Archives mensuelles : mars 2009

Lancement officiel de la campagne de communication du CIDEM pour les élections européennes : “Caravane civique européenne 2009”

En complément des actions entreprises à l’échelle européenne par le Parlement européen pour les élections européennes, l’Association Civisme et Démocratie (CIDEM) lance une caravane d’information et de sensibilisation pour les élections européennes destinée aux citoyens….

Les ambitions de la « Caravane civique européenne »

Depuis 2001, le CIDEM organise – selon le communiqué – des « Caravanes civiques » durant lesquelles des jeunes animateurs vont à la rencontre des citoyens afin de les informer et développer leur sens civique.

Du 9 mai au 6 juin 2009, la « Caravane civique européenne » sillonnera la France et fera étape dans les lycées, les universités, les structures d’accueil jeunes, les gares, les places de marché et autres lieux publics de 26 villes pour aller à la rencontre des citoyens afin de les sensibiliser à la participation à la vie démocratique européenne.

Les objectifs principaux :

  • informer et sensibiliser sur le rôle et les missions des institutions européennes, et en particulier le Parlement européen ;
  • inciter à la participation active aux prochaines échéances électorales européennes du 7 juin 2009 ;
  • faire débattre, faire participer et impliquer un maximum de citoyens sur les questions européennes.

Les objectifs secondaires :

  • valoriser les actions associatives et citoyennes ;
  • concentrer les actions d’information et de sensibilisation auprès des jeunes issus des quartiers dits sensibles et difficiles afin de leur permettre une meilleure appropriation de l’Europe ;
  • mettre en relation des acteurs associatifs et institutionnels européens avec des jeunes.

Le message principal véhiculé par la Caravane sera « Ne laissez pas les autres décider à votre place, le 7 juin, donnez vous le droit de choisir ».

Les actions de la « Caravane civique européenne »

Campagne réalisée avec le soutien du Parlement européen, de la Commission européenne et du Secrétaire d’État chargé des affaires européennes, et en partenariat avec le Parlement européen des jeunes et Touteleurope, la Caravane c’est :

  • l’organisation d’une tournée par 4 animateurs impliqués dans la vie associative ;
  • l’animation d’un bus, aux couleurs de la campagne, aménagé pour accueillir le public avec un comptoir d’accueil et deux tentes pouvant être installées à l’extérieur ;
  • la diffusion de différents outils d’information lors de rencontres informelles, réunions publiques, tables rondes… ou à l’occasion des visites dans les structures d’accueil des jeunes, dans les centres sociaux…

Un site Internet www.lacaravaneciviqueeuropeenne2009.eu complète le dispositif avec une rubrique spéciale consacrée à la vie quotidienne de la campagne (temps forts, témoignages des jeunes, des animateurs…

Lancement officiel de la campagne de communication du Parlement européen pour les élections européennes : “Elections européennes : à vous de choisir”

Seule institution européenne dont les membres sont élus au suffrage universel direct, le Parlement européen lance une campagne de communication unique dans les 27 États membres pour mobiliser un électorat tenté par l’abstention et qui est appelé à élire 736 eurodéputés du 4 au 7 juin…

Le raisonnement de la réflexion stratégique de la campagne repose sur le concept de choix

Annoncée depuis quelques mois notamment sur ce blog et dévoilée mardi 17 mars, la campagne repose sur le raisonnement suivant :

  • des choix politiques majeurs se posent à l’UE ;
  • les décisions de l’UE affecteront la vie quotidienne des citoyens européens ;
  • le premier rôle reviendra au Parlement européen pour en fixer les alternatives politiques ;
  • par leur vote lors des élections européennes pour les candidats portant leurs préférences politiques, les citoyens peuvent influer sur la sélection de ces alternatives politiques.

Ainsi selon le Vice-président Alejo Vidal-Quadras (PPE-DE, ES) : « le seul message de cette campagne est relatif au choix » en s’inscrivant dans une démarche institutionnelle et non partisane et en ne favorisant aucun choix particulier.

Le positionnement de la déclinaison opérationnelle de la campagne repose sur des registres pédagogique et accessible

Le multimédia et Internet en particulier est au cœur de la démarche initiée par le Parlement européen :

  • Pages dédiées aux élections de juin 2009 lancées en janvier dernier rassemblant des sondages en lignes, des dossiers thématiques et des cartes interactives ;
  • « Choice Boxes » intitulées « Eurostudios » ressemblant à des espaces multimédias de la taille d’une pièce où les électeurs peuvent exprimer leur avis, une forme de « cahier de doléances » virtuels. Les Eurostudios seront installés dès le 9 mai à Paris et à Marseille. Quotidiennement une sélection d’enregistrements des Eurostudios seront diffusés sur des écrans placés à l’extérieur de ces espaces, à Bruxelles et par le canal de EuroparlTV et YouTube.

Une attention particulière est portée à la cible des jeunes, notamment via l’utilisation de médias sociaux tels que MySpace, Facebook, Flickr (cf. création de groupes sur les réseaux communautaires).

Selon Euronews, le budget de la campagne s’élève à environ 18 millions d’euros, « ce qui veut dire que par électeur, si on pense aux 375 millions d‘électeurs potentiels, cela signifie un budget de cinq centimes d’euros, selon Francesca Ratti, directrice de la Communication du Parlement européen ».

"Europe XXL" à Lille : comment la communication sur l’Europe via la culture permet d’agir sur les représentations de l’Europe ?

La stratégie de communication sur l’Europe de la métropole de Lille reposant sur l’organisation de manifestations festives et culturelles se révèle une excellente tactique pour modifier les représentations que les Européens se font de la construction européenne.

lille_3000

Action n°1 sur le niveau d’information sur l’Europe

Les nombreuses manifestations organisées par Lille 3000, opérateur de la biennale « Europe XXL » : installations de rue, expositions, concerts, spectacles de danse, pièces de théâtre, films, débats et week-ends thématiques sont autant d’occasion d’informer les citoyens sur l’Europe des arts et de la culture…

Action n°2 sur l’étendue du champ des représentations de l’Europe

Puisque rien n’indique que les représentations les plus claires soient celles concernant les objets sur lesquels on dispose du maximum d’information, on peut considérer que le minimum d’information transmis par ces manifestations peut avantageusement compléter les représentations que les citoyens se font de l’Europe.

Ainsi, des représentations de l’Europe des arts et de la culture peuvent élargir le champ de représentations de l’Europe souvent limité aux institutions communautaires (« l’Europe de Bruxelles ») ou à la mobilité des étudiants (« l’Europe d’Erasmus »).

Action n°3 sur l’attitude des citoyens par rapport à l’Europe

Puisque qu’une attitude par rapport à l’Europe peut être très structurée sans que pour autant l’information dont dispose le citoyen soit fiable et sans que le champ de représentation soit cohérent, on peut considérer que la représentation d’une Europe culturelle, artistique et festive peut avantageusement favoriser une nouvelle représentation – plus « positive » – de l’Europe.

Ainsi, pour reprendre l’analyse de Philippe Verhaegen dans « La communication publique: de l’information aux attitudes »

  • Considérant que l’attitude serait première : on commencerait par attribuer une valence positive ou négative à l’objet et puis seulement on se renseignerait sur sa teneur, ses liens avec d’autres objets ;
  • Considérant que l’augmentation de la quantité et/ou de la qualité de l’information risque de rester sans effet sur l’attitude et donc le comportement du sujet ;
  • Considérant qu’informer n’est pas un gage de réussite si des attitudes – des résistances par exemple – existent. En ce cas, une augmentation de la masse ou de la qualité de l’information produirait l’effet inverse et contribuerait paradoxalement au renforcement de l’attitude décriée ;

On peut considérer que l’élaboration d’une stratégie de communication sur l’Europe via la culture se donnant pour objectif de remédier à certaines carences observées (attitudes de résistances à déconstruire, représentations erronées ou lacunaires à corriger, champ de représentations incohérent à reconstruire,…) et reposant sur la mise en place de dispositifs articulant au mieux les dimensions informatives, relationnelles et cognitives de la communication peut réussir à agir sur les représentations préalables dans un sens plus favorable.

"Europe XXL" : les atouts de Lille pour communiquer sur l’Europe via la culture

Depuis l’énorme succès populaire de « Lille, capitale européenne de la Culture 2004 », la métropole nordiste, classée dans les « dix métropoles d’avenir en Europe » par le Financial Times, poursuit une stratégie de communication sur l’Europe, via la culture.

Ainsi, Lille fête l’Europe du 14 mars au 12 juillet avec une biennale vouée aux arts contemporains de plus de 500 manifestations culturelles prévues dans 56 communes : installations de rue, expositions, concerts, spectacles de danse, pièces de théâtre, films, débats et week-ends thématiques…

Atout n°1 : l’impulsion politique locale pour communiquer sur l’Europe via la culture

D’abord, cette initiative bénéficie d’une impulsion politique forte. La maire de Lille Martine Aubry est convaincue selon La Croix de l’importance de communiquer sur « l’Europe festive et citoyenne ». Ce soutien politique est d’ailleurs partagé par toute la classe politique locale. Selon Le Monde, la communauté urbaine de Lille, majoritairement de droite, a voté à l’unanimité une double subvention de 900 000 euros sur deux ans à ces événements, « partis pour s’installer durablement dans le paysage métropolitain ».

Atout n°2 : l’animation des réseaux associatifs locaux pour réaliser la communication sur l’Europe via la culture

Ensuite, selon 20 Minutes, « la mairie de Lille a élaboré une véritable stratégie digne des plus grandes agences de marketing viral » reposant sur l’importance de l’animation des réseaux. Les associations culturelles, consultées en amont, prennent part aux quatre mois de fêtes sur l’Europe, quartier par quartier et recrutent des ambassadeurs. « C’est toujours plus intéressant d’apprendre l’existence d’une soirée par son voisin que par un pauvre flyer déposé dans la boîte aux lettres. »

Atout n°3 : la mobilisation des mécènes pour financer la communication sur l’Europe via la culture

Enfin, la mobilisation des mécènes permet de financer 60 % du budget de l’opérateur artistique (6,7 millions d’euros) – Lille 3000 – chargé de la manifestation « Europe XXL ». « Grâce au mécénat, Lille 3000 représente seulement 4 % du budget culture de Lille » soit 1,5 million d’euros aux festivités de Lille 3000-Europe XXL sur 38 millions d’euros au total pour la culture, calcule Laurent Dréano, directeur de la culture à la mairie de Lille.

Lecture : « L’impossible défi. La politique de communication de l’Union européenne » – Éric Dacheux

Au-delà d’une réflexion – peu explorée malgré la pléthore des documents techniques, juridiques ou historiques sur la construction européenne – sur la communication entre les instances européennes et les citoyens de l’UE, Eric Dacheux, chercheur au laboratoire du CNRS  » Communication et Politique  » s’interroge sur l’avenir – en danger – de la démocratie européenne, en raison notamment de l’absence d’une utopie européenne inédite…

1. La notion de la communication politique européenne

La notion ambivalente et complexe de communication politique européenne repose sur l’équilibre entre idéologie et utopie, intégration politique et critique politique, afin de garantir un équilibre démocratique.

« La communication politique est un art difficile, un exercice démocratique obligé qui mélange raisonnement et séduction, persuasion et information, dialogue et conflit. À l’échelle de l’Union, cet art difficile devient un défi quotidien : comment faire vivre un débat européen lorsque les citoyens continuent de penser dans un cadre national, lorsque le système institutionnel européen est illisible et lorsque le grand public ne sait plus, aujourd’hui, quel est pour le XXIe siècle, le projet européen ? » (p. 34).

2. Les problèmes structurels de la communication institutionnelle européenne

Toute tentative de communication pan-européenne se trouve d’entrée compromise à cause de :

  • l’ampleur et la complexité de la tâche ;
  • la diversité linguistique au sein de l’Union ;
  • l’absence d’une politique de communication cohérente de la part des institutions européennes (ce qui tend à être corrigé) ;
  • l’insuffisance des moyens humains et financiers dont disposent ces dernières ;
  • la croissance exponentielle des informations techniques ;
  • l’absence d’un média de masse généraliste pan-européen (ce que les institutions européennes tendent de corriger par des réseaux de média européen).

Un panorama quasi exhaustif des outils de communication utilisés par les instances européennes depuis les années 50 jusqu’à nos jours conduit à la conclusion que « la gamme d’outils de communication utilisée par l’Union européenne est large et comparable à celle des États-membres. Mais, la communication, et plus particulièrement la communication politique, ne se réduit pas à l’utilisation plus ou moins adroite d’instruments plus ou moins performants. » (p. 50).

3. Les erreurs stratégiques commises par les instances européennes sur le plan de la communication

La tactique de l’inéluctable consistant à présenter la construction européenne comme la seule possibilité des peuples de l’Europe, l’aboutissement inévitable d’un cheminement continu vers une Europe unie et indivisible engendre deux risques :

« D’une part, elle tend à décourager de véritables affrontements politiques de taille européenne qui pourraient structurer un espace public aux dimensions de l’Union. Pourquoi débattre s’il n’y a qu’une Europe possible ?

D’autre part, elle accentue le désintéressement des citoyens vis-à-vis de la vie politique en général et vis-à-vis de la politique européenne en particulier. Si la politique consiste à mettre en œuvre l’inéluctable, pourquoi faire de la politique ? » (p. 56).

Les conséquences néfastes de cette conception figée de l’Europe se voient amplifiées en raison d’une deuxième erreur stratégique, liée à la survalorisation du pouvoir symbolique des médias de masse, appréhendés à tort comme des moyens capables de :

  • créer un espace communicationnel pan-européen ;
  • contribuer à la connaissance et la compréhension entre les peuples ;
  • promouvoir la formation d’une conscience européenne.

4. La crise de légitimité de l’Union européenne

Cette crise est d’abord sur un plan symbolique, en raison de l’absence d’un espace public européen, espace symbolique propre à l’Union permettant de :

  • légitimer des actions publiques ;
  • donner une visibilité aux débats européens ;
  • fonder une identité collective transnationale.

Cette crise est également de nature idéologique, liée au déficit identitaire qui caractérise l’Europe aujourd’hui. Finalement, qu’est-ce que l’Union européenne et quelles sont les raisons qui stimulent et donnent sens à sa construction ? :

  • Si la construction européenne est une communauté politique européenne, alors l’Europe ne peut s’offrir le luxe de perdre le pari démocratique.
  • Si l’Union européenne est un processus inédit dans l’histoire de l’humanité, alors sa politique de communication doit être tout aussi inédite.

Source : questions de communication, 2005, n°7