Après une discussion sur l’information et la communication autour de l’UE avec un groupe de citoyens représentatifs, Virgine Timmerman et Daniel Debomy en dresse la synthèse…
Quels moyens d’expression sur l’UE pour les citoyens ?
Donner son avis et faire entendre sa voix (pour approuver ou contester) n’appelle pas une réponse aisée mais surprend, voire déconcerte peu ou prou partout en Europe.
Après réflexion, les citoyens évoquent quelques moyens d’expression citoyenne, par ordre d’importance :
1. Le vote (aux élections du Parlement européen ou aux élections nationales ou bien à des référendums) n’est pas d’emblée présent à l’esprit, quasi absent de quelques États Membres récents, à l’inverse, seul ou presque en Allemagne et en France.
2. La prise de contact avec des représentants des institutions européennes et/ou nationales (rencontres possibles avec des députés européens ou d’autres personnalités, visite à un bureau de représentation, envoi de lettres ou de messages électroniques).
3. La participation à des consultations électroniques organisées par les gouvernements nationaux ou les institutions européennes, et l’interpellation aux gouvernements nationaux.
4. Des moyens d’expression collectifs : les manifestations et les pétitions.
5. D’autres moyens : attirer l’attention des médias et particulièrement de la télévision, avoir des relations « haut-placées », se présenter comme candidat aux élections européennes, et enfin, faire un recours auprès des cours internationales de justice.
Quels sont les obstacles à l’expression citoyenne ?
Les moyens d’expression ont un caractère assez théorique, très peu réellement utilisés en raison de nombreux obstacles à l’expression citoyenne, perçus comme importants et souvent décourageants :
1. La passivité, liée à l’absence présumée de volonté des institutions d’écouter les citoyens et de prendre en compte leurs avis, et les doutes « que cela puisse servir à quelque chose ».
2. Le sentiment de la faible influence de son pays et de ses représentants dans les instances de l’UE, dans les petits et/ou nouveaux États membres.
3. Une image floue et souvent assez négative des députés européens : inconnus pour la plupart, considérés ici ou là comme peu représentatifs, parfois comme politiciens « de seconde zone », en tous cas comme déconnectés de la vie des citoyens.
4. La difficulté particulière à appréhender les questions complexes de politique européenne.
5. Sur un plan pratique, l’ignorance des lieux ou des outils d’expression citoyenne, pour s’adresser à une UE vue comme gigantesque et lointaine.
6. Le manque d’intérêt pour les questions européennes et un manque de confiance dans les institutions en comparaison à l’influence des lobbys.
Comment s’informent les citoyens sur l’UE ?
Les citoyens recourent aux médias de masse et sont plutôt passifs.
Dans la majorité des pays, les médias traditionnels sont cités en premier, alors que pour le reste des pays, Internet est la première source d’information sur l’UE. La télévision domine les autres supports dans un pays sur deux.
Dans la plupart des nouveaux États membres, Internet est davantage mentionné et avec des précisions fréquentes sur divers modes d’usage (visites sur les sites Internet des journaux nationaux, les moteurs de recherche et les médias sociaux).
À l’inverse, dans les anciens États membres, Internet est peu évoqué ou il ne l’est guère que par une minorité d’interviewés plus jeunes ou particulièrement versés dans son usage de par leur formation ou leurs activités professionnelles.
Parmi les autres sources parfois mentionnées : l’université pour les jeunes ; des sources spécialisées, consultées à titre professionnel ; plus souvent, le « bouche à oreille » ; ou encore « l’expérience personnelle » issue de voyages, de rencontres avec d’autres Européens.
Les citoyens se sentent-ils bien informés ?
Le regard porté sur la qualité et la crédibilité des médias est souvent sombre ou même très sombre.
Globalement, rares sont ceux qui ont le sentiment d’être (raisonnablement) bien informés sur l’UE – et encore plus ceux qui pensent disposer d’une vision d’ensemble cohérente de ce qu’est et fait l’Union.
La critique est assez généralisée envers les médias de masse. Les causes de mécontentement sont l’impression que les sujets européens sont peu couverts, que leur traitement est biaisé, que l’information est « filtrée » par les préférences politiques des journalistes ou la ligne politique du journal, ou même directement influencée par les hommes politiques et les lobbys ayant des relations avec certains médias et journalistes, la médiocre qualité de la couverture des sujets, ou la tendance à rechercher le sensationnalisme et à ne s’intéresser « qu’au négatif » dans l’UE.
Quelles sont les attentes pour une meilleure expression citoyenne ?
Afin de pouvoir mieux et plus fréquemment utiliser les différents moyens d’expression citoyenne, une grande partie des citoyens aimeraient cependant être mieux informés et souhaiteraient que la communication européenne réponde à :
1. Un besoin de grande proximité : contacts avec des responsables communautaires en des lieux proches de chez eux (mairies, réunions de quartier, bureaux d’information ouverts au public).
2. Le souhait que les institutions européennes et leurs représentants utilisent plus fréquemment Internet et les réseaux sociaux afin de consulter les citoyens, de recueillir leurs avis, de recevoir des pétitions, d’organiser des débats…
3. Une demande de forte interactivité et des échanges plus nombreux dans l’utilisation des différents moyens.
Au total, le tableau de l’information et de la communication européennes est relativement noir, avec des citoyens peu intéressés, peu mobilisés et globalement indifférents ou critiques.