Archives mensuelles : octobre 2011

Parlamentarium : la vitrine virtuelle de l’Union européenne ?

Vendredi 14 octobre, le nouveau centre des visiteurs du Parlement européen, à Bruxelles, devient la nouvelle vitrine de l’UE ouverte, gratuitement, sept jours sur sept, dans les 23 langues officielles…

Visiter les institutions européennes jusqu’à présent : un parcours du combattant

S’organiser une visite des institutions européennes – pour le citoyen lambda – n’est pas aujourd’hui chose très aisée.

Institution la moins ouverte au public, le Conseil de l’Union prévient d’emblée que « les visites doivent être programmées au moins deux mois à l’avance ». De plus, le visiteur impétrant doit montrer patte blanche : nom, adresse, numéro de téléphone, adresse électronique + deux possibilités de dates + le nombre et l’âge des participants (l’âge minimum est de 18 ans).

À peine plus accueillante, la Commission prévient qu’elle « n’organise pas de visites d’information pour des petits groupes (moins de 15 personnes) ou des particuliers. Pour des raisons de sécurité, il n’est pas possible d’organiser des visites guidées des bâtiments de la Commission ». Par ailleurs, les visiteurs doivent êtres « âgés d’au moins 15 ans ».

Seuls trois types de visites de la Commission européenne sont possibles :

  • des séances d’information générale de 90 minutes destinées aux écoles et aux personnes n’ayant pas ou peu de connaissances sur l’Union européenne ;
  • des visites personnalisées d’une demi-journée destinées aux étudiants ;
  • des visites personnalisées d’une journée destinées entre autres aux groupes professionnels, aux partenaires sociaux (associations professionnelles et syndicats) et aux groupes d’intérêts (organisations féminines, groupes religieux, etc.).

Quoique l’institution européenne la plus ouverte, le Parlement européen limite l’âge des visiteurs à « au moins 14 ans » et réduit la plage horaire pour assister à une séance plénière dans l’hémicycle à quelques jours par semaine et quelques heures par jour.

Bref, visiter les institutions européennes n’est pas facile et surement pas une activité familiale.

Découvrir l’UE avec l’ambitieux Parlamentarium : un voyage virtuel à travers l’Europe

Décidé en 2005, Parlamentarium se revendique le second plus grand centre du genre au monde, après celui de Capitol Hill à Washington (coût de 421 millions d’€ pour une superficie de 53 800 m2).

Le Parlamentarium – dont l’origine est un condensé entre Parlamentum (grec) = parler et Atrium (latin) = suffixe désignant un endroit – attend 450 000 visiteurs par an pour un coût d’environ 21 millions d’€ et 5 400 m2, selon les « faits et chiffres » dans la note de background.

La population locale et les touristes y trouveront un large éventail d’outils multimédias immersifs et interactifs qui plongent les visiteurs dans un « voyage virtuel à travers l’Europe ». La description des animations dans le press kit ne fait que renforcer la prégnance du numérique :

  • 1 jeu de rôle multimodes pour les lycéens ;
  • 1 série d’installations interactives ainsi qu’1 mur de vidéos
  • 1 projection en 3D d’une carte d’Europe évolutive avec « 90 points interactifs (…) des écrans mobiles faisant office de guides multimédias » ;
  • 1 dispositif de vote interactif permettant de comparer son vote à celui d’autres visiteurs « C’est à vous de choisir » (la signature de la campagne d’incitation aux votes du Parlement européen pour les dernières élections européennes) ;
  • 2 cinémas à 360 degrés : « une image gigantesque de l’hémicycle projetée sur un écran numérique panoramique à 360 degrés (…) assister aux débats et aux votes de façon à la fois ludique et captivant ».
  • 700 guides multimédias personnels disponibles pour le public.

Ainsi, avec Parlamentarium, « la forteresse Europe baisse son pont-levis ». L’UE investit dans un complexe qui renvoie à la fois une image de modernité et de virtualité. Saura-t-elle rendre plus attrayante la visite du quartier européen à Bruxelles et plus didactique la découverte de la construction européenne ?

Le Club de Venise fête ses 25 ans

Fondé en 1986 sous les auspices de la présidence italienne du Conseil de l’UE de l’époque, le « Club de Venise » va fêtera son 25e anniversaire lors de sa prochaine réunion à Venise les 10-11 novembre prochain…

Histoire du « Club de Venise » : une ouverture progressive à la coopération interinstitutionnelle informelle en matière de communication européenne

Initialement composé exclusivement des responsables de l’information et de la communication gouvernementale des États membres, le Club de Venise s’est peu à peu imposé comme le lieu de la coopération interinstitutionnelle informelle en matière de communication européenne :

  • en 2000, les principales institutions de l’UE (plus précisément, le Parlement européen, le Conseil et la Commission) rejoignent le Club ;
  • en 2003, les pays candidats à l’adhésion de l’UE accèdent également au Club
  • en 2008 et 2009, le Comité économique et social européen et le Comité des régions, puis la Banque centrale européenne complètent la représentation européenne du Club.

Aujourd’hui, le « Club de Venise » se définit comme un regroupement informel de professionnels de la communication publique à l’échelle nationale et européenne dont le but est principalement d’assurer l’échange optimal d’informations et d’expériences en matière d’information et de communication européennes.

Organisation du « Club de Venise » : près de 60 séances biannuelles en 25 ans

Afin de promouvoir la discussion sur des enjeux de communication publique ayant un intérêt transeuropéen et des débats sur la communication sur l’Europe, l’agenda du Club consiste à se réunir en séance plénière deux fois par an : en général à Venise à l’automne et dans le pays exerçant la présidence du Conseil de l’UE au printemps.

Les réunions du Club visent à un échange sur des sujets d’intérêt commun aux membres ou sur des questions spécifiques comme les sondages d’opinion, la communication web, la communication de crise, la diplomatie publique, etc. en vue de :

  • stimuler l’échange d’idées,
  • partager des bonnes pratiques,
  • tirer des enseignements opérationnels.

Agenda du « Club de Venise » : un intérêt croissant pour les enjeux du web et des médias sociaux

Les séances les plus récentes du « Club de Venise » sont particulièrement instructives pour mesurer la place sans cesse plus importante qu’occupent le web et les médias sociaux dans les discussions sur la communication européenne :

  • les 3-4 Juin 2010 à Gozo (Malte) : « le Club a abordé l’intérêt croissant pour les réseaux sociaux » ;
  • le 20 Octobre 2010 à Bruxelles : « le Club de Venise a organisé un atelier sur les médias sociaux et la communication interactive » ;
  • le 10 février 2011 à Bruxelles : « les activités du Club ont repris avec un atelier sur la communication web et les médias sociaux », que nous avions abordé ;
  • les 26-27 mai 2011 à Varsovie : la dernière séance plénière a examiné notamment « le développement de la communication interactive » ;
  • le 7 octobre 2011 à Bruxelles : un séminaire sur « l’impact des médias sociaux sur le journalisme ».

Ainsi, au fil de ses 25 ans, le Club de Venise est progressivement devenu le réceptacle de la coopération informelle entre institutions en matière de communication européenne et récemment le héraut des discussions sur l’impact des médias sociaux sur la communication européenne.

Le web social, terrain d’une nouvelle communication européenne ?

Aujourd’hui se tient à Bruxelles la conférence #techmapBXL sur Twitter : « EC goes Social Media, or not… » :

  • une occasion de s’interroger sur les raisons pour lesquelles l’UE s’engage dans le web social, sur la mise en œuvre de l’utilisation des médias sociaux par les institutions européennes et sur l’impact dans la communication européenne.
  • une participation des principaux protagonistes : Stephen Clark, responsable de la communication web du Parlement européen, Bert Van Maele, responsable des médias sociaux à la Commission européenne et Aurélie Valtat, responsable de la stratégie web au sein du Conseil de l’UE.

C’est justement à ces questions que se propose de répondre le mémoire de François Faggianelli, étudiant dans le Master professionnel « Communication Publique » de l’IEP de Lille.

Pourquoi communiquer l’Europe dans le web social ?

Après une première partie consacrée au relatif échec de la communication européenne institutionnelle dans sa mission d’information et d’écoute des citoyens européens, une mission impossible à plus d’un titre :

  • la montée d’un euroscepticisme transeuropéen : un sujet – l’Europe – qui ne séduit plus ;
  • la communication de l’UE entravée par de multiples contraintes et par l’indifférence ;
  • le déficit de créativité et d’originalité des campagnes de communication européenne…

Et une seconde partie – sous forme d’audit de la présence actuelle du web social par les institutions européennes – sont abordées dans une troisième partie les raisons de l’utilisation du web social par l’UE :

  • Le web social, un nouvel espace public (près de 36% de la population totale de l’UE est sur Facebook) ;
  • Le web social, un outil en phase avec les attentes des citoyens, qui offre des opportunités participatives innovantes
  • Le web social, un support à la fois de l’immédiateté et de la conservation, dont les actions sont aisées à observer ainsi que les effets faciles à mesurer et pour un coût relativement peu onéreux.

Dans une quatrième partie, des réserves légitimes sont exprimées sur le web social, qui ne constitue pas une fin en soi.

D’une part, le web social doit être considéré avec ses limites intrinsèques :

  • une difficulté à tirer profit d’une audience élargie (fragmentation des communautés et des plateformes) ;
  • un support qui exige la qualité (économie de l’attention et labilité du public)
  • un média qui doit se penser dans une stratégie globale et cohérente ;
  • un accès discriminé au web pour des raisons socio-économiques et démographiques ;
  • un canal qui ne convient pas à toutes les cibles.

D’autre part, les institutions européennes disposent de contraintes spécifiques quant à leur utilisation du web social :

  • une difficulté à transformer l’audience en bénéfice tangible ;
  • un outil difficile à monitorer et à modérer à l’échelle de l’UE ;
  • un média en décalage avec la culture de communication traditionnelle ;
  • une tension entre exigence de transparence et respect des procédures et de la neutralité administrative.

Finalement, le web social représente une étape pour mieux communiquer l’Europe :

  • une dynamique plus citoyenne, plus sociale, plus ouverte qui peut faire évoluer les mentalités et la manière de penser de l’UE ;
  • un média décomplexé pour impulser un changement dans la manière de communiquer et d’être au contact des citoyens européens ;
  • un lieu créatif qui offre la prise de risque nécessaire pour changer la communication
  • un espace « intact », un nouveau terrain pour expérimenter auprès d’une nouvelle génération d’Européens.

Comment communiquer l’Europe dans le web social ?

Toute la dernière partie du mémoire est consacrée à un plan d’action pour déployer une communication européenne dans le web social, en 20 points :

  1. Développer un réseau social interne et tirer profit des ressources existantes ;
  2. Généraliser et faciliter les formations – les « social media workshop » organisés par la « social media team » de la DG COMM y travaille actuellement ;
  3. Promouvoir les fonctionnaires – la publication de « social media guidelines » y répond ;
  4. Augmenter le nombre de fonctionnaires mandatés pour communiquer dans les médias sociaux – le « social media network », un groupe de fonctionnaires récemment créé y contribue ;
  5. Sensibiliser, éduquer et informer la hiérarchie ;
  6. Repenser l’organisation et la structure des services communication (positions respectives de la DG COMM et des autres unités communication dans les autres directions générales) ;
  7. Améliorer la communication en partenariat dans le web social ;
  8. Repenser la présence des institutions sur le web pour « penser social » – recentrage autour du citoyen ;
  9. Se doter de meilleures ressources pour favoriser une dynamique innovatrice ;
  10. Utiliser des ressources internes en fonction de l’action de communication à entreprendre ;
  11. Développer des partenariats publics / privés et recourir à l’externe ;
  12. Intensifier les investissements en solutions web sociales ;
  13. Développer une véritable dynamique de veille et de benchmark ;
  14. Former et éduquer les citoyens-internautes
  15. Élaboreret lancer une campagne de communication grand public au niveau européen sur le web social – une occasion pour positionner l’UE sur le sujet ;
  16. Améliorer la communication décentralisée et locale ;
  17. Repenser et rationaliser la présence officielle des institutions dans le web social ;
  18. Proposer des services concrets et utiles au citoyen ;
  19. Uniformiser la présence des institutions sur le web social, « penser marque et réputation ».
  20. Impliquer véritablement le citoyen et créer une « sphère publique européenne » via le web social.

Ainsi, le web social représente à la fois une aubaine pour impulser un changement culturel et structurel au sein des services communication de l’UE mais également une opportunité pour repenser le modèle de communication et y inclure réellement les citoyens européens. Le web social constitue en ce sens une étape essentielle dans la redéfinition et la mutation de la communication européenne.

Vigie 2012 : le premier site de fact checking sur l’Europe pour la campagne présidentielle

Alors que la campagne présidentielle 2012 se prépare, un nouveau site de «fact checking » sur l’Europe Vigie2012 vient d’être lancé et envisage de « décrypter les déclarations des candidats à la lumière de la réalité européenne (…) pour apporter un éclairage européen objectif sur la campagne présidentielle de 2012 ».

Le fact checking est selon Alice Antheaume sur Work In Progress, « une technique journalistique anglo-saxonne qui permet de jauger la crédibilité de la parole politique (…) L’un des modèles du genre, c’est le site américain Politifact.com, qui a mis en place un outil appelé «truth-o-meter» (le véritomètre), et qui a été récompensé dès 2009 par le prix Pulitzer, le graal journalistique ».

Classements des candidats à l’élection présidentielle en fonction de leurs déclarations politiques sur l’Europe

Plusieurs classements sont prévus pour étudier 2 phénomènes :

  • d’une part, chaque semaine, le volume de prises de parole sur l’Europe des candidats à l’élection présidentielle : qui en parle le plus/le moins ? Cet outil – allant de 10 points pour un déplacement sur un thème européen à un petit point pour un passage sur l’Europe dans une interview – permet de mesurer la place donnée à l’Europe par chaque candidat dans la campagne ;
  • d’autre part, chaque jour, la véracité des déclarations politiques des candidats à l’élection présidentielle : rubrique « vrai/faux » avec les champions de la vérité (à partir de déclarations vérifiées) et les champions du pipeau (à partir de contre-vérités révélées).

Classements hebdomadaires des grands médias PQN et TV en fonction de leur traitement de l’Europe

D’autres classement concernent la couverture de l’Europe dans les grands médias :

  • classement hebdomadaire TV à partir minutage du traitement des questions européennes dans les JT de TF1, France 2, France 3 et Canal + : France 2 arrive en tête cette semaine avec un temps d’antenne consacré à l’Europe qui cumule à 14  minutes ;
  • classement hebdomadaire Presse quotidienne nationale à partir des articles consacrés à l’Europe (de la brève, à l’éditorial ou au dossier) : Les Échos arrivent en tête cette semaine avec 81.3% des articles sur l’Europe.

D’ici quelques semaines, les données recueillies devraient êtres particulièrement intéressantes, en particulier pour mesurer le taux effectif de couverture des affaires européennes dans ces deux grandes familles de médias d’information.

Annoncé lors de la conférence de presse de lancement, le projet repose sur « une équipe de bénévoles au fait des affaires européennes ».

Ainsi, avec Vigie 2012, un double travail de vérification de la parole politique sur l’Europe et de mesure du traitement de l’Europe dans les médias sera réalisé tout au long de la campagne des élections présidentielles.

Interview participative de José Manuel Barroso sur YouTube World View

Jeudi 6 octobre, José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, sera l’invité de l’émission « Youtube World View », un programme en ligne qui propose une série d’interviews « participatives » avec les principaux dirigeants du monde…

Comment fonctionne le dispositif participatif ?

Présenté comme « un « Questions pour un Champion » citoyen » par Euractiv.fr, le programme Youtube World View (près de 35 000 abonnés) repose sur les contributions des internautes :

  • en amont de l’émission, pendant une semaine, les internautes peuvent poser leurs questions écrites (limitées à 250 signes) ou vidéos dans leurs propres langues, éventuellement en lien avec l’une des grandes thématiques présentée dans la vidéo-teaser (près de 8 000 vues) ;
  • pendant l’émission en direct diffusée également sur Euronews, « les questions les mieux notées par les internautes » seront directement posées par un journaliste – aucune interaction avec les internautes n’est prévue ;
  • en aval de l’émission, la vidéo peut être largement commentée par les internautes.

Trois questions sont également posées à chaque personnalité interviewée :

  1. Quel est le plus gros problème auquel devra fait face la prochaine génération, et que pouvons-nous faire aujourd’hui pour le résoudre ?
  2. Parlez-nous d’une expérience qui a changé votre vision du monde.
  3. Si vous pouviez poser une question à un dirigeant du monde, quelle serait-elle et à qui la poseriez-vous ?

Quels sont les points saillants de l’interview participative ?

Une valorisation forte de la personnalité interviewée : Organisée une fois par mois, l’interview est spécifiquement destinée aux « grandes personnalités du monde ». Ainsi, Barack Obama, David Cameron, José Luis Zapatero ou encore Tony Blair ont déjà été interviewés.

Une participation totalement filtrée par des journalistes : L’interview est menée classiquement en tête à tête entre un journaliste et la personnalité, la spécificité venant d’un écran géant place en arrière plan qui permet de diffuser les questions vidéos les plus populaires.

Une plateforme relativement ouverte aux médias sociaux : Chaque question peut pas être partagée sur Twitter et Google+ (mais pas sur Facebook) et dispose d’un lien. En revanche, le nombre de votes (favorable ou défavorable) n’est pas connu.

Une valorisation faible des contributeurs : Au-delà du pseudonyme et de la localisation du contributeur, il n’y a ni historique des contributions par auteur ni liens vers leurs blogs ou comptes personnels sur les réseaux sociaux. La contribution vidéo en pouvant être diffusée lors de l’interview est une incitation forte à privilégier ce média pour être entendu.

Ainsi, contrairement au Président du Conseil européen qui a lancé en juin dernier une plateforme relationnelle « Ask the President » sans lien avec un relais d’audience puissant, le président de la Commission européenne est l’invité d’une émission participative disposant d’une audience normalement établie.