Au-delà du lobbying « grasstop » pratiqué par environ 3 000 groupes d’intérêts / 15 000 lobbyistes à Bruxelles qui mènent « toute activité qui vise à influer sur l’élaboration des politiques et les processus décisionnels des institutions publiques » selon la définition du Livre vert sur la transparence rédigé par le Commissaire européen Siim Kallas en mai 2006, se développe un lobbying « grasstop » viral, une sorte d’e-influence dans les réseaux sociaux… A travers les actions web en faveur de la parité dans les nominations au sein des institutions communautaires, quels constats peut-on tirer en matière de lobbying viral ?
Constat n°1 du lobbying viral : occuper le terrain
Occuper le terrain auprès des internautes passifs avec la sensibilisation de l’opinion sur la problématique de la parité dans les nominations aux principaux postes communautaires, permet de prendre à défaut le manque de communication de l’UE et de prendre en défaut l’UE par rapport à ses propres valeurs.
Occuper le terrain auprès des militants actifs avec la formation d’un réseau de bloggeurs-twitteurs-animateurs de communautés à la fois influenceurs et révélateurs, détenteurs d’un potentiel en termes de capacité à capter l’attention et à drainer de l’audience.
Constat n°2 du lobbying viral : animer les conversations
Face aux nombreuses techniques de persuasion rationnelle inopérantes dans le web social, le constat semble d’influencer en s’appuyant sur des logiques de reconnaissance et d’imitation : cf. les recherches sur les « stratégies d’influence conduites sur internet par le lobby anti-nucléaire en France » de Natacha Romma et Eric Boutin, de l’Université du Sud Toulon.
Animer les conversations par l’« influence spontanée » :
- permet de déclencher un résultat immédiat (de recommandation, de soutien) dans le sens de l’« influenceur » ;
- repose sur un style d’argumentation très simpliste éloigné des arguments d’autorité et des discours experts.
Animer les conversations par la « preuve sociale » :
- permet de faire accepter par les « influencés » comme vraie l’idée qui fait consensus ;
- s’appuye sur la confiance dans la fiabilité de l’UGC, user generated content.
Stratégie n°3 du lobbying viral : multiplier les contacts
Afin de sensibiliser sur la problématique spécifique de la parité tout en se faisant connaître comme une base de données informationnelle sur les Commissaires femmes actuelles et les candidates aux postes de responsabilité dans l’UE, le constat semble de créer un site communautaire qui présente des critères d’impartialité et de légitimité (morale et technique) sur le sujet choisi. La mise en ligne du site « Gender balanced Commission » correspond ainsi à une stratégie ditee du « site pot de miel ».
Ainsi, entre une forte pratique de présence massive des internautes dans les réseaux sociaux et une faible proactivité des acteurs communautaires (institutionnels ou individuels) dans ces mêmes réseaux, le lobbying viral semble faire beaucoup de bruit, mais pour quel impact réel ?