Archives mensuelles : mars 2014

« Instagramming the EU elections » : pour une communication européenne sur Instagram autour des élections

Tandis que les mobiles s’imposent comme nos premiers écrans, qu’Instagram aurait dépassé Twitter avec 200 millions d’utilisateurs actifs par mois et que les selflies explosent – notamment dans l’isoloir lors des élections – tout concourt à ce que l’UE communique…

Instagram et les institutions européennes aujourd’hui : service minimum

A l’heure actuelle, les institutions européennes ont un temps de retard sur Instagram.

Instagram_institutions_europeennes Certes, le Parlement européen – toujours plus innovant – rassemble déjà plus de 1 500 abonnés. Mais, la Commission européenne, récemment inscrite, plafonne à 117 abonnés, moins que la Représentation de la Commission européenne en France…

Instagram_recherche_europe

Instagram_recherche_election

Le virage des médias sociaux « visuels » n’est pas encore pris par les institutions européennes, qui y auraient pourtant tout intérêt afin de s’engager avec des citoyens ordinaires.

« Instagramming the EU elections » : partager et inciter à voter

Sur le modèle de l’expérience du New York Times lors des dernières élections présidentielles américaines « Instagramming the Election« , les institutions européennes pourraient inciter les électeurs à partager leurs contributions à l’occasion du prochain scrutin européen.

Instagramming_Election

Contrairement à Facebook où l’acquisition d’audience ne peut plus se faire sans recours à la publicité et tandis que Twitter s’est imposé sur un créneau « BtoB » adapté aux publics experts scotchés à l’UE au jour le jour ; Instagram apparaît comme une plateforme de prédilection pour sensibiliser le grand public, surtout jeune, connecté et urbain… autant de critères permettant de définir des abstentionnistes potentiels.

Une opportunité se présente à l’UE pour communiquer de manière originale sur les prochaines élections européennes, saura-t-elle la saisir ?

Comment les médias vont traiter les élections européennes ?

L’européanisation des discours des médias nationaux est un phénomène difficile à appréhender. A quelques semaines des élections européennes, à quelle européanisation des discours des médias nationaux faut-il s’attendre ?

Une européanisation vectorisée « de bas en haut » des discours des médias nationaux

Selon Stephan Hlawatsch dans « Europeanization of National Media Discourses », l’européanisation des discours des médias nationaux correspond plutôt à davantage d’Europe dans la bouche des acteurs nationaux que davantage d’acteurs de l’UE ou d’Européens dans les médias nationaux.

Dans les médias nationaux, l’européanisation signifiant une plus grande présence des questions de niveau de l’UE se traduit par :

  • D’une part, la saillance de l’UE dans la sphère domestique par un mouvement de « bas en haut » – mouvement le plus important – dans lequel les acteurs nationaux font des déclarations sur les questions européennes ;
  • D’autre part, la variante de « haut en bas » – la moins importante – dans laquelle les acteurs européens interviennent dans les débats publics nationaux au nom des intérêts européens communs.

Autrement dit, dans le traitement de la campagne des élections européennes, les médias nationaux devraient privilégier les prises de parole des candidats nationaux aux postes de députés européens par rapport aux grandes personnalités européennes que seraient les candidats sélectionnés par les partis politiques européens pour le futur poste de président de la Commission européenne.

Une européanisation sectorisée « éco-fi » des discours des médias nationaux

Deuxième enseignement de Stephan Hlawatsch dans « Europeanization of National Media Discourses », les discours des médias nationaux sur l’Europe sont conditionnés par les pouvoirs exercés par l’UE.

Ainsi, l’européanisation est d’autant plus importante que la prise de décision se situe à l’échelle supranationale :

  • Les domaines de la politique agricole ou de la pêche sont les plus européanisés car les décisions y ont un caractère éminemment supranational ;
  • En revanche, les domaines où les transferts de compétences sont très réduits comme l’éducation où l’UE n’a qu’un rôle de coordination sont les moins européanisés.

Dans le détail, les niveaux d’européanisation des discours médiatiques sont plus élevés dans les domaines où la prise de décision est intergouvernementale (comme la politique d’immigration et le déploiement de troupes) que dans les champs où la prise de décision est supranationale (la politique monétaire).

Autrement dit, les médias auraient plutôt tendance à parler d’Europe lorsque l’UE est compétente, voire contraignante sur le sujet abordé, ce qui semble à vrai dire tout à fait « normal ». Mais, les médias auraient également plus de facilité à parler d’Europe lorsqu’ils peuvent opposer des Etats-membres (décision intergouvernementale) contrairement aux décisions prises par les organes européens (comme la BCE ou la Commission européenne) qui semblent les mettre plus à la peine.

Au total, cette européanisation vectorisée en partant des acteurs nationaux et sectorisée en parlant des sujets intergouvernementaux tend à offrir une visibilité – et donc une lisibilité – moindre aux enjeux pourtant les plus intégrés/européanisés.

Les débats publics dans les médias nationaux ne reflètent que très partiellement l’influence et les pouvoirs de l’UE. La sphère domestique demeure le point de référence dominant des discours des médias sur l’Europe, malgré les changements significatifs de pouvoirs au niveau européen.

Faut-il faire des élections européennes un rendez-vous paneuropéen ?

Moins de trois mois avant l’échéance électorale, les analyses du scrutin européen sont préoccupantes et les solutions pour rendre les élections européennes plus lisibles et plus concrètes aux yeux des électeurs européens sont limitées. Pourquoi, le rendez-vous européen, tant attendu, peut se révéler risqué dans un contexte de crise et de défiance ?

Y a-t-il déjà eu une campagne électorale paneuropéenne ?

Selon Corinne Deloy, dans « Le scrutin européen de 2014. Un rendez-vous lourd d’interrogations » publié dans les P@ges Europe de La Documentation française, « vingt-huit scrutins nationaux ne font pas une élection européenne » :

La participation à une élection requiert la satisfaction de conditions minimales parmi lesquelles l’existence de règles communes telles que la clarté des enjeux, la pluralité des programmes, un débat public polarisé et la mise à disposition d’une information convaincante. Aucune de celles-ci n’aura été respectée lors des précédents scrutins européens.

Le jugement est sévère mais sans appel : on ne peut raisonnablement pas affirmer qu’il y ait déjà eu une vraie campagne électorale paneuropéenne à l’occasion des élections européennes. Tout au plus, les élections européennes se définissent – pour les partis, les médias et les électeurs – comme « des élections de second ordre ».

Y a-t-il une erreur de casting avec l’innovation du traité de Lisbonne ?

Certes, pour la première fois, chaque famille politique – hormis l’extrême droite – fera campagne derrière une figure de proue pan-européenne commune. Mettre en avant des candidats plus ou moins reconnaissables et crédibles, avec des propositions plus ou moins claires et concrètes ne peut qu’être considéré comme un progrès, aidant à la fois à européaniser, polariser et personnaliser les enjeux de la prochaine élection européenne.

Mais, s’interroge Philippe Maze-Sencier d’APCO Worldwide Washington, les partis politiques européens sont-ils à la hauteur de ce défi ? Pour lui, « il est loin d’être certain que les candidats choisis par ces mêmes partis seront à la hauteur de rétablir la confiance dans l’Europe ».

Y a-t-il  un paradoxe : un effet négatif inattendu d’une campagne électorale européanisée ?

Dans une livraison du Center for European Studies (CEPS), deux chercheurs Vivien Pertusot et Yann-Sven Rittelmeyer dans « The European Elections in France: The paradox of a more European yet more eurosceptic campaign » conclut que le scrutin européen de 2014 repose sur un paradoxe inattendu.

La prochaine campagne électorale pourrait être à la fois le scrutin le plus européen de l’histoire des élections européennes et en même temps le plus critique :

  • 2014, le scrutin le plus européen avec la campagne à l’échelle de l’UE entre les candidats des grands partis européens à la présidence de la Commission européenne ;
  • 2014, le scrutin le plus critique avec le débat sur l’Europe dans les Etats-membres, qui pourrait favoriser les partis d’extrême gauche et d’extrême-droite.

Au total, les leçons des précédents scrutins, de l’innovation du traité de Lisbonne et du dernier débat sur l’avenir de l’Europe en France lors du référendum de 2005 offrent une clé de lecture du prochain scrutin européen : le débat sur l’UE dans un contexte de sentiment eurosceptique comporte un certain risque de dérapage populiste.

ClicknSign : le web participatif au service de l’initiative citoyenne européenne

Le droit d’initiative citoyenne européenne introduit par le traité de Lisbonne peine à s’installer dans les usages : à ce jour, seules 8 initiatives sont en cours et 2 seulement ont atteint le million de signatures et été soumises à la Commission européenne. Le web participatif peut-il être d’aucun secours pour faciliter les différentes démarches des citoyens ?

De la nécessité d’un incubateur des initiatives citoyennes européennes

Parce que le « ticket d’entrée » d’une initiative citoyenne européenne est élevé – il faut rassembler des compétences/expertises européennes, des moyens/ressources techniques – une recommandation globale de créer une sorte d’incubateur des initiatives citoyennes européennes avait émergé de la journée de réflexion sur « comment communiquer sur l’initiative citoyenne européenne » organisée par Touteleurope en juin 2012 à Paris.

En rassemblant les besoins des organisateurs potentiels d’une initiative citoyenne européenne, le recours à une plateforme web participative était apparu comme une évidence pour faciliter plusieurs démarches :

  • une plateforme de crowdsourcing pour faire émerger les meilleures idées et forger des compromis majoritaires ;
  • une plateforme de networking pour faire rencontrer les porteurs de projets ou de compétences afin de créer des alliances ;
  • une plateforme de micro-crowdfunding.

ClicknSign : la plateforme de crowd-sourcing et funding des initiatives citoyennes européennes

clicknsignAvec plus de la moitié des initiatives citoyennes européennes actuellement en cours de collecte et en permettant à des individus de soutenir par leur signature ou leur don ces initiatives, la plateforme ClicknSign répond en grande partie aux besoins précédemment formulés.

clicknsign_concept

Avec l’accent mis sur le crowdfunding – le nerf de la guerre pour parvenir à mobiliser un million de citoyens – ClicknSign tente de donner un second souffle aux initiatives citoyennes européennes qui sont bridées en partie pour cette raison.

Au total, l’utilisation du web participatif au service des initiatives citoyennes européennes ne parviendra pas à populariser une démarche qui demeure méconnue mais contribuera à faciliter l’engagement de citoyens motivés.

Quel est le bilan des « primaires » européennes ?

Dorénavant, les principaux partis politiques européens disposent de leurs candidats pour le poste de président de la Commission européenne, conformément aux nouvelles dispositions du traité de Lisbonne. Quel bilan, notamment en termes de visibilité dans les médias et en ligne à l’issue de cette phase de « primaires » européennes ?

Au cours des derniers mois, la première étape des élections européennes s’est déroulée pour la première fois avec la phase des primaires permettant à chaque parti politique européen de choisir – selon des procédures dont l’innovation et la probabilité de diriger l’exécutif européen sont probablement inversement proportionnelles : d’un simple vote des congressistes à bulletin secret pour la droite libérale (ALDE) ou conservatrice (PPE) à des primaires interne pour la gauche (S&D) voire ouverte et en ligne pour les Verts.

Classement de la visibilité médiatique et en ligne des candidats

Avec 63% de part de voix, le candidat de gauche Martin Schulz domine de la tête et des épaules la compétition entre les candidats quant à leur visibilité médiatique et en ligne avec près de 40K de mentions depuis le début de l’année.

primaires_européennes_panoramaAlexis Tsipras, le candidat de l’extrême gauche arrive en seconde position (17%) devant le candidat des libéraux Guy Verhofstadt (10%) au coude à coude avec le duo des Verts Franziska Keller et José Bové (8%). Le dernier candidat « investi » seulement vendredi dernier au congrès du PPE à Dublin, Jean-Claude Juncker, se place en queue de peloton (2%).

Forte visibilité de Schultz dans les médias et bonne performance de Tsipras en ligne

La présence de Martin Schulz dans les médias traditionnels est très supérieure à l’ensemble des autres candidats qui ne bénéficient pas du capital symbolique détenu par l’actuel président du Parlement européen.

primaires_européennes_détailsLa compétition est plus équilibrée sur Twitter et dans les blogs, où Alexis Tsipras parvient à améliorer sa présence relative, sans doute grâce aux ressources militantes actives en ligne.

L’enseignement le plus évident est que la précocité du choix du candidat contribue de manière décisive à la possibilité de constituer un capital médiatico-politique.

Au total, le jeu des « primaires » internes aux partis politiques européens a permis de faire émerger les quelques figures qui devraient animer la campagne électorale, notamment lors du débat télévisé programmé le 15 mai prochain.