Archives mensuelles : février 2010

La marque UE peut-elle devenir un média dans le web social ?

Alors que l’UE n’a pas imposé sa marque dans les médias traditionnels – soit qu’elle n’a pas su intéresser les journalistes, soit qu’elle n’a pas pu acheter de l’espace publicitaire – l’UE parviendra-t-elle à s’imposer dans le web social ?

Une réponse pour envisager une stratégie permettant à la marque UE de devenir un média avec la lecture de « Why Brands are Becoming Media » dans Mashable. Brian Solis renverse l’approche traditionnelle de la communication entre médias et hors médias à travers une nouvelle classification multimédia…

« owned media » : les sources d’information contrôlées par l’UE sur Internet

Les « owned media » sont intégralement maîtrisés, jusque dans leurs canaux de distribution par leur propriétaire : site Internet avec pages web standard, blogs et comptes Twitter de Commissaires ou députés européens, groupes et pages de fans sur Facebook, chaînes sur YouTube, photos sur Flickr…

L’enjeu stratégique réside dans le plan « médias sociaux » :

  • créant un écosystème qui facilite la navigation entre les contenus ;
  • étendant l’expérience interactive de partage ;
  • fédérant les communautés engagées et déjà actives dans ces réseaux.

« earned media » : les internautes deviennent les sources de conversation

Les « earned media » sont le résultat du plan « médias sociaux » et se reflètent via le bouche-à-oreille, le buzz viral dans : billets de blogs personnels, tweets, mises à jour de statuts Facebook, commentaires…

L’enjeu stratégique réside dans le programme de relations publiques digitales qui cherche constamment à attirer l’attention des journalistes, blogueurs, webmasters, et autres personnes influentes pour produire une « crowd-powered » visibilité, mutuellement bénéfique.

Ainsi, par un investissement humain, intellectuel et financier dans une véritable stratégie de contenus et d’influence, la marque UE peut devenir un média d’affinité dans le web social.

Pourquoi cette mode de la communication européenne pour les concours ?

La mode en 2010 semble définitivement aux concours de logo, de photo, de vidéo… ces opérations reposant sur une forte implication d’une minorité de « créateurs » et une faible intervention des « électeurs » dans la sélection finale…

Petit florilège non-exhaustif des concours de l’UE en 2010

La plupart des concours repose sur le même schéma de communication :

  • un appel à contribution pour créer un support de communication sur l’Europe, lancé le plus souvent auprès des jeunes et récompensé assez souvent lors d’une cérémonie par une prime ;
  • un site Internet dédié pour appeler à voter entre les propositions des finalistes sélectionnées par un jury, éventuellement complété par une présence sur les réseaux sociaux.

Concours d’affiches « J’♥ l’Europe » pour la Journée de l’Europe 2010

  • une compétition destinée aux jeunes graphistes (1 700 projets envoyés) ;
  • un jury composé d’experts européens du design et de la communication ;
  • une remise de prix (2 000 euros pour le lauréat) ;
  • un site designeurope2010.eu pour voter parmi les dix finalistes sélectionnés ;
  • un groupe Facebook « Design a poster for Europe Day 2010 » (2 845 membres à ce jour).

Voir notre billet sur ce concours que nous jugions raté.

Concours de logo pour le label biologique européen

  • compétition destinée aux jeunes designers (3 400 projets envoyés);
  • jury d’experts du secteur de l’agriculture et de la production biologique ainsi que de professionnels du design ;
  • www.ec.europa.eu/organic-logo pour choisir entre les 3 meilleurs projets sélectionnés (130 000 personnes ont voté en ligne en 2 mois) ;
  • groupe Facebook « Create the new EU Organic Logo! » (1 127 membres à ce jour).

Concours de photo pour les 10 ans de l’euro

  • compétition destinée aux jeunes de 14 à 18 ans avec un site dédié : www.euroinphoto.eu ;
  • jury constitué de 7 personnes: un représentant de la direction générale des affaires économiques et financières, un représentant d’une autre direction générale de la Commission européenne, un représentant d’un ministère national, un expert en communication, un enseignant, un photographe et un jeune activement impliqué dans une organisation de jeunesse ;

Concours de vidéo pour le MIPTV 2010 (le marché international des programmes de télévision)

  • compétition ouverte aux simples citoyens et aux sociétés de production pour réaliser un clip vidéo combinant au moins 50% d’archives audiovisuelles de l’UE sur le thème « Visions d’Europe » ;
  • jury composé par la Commission européenne pour sélectionner 3 clips finalistes (récompense de 10 000 euros), selon le règlement ;
  • « Picturing Europe Competition: Content 360» pour déposer le clip.

Tentatives de compréhension de cette multiplication des concours de l’UE en 2010

Il s’agit d’une démarche qui permet de réaliser à moindre frais des supports de communication sur l’Europe. Par l’organisation de ces remises de prix dans le cadre de concours, l’UE poursuit l’objectif de valoriser des travaux et des réflexions sur la construction communautaire ou les politiques européennes par un autre moyen que sa propre communication.

Dans la 1e phase « de création », le concours est un moyen de motiver une population sinon militante pour l’Europe du moins motivée par la création et de récompenser ses efforts d’auto-sensibilisation aux affaires européennes.

Dans la 2nde phase « d’élection », le concours est une occasion de compenser l’abstention forte aux élections européens par une incitation à un autre mode de participation plus simple du grand public.

Ainsi, quoique les concours soient des opérations de communication très filtrées, sans véritable participation du grand public, leur multiplication apparaît comme un ultime moyen aisé pour les communicants européens pour tenter de recruter et de fidéliser des Européens.

Lancement du site Internet du Conseil européen : une vitrine informative sans communication interactive

Créé en 1974 comme sommet diplomatique informel de discussion entre chefs d’État ou de gouvernement, le Conseil européen est devenu avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, une institution à part entière de l’UE ayant pour fonction de donner les impulsions et de définir les orientations politiques générales de l’Union. Dorénavant, le Conseil européen, présidé par Herman Van Rompuy est doté d’un site Internet dédié : www.european-council.europa.eu (aujourd’hui abandonné)…

site_conseil_europeenUne « vitrine informative » pour rendre accessible l’information au citoyen

L’arborescence archi-classique permet à l’institution de s’exposer, de décrire ses activités tandis que son président se présente :

  • L’institution
  • Le président
  • Réunions du Conseil européen
  • Contacts

Des services incontournables permettent de fidéliser les visiteurs avec la mise à disposition de nombreuses informations :

  • Documents présentés au Conseil européen ;
  • Conclusions de la présidence ;
  • Notes d’information ;
  • Contacts (téléphones, mails…) relatifs aux différentes demandes possibles : « service de presse », « Information au public », « Visites », « Publications / Documentation », « Transparence / Accès aux documents »…

Une utilisation de la vidéo pour construire une image valorisante

Suivant les évolutions récentes du web : « Online Video: 2009 is Primetime », de nombreuses vidéos sont disponibles :

  • Transmission vidéo en streaming des réunions du Conseil européen ;
  • Canal vidéo dédié au Président du Conseil européen sur vloghvr.consilium.europa.eu ;
  • une « TV news room ».

Ainsi, le nouveau site Internet du Conseil européen privilégie l’accès à l’information des citoyens européens, en particulier avec la vidéo, au détriment, pour le moment, de toute approche interactive : pour communiquer, dialoguer avec les citoyens européens.

De l’efficacité des rencontres du « mouvement civique européen » pour promouvoir la citoyenneté européenne

Après le programme « Paroles d’Européens » – l’initiative gouvernementale de la France pour donner une dimension citoyenne à la Présidence française de l’UE à travers des rencontres de mouvements civiques et d’organisations non gouvernementales européennes – la présidence espagnole annonce un projet similaire et la présidence hongroise lors du premier semestre 2011 envisagerait de prendre le relais dans ce domaine. L’organisation de ces rencontres du « mouvement civique européen » est-elle efficace pour promouvoir la citoyenneté européenne ?

Quels sont les objectifs revendiqués de ces rencontres du « mouvement civique européen » ?

Les « Journées civiques européennes 2010 », du 7 au 9 mai à Malaga, rassemblant « près de 700 représentants d’associations et de plates-formes civiques européennes, en collaboration avec les réseaux européens Solidar et le Forum civique européen et soutenu par la Commission européenne et les ministères espagnols », visent plusieurs objectifs affichés sur le site de la présidence espagnole de l’UE :

  • renforcer le rôle des ONG en tant qu’éléments d’intégration et de cohésion sociale, et en tant qu’acteur dans une démocratie européenne plus participative, étant donné que le Traité de Lisbonne reconnaît le rôle actif du citoyen au moyen d’outils tels que le droit d’initiative citoyenne ;
  • créer un espace de débat et de réflexion sur le rôle des associations et des ONG dans la construction d’une Europe plus sociale ;
  • développer des canaux formels pour la consultation et la participation des organisations civiques dans la définition, l’exécution et l’évaluation des politiques de l’UE.

En résumé, les Journées civiques européenne vise à encourager la participation citoyenne dans la conception des politiques et dans la prise de décisions de l’UE.

Quelles sont les convictions renfermées en matière de formation de l’opinion publique ?

Les organisateurs des « Journées civiques européennes 2010 » sont convaincus des effets diffus de la communication sur le public. Leurs convictions reposent sur une conception héritée des travaux de P. Lazarsfeld et E. Katz dans « The two-step flow of communication » remontant à 1956.

Puisque l’attention que le public porte à l’information est fonction de la relation que ce public noue avec certains leaders d’opinion, qui ont pour mission de vidanger les messages dérangeants pour le public au profit de messages confirmant leurs opinions, alors il faut qu’un maximum de ces leaders d’opinion soient sensibilisés aux questions européennes afin d’élargir leurs messages auprès de leur public.

La conformation progressive des opinions sur les questions européennes se fera par les relations interpersonnelles entre membres d’un même groupe de référence, exerçant une nouvelle pression conformiste, davantage favorable aux messages européens.

Ainsi, « l’unique événement promu par des citoyens durant le semestre de la Présidence espagnole » afin de promouvoir la citoyenneté européenne repose sur une médiatisation auprès de l’opinion publique, non pas par les « médiateurs » au sens journalistique du terme mais par des « groupes primaires » portés par des « leaders d’opinion » au sens des travaux de Lazarsfeld et Katz…

Priorité à la vie quotidienne des citoyens européens pour la communication de l’UE

Lors de la réunion du groupe préparatoire dénommé « Groupe Information » vendredi dernier (que nous avions évoqué), la Commissaire européenne à la justice, aux droits fondamentaux, à la citoyenneté (et à la communication) Viviane Reding a confirmé, selon Euractiv que « la Commission européenne continuera à être le moteur de la communication sur l’Europe, mais pas sans ses citoyens »…

Premier discours en interne de Viviane Reding pour rassurer le personnel dédié à la communication

Alors que la décision de Barroso de regrouper la communication et la citoyenneté avait soulevé une inquiétude au sein du personnel de la DG Communication, renforcée d’ailleurs, comme nous le signalions, par les propos tenus à New Europe en janvier affirmant que « la communication de l’UE n’est pas une politique mais un outil », Viviane Reding a dissipé les doutes et rassuré les esprits. Elle aurait affirmé selon l’article d’Euractiv : « Communiquer sur l’Europe commence à la maison, selon Mme Reding » :

La Commission restera dans le fauteuil du conducteur … la direction générale communication et l’unité des porte-parole resteront les fournisseurs principaux de l’expertise et des services de communication pour l’ensemble du collège des Commissaires.

Premier acte interne de Viviane Reding pour améliorer la sensibilisation des citoyens à leurs droits de manière tangible

Alors que le premier acte de Margot Wallström en 2005 avait consisté à définir un « plan d’action » contenant 50 mesures concrètes, visant à changer la façon dont la Commission aborde la communication, Viviane Reding a demandé, selon Euractiv, dans « une lettre envoyée aux directeurs généraux responsables de l’emploi et des affaires sociales, de la justice et de la communication de réfléchir à 10 nouvelles mesures législatives ou politiques concrètes » pour que les citoyens se sentent plus européens.

Inspirée, selon certaines sources, par le rapport « Le citoyen et l’application du droit communautaire » de l’eurodéputé français Alain Lamassoure remis au président de la République française en juin 2008, à quelques jours du lancement de la Présidence française de l’UE, qui se voulait « citoyenne », Viviane Reding veut communiquer sur une « Europe à l’échelle humaine du citoyen », comme nous résumions le rapport Lamassoure pour « rendre la vie des citoyens européens plus facile ».

Ainsi, avec ces premières prises de parole, attendues, la Commissaire Viviane Reding rassure avec sa priorité sur la vie quotidienne des citoyens européens, confirmée d’ailleurs par son intention de mieux utiliser les Eurobaromètres sur la sentiments et les inquiétudes des citoyens pour que les politiques européennes puissent être menées sur mesure en fonction de besoins authentiques.