Archives mensuelles : janvier 2013

Transparence sur les budgets des agences de communication auprès de la Commission européenne en 2011

Après une 1e enquête menée de 2007 à 1010 à partir du portail de la transparence listant les principaux bénéficiaires de l’argent public européen sur les principaux budgets des agences de communication auprès de la Commission européenne, un marché que l’on peut estimer à environ 100 millions d’euros par an en moyenne, les informations valables pour l’année 2011 sont dorénavant accessibles. Quels sont les budgets des principales agences de communication de la Commission européenne en 2011 ?

Mostra : 22 579 307 € et 207 contrats en 2011

Première agence, déjà entre 2007 et 2010, Mostra confirme sa position de leader du marché de la communication de l’UE en 2011.

Parmi les nombreux contrats, quelques exemples de contrats :

  • 2.5 millions d’€ + 498.690 € pour une campagne de sensibilisation à la mobilité urbaine durable pour la DG de l’énergie ;
  • 2.25 millions d’€ pour la communication de la DG des affaires maritimes et de la pêche ;
  • 1.4 millions d’€ pour la campagne audiovisuelle sur les futurs élargissements de l’UE (cf. la vidéo jugée raciste « The more we are, the stronger we are » pour la DG de l’élargissement ;
  • 1.2 millions d’€ pour les journées européennes du développements pour la DG « EuropeAid » ;
  • 968.294 € pour la campagne de promotion du portail « Your Europe et « Europe Direct » (voir la vidéo) pour la DG COMM ;
  • 965.160 € pour le magazine en ligne sur la recherche et l’innovation pour la DG de la recherche et de l’innovation ;
  • 720.000 € pour des prestations de communication pour la DG de l’informatique ;
  • 650.250 € pour la communication autour de la législation de l’UE sur la protection des données en ligne (voir la vidéo, ayant fait moins de 10 000 vues) pour la DG de la justice ;
  • 578.8512 € pour la DG de l’environnement ;
  • 499.553 € pour la campagne de publicité à la radio sur le réseau « Entreprise Europe Network » pour la DG des entreprises et de l’industrie ;
  • 250.000 € pour une vidéo sur « l’égalité des genres dans les conseils d’administration » (voir la vidéo avec à peine 6 000 vues) pour la DG de la justice…

Tipik : 22 358 445 € et 239 contrats en 2011

Deuxième agence de communication de la Commission européenne en 2011 en termes de budget, Tipik est la plus active avec 239 contrats sur l’année.

Les contrats les plus importants portent sur :

  • 700.000 € pour une prestation print pour la DG de la justice ;
  • 650.000 € pour la gestion du portail « Your Europe – Citizens » pour la DG du marché intérieur et des services ;
  • 650.000 € pour la gestion du portail « Your Europe – Business » pour l’Agence exécutive pour la compétitivité et l’innovation ;
  • 648.381 € pour la campagne « Women in Science » pour la DG de la recherche et de l’innovation ;
  • 580.321 € pour la communication autour des programmes de navigation satellitaire Egnos et Galileo pour la DG des entreprises et de l’industrie ;
  • 535.929 € pour la conférence sur l’égalité entre les femmes et les hommes pour la DG de la justice ;
  • 420.000 € pour la publication d’une bande-dessinée sur l’histoire de la PAC pour la DG de l’agriculture et du développement rural ;
  • 399.429 € pour la gestion du site d’EuropeAid…

ESN – European Service Network 19 359 226 € et 175 contrats en 2011

Troisième agence de communication de la Commission européenne, ENS – European Service Network :

  • 3.583.012 € + 689.661 € pour les centre d’information Europe Direct pour la DG de la communication ;
  • 599.251 € pour la campagne de communication sur le rapport européen sur le développement pour la DG du développement et de la coopération — EuropeAid ;
  • 530.000 € pour le helpdesk de la DG COMM ;
  • 495.395 € pour les indicateurs européens sur les migrations pour la DG des affaires intérieures ;
  • 480.400 € pour les sites web du service des instruments de politique étrangère…

Media Consulta : 13 135 755 € et 89 contrats

Quatrième et dernière agence avec un budget de plus de 10 millions d’€, Media Consulta est un agence basée à Berlin :

  • million d’€ pour la communication de la Commission européenne en Turquie pour la DG de l’élargissement ;
  • 965.392 € pour la communication de la DG de la fiscalité et de l’union douanière ;
  • 754.412 € pour l’organisation d’événements et de visites dans des pays tiers à l’UE pour la DG de l’agriculture et du développement rural
  • 696.300 € pour la communication de la Commission européenne en Islande pour la DG de l’élargissement ;
  • 385.000 € pour le salon international de l’agriculture à paris pour la DG de l’agriculture et du développement rural…

Gopa-Cartermill : 5 984 457 € et 21 contrats en 2011

Autre agence de communication spécialisée sur le marché « européen », Gopa-Cartermill se positionne honorablement en 5e position, avec notamment 2 contrats à plus d’un million d’euros :

  • 1.399.812 € pour la plateforme stakeholders web « Smart cities » pour la DG de l’énergie
  • 1.347.303 € pour la plateforme de ressources web sur la recherche énergétique pour la DG de l’énergie.

Emakina : 3 071 209 € et 33 contrats

Sixième agence de communication prestataire de la Commission européenne, Emakina est spécialisée dans les prestations web :

  • 345.326 € pour des vidéos sur la campagne « Horizon 2020 » pour la DG de la recherche et de l’innovation
  • 198.600 € pour le vidéo clip de la journée de l’Europe, le 9 mai 2011 pour la DG de la communication
  • 177.594 € pour l’application mobile de la Carte Européenne d’Assurance Maladie pour la DG de l’emploi, des affaires sociales et de l’inclusion
  • 149.842 € pour la fameuse vidéo jugée sexiste « Science: it’s a girl thing! » pour la DG de la recherche et de l’innovation ;
  • et de nombreuses autres productions audiovisuelles…

Ligaris : 2.166.847 € et 21 contrats

Septième agence de communication au service de la Commission européenne, Ligaris, située à Paris est notamment intervenue pour :

  • 671.470 € pour des événements sur l’agriculture pour la DG de la santé et des consommateurs ;
  • 318.208 € pour des goodies lors de la semaine des vétérinaires pour la DG de la santé et des consommateurs ;
  • 212.440 € pour l’organisation d’une conférence sur la santé animale pour la DG de la santé et des consommateurs…

Ogilvy : 1.833.170 € et 7 contrats

Dernière agence – la 8e – avec un budget annuel de plus de 1 million d’euros, Ogilvy n’a travaillé que pour la DG de l’environnement :

  • 950.910 € pour la campagne sur l’efficacité des ressources ;
  • 359.230 € pour la campagne sur la biodiversité ;
  • 149.675 € pour les 20 ans de la directive habitats (du programme LIFE)…

Au total, le marché de la communication de la Commission européenne apparaît comme relativement concentré avec 3 agences – toutes basées à Bruxelles – représentant chacune environ un quart des 100 millions d’euros environ dépensés en 2011.

Et si la créativité était au cœur de la communication européenne ?

Officiellement désirée voire revendiquée pour moderniser la communication de l’UE, la nouveauté introduite par la créativité – en bousculant la routine des institutions – semble en réalité soulevée de l’insécurité et être accueillie avec méfiance. Et si, au lieu de suivre la préférence allant généralement au conformisme, la créativité était placée au cœur de la communication européenne ?

Acte de créer de nouvelles idées : susciter l’inspiration

Plutôt que de s’appuyer uniquement sur l’intelligence rationnelle et/ou reptilienne, que se passerait-il si étaient poussées l’imagination, les sens, les émotions, la spontanéité et la sensibilité ?

Plusieurs conséquences seraient attendues si l’inspiration était au fondement de la communication européenne :

  • les messages de l’UE seraient exprimés plus naturellement dans la langue de tous les jours avec des référentiels partagés par le plus grand nombre ;
  • les supports de communication seraient plus ingénieux dans leurs formats d’expression ;
  • les points de contact avec le public seraient plus adaptés à leurs usages et pratiques.

L’inspiration permettrait de davantage concevoir la communication européenne comme une relation transactionnelle, émotionnelle, d’informations et de services entre l’UE et les Européens.

Capacité à trouver des solutions originales : favoriser l’adaptation

La créativité ne doit pas pour autant être limitée à de nouvelles idées, plus ou moins possibles : c’est surtout une capacité à apporter des solutions originales aux problèmes soulevés par la communication européenne.

Mettre la créativité au cœur de la communication européenne commencerait par reconnaître qu’il y a toute une série de problèmes à résoudre :

  • au-delà de la légitimité de l’UE, un problème d’identification et à fortiori d’adhésion au sein des populations ;
  • au-delà du multilinguisme (22 langues officielles dans l’UE), un problème de compréhension des messages face aux réalités locales ;
  • au-delà de l’infinité des canaux de communication à l’échelle d’un continent (450 millions d’Européens), un problème de médiation via des relais déboussolés.

L’adaptation consisterait à concevoir la communication européenne en partant davantage des réalités politiques, sociales, économiques et culturelles des Européens, afin d’éviter le biais d’un projet sinon ouvertement élitiste, du moins objectivement élitaire.

Volonté de modifier ou de transformer le monde : accompagner l’innovation

Enfin et surtout, la créativité dans la communication européenne doit viser non pas seulement à toucher différemment, avec efficacité les publics européens mais également à modifier l’état des choses.

Placer la créativité au centre de toute communication afin de changer signifierait :

  • auprès des publics externes, la communication rechercherait des réactions au sein des sociétés, du simple « accusé de réception » à la prise de conscience responsable ;
  • auprès des publics internes, la communication se positionnerait comme un mission transformative, une politique publique à part entière.

Au total, la créativité – prise au sérieux – pourrait permettre à la communication européenne de progresser en matière d’inspiration sur le plan des idées, d’adaptation dans le déploiement au contact des publics et d’innovation en tant que politique publique transformative.

Twitter : comment communiquent les directions de la Commission européenne ?

Après le palmarès des membres du Collège de la Commission européenne sur Twitter, place à l’étude des 32 directions générales sur Twitter. Alors qu’il y a un an seulement 2 DG dépassaient les 5 000 Followers, sur un total de 15 comptes, qu’en est-il aujourd’hui ?

Hausse de 40% du nombre de comptes et de 300% du nombre de Followers

En un an, le paysage de la Commission européenne sur Twitter a profondément progressé, non pas tant par la hausse du nombre de comptes qui est passé de 15 à 22, pour 18 directions engagées mais surtout par la multiplication par 3 du nombre de Followers, avec une communauté globale de 120K Followers, dont 6 comptes autour ou à plus de 10K Followers.

Twitter_DG_EC_2013Les nouveaux entrants sont globalement peu nombreux sur l’année écoulée :

Les grands absents sur Twitter sont encore nombreux :

  • la DG Communication, quoique le compte officiel de la Commission européenne avec plus de 91K Followers ne soit pas à oublier ;
  • ni la DG Agriculture ni la DG Affaires maritimes ne sont présentes ;
  • aucune des politiques européennes exclusives telles que la Concurrence et le Commerce ne sont sur Twitter ;
  • d’autres politiques importantes ne sont également pas – encore – engagées : Education et culture, Energie, Transports ;
  • les missions internes à l’institution ne sont pas logiquement identifiées (Affaires intérieures, RH, information et traduction).

Les plus actifs et les mieux engagés sur Twitter sont :

  1. le service européen de l’action extérieur @EU_EEAS (la « diplomatie » de l’UE) : le compte est le 1er en étant le plus suivi avec près de 22K de Followers ;
  2. la DG Connect qui s’occupe de l’Agenda numérique @DigitalAgendaEU : le compte est 2e en ayant le plus d’abonnés (2K) et « seulement » 10K de Followers ;
  3. l’agence pour l’environnement @EUEnvironnement, quoiqu’il ne s’agisse pas de la DG ENV est en 3e position avec un peu plus de 10K de Followers ;
  4. @EU_Social de la DG emploi, affaires sociales et inclusion est 4e avec 9 619 Followers ;
  5. @ECFIN de la DG Affaires économiques et financières est 5e sur un sujet difficile en étant suivi par 9 497 Followers ;
  6. @EU_Regional de la DG Politique régionale est 6e avec 9 343 Followers ;
  7. la DG SANCO est particulièrement active avec 2 comptes lancés courant 2012 @EU_Consumer avec 7 787 Followers et @EU_Health avec 1 711 Followers ;
  8. @EU_Enterprise de la DG Entreprises et Industries est 8e avec 7 754 Followers ;
  9. @InnovationUnion est 9e avec 6 373 Followers et la palme du nombre de tweets (près de 10K) pour la DG Recherche et Innovation ;
  10. @EUInterpreters est 10e avec 4 845 Followers.

Au total, l’investissement de la Commission européenne est inégal en fonction des directions générales, pourtant les résultats prouvent l’intérêt de développer une communauté sur Twitter

Quel budget pour la communication de l’Union européenne en 2013 ?

Avec la nouvelle année, viennent les nouveaux budgets… La Direction générale à la Communication de la Commission européenne publie son programme de travail annuel pour 2013. Quelles sont les principales évolutions par rapport à l’année dernière ?

Hausse relativement réduite du budget de la DG COMM en 2013

Contrairement à l’année dernière où le budget de la DG COMM avait été en baisse pour la 1e fois depuis sa création en 2006, en 2013 le budget de la DG COMM est en hausse réduite (+ 0.5%  soit 564 000 €) et s’établit à 103 689 000 €.

budget_DG_COMM_2013

Réaffectation relativement importante des grands postes budgétaires

Les grands postes de dépenses sont globalement identiques, quoique des réaffectations affectent les priorités :

  • les actions multimédia sont toujours les plus importantes (28,4 millions d’€) mais subissent une baisse de 2 millions d’€ ;
  • les outils d’information et de communication en ligne, avec une hausse de 2,5 millions d’€ (16,8 millions d’€) sont dorénavant le 2e poste de dépenses ;
  • les actions prioritaires, en particulier les partenariats de communication avec les Etats-membres (12,5 millions d’€) et les relais d’information, notamment le réseau Europe Direct (13,8 millions d’€) sont les budgets stables de plus de 10 millions d’€.

Détails des plus fortes variations : Euronews en forte baisse et Europa en forte hausse

La baisse des actions multimédia porte tout particulièrement sur Euronews qui se voit moins subventionné (-600 000€) et moins mobilisé pour des productions audiovisuelles (-700 000€). La Commission européenne constaterait-elle que sa communication hybride ne fonctionne pas ?

La hausse des outils d’information et de communication en ligne bénéficie au portail Europa qui se voit alloué une enveloppe de 2 millions d’€ supplémentaire, ce qui laisse à penser que le chantier de la refonte sera intensifié en 2013.

Parmi les baisses de budget les plus significatives :

  • -1,2 millions d’€ pour l’exploitation des studios de radiodiffusion et de télévision et équipements audiovisuels ;
  • -1,1 millions d’€ pour la communication des Représentations de la Commission dans les Etats-membres, alors qu’elles sont chargées de porter l’année européenne des citoyens et qu’une Représentation sera ouverte en Croatie en 2013 ;
  • -400 000€ pour les publications écrites ;
  • -200 000€ pour les espaces publics européens qui consistent pourtant à favoriser les synergies dans les Etats-membres entre les Représentations de la Commission et les Bureaux d’information du Parlement européen.

Parmi les hausses de budget les plus importantes :

Au total, le budget de la DG COMM pour 2013 permet de décrypter les priorités : une meilleure communication de la Commission en ligne (refonte d’Europa et renfort pour Rapid) et auprès des visiteurs à Bruxelles au détriment de la communication par l’intermédiaire des productions audiovisuelles, notamment avec Euronews, ou par les Représentations dans les Etats-membres. Ces évolutions permettront-elles de trouver le public européen ?

Lutter contre l’indifférence : ultime mission de la communication européenne ?

Aujourd’hui, « 2013 année européenne des citoyens » vient d’être officiellement lancée à Dublin. Tout au long de l’année, un débat sur l’avenir de l’UE est encouragé au travers d’événements et de conférences organisés partout en Europe. L’opération apparaît comme une mission de secours d’un projet européen abandonné par l’indifférence…

« Ne plus être aimée » : la plus grande menace contre l’Europe selon François Hollande

Interviewé par Le Monde en octobre dernier, le président de la République François Hollande s’était montré particulièrement lucide sur la plus grande menace qui pèse sur l’Europe :

C’est de ne plus être aimée. De n’être regardée au mieux que comme un guichet austère, où les uns viendraient chercher des fonds structurels, d’autres une politique agricole, un troisième un chèque, au pire comme une maison de redressement.

Autrement dit, la plus grande menace ne serait plus – suivant le poncif du déficit démocratique de l’UE  – la distance qui se serait établie irrémédiablement entre les citoyens et les institutions européennes. Ce ne serait pas non plus le défaut de pédagogie de la part des médias ou des responsables politiques.

Donc, le plus grand problème de la relation entre l’Europe et les Européens serait d’ordre amoureux.

« Indifférence et pessimisme » : les menaces sur la construction européenne selon José Manuel Barroso

Dans un parallélisme intellectuel saisissant, le discours du président de la Commission européenne, aujourd’hui, à l’occasion du lancement de l’année européenne des citoyens s’inscrit dans la même veine sur les blessures mortelles portées à l’UE :

I believe constructive criticism does not pose a threat to the European project. But pessimism and indifference do.

Là encore, l’ultime mission de la communication européenne ne semble plus de persuader les citoyens de la plus-value de la construction européenne. Pas même d’expliquer de quelles manières les politiques européennes influent sur la vie quotidienne.

Autrement dit, le mal qui frapperait la relation des Européens à l’Europe serait une forme d’acédie.

Paradoxalement, au moment où le diagnostic n’a jamais été posé aussi lucidement par les autorités, leur ambition apparaît en creux extrêmement limitée.