « La pauvreté, entre perceptions et réalités: le défi de la communication » que l’Année européenne 2010 s’est officiellement ouverte, le 29 octobre dernier à Bruxelles…

Pourquoi communiquer sur la pauvreté et l’exclusion sociale en Europe en 2010 ?

Comme nous l’analysions en décembre dernier « Les Années européennes sont-elles un outil de communication efficace ? », ces initiatives visant à faire évoluer les mentalités ou les comportements sur un thème sont :

  • des campagnes de sensibilisation relativement efficaces pour attirer l’attention des gouvernements nationaux sur un sujet de préoccupation ;
  • des actions d’information aux effets encore limités auprès du grand public ;
  • un outil de communication judicieux pour fédérer des réseaux de relais.

Aussi, « malgré une amélioration globale des conditions de vie en Europe au cours de ces dix dernières années, la pauvreté et l’exclusion sociale demeurent un sujet de préoccupation » justifiant d’encourager solidarité, égalité et tolérance, tout en luttant contre les stéréotypes et la stigmatisation :

  • 79 millions de personnes vivent en deçà du seuil de pauvreté, soit 16 % de la population européenne ;
  • 19% des enfants sont menacés de pauvreté, soit 19 millions d’enfants ;
  • 1 Européen sur 10 vit au sein d’un ménage où personne ne travaille.

Comment communiquer sur l’année européenne 2010 contre la pauvreté et l’exclusion sociale ?

D’abord, il s’agit de connaître l’état de l’opinion.

La Commission européenne publie donc un Eurobaromètre sur la pauvreté, l’exclusion sociale et sur la perception par les Européens des conséquences sociales de la crise : le phénomène : la pauvreté est répandue dans leur pays pour 3/4 des citoyens européens en moyenne ;

  • les causes : un taux de chômage élevé et une insuffisance des salaires et des traitements sont les explications «sociétales» pour la moitié des citoyens européens en moyenne. Quant à la 1e cause «personnelle», c’est le manque d’éducation, de formation ou de qualifications.
  • les victimes : les chômeurs représentent le groupe le plus exposé pour plus de la moitié des Européens, devant les personnes âgées, en emploi précaire; handicapées et souffrant d’une maladie de longue durée également parmi les plus vulnérables.
  • les effets : la pauvreté entrave l’accès à un logement décent pour près de neuf Européens sur dix et limite l’accès à l’enseignement supérieur ou à la formation pour adultes pour huit répondants sur dix
  • les mesures à prendre : les gouvernements nationaux doivent agir de toute urgence contre la pauvreté aux yeux de 89 % des Européens en moyenne. Si l’UE n’est pas la première instance dans la lutte contre la pauvreté, son rôle dans ce combat est néanmoins perçu comme important pour beaucoup. Le Fonds social européen représente 10 % du budget annuel de l’UE.

Ensuite, il convient de définir des objectifs.

La Commission européenne publie donc un document-cadre stratégique sur les priorités et les orientations pour les activités relatives à l’Année européenne 2010 :

  • Reconnaissance : reconnaître le droit fondamental des personnes en situation de pauvreté et d’exclusion sociale à vivre dans la dignité et à prendre une part active dans la société ;
  • Responsabilité partagée et participation : accroître l’adhésion du public aux politiques d’inclusion sociale, en soulignant la responsabilité collective et individuelle dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale et en favorisant l’engagement de tous ;
  • Cohésion : promouvoir une plus grande cohésion dans la société et faire en sorte que nul ne doute des avantages que comporte, pour tous, une société sans pauvreté ;
  • Engagement et action concrète : renouveler l’engagement de l’UE et des Etats membres de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale et y associer tous les niveaux.

Enfin, il faut déterminer dans le cadre d’un budget des actions ciblées s’inscrivant dans un planning.

Cibles :

  • grand public,
  • personnes confrontées à la pauvreté et à l’exclusion
  • autres groupes sociaux et institutions susceptibles d’orienter les politiques d’inclusion sociale ou d’avoir une influence sur ces politiques (par exemple: partenaires sociaux, décideurs politiques, autorités nationales, régionales et locales, chefs d’entreprise, employeurs, médias et organisations représentant la société civile).

Temps forts communautaires :

  • Conférence d’ouverture sous présidence espagnol (janvier 2010) ;
  • 9èmes rencontres européennes des personnes en situation de pauvreté (mai 2010) ;
  • 9ème Table ronde européenne sur la pauvreté et l’exclusion sociale (octobre 2010) ;
  • Conférence de clôture sous présidence belge fin 2010.

Budget :

  • Enveloppe totale de 17 millions d’euros affectée à l’Année européenne 2010 sur le budget de l’UE,
  • dont 9 millions au maximum consacrés à des activités dans les États membres.

Actions à l’échelle européenne :

  • Une campagne d’information et de sensibilisation ;
  • Un site Internet dédié à l’évènement : 2010againstpoverty.eu.

Quelle stratégie de communication pour la France ?

Selon le « Programme national de l’Année européenne 2010 de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale », la Direction générale de l’action sociale (DGAS) du Ministère du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville sera en charge du pilotage stratégique de l’année.

La stratégie de communication repose sur le message principal que « la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale est un élément essentiel de la cohésion sociale et du développement durable de notre société ».

Pour atteindre les objectifs de l’année et toucher ces publics, la communication en France se développera à 2 niveaux :

  • une communication événementielle et/ou médiatique assurant la visibilité de l’année européenne,
  • une communication pédagogique visant une prise de conscience sur le long terme.

La France s’associera aux manifestations organisées par la Commission européenne et les présidences espagnole et belge du Conseil de l’Union et organisera des temps forts durant l’année 2010 :

  • Cérémonie nationale d’ouverture de l’année (après le colloque d’ouverture européen) : poser le fil conducteur de l’année en France : la lutte contre la pauvreté est l’un des éléments essentiels d’une politique de cohésion sociale et de développement durable.
  • Trois séminaires nationaux décentralisés en région : illustrer le fil conducteur (exemple : mobilisation des entreprises en faveur des personnes éloignées de l’emploi, déclinaison territoriale des dispositifs d’accompagnement social et professionnel…).
  • Séminaires transfrontaliers ou inter Etats membres : en fonction des propositions des Etats partenaires intéressés par des projets communs.
  • Cérémonie de clôture nationale (avant le colloque de clôture européen) : tirer bilan des dispositifs, savoir-faire, comportements mis en place, transformés ou à pérennisés et recenser les préconisations remontées tout au long de l’année par l’ensemble des parties prenantes.

Le budget indicatif d’un montant de 1.5 million d’euros est financé à 50% par l’UE :

  • Cérémonie d’Ouverture : 80.000€
  • Cérémonie de Clôture : 80.000€
  • Séminaires nationaux décentralisés et/ou séminaires transfrontaliers : 350 000€

Si l’Année européenne 2010 s’inscrit dans les bonnes pratiques héritées des Années européennes précédentes :

  • stratégie de communication claire et cohérente pour des projets susceptibles de toucher un public au-delà des parties directement concernées ;
  • utilisation d’un logo unique à l’UE pour tous les projets, même ceux qui ne bénéficient pas du soutien financier au titre du budget national consacré à l’Année européenne ;
  • bon éventail de projets ayant un potentiel de diffusion élevé, avec des activités spécifiques, plutôt locales ;

alors l’Année européenne 2010 de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale devrait faire évoluer le traitement de la pauvreté dans les médias européens, ou encore la communication publique des Etats membres sur les politiques d’inclusion sociale.

Comment la communication européenne peut-elle répondre à la révolution du web social ?

La sortie de l’étude “E-Gov. 2.0: pave the way for e-Participation” (en anglais) invite à réfléchir aux conséquences de la révolution du web social sur la communication européenne…

Hier, le modèle OneToMany d’une communication européenne de l’offre

Le métier traditionnel de communicant repose sur la maîtrise d’une offre de contenus et l’utilisation de canaux de diffusion de l’information dans une logique top-down.

Sur le web, comme ailleurs, le pouvoir est complètement contrôlé par l’émetteur au détriment du récepteur, réduit à être la « cible ».

La problématique de la communication européenne consiste à assurer une visibilité (affichages, visites, trafics) aux institutions européennes sur le web.

Aujourd’hui, le modèle ManyToOne d’une communication européenne de la demande

Le métier actuel de communicant – comme nous le signalions dans un billet en avril dernier « Union européenne et Internet : pour la création de EU community managers » – repose sur l’interaction permanente entre les demandes des internautes-citoyens et les réponses apportées dans une logique bottom-up.

Autrement appelé « Media Social Manager », le communicant « va plus se consacrer à monitorer et suivre « l’e-réputation » de l’UE à travers les réseaux sociaux. Il ou elle cherchera aussi à les influencer pour que les « bons » messages de l’UE passent ».

Sur le web, plus qu’ailleurs, un rééquilibrage des pouvoirs s’établit, avec une relation plus égale entre l’émetteur et le récepteur.

La problématique de la communication européenne consiste à favoriser une participation occasionnelle de l’internaute en vue de nouer une relation régulière.

Demain, le modèle ManyToMany d’une communication européenne d’égal à égal

Le plein usage du web social rend obsolète le modèle de communication asymétrique reposant sur la distinction ordinaire entre émetteur et récepteur.

La nouvelle culture née du web social implique une révolution copernicienne du métier de communicant avec un renversement des pouvoirs, une rupture radicale marquée par le transfert d’autorité à l’internaute « de base », puisque les internautes – qu’ils soient experts ou simples utilisateurs – peuvent eux-mêmes, sur un pied d’égalité, devenir la source et reprendre le contrôle du flux des communications.

Dans le nouveau paysage de l’interactivité, chacun des processus de communication se déroule comme un dialogue dans lequel il est difficile de parvenir à une détermination précise de qui est l’expéditeur et qui le récepteur.

Vers un rôle de domination incontestée joué par l’utilisateur sur le Web

Avec le web social, l’utilisateur devient la référence ultime pour la fourniture d’un service en ligne :

  • choix par l’utilisateur de la pertinence via le nombre de liens, critère utilisé par Google pour créer la pertinence d’un site, via le « page rank » ;
  • choix par l’utilisateur de la réputation via la recommandation par un vote ou par des commentaires, critère utilisé par le site d’e-commerce e-Bay ou la librairie en ligne Amazon.

Preuve la plus éclatante de l’autorité de l’utilisateur final, l’implication dans la conception d’un service en ligne via la rétroaction continue d’utilisateurs qui peuvent tester et pointer toute amélioration à apporter.

En bref, le rôle prépondérant de l’utilisateur est le concept clé pour décrire les nouveaux scénarios inaugurée par le web social.

Comment la communication européenne peut-elle répondre à la révolution du web social ?

Alors que le web social inaugure une véritable libération numérique des individus, comment l’UE peut-elle bénéficier de cette dynamique ? Autrement dit, comment l’UE peut-elle garantir une participation plus active et plus éclairée des citoyens sur les enjeux européens ? En bref, comment l’UE peut-elle s’assurer une utilisation efficace des nouveaux médias ?

C’est à ces questions relatives aux nouvelles façons de participer à la vie publique sur le web que l’étude “E-Gov. 2.0: pave the way for e-Participation” (en anglais) tente de répondre à travers des propositions visant à « concevoir des outils ouverts et transparents nécessaires pour obtenir une implication accrue des citoyens dans les processus d’élaboration des politiques et la fourniture de services interactifs (e-government) ».

Quelle est le programme de travail de la Commission européenne en matière de communication en 2009 ?

La communication sur l’UE et de ses politiques est – selon « La politique de communication de la Commission européenne » – « l’une des priorités de la Commission européenne (…) pleinement intégrée dans l’ensemble de ses activités ».

Sur la base de la communication du 3 octobre 2007 « Communiquer en partenariat » et de la Déclaration politique du 22 octobre 2008, le Parlement européen, le Conseil et la Commission européenne ont défini des priorités de communication interinstitutionnelles pour 2009 :

  • les élections européennes 2009 ;
  • l’énergie et le changement climatique ;
  • le vingtième anniversaire du changement démocratique en Europe centrale et de l’Est ;
  • la croissance durable, l’emploi et la solidarité.

Ainsi, la DG COMM a défini dans son « Programme de travail pour 2009 » des objectifs généraux :

  • développer une stratégie fondée sur des priorités de communication en phase avec les préoccupations des citoyens ;
  • établir un partenariat entre les principaux acteurs de la communication en Europe pour une meilleure efficacité ;
  • développer une Sphère Publique Européenne pour favoriser le débat sur l’UE ;
  • renforcer l’offre de services afin d’optimiser la capacité et la qualité de la communication de la Commission.

Voici une présentation synthétique du programme de travail de la DG COMM :

ACTIONS MULTIMÉDIA

30 millions d’euros

Ces actions visent à assurer la visibilité des politiques et des décisions de la Commission via des produits audiovisuels d’information :

  • Euronews, programmes télévisés d’information sur l’UE ;
  • Euranet, réseau radio ;
  • Presseurop, site européen d’informations multilingues ;
  • un réseau européen de télévisions (en cours de finalisation).

INFORMATIONS DES MÉDIAS

6 millions d’euros

Ces actions visent à fournir aux publics cibles, essentiellement les médias et la presse, les outils leur permettant de mieux comprendre et de mieux répercuter l’actualité de l’UE :

  • multiplication des séminaires et formations pour journalistes, notamment les plus jeunes afin d’améliorer notamment la connaissance du traité de Lisbonne ;
  • intensification de la couverture audiovisuelle de l’actualité de l’UE et diversification de sa diffusion sur différentes plateformes ;
  • maximisation de la médiathèque : numérisation des archives audiovisuelles et mise à niveau des équipements et des services.

EXPLOITATION STUDIOS TV – EuropeBySatelitte

6 millions d’euros

Ces actions visent essentiellement à assurer l’exploitation des installations audiovisuelles de la Commission et la location du satellite permettant de mettre à disposition des chaînes de télévision des informations et des images sur les activités de l’UE.

RELAIS D’INFORMATION

14 millions d’euros

Ces actions couvrent

  • les relais d’information EUROPE DIRECT qui assurent une information décentralisée et de proximité en prenant en compte les particularités locales ;
  • les activités de coordination et de support des relais et réseaux d’information, notamment séminaires de formation, activités de promotion et fourniture de documentation.

ACTIONS LOCALES DE COMMUNICATION

10 millions d’euros

Ces actions couvrent la politique de communication décentralisée par l’intermédiaire des Représentations :

  • organisation de manifestations européennes locales : animations ludoéducatives à destination du grand public, association aux temps forts de la vie politique et culturelle nationale pour informer le citoyen au sujet des politiques européennes…
  • organisation de séminaires et de conférences : débats associant parlementaires, autorités nationales, régionales ou locales, représentants des médias ou multiplicateurs d’opinion…
  • organisation d’actions de communication directe avec des publics cibles spécifiques sur des thèmes précis.

Ces actions recouvrent également le développement des Espaces publics européens dans les capitales européennes et des centres d’information liés aux Représentations : les « Maisons de l’Europe », association qui regroupe les Bureaux d’information du Parlement européen et les Représentations de la Commission européenne. À titre indicatif, chaque EPS est financé à raison d’environ 200 000 euros.

ACTIONS SPÉCIFIQUES SUR DES THÈMES PRIORITAIRES

13 millions d’euros

Ces actions se focalisent sur la mise en œuvre et l’évaluation d’une politique d’information et de dialogue avec les citoyens européens :

  • actions de communication liées aux priorités de communication interinstitutionnelles ;
  • actions menées dans le cadre de partenariats de gestion avec les États membres.

ACTION PRÉPARATOIRE EUROGLOBE

1,5 million d’euros

Cette action préparatoire consiste en la promotion d’un espace public européen de débat, de culture et d’étude via des évènements à destination du grand public.

ANALYSE DE L’OPINION PUBLIQUE

6 millions d’euros

Ces actions couvrent l’analyse des tendances de l’opinion publique par les sondages Eurobaromètre : études génériques ou ad hoc sur des thématiques et/ou des populations spécifiques et analyses qualitatives.

OUTILS D’INFORMATION ET DE COMMUNICATION EN LIGNE

11 millions d’euros

Ces actions comprennent :

  • le fonctionnement du centre d’appel EUROPE DIRECT, accessible gratuitement à tout citoyen, qui fournit des informations en réponse à toute question relative à l’UE ;
  • le fonctionnement de la partie Commission du site Internet EUROPA et des sites des Représentations.

PUBLICATIONS ÉCRITES CIBLÉES

3 millions d’euros

Ces actions recouvrent la mise en œuvre et l’évaluation des publications locales effectuées par les Représentations.

PUBLICATIONS ÉCRITES D’UTILITÉ GÉNÉRALE

2 millions d’euros

Ces actions visent à financer des publications d’utilité générale destinées au grand public.