Archives mensuelles : octobre 2018

Pour un dashboard public des Analytics du portail Europa

L’enjeu des données publiques de l’UE se limite trop souvent aux enjeux de transparence en matière de lobbying alors que les usages sont potentiellement illimités. La preuve avec l’idée d’un tableau de bord public, accessible en temps réel, des Analytics du portail Europa…

Communiquer par les Analytics, les API et les dashboards

Utiliser le web stratégiquement aujourd’hui signifie non seulement de communiquer sur les politiques publiques de l’Union européenne auprès des publics via les sites Internet et les réseaux sociaux – ce que l’on peut appeler la mission traditionnelle de la communication numérique – mais également de communiquer par les Analytics, les API et les dashboards qui offrent une forme de transparence sur les données (big data et open data) pour une sorte de méta-communication au service des publics.

La 2e édition du EUdatathon, le hackathon organisé au début du mois, illustre parfaitement cette logique visant à exploiter le potentiel des données ouvertes, de leurs visualisations et/ou applications pour :

  • Innover dans l’exploitation des données ouvertes de l’UE ;
  • Rendre la législation de l’UE et des États-membres interopérable ;
  • Donner de la valeur aux marchés publics de l’UE pour les citoyens et les entreprises ;
  • Encourager la réutilisation des données et l’innovation.

Tenderlake, récompensée est une application qui utilise les données de TED (Tenders Electronic Daily) et l’intelligence artificielle pour lire les sites web des entreprises et apprendre ce qu’elles font, puis proposer des opportunités de contrat pertinentes et apprendre continuellement à partir des nouveaux avis TED pour faciliter l’identification de contrats publics pertinents.

Un potentiel de personnalisation, ouvert aux entreprises autour des marchés publics qui pourrait se révéler très prometteur à plus large échelle sur d’autres sujets, voire auprès du grand public.

L’inspiration avec Analytics.USA.gov

A l’échelle de la communication européenne, une fonctionnalité propre à la Commission européenne et ses services voire interinstitutionnelle serait de réaliser un dashboard actualisé en temps réel sur les statistiques clés relatives au portail Europa, nécessitant de s’interroger sur les KPIs les plus pertinents :

  • Quelles sont les pages les plus consultées ?
  • Quels sont les rapports les plus téléchargés ?
  • Quels sont les parcours de visites ?
  • Quels sont les pays d’origine ?

Le projet en soi porte de nombreuses opportunités :

  • donner une visibilité interne et externe à l’intérêt et à l’importance de mesurer la performance ;
  • optimiser les pages web et les parcours sur les sites à partir des données de fréquentation ;
  • interpréter plus collectivement les infos et trouver des idées d’optimisation crowdsourcée ;
  • former un sentiment d’appartenance à une communauté commune de destin.

Impossible ? Le portail Analytics.USA.gov tend à montrer le contraire. Les données y sont naturellement anonymisées et propulsées via un projet open source librement et intégralement réutilisable.

Analytics_USA_gov

Au total, un tableau de bord de la fréquentation des sites web des institutions de l’UE serait une chance donnée à l’intelligence collective européenne.

Les médias d’information sont-ils des facilitateurs ou des obstacles dans la « spirale de l’euroscepticisme » ?

Comprendre comment les connaissances et les attitudes liés à l’euroscepticisme sont façonnées par les médias et, en retour, les opinions des citoyens sont conditionnées à l’ère des médias sociaux, c’est le défi de Charlotte Galpin et Hans-Joerg Trenz de l’Université de Copenhague dans « The Spiral of Euroscepticism: Media Negativity, Framing and Opposition to the EU ».

La négativité traditionnelle des médias sur l’UE décuplée par les forces eurosceptiques

L’euroscepticisme s’explique au moins en partie par le biais de négativité de l’actualité politique et non pas simplement par les campagnes des partis politiques eurosceptiques. Une perspective médiatique sur l’euroscepticisme aide à comprendre le rôle crucial joué par les journalistes pour amplifier et cadrer les informations négatives sur l’UE dans les médias traditionnels, ainsi que l’impact important des médias sociaux sur les attitudes eurosceptiques.

La négativité des médias peut avoir des conséquences négatives sur la connaissance de l’UE et la sensibilisation à la politique européenne, ainsi que sur la manière dont le cadrage des informations peut entraver un engagement critique dans le processus politique de l’UE en renforçant le soutien aux partis eurosceptiques.

Cadrer des articles d’actualité en capitalisant sur les peur, les identités exclusives ou la politique politicienne bruxelloise peut susciter une opposition à l’UE et pousser également le soutien aux partis populistes.

Le potentiel des nouveaux médias amplifié par l’euroscepticisme en ligne

Avec les médias sociaux, la négativité vis-à-vis de l’UE n’est plus médiatisée, ni même atténuée par les journalistes, mais exprimée par la voix directe des internautes contre les élites et les représentants politiques.

Comprendre l’influence des nouveaux médias et des médias sociaux met en lumière le rôle actif joué par les médias d’information qui créent une demande pour des articles qui remettent en cause la légitimité de l’UE et contribuent à l’encadrement négatif de l’UE.

Les auditoires eurosceptiques se voient proposer un forum où ils peuvent réagir directement aux informations politiques européennes en commentant et en partageant. Les médias sociaux et les commentaires d’actualités amplifient donc le parti pris négatif des informations de l’UE auprès des citoyens exprimant principalement leur critique, leur mécontentement ou leur frustration envers l’UE.

Les conséquences de la « spirale de l’euroscepticisme » sur la communication européenne

Le parti pris négatif de la couverture des informations politiques a des répercussions importantes sur la conception d’un gouvernement démocratique et sur les manières régulières dont les représentants politiques recherchent la publicité et interagissent avec les journalistes.

Dans le cas de l’UE, la négativité des médias correspond à une double représentation erronée des politiques démocratiques. Non seulement, la légitimité de l’UE est limitée dans la mesure où les journalistes se concentrent principalement sur la sur-réglementation, l’échec et la crise mais en plus les journalistes appliquent une perspective essentiellement nationaliste sur la formation de la volonté démocratique, qui privilégie souvent la voix des eurosceptiques par rapport aux autres.

La négativité médiatique est donc un cadre interprétatif utile pour comprendre les contraintes systémiques sur la légitimité de l’UE, notamment en ce qui concerne les nombreuses tentatives des acteurs et institutions de l’UE de lancer une stratégie médiatique et de communication plus proactive pour « vendre » une image plus positive. Du point de vue de la négativité des médias, de tels efforts de communication produisent des effets opposés : plus la publicité est importante, moins la légitimité est grande.

Le retrait de la scène médiatique et le virage vers une gouvernance technocratique dépolitisée sont toutefois tout aussi risqués et pourraient créer des informations encore plus négatives à long terme. Les institutions de l’UE restent donc très vulnérables aux événements négatifs, en particulier dans les moments d’attention accrue du public lors des poly-crises actuelles.

Pris au piège de la « spirale de l’euroscepticisme », les acteurs et les institutions de l’UE doivent apprendre à rendre compte des impondérables de la communication médiatique et des préjugés du journalisme politique, pour lesquels les médias en ligne et sociaux ne fournissent pas de correctifs.

Impact des biais médiatiques sur les élections européennes 2019 : vers une campagne eurosceptique paneuropéenne ?

Dans « Rethinking First- and Second-Order Elections : Media Negativity and Polity Contestation during the 2014 European Parliament Elections in Germany and the UK », Charlotte Galpin et Hans-Jörg Trenz repensent les élections européennes, non plus à partir de la distinction traditionnelle entre élections de 1er ou de 2nd ordre mais en saisissant la dynamique des biais médiatiques tant le préjugé de négativité dans la sélection et le cadrage des informations européennes et que le parti pris privilégiant la contestation de la forme de l’UE (polity) sur les débats autour de ses politiques (policy). Quelles sont les conséquences de ces biais médiatiques sur les élections européennes ?

Quatre trajectoires de campagnes électorales européennes

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Jusqu’à présent, le cas le plus courant correspond aux « second-order politics campaigns » :

  • La contestation de l’UE est faible, fondée sur l’ancien consensus permissif, et les candidats se concentrent sur des questions nationales.
  • En conséquence, les acteurs sont principalement nationaux et l’importance des partis eurosceptiques n’est pas plus grande que leur part de voix.
  • Les sujets de l’UE, si couverts, sont essentiellement orientés de manière neutre.

Le Royaume-Uni, l’idéal-type d’une « second-order polity campaign » :

  • La mobilisation des opposants et des partisans de l’UE se passe au niveau national.
  • Les débats sur l’UE se déroulent sous la forme d’une contestation identitaire autour d’un clivage anti-européen plutôt que gauche-droite.
  • Les moteurs de la contestation politique sont principalement les acteurs eurosceptiques nationaux.
  • La campagne reste de «second ordre» car les acteurs européens sont marginaux et les politiques de l’UE ne sont pas en jeu. Mais l’ancien « consensus permissif » laisse place à une UE plus saillante et une tonalité essentiellement négative.
  • La campagne glisse d’un débat sur les choix de politiques publiques vers un nouveau consensus eurosceptique des partis traditionnels, sauf les démocrates libéraux et des médias, surtout tabloïd.
  • Non seulement, les médias ne couvrent pas les différentes facettes de la campagne électorale au niveau européen, mais amplifient et soutiennent ouvertement les positions eurosceptiques.

L’Allemagne, l’idéal-type d’une « first-order polity campaign » :

  • Les candidats s’engagent dans une contestation politique européenne (campagne politique de premier ordre) remettant en question la légitimité de l’UE.
  • Les acteurs nationaux sont en mesure de répondre aux campagnes eurosceptiques, en évaluant globalement l’intégration européenne.
  • Les schémas de contestation partisane de second ordre continuent de prévaloir, mais le débat est ouvert aux campagnes partisanes des Spitzenkandidaten et aux débats dans d’autres États membres.
  • Les journalistes allemands accordent une attention relativement faible aux acteurs eurosceptiques nationaux (l’AfD) et ont plutôt fait ressortir les eurosceptiques étrangers comme Nigel Farage et Marine Le Pen. La réponse à la prépondérance de l’euroscepticisme est un parti pris politique des médias allemands en matière de positivité des élites.

La campagne idéale « first-order politics campaign » autour des Spitzenkandidaten :

  • Les journaux écriraient abondamment sur les politiques de l’UE. Les acteurs européens et nationaux s’engageraient dans une contestation partisane et discuteraient des choix politiques d’un point de vue européen.
  • La visibilité des acteurs eurosceptiques correspondrait à leur part réelle de vote lors des élections. La contestation politique de l’UE serait une contestation faible mais partisane dans l’ensemble du spectre.
  • Si un préjugé de négativité se manifeste, il serait plutôt spécifique dans le contexte des débats politiques ou de la politique et ne diffuserait pas contre le système politique en tant que tel.
  • Ce serait le type de campagne envisagé par la stratégie Spitzenkandidaten et ses moteurs seraient principalement des partis grand public pro-européens.

Au total, l’attention accrue accordée par les médias aux débats politiques européens transforme les schémas traditionnels de campagne de second ordre, caractérisés par des niveaux de conflit généralement faibles au sujet des choix politiques de l’UE.

Vers une spirale de l’euroscepticisme orchestrée par les médias ?

Plus l’UE est mise en évidence et ciblée en tant qu’objet de débats politiques spécifiques (c’est-à-dire dans l’évaluation des politiques, d’acteurs et d’institutions particuliers), plus les journalistes évaluent négativement. Les médias d’information traduisent donc systématiquement les campagnes de légitimation de l’UE en opinions eurosceptiques. En d’autres termes, une « spirale de l’euroscepticisme » des médias amplifie la négativité de l’UE, attirant efficacement les discours et les acteurs eurosceptiques. Les médias facilitent la diffusion transnationale de l’euroscepticisme et établissent un agenda d’un nouveau type de contestation politique qui remet fondamentalement en cause le caractère de la campagne électorale européenne.

À la lumière des paysages médiatiques fragmentés en Europe, les contextes de réception diffèrent largement. Pour des raisons évidentes, cela représente un défi pour les Spitzenkandiaten. Si différentes « Europes » sont demandées, les Spitzenkandidaten auront du mal à répondre aux demandes exprimées dans des arènes nationales de contestation fragmentées.

Ainsi, filtrées par les médias d’information, les campagnes européennes donnent aux acteurs un pouvoir inégal : les acteurs qui encadrent l’UE de manière négative sont récompensés par l’attention des médias. Cela ne signifie pas que les positions de ces candidats sont également légitimées par les médias. Cependant, les eurosceptiques sont les organisateurs les plus talentueux de l’agenda médiatique et peuvent donc influer sur le cours du débat de manière importante en discutant des limites du transfert de souveraineté et des questions d’adhésion plutôt que des politiques de l’UE.

En fin de compte, les biais médiatiques dans la couverture des campagnes électorales européennes font que les électeurs qui reçoivent des informations sur l’UE principalement par le biais des médias déterminent de manière décisive si les conflits médiatisés restent dans la contestation électorale des candidats et les choix de politiques publiques ou s’ils contestent ou sapent la légitimité de l’UE en tant que telle. 

Au total, il est à craindre que les partis pris médiatiques qui prévalent lors des campagnes électorales européennes renforce le succès relatif des partis eurosceptiques.

Comment augmenter la visibilité de l’Union européenne dans les régions ?

En 2018, la communication autour des résultats de l’UE auprès du grand public se déploie notamment pour promouvoir la politique de cohésion qui fête son 30e anniversaire. Tour d’horizon des activités sur l’année en Europe

La communication corporate de l’UE participe à la campagne dans les régions

Afin de donner aux populations régionales l’occasion de se faire une idée plus éclairée de l’UE grâce aux résultats de la politique de cohésion et à leur impact direct sur leur vie ; et en même temps, de sensibiliser décideurs et influenceurs à l’impact gagnant-gagnant de la politique de cohésion dans leur pays et leur territoire, la campagne corporate se déroule dans 40 régions différentes ; sachant que plus du tiers des projets phares de #investEU portent sur le sujet.

Des dialogues citoyens régionaux sur la politique de cohésion

Actions appréciées localement, comme avec la série d’événements « Cap sur les fonds européens » en France, 60 débats locaux sont organisés sous la forme de dialogues citoyens afin de renforcer la visibilité de la politique de cohésion.

Un focus sur les jeunes : Road Trip et MOOC

Le projet Road Trip propose une série d’expériences sur quatre itinéraires européens (Baltique, Danube, Méditerranée et Atlantique) au printemps et à l’été 2018. Objectifs : environ 40 visites de projets inspirants cofinancés par l’UE font partie du voyage pour permettre aux jeunes de partager leurs aventures avec leurs pairs sur les médias sociaux. À terme, le projet Road Trip donnera également lieu à un documentaire et à un guide de voyage européen en ligne.

roadtrip

Avec déjà 11 896 participants inscrits aux MOOC des institutions européennes, un chapitre spécial est consacré à la politique de cohésion et une présence sur les réseaux sociaux est assurée.

Un soutien aux actions d’information sur la politique de cohésion de l’UE

Afin de promouvoir et favoriser une meilleure compréhension du rôle de la politique de cohésion dans le soutien de toutes les régions de l’UE et de mieux faire connaître les projets financés par l’UE et leur impact sur la vie des citoyens, 79 propositions issues d’un appel à propositions destiné aux médias nationaux, régionaux et locaux mettront en œuvre leurs projets (principalement journalistiques) en vue d’améliorer l’information et les reportages journalistiques sur la politique de cohésion.

La campagne spécifique COHESION30

Cohesion30Un ensemble d’activités ciblées pour célébrer les 30 ans de la politique de cohésion vis-à-vis des parties prenantes, notamment sous la forme d’un nouveau magazine télévisé consacré sur EuroNews, d’une communication ciblée auprès des décideurs, d’événements nationaux… sans oublier des campagnes pour les médias sociaux comme cette série de blagues européennes :

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La campagne récurrente : l’UE dans ma région

En 2017, avec la campagne « L’UE dans ma région« , plus de 2 700 projets dans 25 pays ont ouvert leurs portes à plus de 450 000 visiteurs, suscitant une attention sur les médias sociaux : le hashtag #EUinmyRegion a été mentionné 154 000 fois et la bande-annonce a été visionnée plus d’un million de fois sur Facebook. L’objectif est d’amplifier et d’étendre les bons résultats.

Euinmyregion

Les RegioStars

Après 10 années de succès, les prix RegioStars récompensant les projets les plus innovants et inspirants financés par l’UE (en 2017 : 20 États membres et un pays voisin ont présenté 103 demandes dans 5 catégories) évoluent avec des mentions spéciales accordées aux projets qui promeuvent l’égalité des sexes, incitent au bénévolat ou utilisent une forme de communication innovante.

La Semaine européenne des régions et des villes

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Ayant réuni 6 000 participants de 74 pays et 235 journalistes de 25 pays en 2017, la 16e édition cette semaine s’ancre dans les moments politiques clés de l’UE pour partager les points de vue sur le budget et les propositions législatives en ce qui concerne la politique de cohésion et le développement rural.

Au total, la communication européenne pour promouvoir l’avenir de l’Europe dans une perspective régionale et locale gagne progressivement en créativité et en diversité.

La communication peut-elle relancer l’Union européenne ?

A la recherche de solutions pour redonner du sens – tant une direction qu’une signification – au projet européen, la communication peut, selon plusieurs spécialistes, contribuer à la relancer de l’Union européenne…

Le débat politique pour faire vivre une culture publique commune, selon Jean-Marc Ferry

Interrogé sur les ondes de France Culture, le philosophe Jean-Marc Ferry considère que le projet européen a besoin d’une culture publique de communication, une sorte d’« affectio societatis » qui de proche en proche gagne les consciences civiques et avec l’aide des médias construit un espace public européen.

Du coup, la communication européenne passerait dans cette transformation des pratiques d’une guerre de slogans stériles à un vrai débat démocratique de confrontation publique pour mettre en arène les divergences entre responsables politiques et permettre ainsi au public d’en connaître et donc de participer. Sans publicité des débats européens, point de démocratie européenne.

L’inter-langue pour se faire entendre et faire des compromis, selon Heinz Wismann

Là encore sur France Culture, le philologue Heinz Winsmann recommande de faire un vrai travail contre la langue de l’Europe puisque les Européens ont le sentiment d’une impossibilité de se faire entendre de l’Europe, notamment parce que tout ce qui est intangible est très mal exprimé.

La compétence langagière est indispensable pour favoriser nos capacités de communiquer, tant par l’apprentissage des langues étrangères que la traduction. Ainsi, « l’Europe n’est pas un gène, c’est un geste historique » qui consiste à se dessaisir de soi pour accepter d’entendre les autres et de parvenir à des compromis.

Heinz Wismann cite Walter Benjamin selon qui « la vrai langue, c’est l’entre de toutes les langues ». Les langues produisent du nouveau et c’est cette richesse qui est au cœur de l’Europe.

Plusieurs exemples de différences d’interprétation dans la relation franco-allemande illustrent l’importance de créer de nouveaux mots qui disent la même chose pour tous. L’« appartenance » (à l’Europe) est comprise comme une cohabitation (cf. les appartements) chez les Français, mais comme une soumission en allemand. De même, la  « dette » est comprise comme un remboursement en France, mais comme une faute morale en allemand.

L’on peut extrapoler autour des nombreux débats qui se lient autour des nouveaux mots qui permettent de dire entre Européens ce que l’on souhaite, qu’il s’agisse évidemment du Brexit (aurait-il exister sans être nommé ?), des migrants « dublinés » très présents dans l’actualité ou encore des « Spitzenkandidaten » pour les têtes de liste des partis politiques européens aux élections européennes.

La conversation pour faire exister une société ouverte européenne

Dans un numéro de la revue Esprit consacré à la « société ouverte », une nouvelle fois, la communication apparaît comme une solution au travers de la conversation comme élément constitutif de la société ouverte européenne.

Le défi de l’Europe est de parvenir à constituer une société ouverte, qui soit à la fois en mesure de faire vivre la liberté d’expression et d’opinion tout en parvenant à réguler les « agoras » ouvertes pour faire respecter les règles communes, qu’il s’agisse de l’indépendance éditoriale des médias face aux pressions des intérêts ou de la régulation de l’Internet, initialement très ouvert et marqué par un certain mouvement d’enclosure avec les GAFAM.

Au total, la communication – qu’elle soit un débat politique démocratique, une inter-langue commune ou une conversation ouverte – est au cœur de la relance de l’Union européenne.