Faut-il faire des élections européennes un rendez-vous paneuropéen ?

Moins de trois mois avant l’échéance électorale, les analyses du scrutin européen sont préoccupantes et les solutions pour rendre les élections européennes plus lisibles et plus concrètes aux yeux des électeurs européens sont limitées. Pourquoi, le rendez-vous européen, tant attendu, peut se révéler risqué dans un contexte de crise et de défiance ?

Y a-t-il déjà eu une campagne électorale paneuropéenne ?

Selon Corinne Deloy, dans « Le scrutin européen de 2014. Un rendez-vous lourd d’interrogations » publié dans les P@ges Europe de La Documentation française, « vingt-huit scrutins nationaux ne font pas une élection européenne » :

La participation à une élection requiert la satisfaction de conditions minimales parmi lesquelles l’existence de règles communes telles que la clarté des enjeux, la pluralité des programmes, un débat public polarisé et la mise à disposition d’une information convaincante. Aucune de celles-ci n’aura été respectée lors des précédents scrutins européens.

Le jugement est sévère mais sans appel : on ne peut raisonnablement pas affirmer qu’il y ait déjà eu une vraie campagne électorale paneuropéenne à l’occasion des élections européennes. Tout au plus, les élections européennes se définissent – pour les partis, les médias et les électeurs – comme « des élections de second ordre ».

Y a-t-il une erreur de casting avec l’innovation du traité de Lisbonne ?

Certes, pour la première fois, chaque famille politique – hormis l’extrême droite – fera campagne derrière une figure de proue pan-européenne commune. Mettre en avant des candidats plus ou moins reconnaissables et crédibles, avec des propositions plus ou moins claires et concrètes ne peut qu’être considéré comme un progrès, aidant à la fois à européaniser, polariser et personnaliser les enjeux de la prochaine élection européenne.

Mais, s’interroge Philippe Maze-Sencier d’APCO Worldwide Washington, les partis politiques européens sont-ils à la hauteur de ce défi ? Pour lui, « il est loin d’être certain que les candidats choisis par ces mêmes partis seront à la hauteur de rétablir la confiance dans l’Europe ».

Y a-t-il  un paradoxe : un effet négatif inattendu d’une campagne électorale européanisée ?

Dans une livraison du Center for European Studies (CEPS), deux chercheurs Vivien Pertusot et Yann-Sven Rittelmeyer dans « The European Elections in France: The paradox of a more European yet more eurosceptic campaign » conclut que le scrutin européen de 2014 repose sur un paradoxe inattendu.

La prochaine campagne électorale pourrait être à la fois le scrutin le plus européen de l’histoire des élections européennes et en même temps le plus critique :

  • 2014, le scrutin le plus européen avec la campagne à l’échelle de l’UE entre les candidats des grands partis européens à la présidence de la Commission européenne ;
  • 2014, le scrutin le plus critique avec le débat sur l’Europe dans les Etats-membres, qui pourrait favoriser les partis d’extrême gauche et d’extrême-droite.

Au total, les leçons des précédents scrutins, de l’innovation du traité de Lisbonne et du dernier débat sur l’avenir de l’Europe en France lors du référendum de 2005 offrent une clé de lecture du prochain scrutin européen : le débat sur l’UE dans un contexte de sentiment eurosceptique comporte un certain risque de dérapage populiste.

2 réflexions sur « Faut-il faire des élections européennes un rendez-vous paneuropéen ? »

  1. Fabien

    En même temps en 2009, le lendemain de l’élection, toutes les radios ouvraient leur journal en disant « la droite a gagné en Europe », ce qui démontre bien que c’est une question de perspective et que globalement l’impact d’une élection européenne se fait bien à l’échelle continentale. Si on en croit les projections données pour le moment, on assiste à un recul de la droite, une petite hausse de la gauche et une montée des forces eurosceptiques mais tout en étant encore totalement minoritaire. Je trouve ça plutôt cohérent et donc bien un rendez-pan-européen.

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