Déficit démocratique ou déficit symbolique de l’UE ?

Alors que l’Union européenne est encore régulièrement accusée d’un déficit démocratique instrumentalisé dans les années 1970s par le Parlement européen avant que les élections européennes soient instituées, la question n’est plus vraiment à l’ordre du jour pour les observateurs de bonne foi. En revanche, la carence symbolique européenne fait davantage de dégât, à suivre Pascal Lardellier avec « Sans rites fédérateurs, l’Europe peine à faire rêver »

Cruel déficit symbolique affectant l’Europe

Conscient du rôle des symboles en politique puisqu’« ils sont plus forts que ce qu’ils représentent », selon Claude Lévi-Strauss, il faut regarder l’Europe en invoquant rites, mythes et symboles politiques, autant d’éléments « substantiels à l’action collective et à la vie sociale, sans lesquels la politique se réduit à la délibération rationnelle, à l’application de procédures abstraites, à l’adhésion de principe à chartes et déclarations ». Bref, sans eux, le pouvoir est nu et sa légitimité fragile.

Pour Pascal Lardellier, la réponse est sans équivoque : « l’Europe n’a ni mythes ni rites fédérateurs capables de la constituer en corps politique homogène » (…) personne « sort du lot pour l’incarner avec charisme et s’élever au niveau de l’Histoire ? Quelle célébration sanctuarise l’Europe à l’échelle du Continent ? Quel acte fondateur constitue la « maison commune » que pourrait être l’Europe ? » Autant de questions non seulement sans réponse pour le moment mais qui ne semblent pas du tout être posées au sein des institutions européennes.

Autrement dit, la part de mystique dans le pouvoir, ayant pour fonction de mettre « le pouvoir sur scènes » selon Georges Balandier n’existe quasiment pas à l’échelle européenne, et c’est très problématique. Les rares « moments » vraiment européens correspondent aux réunions des Conseils européens, aux soirées électorales européennes, et encore ; et institutionnellement au discours annuel sur l’état de l’Union de la présidence de la Commission européenne au Parlement européen.

Des symboles politiques européens pour fédérer et enthousiasmer

Pour ce qui enthousiasme les Européens, il faut davantage regarder du côté des destinations touristiques, des championnats sportifs comme le football, voire du seul programme d’échanges universitaires Erasmus. Et ne parlons pas des symboles de l’UE en eux-mêmes, introduits officiellement dans le projet de Constitution pour l’Europe qui ont été en partie retirés du traité de Lisbonne pour ne pas froisser les susceptibilités.

Pour ce qui pourrait fédérer autour de l’Union européenne, Pascal Lardellier suggère « une vraie cérémonie supranationale qui donnerait à voir que l’Europe est supérieure à la somme de ses parties, des « grands-messes » tour à tour solennelles et festives qui pourraient rassembler celles et ceux composant le vieux Continent et transporter ses âmes ». Remarquons qu’il faut aujourd’hui beaucoup d’imagination et de bonne volonté pour se projeter, même si les succès nationaux en ce domaine s’européanisent naturellement comme la fête de la musique, la nuit des musées et tant d’autres nouveaux rendez-vous culturels et sociétaux.

Selon Pascal Lardellier, « en déshérence symbolique, l’Europe laisse les rites et les « effervescences collectives » au sport, à la consommation et à la religion (…) Elle est en quête d’un sens qui se met en scène et se dramatise, pour rassembler par-delà les différences ». Pourtant, une certaine européanité se vit dans les cafés, dans l’urbanité des villes, dans les plaisirs des campagnes…

Dernière remarque de Pascal Lardellier, « le pouvoir doit être incarné et solennel. Sans cette gravité, en souscrivant aux impératifs médiatiques du « jeunisme », de la « petite phrase », on joue le jeu des animateurs, des polémistes et des « influenceurs ». Ils ont leur public, mais leur temporalité est rarement celle de l’Histoire ». C’est bien là toute la difficulté de l’Europe, qui n’a pas vraiment envie de revenir dans l’histoire, de rentrer de nouveau dans le tragique des événements, même si sans exprimer de volonté de puissance il faut quand même une certaine autonomie pour au moins défendre ses positions et maîtriser son destin.

Comment réveiller avec les rites et les symboles la conscience d’un destin partagé et ranimer le « feu sacré » de tous ceux qui ont envie de « faire Europe » avec espoir ?

Choc des imaginaires apocalyptiques en Europe

Imaginaire écologiste cosmopolite contre imaginaire nationaliste nativiste, les tensions autour de la démographie sont à l’origine d’un nouveau choc Est-Ouest en Europe, selon Ivan Krastev dans « Démographie : le nouveau clivage » sur Le Grand Continent

Les prophéties de l’apocalypse démographique des sociétés occidentales

Pour Ivan Krastev, « la politique européenne post-Covid n’est plus structurée par l’opposition traditionnelle gauche-droite ; elle est désormais structurée par le choc entre deux imaginaires apocalyptiques » :

D’une part, l’imaginaire écologique, suscité par la perspective de la catastrophe environnementale à venir, donnant le sentiment que si nous ne faisons rien pour changer nos modes de vie et de production, il n’y aura plus de vie humaine sur Terre. L’imaginaire écologiste est un imaginaire cosmopolite, il part du principe que l’humanité ne pourra être sauvée que si nous agissons ensemble.

D’autre part, l’imaginaire démographique nationaliste, guidé par la peur que « mon peuple » disparaisse et que son mode de vie soit détruit. L’imaginaire démographique, quant à lui, est nativiste, il suppose que d’autres veulent nous remplacer et que nous devons les arrêter.

Tandis que les militants écologistes doutent de la moralité d’avoir des enfants dans un monde qui court à sa propre destruction, les nationalistes voient toute famille de moins de trois enfants comme une famille de « traîtres ». Mais les deux imaginaires traduisent un même sentiment d’extrême urgence. Militants écologistes et populistes nationalistes partagent en effet le sentiment qu’ils vivent les derniers jours d’un monde.

Le clivage culturel des imaginaires Est-Ouest en Europe

Pour Ivan Krastev, le vieux continent souffrirait d’une « boulimie démographique » – c’est-à-dire d’une panique suscitée par la crainte qu’« à la fois trop et trop peu de personnes puissent simultanément exister sur un même territoire » – trop d’entre eux et trop peu d’entre nous.

Du coup, la question principale de l’avenir de l’Union européenne se structure entre ceux qui veulent « sauver la vie » face à l’apocalypse écologique et ceux qui veulent « sauver notre mode de vie » face à l’apocalypse démographique.

Si l’imaginaire écologiste et l’imaginaire démographique sont présents dans toutes les sociétés européennes, c’est surtout le premier qui influence la politique dans les pays d’Europe de l’Ouest, et surtout le second qui influence la politique dans les pays d’Europe de l’Est.

Autrement dit, pour paraphraser la célèbre expression « les missiles sont à l’Est ; les pacifistes sont à l’Ouest », on pourrait dire « les illibéraux natalistes sont à l’Est ; les cosmopolitiques écologistes sont à l’Ouest ». Et ces deux imaginaires vont continuer de progresser dans les mentalités, plaçant l’Europe au cœur des attentes contradictoires.

Comment assurer un destin commun et un relatif consensus avec ce choc des imaginaires écologique et démographique qui risque de déchirer l’avenir de l’Europe ?

Programme culturel de la présidence française de l’Union européenne

Le 3e pilier de la présidence française de l’UE – le sentiment d’appartenance – justifie que la culture soit un « lien de cœur » entre la France et les autres Etats-membres. Quel est le programme culturel de la PFUE 2022, en particulier auprès des Européens ?

Un programme : Échanger – Créer – Partager et l’année européenne de la jeunesse

Décidément abonné aux triptyques, la signature de la saison culturelle vise à « échanger, créer et partager » tout en mettant en avant les jeunes afin d’offrir aux publics français et européen « une Europe culturelle pleine de diversité, riche de ses échanges et source d’une force de cohésion unique ». Rapide sélection de quelques événements au programme du semestre :

Une app de rencontre chorégraphique : Danse l’Europe !

Sans doute largement inspiré par le succès des challenges sur TikTok, une application permet à tous, amateurs de danse ou non, de se rassembler pour partager un instant dansé autour d’une chorégraphie ludique et joyeuse dans de multiples lieux culturels de différentes villes européennes, mais aussi à domicile, en entreprise, dans des écoles, seuls ou en groupe. Cette expérience artistique innovante propose à ceux qui le souhaitent d’envoyer une vidéo de leur interprétation sur la plateforme Numéridanse.

Une expo photo sur les Grilles du Jardin du Luxembourg : Traversées d’Europe

Une mise en perspective de projets transnationaux au long cours révèle un continent multiple, riche et en constante mutation, réaffirmant son ancrage européen. Créateur et organisateur du festival Circulation(s), unique festival français dédié à la scène émergente européenne, les curatrices du collectif explorent ce territoire pour repérer les nouveaux talents de la photographie contemporaine. Les six artistes exposés, émergents ou confirmés, portent un regard singulier sur l’Europe et en dressent une cartographie sensible et composite.

Une Nuit des idées à l’heure européenne

La Nuit des idées se déroulera le 27 janvier 2022 sur le thème (Re)construire ensemble autour de 3 volets : l’organisation de 26 Nuits des idées dans chaque pays membre de l’Union européenne ; la mise en place de dialogues entre de grandes figures intellectuelles au sein de l’Union européenne ; l’organisation, enfin, d’un forum de la jeunesse européenne au Collège de France afin de concevoir et porter des propositions pour l’avenir de l’Union européenne, fruits de leurs propres engagements et d’une collaboration avec des laboratoires d’idées français.

Un Grand Palais Ephémère : l’EuroFabrique, être Européen, ça signifie quoi aujourd’hui ?

La jeunesse européenne s’interroge autour de l’idée d’Europe et imagine son futur, dans un Grand Palais Ephémère transformé pour l’occasion en un vaste espace d’expérimentation, à la fois fabrique, laboratoire et assemblée. Pendant 4 jours, 400 étudiants d’écoles supérieures d’arts françaises et européennes de 14 pays, parlant 12 langues différentes se réuniront pour interroger et inventer des formes qui portent le continent qu’elles habitent. Appelés à penser l’Europe de demain, ils produiront à la fois des œuvres et des objets de communication pour faire exister l’Union européenne. Une école imaginée pour l’occasion rassemblera des étudiants et des artistes en exil. Par groupes, les étudiants prépareront et présenteront des projets qui questionneront les valeurs, les problèmes et les débats qui animent l’Europe d’aujourd’hui.

Un livre : Le Grand Tour – Autoportrait de l’Europe par ses écrivains

Le Grand Tour répond à la définition de l’Europe de Milan Kundera : un maximum de diversité dans un minimum d’espace. 27 écrivains, un par État membre, écrivent sur des lieux évocateurs de la culture et de l’histoire européennes. Les auteurs appartiennent à des générations et des mondes différents. C’est une anthologie cosmopolite, contre l’oubli et l’effacement, contre l’esprit du temps et qui se joue des frontières.

Des débats simultanés au menu des Cafés Europa 2022

La culture des cafés dans la modernité européenne et dans la construction de l’espace public européen est reconnu par George Steiner. Dans 26 cafés, un par pays de l’Union européenne hors France, des débats d’idées simultanés dans des cafés emblématiques de l’espace public européen, organisés en collaboration avec des écoles de journalisme . L’opération célèbrera et s’efforcera de construire un récit européen à partir d’une expérience historique et culturelle partagée par l’ensemble des pays. Les débats porteront sur les moyens de renforcer l’indépendance de la presse, son rôle face à la prolifération de fausses nouvelles et l’évolution des métiers de presse à l’ère numérique.

L’Europe en BD

Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères accueillera une exposition BD sur les grilles de l’hôtel du Ministre au Quai d’Orsay sur l’histoire européenne. Cette exposition a pour objectif d’illustrer la construction européenne en bulles, afin de réunir des publics de tous les âges sur les grands moments fondateurs de notre histoire commune.

Monumental Tour Concert

Le Monumental Tour sera le théâtre d’un ambitieux dialogue entre patrimoine et création contemporaine. Des monuments patrimoniaux et emblématiques français seront à l’honneur dans le cadre d’une scénographie mêlant musique électronique, projections vidéo et mise en lumière également retransmis en direct sur Internet.

Une Micro-Folie à l’heure européenne

Une sélection de chefs-d’œuvre des musées et institutions culturelles des États membres ouverte aux États membres via une « Micro-Folie » permettant de découvrir les trésors culturels  : beaux-arts, architecture, cultures scientifiques, spectacle vivant. Ces véritables musées numérisés et gratuits s’adressent à tous les publics et peuvent s’installer partout.

Communication européenne : quelles priorités stratégiques pour 2022 ?

Face aux enjeux tant de nouer de nouvelles relations des citoyens avec l’Europe, de déployer des dispositifs de socialisation ou encore de relayer des messages pour canaliser les opinions, la communication européenne doit se déployer autour d’un programme visant à conforter l’imaginaire européen et ses répercussions sur les représentations symbolique et politique ?

Développer le sentiment d’appartenance à la communauté européenne

Avec pour priorité de construire un sens du collectif européen, la communication européenne doit à la fois viser à rechercher comme toujours les bienfaits et les bénéfices de l’Union européenne connectés à la vie quotidienne ainsi que lutter contre l’indifférence, la mal-information et le déni ou l’oubli de la construction européenne.

Ce qui structure le sentiment d’appartenance à l’Union européenne relève de l’imaginaire collectif, l’engagement citoyen se relie à la participation et aux formes d’expression du peuple européen, dans une bonne équation entre raison et passion.

Regagner la confiance et la légitimité du système européen

Afin de développer des opportunités d’engagement, les actions doivent passer par la proximité sur le terrain avec des modalités visant à rendre concrètement accessible la participation et la formulation de tous les citoyens. La conférence sur l’avenir de l’Europe est le fil rouge de l’année, en particulier les recommandations conclusives des citoyens.

Ce qui conditionne la confiance dans l’Union européenne, c’est sa capacité à donner des « capabilités » aux citoyens européens dans une logique d’empowerment pour leur permettre d’être chacun acteur de la construction européenne dès aujourd’hui et pour demain.

Renforcer la communication stratégique autour de l’unité européenne

En vue de capitaliser sur les leviers d’adhésion à l’idée de l’Union européenne, la stratégie de communication doit se concentrer sur trois priorités :

1. Le discours de l’unité

Des repères sur tous les leviers de convergence, y compris le territoire européen, beaucoup plus présent dans les imaginaires, pour conforter une représentation collective européenne à l’échelle continentale afin de ne pas sombrer dans les propos peu projectif pour les collectifs sur l’autonomie, voire la souveraineté européenne.

Des faits sur les compétences exclusives ou partagées de l’Union européenne afin de réduire le décalage de perception et de montrer l’adéquation avec les attentes globales sur la régulation climatique, numérique, industrielle…

2. La participation

Des arguments sur tous les leviers du droit, y compris son universalité, beaucoup challengé, afin de ne pas flancher face aux revendications politiques de « droits culturels » différentiels : considérant l’égalité de droit, une force à défendre pour protéger l’état de droit fragilisé ou encore la justice fiscale, une faiblesse à corriger pour défendre une société plus solidaire, équitable et juste.

3. Le récit européen

Chaque prise de parole doit être une occasion de réinscrire l’actualité dans l’histoire, les gestes dans la mémoire ainsi qu’une clarification de la formulation des valeurs européennes, sans oublier de développer des rituels européens, des moments spécifiquement européens qui renforcent l’alignement entre l’énonciation des principes et leur mise en application.

Au total, la stratégie de communication européenne doit viser à imaginer de nouvelles médiations pour installer de nouveaux repères, voire de nouveaux réflexes européens afin de renforcer l’adhésion à l’unité.

Le moment de la Conférence sur l’avenir de l’Europe : la puissance citoyenne ?

Contribution décisive « L’Europe Puissance Citoyenne » à la Revue européenne du droit du groupe d’études géopolitiques d’Alberto Alemanno sur « le « moment Conférence sur l’avenir de l’Europe » vécu comme une macro-expérimentation de l’assemblée citoyenne en tant que telle, qui se tient au sein de l’expérimentation plus large qu’est la Conférence sur l’avenir de l’Europe, elle-même au sein de l’expérimentation plus large qu’est l’Union européenne ». De fait, la conversation pan-européenne de citoyen à citoyen développe un sentiment d’autodétermination ouverte à un nouvel écosystème démocratique expérimental s’enrichissant des préférences transnationales « du bas »…

Le moment de la participation citoyenne au-delà du vote : vers une Assemblée des citoyens européens permanente ?

Avec l’expérimentation de la Conférence sur l’avenir de l’Europe et ses panels participatifs, « les citoyens sont devenus les auteurs de leur histoire délibérative, se donnant le droit de commander un suivi continu, pour finalement intégrer le mini-public délibératif dans le processus décisionnel quotidien de l’UE ». Sommes-nous en train d’envisager que la plénière conclusive à venir se transformera en assemblée constituante de l’Europe ?

D’ores et déjà, l’expérimentation a permis d’« aider à tirer parti de l’intelligence collective de la société civile formelle et informelle pour prévoir les questions émergentes et aborder les compromis difficiles entre gagnants et perdants, le court et le long terme ou les préoccupations rurales et urbaines ». Bref, la mobilisation participative des citoyens permet non seulement de traiter différemment les problématiques européennes mais d’y apporter aussi des réponses différentes.

Le moment d’un espace public véritablement transnational, paneuropéen et surtout inclusif ?

Malgré tout enthousiasme, « ce serait faire preuve d’un solutionnisme politique naïf que de s’attendre à ce que cette initiative ad hoc, même si elle sera institutionnalisée, puisse à elle seule résoudre le malaise démocratique de l’UE. Il n’y a pas de solution miracle à son déficit démocratique ». Aucune ingénierie démocratique, y compris technologiques, ne résorbera les problèmes européens comme par magie.

Mais, les citoyens européens, dans des conditions pas encore exemplaires, parviennent à formuler des recommandations qui contribueraient à faire avancer le progrès démocratique de l’Europe :

  • La nécessité d’une européanisation de la compétition politique électorale pour le Parlement européen ;
  • La création d’un habitus démocratique européen, grâce à une plus grande intelligibilité, un meilleur accès et une meilleure éducation à la vie démocratique de l’Union ;
  • Une préoccupation sous-jacente pour un système socio-économique inclusif tant des préoccupations de la vie quotidienne que globales pour le long terme, notamment l’équité intergénérationnelle et la biodiversité.

Le moment d’un panoptique démocratique pour une plus grande responsabilité des politiques sous le regard des citoyens ?

Lors des panels de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, les citoyens se sont bel et bien saisi du pouvoir subversif de la transparence et de la responsabilité que les citoyens : « l’autodétermination démocratique commence par la responsabilisation du pouvoir, fondement du renouveau démocratique dans l’UE ». Reste à savoir comment mettre en œuvre ce principe démocratique.

« Notre nouvelle ère démocratique appelle à une participation citoyenne permanente, oui, mais seulement par certaines personnes, certaines fois, sur certaines questions. Permanente dans son effet, intermittente dans sa pratique. »

L’idée développée par les auteurs « pour modifier notre scénario démocratique, il faut trouver des moyens de faire de la participation un habitus civique : une culture de citoyens qui s’engagent dans les formes de pouvoir politique qui envahissent nos vies ». Ce renversement du panoptique au profit de la société reste encore assez théorique.

Au total, l’incertitude radicale que le progrès démocratique peut insuffler au projet européen via la leçon des assemblées de citoyens transnationales naissantes, c’est que les citoyens sont prêts à récupérer une partie du pouvoir constituant afin de fonder une nouvelle Europe Puissance Citoyenne sur la scène mondiale.