Européanisation des universités : pourquoi et comment intégrer l’Europe dans les stratégies de communication ?

Au cœur des enjeux de l’enseignement supérieur et de la recherche aujourd’hui, se trouve une injonction nouvelle et forte à la coopération européenne et à l’internationalisation des universités, en termes de mobilité, de recherche et d’innovation. Cette dynamique d’européanisation sans précédent, qui s’accélère, place ces institutions académiques face à de nouvelles problématiques, notamment en termes de communication.

Les Rencontres de l’association des responsables de communication des universités COMOSUP qui se sont déroulées à l’Université de Strasbourg, dans les locaux du collège doctoral européen ont été dédiées à l’exploration de ces problématiques sous l’angle de l’activité qui fédère ses membres : « Pourquoi et comment intégrer l’Europe dans nos stratégies de communication ? ».

L’Europe, l’horizon commun aux universités : quand la stratégie s’oriente vers l’Europe, gouvernance et communication s’alignent

Afin de poser d’emblée les principales problématiques, Jean-Marc Planeix, vice-président des partenariats internationaux à l’Université de Strasbourg présente un panorama des enjeux et contextualise les modifications significatives dans l’enseignement supérieur en termes de nouveautés et de leur accélération. Les politiques de l’UE structurent toujours davantage les universités autour d’orientations stratégiques qui évoluent vers la compétitivité avec la publication des rapports Draghi et Letta mais aussi d’une mission redéfinie des universités vers une ambition qui pousse vers la recherche et l’innovation, dans le cadre de l’initiative Union of Skills de la Commission européenne au service du développement des compétences tout au long de la vie.

Suggérées dans le discours de la Sorbonne du président Macron et portées rapidement par la Commission européenne, les « alliances européennes d’universités » sont une véritable levier pour transformer les universités européennes, autour de plusieurs modèles : un modèle intégratif qui associe les structures autour d’une nouvelle marque européenne ; un niveau intermédiaire d’intégration progressive autour de la construction de thématiques communes et un modèle fédératif qui rassemble les entités sans perdre les identités propres à chaque université. Autre nouveauté, le diplôme européen, présenté comme une priorité par la Commission von der Leyen II, se développe en commençant par l’étape d’un label européen.

Ces dynamiques de coopération européenne posent de multiples défis : des enjeux sensibles en lien avec le Ministère des Affaires étrangères pour l’accueil de réfugiés enseignants ou étudiants liés à des crises internationales en Ukraine, à Gaz et aux Etats-Unis ; des enjeux de pouvoir dans la gouvernance et la communication des alliances européennes d’universités ; des mutations qui se multiplient et s’accélèrent impactant à court terme l’action européenne des universités et à long terme la relation au savoir et à la science.

Quels impacts sur le développement de stratégies de communication qui reflètent et promeuvent les engagements européens des universités françaises ?

  1. Anticiper les risques d’une communication trop précoce ou trop tardive, d’un choc culturel dans la mise en œuvre, nécessitant une traduction systématique des messages pour lever les incompréhensions.
  2. Appréhender les différences dans la relation aux institutions, différentes selon les structures fédérale ou centralisée des États-membres, soulignant le besoin de principes et de modalités partagées dans la gouvernance et la communication.
  3. Expliciter ce que l’Europe apporte, sa place spécifique dans l’internationalisation des universités.
  4. Se positionner vis-à-vis des classements internationaux, dont les critères n’évoluent pas toujours de manière cohérente, notamment dans la pondération de la place de prix Nobel dans les effectifs.
  5. Développer une forme de « diplomatie scientifique », selon Jean-François Mauduit qui aborde le mode de gouvernance entre autonomie revendiquée, contraintes impératives et impact sur la recherche et l’innovation.
  6. Incarner les valeurs européennes, sans exclure les non-Européens, en mettant en avant les valeurs démocratiques et les valeurs universelles à la science qui peuvent être largement revendiquées autour de la rationalité de la démarche théorique et la connaissance ouverte et en évolution.
  7. Faire entendre la voix française dans le réseau des alliances européennes d’université, qui est reconnu comme un interlocuteur légitime de la Commission européenne.
  8. Intégrer toutes les cibles stratégiques entre les décideurs locaux, nationaux et européens.
  9. Communiquer, en s’appuyant sur les stratégies des établissements, mettre en avant et rendre visible les activités et les avantages de s’impliquer à l’échelle européenne, sans oublier la communication interne pour mobiliser les effectifs.
  10. Montrer, au bon moment, en quoi la participation à des appels à projet européens sont au service de l’université et valoriser le gain puis les résultats.

Les programmes européens Erasmus+ et Horizon Europe : quand les ambitions de mobilité, de recherche et d’innovation font face aux problématiques budgétaires

D’ores et déjà, les prochaines négociations budgétaires pour le budget de l’UE pour les principaux programmes européens, tels qu’Erasmus+ et Horizon Europe sont au cœur des réflexions.

Du côté de la Commission européenne, leurs initiatives visent à développer un statut juridique pour les 65 alliances européennes d’universités, qui rassemble 10% des établissements chartés Erasmus, soient 500 entités parmi les plus importantes en termes d’effectifs universitaires ; développer des programmes conjoints, reconnu via un label européen et un diplôme européen à terme et à déployer une carte européenne étudiante, interconnectant les données et services. Fanny Lacroix-Desmazes, policy officer à la Direction générale de l’éducation, de la jeunesse, du sport et de la culture (DG EAC) de la Commission européenne précise que la « Stratégie européenne pour les Universités » publiée en 2022 est la première Communication qui s’adresse directement aux universités. L’Union des compétences annoncée plus récemment vise à renforcer la compétitivité et à élargir le vivier des compétences européennes, particulièrement auprès des femmes.

Du côté du gouvernement français, 2025 est une année de transition vers le cycle de négociation des futures bases légales des programmes européens. David Itier, chef du département Stratégie de l’espace européen de la recherche et de l’enseignement supérieur au sein de la Délégation aux affaires européennes et internationales du Ministère de lʼEnseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation annonce que les politiques publiques visent à juguler le déclin de la compétitivité européenne, avec une recherche qui peut apporter des réponses aux transitions démographique, climatique et numérique. Les positions françaises seront le reflet des acteurs de terrain consultés (organismes de recherche et syndicats d’étudiants).

Pour le programme Horizon Europe, la France vise à placer l’excellence scientifique, évaluer par les pairs comme critère principal d’attribution des projets ; de rationaliser les financements à quelques thématiques et technologies comme l’IA, les énergies renouvelables, l’espace ou le quantique… et de favoriser les innovations de rupture et la création de startups, à l’interface des labos privés et de la recherche publique.

Pour le programme Erasmus, la France tient à cet instrument, bien connu et qui fonctionne, et soutient une trajectoire budgétaire plus ambitieuse. Les alliances européennes d’universités, qui ont le potentiel de transformer le paysage de l’enseignement supérieur sont soutenues au profit d’un modèle de type Airbus visant à fusionner des entités pour renforcer l’attractivité internationale. Le diplôme européen d’ingénieur est le diplôme européen prioritaire à créer. Les équipes qui font de la recherche doivent aussi faire de la mobilité pour approfondir et pérenniser les gains.

Dans un contexte de dégradation des finances publiques françaises, qui ne sera pas sans impact sur le prochain budget européen, la pression pour capter les budgets européens fléchés pour la France est un challenge quotidien. La France est globalement au rendez-vous pour Erasmus, avec 400.000 bourses annuelles, elle reste le premier pays de départ dans l’Union, à des fins d’études ou de stages (33%) ; même si dans le budget 2024 les séjours ont été réduits à 6 mois, compte-tenu que seulement 63% des demandes ont pu être satisfaites ; l’objectif de 23% de bénéficiaires n’est pas encore atteint. Les dispositifs à mieux faire connaitre sont d’une part, les bourses « inclusion » et d’autre part, les programmes intensifs hybrides de préparation intensive avant le départ. Pour les financements du programme Horizon Europe, la France n’a pas comblé son déficit de soumission de projets pour le financement de la recherche. Enfin, pour les universités, plusieurs sources de financement sont accessibles : les partenariats de coopération, les projets plus complexes avec des entreprises et les alliances européennes.

L’identité européenne des universités, des défis et des opportunités de communication

Les sujets ne manquent pas :

  1. La marque : Les alliances européennes impliquent de nouveaux noms, de nouvelles plateformes de communication, il s’agit d’injonctions à communiquer sur des superstructures complexes qui posent des questions sur l’identité de l’université.
  2. Le portage : Les relations européennes (et internationales) ne sont pas toujours lisibles dans la communication interne et donc la communication intra-établissement.
  3. Le pilotage : Le partage des responsabilités dans les alliances, entre positions motrice ou attentiste, interroge dans la motivation, l’animation des réseaux de communicants et l’alignement des supports de communication.
  4. La promesse : Les alliances européennes d’universités portent des enjeux quasi géopolitiques tandis que la attentes portent sur les bénéfices concrets, à quoi ça sert, qu’est-ce que ça apporte pour l’étudiant.
  5. La langue : La traduction en anglais n’est pas suffisante.
  6. La communication : positionnement, différenciation et branding justifient de sortir du projet, pour faire le marketing du projet pour les étudiants en termes d’offres et aller dans l’émotionnel pour répondre au besoin de toucher et faire adhérer.

Les bonnes pratiques se développent, peu à peu :

  1. Parcours utilisateur : réfléchir aux points de contacts des étudiants avec l’alliance européenne.
  2. Partage d’expérience : favoriser les témoignages là où ils sont.
  3. Culture partagée de l’international : susciter une forme de reconnaissance des acteurs mobilisés autour des opportunités de budgets européens.
  4. Priorités : sensibiliser à la dimension européenne autour des grands sujets comme la vie démocratique, le développement durable, la numérisation et l’inclusion.
  5. Plan de communication : structurer, distribuer les rôles et organiser les actions qui donne du sens à l’internationalité et l’interculturalité en termes d’apprentissage de vie, aussi intégrer les étudiants dans les temps forts collectifs dans une logique de co-construction de moments de rencontre et de rapprochement.

Que retenir de tous ces enjeux ? La priorité, c’est d’ores et déjà la négociation sur le futur budget, le prochain « Multiannual Financial Framework » pour sécuriser les investissements européens dans la mobilité, la recherche et l’innovation. La dynamique d’européanisation des universités françaises se poursuit à plusieurs vitesses. La communication européenne des universités doit s’angler sur les bénéfices interculturels incarnés plutôt que les promesses axiologiques désincarnées. La nécessité de partager les bonnes pratiques au sein de la communauté des communicants est plus que jamais d’actualité.

2005-2025 : l’Europe en perpétuelle réinvention, ou l’art de la progression sous haute tension

Entre mai 2005 qui restera dans l’histoire frappé par le « non » français au Traité constitutionnel européen et mai 2025 où l’UE adopte l’instrument « Sécurité pour l’action en Europe » (SAFE – Security for Action for Europe), un mécanisme de prêts de 150 milliards d’euros pour renforcer les capacités de défense, c’est une histoire récente non pas d’une Europe survivante mais d’une Union européenne profondément transformée. La Fondation Jean-Jaurès nous offre un panorama « 2005-2025 : les vingt années qui ont transformé l’Europe ». Que faut-il en retenir ?

L’Union européenne, un phénix

L’Union européenne n’avance pas malgré les crises, mais souvent grâce à leur résolution. C’est la grande leçon de ces vingt dernières années. Les polycrises n’ont pas sonné le glas de l’Union européenne. Au contraire, elles ont agi comme autant d’électrochocs :

  • Une résilience forcée : face à la crise financière de 2008, l’UE, initialement démunie, a su éviter l’effondrement de la zone euro. Face à la pandémie de Covid, l’UE a accouché, dans la douleur mais avec ambition, du plan NextGenerationEU avec un emprunt commun – une révolution copernicienne impensable quelques années auparavant.
  • Une quête de souveraineté :  avec le Brexit et les secousses technologiques et géopolitiques, en particulier l’agression russe en Ukraine, « l’autonomie stratégique » infuse ainsi que la nécessité d’une défense européenne plus autonome.
  • Un engagement pour le climat : le Pacte vert, malgré les vents contraires actuels, reste une ambition structurante, née d’une prise de conscience et d’une pression citoyenne.

L’Europe n’est pas une victime des événements, elle est une entité qui se forge et se renforce dans l’adversité. Un Phénix qui renaît constamment.

Les Européens, une prise conscience de leur communauté de destin

Divergence renforcée avec le monde : la pression géopolitique est immense : hostilité russe, politique dominatrice chinoise, allié américain imprévisible, virage populiste et illibéral, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de nos frontières. Tout met à mal le projet et les valeurs de l’UE.

Convergence renforcée entre Européens : face à ces menaces, une « conscience d’un destin commun » s’affermit. La réponse unie face à l’invasion de l’Ukraine ou la nécessité de parler d’une seule voix face aux géants du numérique (DSA/DMA) en sont des illustrations. Même le Brexit, initialement perçu comme un échec, a paradoxalement renforcé la cohésion des Vingt-Sept.

L’Union européenne joue sur ce double registre : reconnaître sans fard les menaces extérieures et les risques de fractures internes, tout en renforçant notre communauté de destin. Le monde est plus dangereux et nos valeurs sont davantage attaquées, mais c’est pour cela que les Européens serrent les rangs.

La méthode européenne décortiquée

Le moteur de la nécessité : « Le moteur de l’européanisation réside dans sa nécessité ». La clé de voûte réside dans la capacité de l’Union européenne à se saisir des faits pour apporter des réponses : supervision bancaire renforcée par la crise financière ; NextGenerationEU en post-crise Covid…

Comment l’UE agit-elle ?

  • L’aggiornamento législatif : « un ensemble normatif mêlant révisions et innovations », c’est la voie royale, souvent perçue comme technocratique : Pacte vert, lois sur le numérique (DSA/DMA). Le défi demeure de montrer l’impact concret de ces textes sur la vie des citoyens.
  • La solution intergouvernementale : « un traité ad hoc permettant d’européaniser un outil ou un champ de compétences », c’est la réponse quand la voie communautaire classique est bloquée ou trop lente : le Mécanisme européen de Stabilité (MES), fruit d’un accord intergouvernemental.
  • La mobilisation budgétaire et la fonction de bailleur de fonds : l’UE trouve des solutions inédites pour mettre la main à la poche pour ses priorités : le plan Juncker, NextGenerationEU, ReARM Europe pour le financement de l’effort de défense.

Contrairement aux idées reçues, l’Union européenne sait se donner les moyens de son action. L’UE n’est pas parfaite, mais elle agit.

La nouveauté : la réversibilité : « la réversibilité des politiques communautaires, véritable nouveauté de la construction européenne », c’est un avertissement sur le Green Deal remplacé par un Clean Industrial Deal, sur la vague conservatrice qui pousse à la dérégulation. Rien n’est acquis. La vigilance citoyenne et politique est essentielle. Il va falloir apprendre à communiquer sur nos fragilités et la nécessité de défendre les acquis.

Vers une européanisation de nos souverainetés

L’européanisation de nos souverainetés face aux défis existentiels renforcent ce « nous » européen, cette conscience d’un destin commun. L’Union européenne de 2025 a les outils pour réagir, mais elle doit urgemment améliorer la manière dont elle raconte son histoire, ses succès, ses échecs et ses ambitions :

  1. Inventer un nouveau récit européen : un récit plus incarné qui parle au cœur autant qu’à la raison. Qui assume ses imperfections mais célèbre aussi ses audaces. La mission de la communication est de cultiver le sentiment de communauté de destin.
  2. Trouver sa place narrative : l’Union européenne n’est ni un super-État ni une simple zone de libre-échange. Elle demeure un « objet politique non identifié » qui a le mérite d’exister et d’agir. La communication doit embrasser cette singularité, avec un zeste d’autodérision et beaucoup de conviction.

Face aux crises, l’Union européenne a su faire preuve d’une « méthode » et d’une capacité d’adaptation et de moyens souvent sous-estimés. Notre défi collectif est de transformer cette réalité complexe en une histoire compréhensible, mobilisatrice et inspirante. Car si l’Europe est parfois un « joyeux chaos organisé », c’est dans ce chaos que réside sa force et sa capacité à surprendre. À nous de le raconter.

Décryptage de la communication de crise au cœur déjà du second mandat d’Ursula von der Leyen

Après un premier mandat d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne profondément marqué par la gestion de crises successives, la communication de crise dans son second mandat demeure non seulement une nécessité opérationnelle mais aussi un enjeu politique. Les crises exigent des actions décisives, mais également une communication claire, rapide et rassurante pour préserver la confiance publique, justifier les réponses politiques et cultiver la solidarité. La capacité de l’Union européenne à (re)gagner le soutien citoyen en période de turbulence dépend intrinsèquement de la manière dont ses dirigeants communiquent. Alors que le style de communication du premier mandat a démontré une capacité à centraliser les réponses, comment cette approche évolue-t-elle face aux pressions continues et aux controverses potentielles, et quel équilibre sera trouvé entre la projection de force et la transparence nécessaire ?

Naviguer les turbulences externes et internes : études de cas

Si l’armure a brillé sous les projecteurs des sommets internationaux, elle a parfois grincé dans les couloirs feutrés de la politique intérieure européenne. Peut-on être à la fois le porte-étendard inflexible de l’UE à l’extérieur et maîtriser l’art de la posture (presque) martiale et ne pas être la championne de la transparence et de l’écoute à l’intérieur ? C’est tout l’enjeu.

Étude de cas 1 : la réponse aux menaces tarifaires américaines

Face aux mesures commerciales restrictives de la part des États-Unis, et a fortiori avec la dernière annonce de placer des tarifs à 50% sur les importations européennes aux Etats-Unis dès début juin, la stratégie de communication de crise n’apparaît pas suffisamment décisive pour réagir et riposter, alors qu’il s’agit d’une compétence exclusive confiée par les Etats-membres à l’UE.

Le défi de la stratégie de communication devrait viser à projeter force et unité pour dissuader, tout en maintenant la porte ouverte à la diplomatie et en atténuant les dommages économiques. Le risque d’apparaître dans une position objectivement de faiblesse essentiellement réactive devrait être compensé par une pédagogie sur les moyens à la disposition de l’UE et la démarche collective solidaire entre les États-membres.

Étude de cas 2 : la communication de crise continue sur la guerre en Ukraine

Alors que la guerre d’agression russe se poursuit et que des inquiétudes émergent quant à une possible « fatigue de la guerre » ou un affaiblissement du soutien international, la communication reste essentielle. La stratégie de von der Leyen consiste invariablement à présenter le conflit comme une menace existentielle non seulement pour l’Ukraine, mais pour l’Europe entière. Le message central est celui d’un soutien indéfectible de l’UE à l’Ukraine « aussi longtemps que nécessaire », en insistant sur l’unité et la résolution des États membres. La communication met activement en lumière les mesures de soutien concrètes : aide financière, coordination des fournitures militaires, sanctions contre la Russie, et efforts pour l’intégration du marché énergétique ukrainien à celui de l’UE. La lutte de l’Ukraine est constamment liée à la défense des valeurs et des intérêts sécuritaires européens. Les grandes initiatives de défense de l’UE, comme le plan « ReArm Europe », sont également présentées, en partie, comme des mesures nécessaires pour renforcer le soutien à l’Ukraine. Des actions symboliques, telles que les visites à Kyiv ou les déclarations conjointes avec les dirigeants ukrainiens, sont utilisées pour renforcer le message de solidarité

Le défi principal est de maintenir le soutien politique et public pour cet engagement à long terme, face aux pressions domestiques et internationales concurrentes. La communication de crise vise à persuader les opinions publiques européennes de la nécessité de ce soutien continu, tout en signalant une détermination sans faille aux acteurs externes comme la Russie et les États-Unis.

Étude de cas 3 : la gestion des controverses internes

Sur le front intérieur, l’armure se fissure et la communication de crise version von der Leyen montre ses limites. La tendance à la centralisation, au contrôle, voire au secret, peut se retourner contre elle :

L’incident de la pneumonie en janvier 2025 : Lorsque von der Leyen a été hospitalisée pour une pneumonie, son équipe de communication aurait minimisé ou occulté la situation. De plus, elle n’a pas formellement délégué le contrôle de la Commission pendant son absence. Cette approche suggère une stratégie privilégiant le maintien d’une image de leadership ininterrompu et de stabilité institutionnelle, potentiellement au détriment de la transparence. Cette gestion a suscité des critiques de la part d’observateurs qui l’ont jugée excessivement secrète.

La démission de Thierry Breton : Le départ du Commissaire Thierry Breton aurait été précipité par sa décision de publier sur X une lettre d’avertissement à Elon Musk concernant la mise en œuvre d’enquêtes, sans coordination préalable avec le cabinet de von der Leyen. Par la suite, celle-ci aurait informé le Président français Emmanuel Macron qu’elle ne pouvait plus travailler avec M. Breton. Cet incident, communiqué principalement par des canaux internes et diplomatiques plutôt que par des déclarations publiques, souligne le contrôle très centralisé de la communication au sein de son administration et suggère une faible tolérance pour les actions perçues comme sapant ce contrôle ou défiant son autorité.

L’affaire des SMS avec le PDG de Pfizer : D’emblée dotée d’un nom dédiée, l’une de plus importantes crises, le «Pfizergate » incarne tous les travers de la présidente de la Commission européenne : non seulement la classique culture du secret mais en l’occurrence la destruction des échanges de SMS. Le Tribunal de la Cour de justice vient de juger que ces SMS existaient bel et bien et qu’Ursula von der Leyen a menti et la Commission avec elle. La tactique de l’évitement et le traitement par le mépris n’ont pas suffit à faire taire les critiques, dorénavant légitimes, car confirmées par les juges européens.

Ces épisodes révèlent une constante : une préférence pour le contrôle, parfois au détriment de la transparence. Le « Kabinett » von der Leyen, souvent comparé à une forteresse bien gardée, a tendance à vouloir tout maîtriser, tout verrouiller. C’est humain, surtout en temps de crise. Mais c’est aussi un risque.

Pour une communication de crise (vraiment) éclairée

Si Ursula von der Leyen veut marquer son second mandat d’une pierre blanche en matière de communication, voici quelques modestes suggestions, garanties sans éléments de langage officiels :

1. Un soupçon d’humour et d’autodérision : Sérieux ne veut pas dire ennuyeux. L’Europe est souvent perçue comme une machine complexe et technocratique. Un peu de légèreté, une pointe d’humour (même sur soi-même !) peut rendre le message plus accessible, plus humain. Et franchement, ça nous ferait du bien à tous.

2. Ouvrir (un peu plus) les fenêtres du Berlaymont : La transparence n’est pas un gros mot. C’est même la meilleure amie de la confiance. Expliquer les décisions, même complexes, même impopulaires. Reconnaître les erreurs quand il y en a. Le public est plus intelligent qu’on ne le pense. Et un peu d’air frais n’a jamais fait de mal à personne.

3. Jouer la carte de l’empathie (la vraie, pas celle qui est calculée) : Les citoyens ne sont pas des statistiques. Derrière les grandes politiques, il y a des vies, des inquiétudes. Une communication qui parle au cœur autant qu’à la raison est une communication qui porte. Un zeste d’humilité ne ferait pas de mal non plus. La rencontre à Bruxelles avec les victimes des inondations en Espagne après le congrès du PPE va dans la bonne direction.

4. Faire confiance à son équipe (et au-delà) : La centralisation a ses vertus, mais elle a aussi ses limites. Déléguer la parole, encourager les Commissaires à s’exprimer (quitte à ce qu’ils fassent parfois une petite « boulette » – c’est ça aussi, la démocratie !), c’est montrer une Europe plurielle et vivante.

5. Accepter la critique et le débat : Le Parlement européen n’est pas un paillasson. Les journalistes ne sont pas (tous) des ennemis. Les ONG ne sont pas (toujours) des empêcheurs de tourner en rond. Le débat contradictoire est le sel de la démocratie. Une communication qui l’accepte, voire le stimule, est une communication mature.

La communication de crise reste donc un pilier central de la présidence von der Leyen, particulièrement efficace pour projeter l’unité et la détermination de l’UE face aux menaces extérieures comme la guerre en Ukraine ou les potentiels différends commerciaux. Cependant, la gestion des enjeux internes révèle une approche privilégiant le contrôle sur la transparence, une tendance à la centralisation potentiellement renforcée par la nature même des crises.

Le véritable leadership éclairé pour un second mandat pourrait résider dans la capacité à affiner l’équilibre entre d’une part, rapidité et centralisation nécessaires en pleine tempête et d’autre part, maintenir la confiance à long terme exige aussi une communication qui intègre davantage de transparence et de réceptivité, même lorsque les sujets sont sensibles. Naviguer les crises futures demandera non seulement de la résolution, mais aussi une communication subtile capable de maintenir la cohésion interne et la crédibilité externe dans un monde de plus en plus complexe et contesté.

En conclusion, Ursula von der Leyen a prouvé qu’elle savait être une « guerrière » de la communication en temps de crise externe. Le défi de son second mandat sera de devenir aussi une « pacificatrice » tissant des liens en interne, une championne de la transparence et de l’écoute. Car la véritable force de l’Union européenne ne réside pas seulement dans sa capacité à projeter une image d’unité face au monde, mais aussi dans sa capacité à convaincre ses propres citoyens de la justesse de son action, même (et surtout) quand les temps sont durs. Et pour cela, il faut plus qu’une armure : il faut une âme. Et une communication qui la révèle.

Quels sont les défis et les opportunités de la communication européenne pour reconquérir les citoyens ?

La communication des institutions européennes est un exercice d’équilibriste tant d’un côté, elle doit incarner l’unité d’un projet politique transnational et de l’autre, elle se heurte à des réalités fragmentées : 24 langues officielles, des cultures médiatiques différentes et une défiance croissante envers les élites. Dans ce paysage en mouvement, comment relever les défis d’expliquer des politiques complexes (ex. le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières) sans tomber dans le jargon ; lutter contre la désinformation, notamment sur des sujets sensibles comme les migrations et créer un sentiment d’appartenance chez des citoyens souvent plus attachés à leur État-nation qu’à l’idée européenne ?

Benchmark de quelques stratégies de communication de l’UE

La communication totem et tabou autour du Pacte Vert européen (European Green Deal) : Lancé en 2019, le Pacte Vert est l’archétype d’une campagne « totem » pour l’UE, une recherche de narratif structurant visant à rendre tangible la neutralité carbone pour 2050, idéalement de manière pédagogique et faire du climat un marqueur de l’identité européenne, avec une recette combinant un narratif émotionnel utilisant des symboles forts sur l’urgence climatique et des outils interactifs, comme des simulateurs en ligne permettant aux citoyens de mesurer l’impact de leurs choix quotidiens sur les émissions de CO₂.

Après la mandature largement consacrée au sujet, le Pacte Vert semble devenu tabou, et les priorités semblent de revenir sur certaines dispositions, sans compter une relative infobésité où les messages se concurrencent entre climat, biodiversité, énergie, alimentation et transport, justifiant encore davantage de communication.

Le dispositif typique et fétichiste de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, initiée en réponse aux critiques sur le « déficit démocratique » de l’UE, illustre une Union européenne à la recherche de solution innovante de consultation citoyenne sans précédent visant à résoudre tous les problèmes : redynamiser la participation en impliquant les citoyens dans la co-création des politiques via des panels représentatifs et réenchanter le projet européen en associant à l’UE des valeurs concrètes (santé, justice sociale, participation) plutôt que des traités institutionnels.

Quoique les résultats quantitatifs soient tangibles en termes de recommandations adoptées dans les panels citoyens, dont certaines intégrées dans des propositions législatives, demeurent quelques limites significatives comme la visibilité inégale et les frustrations post-consultation sur comment les idées des citoyens sont utilisées, plaidant pour une phase de restitution plus poussée.

Les campagnes contre la désinformation (#EUvsDisinfo), créé en 2015 par le Service européen pour l’action extérieure afin de combattre les fake news liées à l’UE, notamment celles propagées par des acteurs pro-Kremlin. Quoique le travail d’étiqueter les contenus réduit le partage de contenus faux, l’initiative peine à toucher les publics sceptiques, ceux qu’il s’agit de convaincre, au point qu’il faudrait davantage utiliser l’humour pour décrédibiliser les fake news et déconstruire les mythes.

Défis au regard des meilleures pratiques en communication institutionnelle

Le défi #1 : fragmentation vs. cohérence narrative

La pratique européenne actuelle privilégie la multiplication des campagnes thématiques au risque que les citoyens perçoivent l’UE comme une « machine à slogans », sans fil conducteur émotionnel. Les meilleures pratiques aujourd’hui repose sur une méthode clé de co-conception du storytelling réunissant ONG et représentants des citoyens, pas des focus groups sur mesure, pour valider les messages pour garantir cohérence et inclusion. Pourquoi ne pas créer une « Task force créative » associant artistes et citoyens, chargé d’harmoniser les messages autour d’une métaphore centrale par exemple « L’Europe, notre maison commune ».

Le défi #2 : désinformation vs. crédibilité scientifique

Les innovations européennes actuelles reposent sur des campagnes factuelles (#EUvsDisinfo) ciblant les « fake news », tandis que la meilleure pratique serait que les influenceurs en ligne soient formés pour être en mesure de relayer ou pas des messages en ayant une compétence minimale et la confiance maximale des publics.Pourquoi ne pas recruter et former des « ambassadeurs improbables » : agrigamers, artisans populaires, formés à déconstruire les mythes anti-UE via des formats courts (ex. TikTok live).

Le défi #3 : participation vs. impact tangible

Les dispositifs participatifs européens actuels s’articulent autour de consultations citoyennes (initiative citoyenne européenne, Conférence sur l’avenir, panels citoyens) perçues comme cosmétiques dont l’avis ne pèse pas. Pourquoi ne pas créer un « Fonds pour la promotion de la démocratie » allouant 1 % du budget communication des institutions européennes à des projets citoyens (documentaires, podcasts) co-produits avec des créateurs.

Transformer les défis en leviers

Les institutions européennes disposent des outils pour rattraper leur retard communicationnel, à condition de :

  1. Désacraliser l’expertise : faire de la communication une co-création citoyenne, non un monologue institutionnel.
  2. Piloter par l’émotion, pas uniquement par des indicateurs quantitatifs.
  3. S’inspirer des modèles innovants de participation malgré des contraintes budgétaires.
  4. Faire de l’UE un « storyteller » : remplacer les rapports PDF par des récits incarnés, une « Task force créative » réunissant artistes, scientifiques et citoyens pourrait repenser le storytelling européen tandis qu’elle piloteraitun « Fonds pour la promotion de la démocratie » allouer 1 % du budget communication à des projets citoyens (documentaires, podcasts) co-produits avec des créateurs.
  5. L’hyperlocal n’est pas une option : adopter une approche « glocale », des messages unifiés et déclinés parce que parler transition exige de parler terrain, le cœur de cible devrait être les publics dans les zones non urbaines. Les 450 centres Europe Direct assurant un ancrage local devraient être renforcés.
  6. La transparence doit être proactive : Les citoyens tolèrent l’échec, mais pas l’opacité.

L’UE doit passer d’une communication « par devoir » à une communication « par désir » – où les citoyens ne subissent plus des messages, mais les incarnent.

Comment réinventer la communication de l’UE pour une génération d’idéalistes pragmatiques et d’acteurs sceptiques du changement ?

Le think tank Debating Europe a eu l’excellente idée d’interroger la prochaine génération sur les grandes décisions qui nous devons prendre pour l’avenir de l’Europe. Le rapport « Voices for choices » traduit les positions de ceux qui vont hériter de l’Europe que nous construisons aujourd’hui, grâce aux voix de 2 000 jeunes Européens au Danemark, en France, en Allemagne, en Italie et en Pologne. Comment écouter attentivement, non seulement les chiffres, mais aussi les tendances de fond afin de réétalonner la communication de l’UE pour un monde aux prises avec une complexité sans précédent et une génération connectée à l’authenticité ?

Que nous dit ce rapport ? Un gouffre de scepticisme s’ouvre entre les jeunes Européens et les institutions censées les servir. Responsables politiques, médias traditionnels, tous sont considérés avec suspicion. Ce n’est pas pour autant l’apathie ; c’est plutôt une génération qui exige des preuves, pas des promesses. Ils sont natifs du numérique, saturés d’informations et parfaitement conscients du fossé entre la rhétorique et la réalité. Ce n’est pas non plus une génération désengagée ; elle est engagée différemment. Elle reste attachée aux processus démocratiques, même si elle se méfie des politiciens. Elle est passionnée par l’action climatique, l’équité et la sécurité, même si elle a le sentiment de ne pas être entendue. Ce sont des idéalistes pragmatiques, qui évaluent les problèmes, moins liés aux lignes de parti politique et plus motivés par un impact tangible.

Principaux enseignements des positions autour des politiques publiques européennes

  1. Polarisation et démocratie : La méfiance envers les institutions traditionnelles alimente un désir d’engagement démocratique plus direct. Malgré le scepticisme envers les politiciens et les médias, les jeunes Européens restent attachés aux processus démocratiques et recherchent des moyens pour que leurs voix soient entendues et aient un impact tangible.
  2. Sécurité et résilience : L’autonomie pragmatique est la posture de sécurité souhaitée. Bien qu’ils se sentent relativement en sécurité, les jeunes plaident pour une plus grande indépendance européenne en matière de défense, d’énergie et de technologie, en mettant l’accent sur la résilience plutôt que sur la peur réactive.
  3. Équité et prospérité : L’anxiété économique alimente une demande de croissance inclusive et durable. Face à un avenir financier incertain et à une confiance limitée dans le soutien institutionnel, les jeunes Européens donnent la priorité au logement abordable, aux revenus minimums garantis et au développement des compétences, tout en croyant fermement à la compatibilité de la protection sociale et des initiatives vertes avec le progrès économique.
  4. Climat et durabilité : La frustration de ne pas se sentir entendu alimente une demande d’action climatique authentique et percutante. Bien qu’ils perçoivent le changement climatique comme une menace urgente et qu’ils soutiennent des mesures audacieuses, les jeunes expriment leur scepticisme à l’égard de l’écoblanchiment des entreprises et soulignent la nécessité d’une action démontrable et d’une responsabilité transparente.

Avenir de la communication de l’UE, inspiré par les jeunes Européens

Transparence radicale et voix authentiques : répondre aux aspirations à l’honnêteté et à la vulnérabilité : Les discours lisses glissent. Nous devons démanteler les chambres d’écho et créer des canaux pour un dialogue authentique. Cela signifie :

  • Défendre les voix d’experts : Amplifier les scientifiques, les chercheurs et les experts en la matière en qui ils ont confiance. Laisser les données et les preuves guider, et non les agendas politiques.
  • Récits racontés par les citoyens : Dépasser les messages descendants. Donner aux jeunes les moyens de raconter leurs propres histoires, en montrant l’impact réel des politiques de l’UE à travers leurs expériences vécues.
  • Offrir des accès « non filtrés » : Offrir des aperçus des coulisses. Humaniser les institutions de l’UE en présentant les personnes qui y travaillent, leurs motivations et les défis auxquels elles sont confrontées.

Dialogue plutôt que diffusion : construire des ponts dans un monde polarisé : Diffuser de l’info ne suffit plus. Nous devons favoriser des conversations significatives qui jettent des ponts entre les divisions et s’attaquent aux causes profondes de la polarisation. Cela nécessite :

  • Créer des plateformes participatives : Développer des plateformes interactives qui facilitent un dialogue authentique, le débat et la co-création de solutions. Penser aux assemblées citoyennes numériques, aux assemblées citoyennes et aux boucles de rétroaction alimentées par l’IA.
  • Adopter la nuance et la complexité : Reconnaître les préoccupations légitimes qui alimentent la polarisation. La communication doit viser à comprendre les différents points de vue, et non à simplement rejeter les voix dissidentes.
  • Investir dans la culture médiatique et l’esprit critique : Doter les jeunes des outils nécessaires pour naviguer dans le paysage informationnel complexe, discerner les faits de la fiction et s’engager dans un discours en ligne constructif.

Communication axée sur l’action : montrer, ne pas se contenter de dire : cette génération est lasse des promesses vides. La communication de l’UE doit être tangiblement liée à l’action et à l’impact. Cela signifie :

  • Mettre en évidence les résultats concrets : Montrer les progrès réels réalisés en matière d’action climatique, de sécurité, d’équité et de prospérité. Se concentrer sur les résultats tangibles et l’impact mesurable sur leur vie quotidienne.
  • Relier les politiques à la pertinence personnelle : Expliquer comment les politiques de l’UE affectent directement les jeunes – leurs emplois, leurs communautés, leur avenir. Rendre l’abstrait concret et pertinent.
  • Appel à l’action et autonomisation : Ne pas se contenter d’informer ; inspirer l’action. Fournir des voies claires pour que les jeunes s’impliquent, apportent leurs idées et deviennent des agents actifs du changement au sein du projet européen.

Exploiter la technologie de manière éthique et efficace : l’IA et les outils numériques ne sont pas l’ennemi ; ce sont des instruments puissants qui peuvent être utilisés à bon escient. Nous devons :

  • Explorer l’IA pour un engagement personnalisé : Utiliser l’IA pour adapter la diffusion de l’information, répondre aux préoccupations individuelles et faciliter des dialogues personnalisés à grande échelle.
  • Exploiter l’IA pour la lutte contre la désinformation : Employer des outils alimentés par l’IA pour identifier et combattre efficacement la désinformation, tout en respectant les principes éthiques et en protégeant la liberté d’expression.
  • Donner la priorité à l’accessibilité et à l’inclusion numériques : S’assurer que tous les canaux de communication sont accessibles à tous les jeunes Européens, quels que soient leur niveau de culture numérique ou leur origine.

Adopter aux contextes : penser global, communiquer local. Une stratégie de communication de l’UE unique et uniforme échouera inévitablement. Elle doit être profondément contextualisé et localisé. Cela signifie :

  • Localiser et adapter les messages de l’UE : Décentraliser activement les efforts de communication non seulement traduire mais surtout adapter le récit européen pour qu’il résonne avec les réalités locales et les nuances culturelles spécifiques à chaque État membre.
  • Investir dans la compréhension approfondie des contextes locaux : Mener des recherches continues et approfondies au niveau national et local pour identifier les préoccupations spécifiques, les paysages médiatiques et les voix de confiance au sein de chaque État membre pour garantir pertinence et impact.
  • Privilégier la subsidiarité et l’appropriation locale : Permettre aux acteurs locaux de s’approprier et tirer parti de l’expertise et de la crédibilité des médias locaux, des leaders communautaires et des influenceurs pour diffuser des messages authentiques et portés par les acteurs du terrain.

Un mandat pour réinventer la communication de l’UE

Les jeunes Européens, bien que sceptiques à l’égard des institutions traditionnelles, ne sont pas apathiques. Leur désir de participation démocratique directe, leur quête pragmatique d’autonomie en matière de sécurité, leurs angoisses concernant une prospérité équitable et leur frustration sur le climat – ce ne sont pas des critiques à esquiver. Ce sont des signaux urgents exigeant un nouveau paradigme de communication qui ne consiste pas à projeter la puissance, mais à reconstruire la confiance, à favoriser le dialogue et à donner à une génération les moyens de façonner son propre destin européen.