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Panorama des journalistes accrédités auprès des institutions de l’Union européenne

Les journalistes accrédités auprès de la Commission européenne, et les types de médias représentés, fournissent des informations très utiles sur la façon dont les médias couvrent l’Union européenne à partir de Bruxelles. Au fur et à mesure que le nombre de membres et le pouvoir de l’Union européenne ont augmenté, la taille du « corps de presse bruxellois » a également augmenté, mais que disent les derniers chiffres

Évolutions historiques des journalistes accrédités auprès de la Commission européenne

En 1976, alors que la Communauté économique européenne de l’époque comptait neuf membres, seuls 259 journalistes étaient accrédités auprès des institutions européennes. Le nombre de journalistes accrédités auprès de la Commission européenne a connu son pic en 2018 avec 1 031 journalistes. En septembre 2020, 899 journalistes étaient accrédités auprès de la Commission européenne. Tous ces chiffres représentent les accréditations annuelles, mais n’incluent pas les accréditations temporaires ou événementielles.

Pourquoi cette stabilisation du nombre de correspondants de presse à Bruxelles ?

  1. Les salles de rédaction à travers l’Europe – d’où viennent la plupart des correspondants basés à Bruxelles – ont licencié du personnel depuis le milieu des années 1990 en raison de la crise économique, de la baisse des sources de revenus et des coûts de maintenance des bureaux coûteux à l’étranger.
  2. Le nombre de correspondants étrangers diminue parce que le temps consacré par les médias traditionnels à l’information internationale a diminué.
  3. De nombreux journalistes d’Europe centrale et orientale venus à Bruxelles pour couvrir l’adhésion de leur pays à l’UE sont rentrés chez eux après l’adhésion de leur pays.

Tendances récentes des journalistes accrédités auprès de la Commission européenne

Chiffres clés : En septembre 2020, 189 de ces 899 journalistes, soit 21 % de tous les représentants des médias, travaillent pour des agences de presse. Les journalistes des agences de presse font majoritairement partie du personnel (160 journalistes), tandis que seulement 29 (15 %) sont des pigistes.

Déclin presse écrite : Depuis 2004, il y a eu un léger déplacement des journalistes de la presse écrite vers les médias en ligne, les agences de presse et les médias audiovisuels (radio et télévision). En 2005, près de la moitié des journalistes accrédités à Bruxelles travaillaient dans la presse écrite. En mai 2012, un peu plus de 40 %, et ce chiffre est tombé à 26 % en octobre 2015.

Stabilisation des agences de presse : La part des journalistes d’agences de presse a légèrement diminué au cours de la dernière décennie. En 2012, 26 % des journalistes accrédités travaillaient pour des agences de presse. Ce chiffre est tombé à 21 % à la fin de 2015 et reste à ce niveau en 2020. Les agences de presse de six pays européens (le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, la Belgique, l’Italie et l’Espagne) dominent ouvertement le secteur, puisque chacun d’eux compte plus de dix journalistes et qu’ensemble, ils représentent 76 % des effectifs des agences de presse à Bruxelles, avec 116 journalistes accrédités en permanence.

Médias accrédités principalement de pays européens et membres de l’UE : Sur l’ensemble des journalistes accrédités, 609, soit 68 %, travaillent pour des médias de 34 pays membres, candidats ou candidats potentiels à l’Union européenne.

Déficit des pays candidats et candidats potentiels : Dix pays figurant sur la liste des pays membres, candidats ou candidats potentiels n’ont pas de journalistes d’agence de presse couvrant l’Union européenne à Bruxelles, et 13 n’ont qu’un seul journaliste d’agence de presse accrédité auprès de la Commission européenne.

Focus sur les agences de presse d’Europe Ouest et Est dans les institutions de l’UE

Un premier groupe « UE-Ouest » constitué des États qui ont rejoint l’UE avant ou au cours de l’élargissement de 1995 comprend 14 agences de presse tandis qu’un deuxième groupe « UE Est » composé d’agences de pays qui ont rejoint l’UE entre 2004 et 2013 ainsi que de pays candidats et de pays candidats potentiels contient des agences de 20 pays. Les États qui ne sont pas membres de l’UE – comme la Norvège, la Suisse ou encore le Royaume-Uni – sont exclus des comparaisons exhaustives entre les « anciens » et les « nouveaux » États membres ou pays candidats.

La sortie du Royaume-Uni de l’adhésion à l’UE est un événement important pour la couverture des affaires européennes puisqu’il y reste actuellement 138 journalistes de médias britanniques accrédités auprès de la Commission européenne. C’est plus que tout autre pays, même l’Allemagne (96) et la France (99), bien que ces deux pays aient une population plus importante que le Royaume-Uni. Il existe plusieurs médias importants sur les affaires européennes qui sont enregistrés au Royaume-Uni, comme le Financial Times, Euractiv et MLex. D’un autre côté, Euronews est enregistré à Lyon, en France, dynamisant les chiffres français, tandis que Politico Europe dynamise ceux de la Belgique.

Les agences de presse des pays membres de l’UE-Ouest dominent les ressources pour couvrir l’Union européenne lorsque le nombre de journalistes accrédités auprès de la Commission européenne est pris en considération. 531 journalistes couvrant l’UE sont originaires de ces 14 pays. En revanche, seuls 75 journalistes travaillent pour les 20 autres pays européens, composés de 13 membres qui ont rejoint l’UE avec l’élargissement, et de 7 pays candidats.

En plus de tous les journalistes, les membres des médias travaillant pour les agences de presse dans les pays de l’UE-Ouest (100) sont quatre fois plus nombreux que ceux des pays de l’UE-Est (21). Deux pays du groupe UE-Ouest n’ont pas de journaliste accrédité travaillant pour une agence de presse à Bruxelles, tandis que 8 des 20 pays du groupe UE-Est n’ont pas d’agence de presse à Bruxelles. Huit autres pays sur 20 n’ont qu’un seul journaliste accrédité contribuant pour une agence de presse.

Pourquoi ce déficit du nombre de correspondants de presse à Bruxelles par leurs agences de presse du groupe UE-Est ?

Petite taille du paysage médiatique dans les pays concernés, dépendance vis-à-vis des agences de presse internationales, réduisant le rôle des services d’information générale des agences nationales, et perte de revenus de leurs médias d’information en raison de bouleversement numérique.

Quelles conséquences sur l’information européenne ?

Outre le fait que les agences de presse nationales du groupe UE-Est ont des capacités et des ressources limitées pour couvrir Bruxelles, le nombre de journalistes accrédités auprès de l’UE travaillant pour tous les types de médias (74 journalistes y compris ceux des agences de presse) est très faible dans ces pays par rapport au groupe UE-Ouest (531). Cela signifie que les habitants de ces pays ont peu de sources d’informations et de points de vue sur les affaires européennes, car leurs médias nationaux n’emploient pratiquement aucun journaliste pour couvrir Bruxelles. L’un des 20 pays n’a même pas un seul reporter à Bruxelles. 2 autres de ces pays n’ont qu’un seul journaliste accrédité couvrant l’UE. 14 de ces 20 pays n’ont pas plus de trois journalistes accrédités auprès de la Commission européenne.

Alors, quelles peuvent être les solutions pour compenser le déficit de correspondants à Bruxelles travaillant dans des agences de presse issus d’États-membres et candidats de l’Europe Centrale et Orientale ?

Comment vraiment intéresser les Français à l’Europe ?

C’est la mission – ambitieuse – du projet « Listen To Europe » qui vise à construire des campagnes de communication ciblées et innovantes basées sur l’analyse de données (sondages d’opinion) et de conversations et récits (posts Facebook) concernant la démocratie, la participation et l’UE. La méthodologie repose d’une part, sur l’exploitation de données fiables pour segmenter les publics cibles et l’identification d’un public susceptible de bouger sur ses lignes et d’autre part, la construction des bons messages, qui amènent plus de gens dans la conversation…

Mais en fait, les Français se sentent-ils concernés par la démocratie ?

Avant tout, il s’agit de connaître et de comprendre comment les citoyens français se positionnent par rapport à l’enjeu le plus général de la démocratie, et de leur soutien à un système démocratique pour gouverner leur pays.

38% des Français soutiennent toujours la démocratie dans leur pays ; un résultat – disons décevant – qui n’est malheureusement pas majoritaire contrairement à l’Allemagne (56%) mais qui n’est pas aussi catastrophique qu’en Pologne (19%) ou en Hongrie (16%). Il s’agit du socle potentiel maximal sur lequel il pourrait être possible d’intéresser à l’Europe, encore faut-il savoir quelles sont les opinions des Français à ce sujet.

Mais en vrai, quelles sont attitudes des Français vis-à-vis de l’Europe ?

A partir d’une analyse plus fine des grandes orientations politiques des Français sur la base de positionnement relatif à des thématiques, des comportements et des idéologies, se dessinent une segmentation spécifique à l’Europe.

27% des Français peuvent être considéré appartenir à la catégorie des « Modérés », susceptible d’être réceptifs et persuadable tandis que le premier segment correspond aux « Sceptiques » qui risquent de ne même pas recevoir les messages européens tandis que le reste se répartit entre les « Enthousiastes » et les « Ambivalents ».

Mais en clair, comment s’adresser aux Français pour leur parler d’Europe ?

Selon les sujets, plusieurs partis pris peuvent permettre de trouver les bons cadrages pour s’adresser aux Français sur l’Europe, grâce à l’analyse des récits et conversations :

  • Identity : mieux vaut mettre la France en premier, l’Europe en second ;
  • Emotion : mieux vaut mettre l’espoir pour un meilleur futur en avant ;
  • Place : mieux vaut miser sur la fierté nationale ;
  • Outlook : mieux vaut viser l’alignement entre valeurs et actions afin d’éviter les radicalités, le retour au passé ou le statu quo ;
  • Goal : mieux vaut valoriser la réduction des inégalités économiques, et la solidarité autour de points forts comme les droits de l’homme, l’égalité et donc l’Europe ;

La participation à l’Europe bénéficie à l’amélioration de l’économie, au soutien aux valeurs comme la tolérance et le respect des droits de l’homme à la condition de reconnaître que l’Europe est un projet en construction « work-in-progress ».

Mais en bref, comment communiquer sur l’Europe en France ?

Les messages sont plus susceptibles d’engager et de motiver un public modéré s’ils sont d’abord perçus comme authentiques et guidés par des valeurs et créés pour les gens, pas pour les militants.

Concrètement, il faut viser l’authenticité, pas le marketing qui est souvent rejeté comme manipulateur. De même, il faut privilégier des vraies personnes, pas des acteurs ou des séquences d’archives et de plans d’habillage.

Ensuite, les messages doivent être travaillés sous l’angle de l’histoire, du narratif racontés pour donner envie de suivre et d’en savoir davantage. De même, les messages doivent offrir des solutions, des actions simples que quelqu’un peut faire en faisant appel au bon sens.

Enfin, les messages doivent être pleins d’espoir, concentrés sur l’avenir (pas sur les torts passés et les reproches), parler d’ouverture au changement des traditions, mais sans changement radical en vue d’une réduction des inégalités économiques, pour une France plus juste et tolérante au sein et avec l’Europe.

Comment aller au-delà des audiences captives sur l’Europe ?

Et si nous pouvions améliorer la façon dont nous communiquons sur l’Europe afin d’engager différemment une variété de publics différents, sur la base d’une meilleure connaissance des attitudes des Européens et de leurs réflexions sur les enjeux contemporains…

Une méthodologie éprouvée mise en œuvre pour l’Europe : de l’écoute, à l’apprentissage et à l’engagement actif

Parce que dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, les gens se socialisent dans les espaces numériques, le projet « Listen to Europe » lancé en 2019 avant les élections européennes vise à apprendre comment améliorer l’efficacité des campagnes de communication au-delà des bases existantes en reposant sur une démarche rigoureuse :

  • Évaluer ce que nos concitoyens pensent de la démocratie en général mais aussi leur position sur certaines questions plus spécifiques ;
  • Tester des récits et développer des messages pour atteindre et convaincre au-delà du public habituel européen ;
  • Lancer des campagnes ciblées, informées et interactives qui permettent l’engagement actif des citoyens, en particulier ceux qui ne le sont pas.

Face aux défis de l’agenda de l’UE (relance européenne, démocratie européenne, avenir de l’Europe), mais aussi de la lutte contre la désinformation et du nécessaire réengagement civique, en particulier en ligne, tout en favorisant un débat européen démocratique et informé, la clé réside dans la façon dont on communique avec une variété de publics différents en dehors des supporters, à savoir viser à atteindre les citoyens généralement ignorés mais intéressés par l’UE.

Une compréhension des comportements et des attitudes des citoyens ignorés mais intéressés par l’UE à l’égard des problèmes importants de notre époque

Le point de départ de toute démarche de communication consiste à savoir qui est notre public, ce qui l’intéresse, où aller pour se connecter avec lui et quel type de message résonnera auprès de lui. Plus facile à dire qu’à faire, surtout à grande échelle.

Le projet « Listen To Europe » combine données de sondage d’opinion classiques, recherche via des groupes de discussion, écoute des médias et tests de campagne afin de structurer ces données autour de segments basés sur les attitudes envers la démocratie, l’UE et plusieurs autres valeurs et attitudes fondamentales.

Avec cette méthode, l’audience peut être structurée, sous l’angle de la communication européenne, selon :

1. Public enthousiaste de partisans et supporters : aime la démocratie et l’UE, ainsi que la diversité, l’égalité, la protection de l’environnement, la solidarité et la coopération internationales, autant de sujets perçus comme des problèmes prioritaires ;

2. Public modéré de personnes susceptibles de bouger : peut être persuadé d’aimer la démocratie et l’UE, même si ce n’est pas une priorité, car ils sont occupés par leur vie quotidienne, travail et famille. Cependant, certains problèmes peuvent les déclencher dans les deux sens.

3. Public ambivalent : plus sceptique à l’égard de la démocratie et de l’UE, mais comme les modérés, ils sont occupés par leur vie quotidienne, ce n’est donc pas leur priorité. Cependant, certains problèmes peuvent les déclencher dans les deux sens.

4. Public d’opposition : n’aime pas la démocratie ou l’UE, et travaille activement contre la plupart des choses pour lesquelles un enthousiaste travaille. Ils ont tendance à être autoritaires, favorisent les dirigeants « forts » et détestent généralement les immigrés et les droits des femmes, en particulier. C’est généralement de là que provient la désinformation, et ils sont souvent très organisés dans leurs actions de désinformation, car ils tentent d’influencer négativement les récits publics.

Une interprétation des potentiels points de résonnance qui mobilisent autour de la cause européenne

À partir de cette large catégorisation, des publics cibles plus décomposés par thématique peuvent servir de point d’ancrage dans la façon d’aborder et de concevoir des groupes de publics particuliers cohérents. Reste à savoir comment les approcher.

La clé pour interpréter les positionnements d’opinion sur l’Europe consiste, de manière schématique à comparer Enthusiasts Vs Sceptics afin de définir la taille de notre base de supporters par rapport à celle de nos adversaires, puis Moderates Vs Ambivalents, afin d’indiquer avec quelle « facilité » on peut persuader un public moyen plus large de soutenir notre cause.

Ces premiers segments peuvent et doivent être décomposés encore plus selon différents thèmes pour être appliqués dans une campagne de communication au jour le jour.

Une communication européenne au-delà de sa base saisissant des opportunités dans l’opinion afin de proposer des modalités d’implication

A partir des actions de communication d’ores et déjà réalisées, plusieurs conseils se dessinent pour les professionnels :

N’utilisez pas de visuels de démonstrations si vous souhaitez attirer un public moyen, en particulier s’ils peuvent être interprétés comme potentiellement agressifs ou perturbateurs de la vie quotidienne. C’est une réaction qui revient maintes et maintes fois dans notre groupe de discussion – même parmi les enthousiastes.

L’authenticité est la clé. Le contenu trop « élégant » est sous-performant au-delà de la base. Il peut apparaître comme un contenu manipulateur et plus politique. Le but est de le raffiner au maximum avec de vraies personnes et des expériences réelles, bien mieux testées.

Ne vous engagez pas directement dans la désinformation. S’engager avec ce contenu ne fait que renforcer sa portée. Plutôt que de vous engager directement dans la désinformation, concentrez-vous sur la publication de vos récits les plus convaincants pour votre sous-audience.

La formulation est importante. Des termes tels que « justice climatique » ou « transition juste » ont l’effet inverse de persuader le public moyen. En fait, les gens les trouvent déroutantes. Parlez-en plutôt en termes plus spécifiques, comme « Comment l’innovation allemande peut aider à résoudre la crise climatique » ou « Quand les forêts vont bien, nous nous faisons bien ».

Il y a une ligne fine entre motivation et apathie. Par exemple, si vous souhaitez mobiliser des actions contre la corruption, ne parlez pas de la corruption comme d’un problème systémique, même si c’est le cas. Il est préférable de l’attacher à des personnes ou à des événements spécifiques. Cela est moins susceptible de submerger les publics intermédiaires et en fin de compte, d’inspirer l’inaction, au lieu de les motiver et de les mobiliser.

Que faut-il surtout retenir pour mobiliser sur l’Europe ? En tant que communicant, vous devez coder ce que vous voulez dire, dans le contexte de ce que votre public peut entendre ou auquel il peut s’identifier.

Perception des Européens de leur habitudes médiatiques des médias traditionnels et en ligne

La perception que les citoyens ont de l’Union européenne est influencée par ce qu’ils voient, entendent et lisent dans divers médias, un Eurobaromètre Flash fournit des insights sur les usages médiatiques des Européens…

Sensibilisation à l’information européenne : des biais sociologiques persistants

72% des personnes interrogées répondent qu’elles ont récemment lu, vu ou entendu quelque chose sur l’Union européenne, que ce soit dans la presse, sur Internet, à la télévision ou à la radio.

Les résultats socio-démographiques indiquent que :

  • Les proportions ayant lu, vu ou entendu quelque chose augmentent avec l’âge, passant de 67 % des 15-24 ans à 75 % des 55 ans et plus pour l’actualité de l’Union européenne
  • Les hommes sont plus susceptibles que les femmes de dire qu’ils ont récemment lu, vu ou entendu quelque chose à propos de l’Union européenne (78 % contre 66 %, respectivement)
  • Les répondants les plus instruits sont plus susceptibles de dire qu’ils ont lu, vu ou entendu quelque chose récemment sur l’Union européenne (77 % des personnes les plus instruites contre 64 % des moins instruites)

Habitudes médiatiques entre médias traditionnels, médias en ligne et médias sociaux

La télévision domine comme première source d’information (75%), en particulier pour les plus de 54 ans (85% accèdent à l’information via la télévision). Viennent ensuite les plateformes d’information en ligne (43%), puis la radio (39%), puis les plateformes de médias sociaux et les blogs (26%). La presse écrite arrive en cinquième position (21%). Les répondants plus jeunes sont beaucoup plus susceptibles que les répondants plus âgés d’utiliser les plateformes de médias sociaux et les blogs pour accéder aux actualités (46 % des 15-24 ans contre 15 % des 55 ans et plus).

Bien que les sources d’information traditionnelles – en particulier la télévision – soient importantes, 88 % des répondants obtiennent au moins quelques nouvelles en ligne via leur smartphone, ordinateur ou ordinateur portable (vs 10 % qui n’accèdent jamais aux actualités en ligne). 43 % des répondants utilisent le site web de la source d’information pour accéder aux actualités en ligne, et 31 % lisent des articles ou des publications qui apparaissent sur leurs réseaux sociaux en ligne. Cette dernière réponse est retenue par 43 % des 15-24 ans (vs 24% des 55+ répondants).

Parmi ceux qui accèdent aux actualités en ligne, 70 % n’utilisent que des contenus d’actualités gratuits ou des services d’actualités en ligne. Parmi ceux qui accèdent aux actualités en ligne, ce qui les rend susceptibles d’ouvrir un article, c’est un titre correspondant à leurs centres d’intérêt pour 54 % et 37 % qu’il est important qu’ils fassent confiance à la publication du média.

Il existe des différences d’utilisation des médias entre les groupes sociodémographiques :

  • Les répondants plus jeunes sont beaucoup plus susceptibles d’utiliser les plateformes de médias sociaux et les blogs (46 % des 15-24 ans contre 15 % des 55 ans et plus) ;
  • Mais ils sont également plus susceptibles d’utiliser YouTube et d’autres plateformes vidéo (34 % contre 8 %, respectivement) ;
  • Les personnes âgées utilisent beaucoup plus les médias d’information traditionnels (télévision, radio et presse écrite) ;
  • La plus grande différence en termes d’éducation est observée pour l’utilisation des plateformes d’information en ligne (sélectionnées par 49 % des diplômés de l’enseignement supérieur contre 30 % des répondants peu scolarisés). Seules des différences mineures sont observées pour l’utilisation des médias d’information traditionnels (télévision, radio et presse écrite).

Contenu d’actualités en ligne payant

Parmi les répondants qui accèdent aux actualités en ligne, 70 % n’utilisent que des contenus d’actualités gratuits et des services d’actualités en ligne.

Appareil pour accéder aux actualités en ligne

Parmi les répondants qui accèdent aux actualités en ligne, 77 % répondent qu’ils utilisent un smartphone pour accéder aux actualités en ligne et 59 % un ordinateur de bureau ou x un ordinateur portable. D’autres appareils sont moins fréquemment utilisés. 88 % des répondants les plus jeunes (15-24 ans) utilisent un smartphone pour accéder aux actualités en ligne, contre 66 % des répondants les plus âgés (55 ans et plus).

Médias sociaux

Une majorité de répondants utilisent Facebook (67%), WhatsApp (61%) et YouTube (56%). Chez les 15-24 ans, Instagram est la plateforme de médias sociaux la plus utilisée (79 %). TikTok (49 %) et Snapchat (43 %) sont également courants chez les plus jeunes répondants.

Dans tous les groupes d’âge, environ la moitié des répondants utilisent les médias sociaux pour envoyer des messages directs à leurs amis et à leur famille et au moins quatre sur dix utilisent les médias sociaux pour suivre les nouvelles et les événements actuels (44 % à 46 %), mais il y a une différence dans les habitudes de publication : 28 % des 15-24 ans publient leur propre contenu sur les réseaux sociaux, contre 15 % des 55 ans et plus.

Plateformes de médias sociaux en ligne

Facebook est la plate-forme de médias sociaux la plus fréquemment sélectionnée dans 20 États membres ; de plus, dans tous les États membres, cette plateforme est citée par plus de la moitié des répondants (de 52% en Allemagne à 91% à Malte).

WhatsApp est la plateforme la mieux classée (ou co-la mieux classée) dans huit États membres, comme l’Espagne (avec 86 % des utilisateurs de WhatsApp) et l’Italie (82 %). Dans six États membres, cependant, WhatsApp est sélectionné par moins d’un répondant sur cinq (Bulgarie, Danemark, Grèce, Hongrie, Lituanie et Slovénie).

Instagram, TikTok et Snapchat sont particulièrement répandus chez les 15-24 ans. Par exemple, alors que 6 % des 55 ans et plus choisissent TikTok comme plateforme de médias sociaux en ligne qu’ils utilisent, cette proportion passe à 49 % pour les 15-24 ans.

Activités sur les réseaux sociaux

49 % des répondants utilisent les médias sociaux à des fins de communication – pour envoyer des messages directs à leurs amis et à leur famille – et 45 % répondent qu’ils utilisent ces médias à des fins d’information – pour se tenir au courant de l’actualité et de l’actualité. D’autres activités fréquemment sélectionnées sont suivre ce que font les amis, la famille et les collègues (41 %) et regarder du contenu photo et vidéo (40 %).

Dans tous les groupes d’âge, environ la moitié des répondants utilisent les médias sociaux pour envoyer des messages directs à leurs amis et à leur famille et au moins quatre sur dix les utilisent pour suivre les actualités et les événements actuels, mais il existe une différence dans les habitudes de publication selon les groupes d’âge : 28 % des 15-24 ans publient leur propre contenu sur les réseaux sociaux, contre 15 % des 55 ans et plus. De même, 59 % des 15-24 ans utilisent les médias sociaux pour regarder du contenu photo et vidéo, contre 28 % chez les 55 ans et plus.

Sources médiatiques les plus fiables

Les médias audiovisuels et imprimés traditionnels, ainsi que leur présence en ligne, sont mieux classés comme sources d’information fiables que les plateformes d’information en ligne et canaux de médias sociaux (par exemple, Instagram et YouTube).

49% attendent des télévisions et radios publiques qu’elles leur donnent des informations véridiques, suivies de la presse écrite (et de leur présence en ligne), sélectionnée par 39%. D’autre part, les chaînes de télévision et de radio privées (et leur présence en ligne) sont citées par 27 % comme une source médiatique de confiance.

49 % des répondants choisissent les stations de télévision et de radio publiques (y compris leur présence en ligne) comme source d’information en laquelle ils ont confiance, tandis que les chaînes de télévision et de radio privées.

La confiance du public de l’UE dans les chaînes de télévision et de radio publiques et la presse écrite varie considérablement d’un pays à l’autre. Alors qu’en Finlande, 73% des répondants font confiance aux chaînes de télévision et de radio publiques, cela n’est vrai que pour 22% des répondants en Hongrie et 23% en Pologne. De même, alors que 63% des Luxembourgeois répondent faire confiance à la presse écrite, seuls 18% des Bulgares et des Polonais répondent de la même manière.

Les médias audiovisuels et imprimés traditionnels, ainsi que leur présence en ligne, sont mieux classés comme sources d’information fiables que les plateformes d’information en ligne et les canaux de médias sociaux (par exemple, Instagram et YouTube). Un répondant sur sept (14 %) fait confiance aux personnes, groupes ou amis qu’il suit sur les réseaux sociaux pour lui donner des informations véridiques, 11 % répondent de la même manière à propos des plateformes d’actualités en ligne (y compris les blogs, les podcasts), 10 % à propos de YouTube ou d’autres plateformes vidéo et 5% sur les influenceurs sur les réseaux sociaux.

Les plateformes d’information en ligne, les canaux de médias sociaux et les influenceurs sont plus fréquemment approuvés par les jeunes répondants. Par exemple, 7 % des 55 ans et plus choisissent les plateformes d’information en ligne (y compris les blogs et les podcasts) comme source médiatique en laquelle ils ont confiance ; ce chiffre passe à 16 % pour les 15-24 ans. De même, 2% des 55 ans et plus font confiance aux influenceurs sur les réseaux sociaux, contre 13% des 15-24 ans.

Exposition à la désinformation et aux fake news

10% des répondants pensent qu’au cours de ces sept derniers jours, ils ont été « très souvent » exposés à de la désinformation et à de fausses nouvelles ; 18% répondent que cela s’est produit « souvent » au cours des sept derniers jours et 33 % ont répondu que cela s’est produit « parfois ». A l’autre extrême, 8% répondent qu’ils n’ont pas été exposés à la désinformation au cours des sept derniers jours. 13 % « ne savent pas » à quelle fréquence ils ont été exposés à la désinformation ou aux fausses nouvelles.

Les répondants en Bulgarie sont globalement les plus susceptibles de répondre qu’ils ont souvent été exposés à la désinformation et aux fausses nouvelles au cours des sept derniers jours (29 % de réponses « très souvent » et 26 % « souvent »), tandis que les répondants aux Pays-Bas sont les moins susceptibles de le dire (3 % de réponses « très souvent » et 9 % « souvent »).

Reconnaître la désinformation et les fausses nouvelles

Une majorité de répondants se sentent confiants de pouvoir reconnaître la désinformation : 12 % se sentent « très confiants » et 52 % « plutôt confiants ».

Dans tous les États membres, au moins une faible majorité de personnes interrogées sont convaincues de pouvoir reconnaître la désinformation et les fausses nouvelles. En Finlande, à Malte et en Irlande, environ huit répondants sur dix se disent confiants dans leur capacité à faire la distinction entre les vraies nouvelles et les fausses nouvelles.

Il existe également des différences entre les groupes socio-démographiques :

  • Sept hommes interrogés sur dix sont convaincus qu’ils peuvent reconnaître la désinformation et les fausses nouvelles ; parmi les femmes interrogées, moins de six sur dix se sentent confiantes (9 % de réponses « très confiant » et 49 % de « plutôt confiant »).
  • La confiance dans la distinction entre les vraies nouvelles et les fausses nouvelles diminue avec l’âge et augmente avec le niveau d’éducation.
  • Parmi les répondants encore scolarisés, 16 % répondent se sentir « très confiants » et 55 % « plutôt confiants » dans la reconnaissance de la désinformation et des fausses nouvelles. De même, parmi les 15-24 ans, 68 % sont convaincus de pouvoir reconnaître la désinformation, contre 59 % pour les 55 ans et plus.

Au total, cette vaste enquête sur les habitudes médiatiques des Européens est très utile pour mieux comprendre la manière dont les citoyens de l’UE s’informent.

Moment historique de l’Union européenne : le tournant civilisationnel, géopolitique et démocratique européen

Aux Rencontres économiques d’Aix, lors de la table ronde « L’Europe face au monde », Guillaume Klossa, Civico Europa dessine les contours du moment européen…

Une remarquable résilience du projet européen

Depuis 2002, l’Union européenne a traversé une dizaine de crises, qui a permis de progresser, surement pas de manière linéaire, tandis que l’Union soviétique a connu une grande crise à la fin des années 1980 et s’est effondrée et que les États-Unis traversent une grande crise sociétale qui fragilisent les fondations de leur système et montrent ses limites. Malgré tous ses défauts, le système européen est extrêmement flexible et intelligent.

Sur la vision progressive du projet européen :

  • La naissance du projet européen, c’est pendant la guerre, c’est l’embryon ;
  • L’enfance pendant les années 1950 avec les traités fondateurs, comme le traité de Rome de 1951 sur les droits fondamentaux, puis la CECA et la CEE et le traité de l’OTAN en 1949 parce quand on est dans l’enfance, on a besoin de protection, en l’occurrence américaine ;
  • L’adolescence arrive avec la chute du Mur de Berlin et la chute de l’Union soviétique et le traité de Maastricht, à l’adolescence, c’est la période des crises où on se constitue et on fait société avec soi-même.
  • On rentre dans l’âge adulte, quand on a appris des règles, mais on sait aussi aller au-delà des règles et on est responsable de sa propre action. On est dans ce moment où les Européens savent qu’ils ont besoin d’un cadre de règles, mais qu’il est insuffisant, ils doivent apprendre à réagir et à agir, à anticiper et à forger, c’est à ce moment particulier de la construction européenne où on se trouve.

Le tournant civilisationnel, géopolitique et démocratique européen

Il y a un tournant civilisationnel, les Européens, ensemble, avec la crise ukrainienne, perçoivent que c’est leur identité qui est en cause. C’est le propos de Zelinsky devant le Parlement européen : « vous, Européens, êtes porteur d’une civilisation d’avenir fondée sur des principes forts et singuliers : la dignité de la personne humaine ; on remplace la force par le droit, la guerre intermittente par la paix perpétuelle ; on a des principes de vie, d’action, de respect de l’égalité homme-femme, d’égalité entre États, de coopération avec un droit commun, une vision des rapport au monde structurante des politiques en faisant l’apprentissage des limites : de la souveraineté, de l’environnement, de la science, tout çà devant être au service de l’homme.

C’est ce modèle-là qui est en cause aujourd’hui et qui est au cœur d’une grande guerre de récits chinois, américain, indien, russe. Le sujet pour nous, Européens, est de savoir si nous sommes capables d’avoir notre propre récit. Un récit accompagne une grande politique. Aujourd’hui, on a besoin d’une grande politique européenne.

Sur les marqueurs des politiques européennes, quand on fait le « Green Deal », on est à l’avent garde d’une vision écologique du monde, c’est un marqueur. Quand on fait la régulation des GAFAM avec les directives DMA et DSA, on met les technologies au service de l’homme et ça, c’est un marqueur civilisationnel. Quand on a l’accord sur l’obligation d’un service minimum dans chaque État-membre, on met le social au cœur du système, c’est un autre marqueur.

Sur le tournant géopolitique, c’est non seulement la défense, mais c’est l’énergie, c’est aussi la capacité de mettre fin au Brexit en annonçant que l’Ukraine est candidate, on dit au monde que nous ne sommes plus dans une dynamique de déclin géographique mais on se projette à nouveau dans le monde, c’est un message très important du point de vue symbolique. Quand on discute d’une communauté politique européenne, pour pouvoir faire communauté avec ceux qui nous entourent, pour pouvoir produire ensemble de la sécurité, de l’énergie, de l’intelligence collective, de la mobilité et gérer collectivement nos grands problèmes, on fait preuve d’une vision du monde qui est positive et qui se déploie.

Le dernier tournant est démocratique. La conférence sur l’avenir de l’Europe a montré en fait que 1 000 citoyens tirés au sort et travaillant pendant 1 an font l’expérience d’une vraie citoyenneté européenne mais surtout voient que l’Union doit se transformer dans une véritable démocratie européenne ce qui suppose une révision des traités pour s’adapter à une nouvelle donne économique, sociale, technologique, mondiale. Ces évolutions doivent se faire avec urgence.

C’est le moment pour l’Europe d’accélérer pour prendre les devants et ne pas subir le monde !