Communauté politique européenne : décryptage de la maison commune de la famille européenne

A l’occasion de la première réunion fondatrice de la Communauté politique européenne de tous dirigeants européens à Prague le 6 octobre dernier, comment interpréter ce nouveau format de sommet diplomatique et politique intercontinental ?

Éric Maurice : une image de la vertu du dialogue, une dynamique de long terme comme un G7 à l’échelle paneuropéenne

Pour Éric Maurice, Responsable du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert Schuman, il faut s’interroger : « Est-ce un nouveau machin ? Oui et non. ».

Oui parce que les contours et les objectifs restent flous. 44 États sont présents, de l’Islande à la Turquie, du Royaume-Uni à l’Azerbaïdjan, y compris le Lichtenstein et le Kosovo. Leur poids, leurs intérêts, leurs valeurs et leurs attentes sont très différents.

C’est une réunion plutôt informelle, avec une grande place réservée aux discussions bilatérales. Pensez à un grand forum de discussions, le défi sera d’en dégager des axes forts prouvant la pertinence de ce format.

Et pourtant, ce format est utile. D’abord parce qu’il met autour de la table les dirigeants de toute la grande Europe, sauf les parias russe et biélorusse. Image de la vertu du dialogue même lorsque l’on n’est pas d’accord.

Ensuite pour l’UE, la réunion permet de décloisonner ses relations avec les partenaires de son voisinage : Partenariat oriental d’un côté, sommets avec les Balkans occidentaux de l’autre, relations avec la Turquie, négociations avec le Royaume-Uni, pourparlers avec la Suisse, etc.

A terme, plutôt qu’un grand forum, on peut voir la Communauté politique européenne comme une sorte de G44, sur le modèle des G7 et G20. Un espace de discussions pour confronter et si possible coordonner les approches face aux défis communs.

A Prague on parlera de sécurité, d’énergie et de climat, de migration et d’économie. Des sujets sur lesquels les 27 et les 17 partenaires, y compris les plus problématiques comme la Turquie, la Serbie ou l’Azerbaïdjan, ont des destins liés à des degrés divers.

Ce sommet sera avant tout un galop d’essai, un examen des potentialités. Il ne faut pas trop en attendre à court terme. Mais pour les participants, l’intérêt commun est d’enclencher une dynamique sur le long terme.

Luuk van Middelaar : une incarnation du nouvel ordre géopolitique continental, la famille européenne

Pour Luuk van Middelaar, historien et philosophe politique, il s’agit de « montrer à Moscou, au reste du monde et à nous-mêmes que nous sommes unis en tant qu’Européens », comme le titre sa tribune « la photo de famille est le message ».

Cette idée d’Emmanuel Macron a mis du temps à faire son chemin. Il aura fallu quelques clarifications d’intentions et une précision de taille. À savoir que « CPE » et « adhésion » sont deux voies distinctes mais parallèles, chacune avec ses propres objectifs et échéances.

La guerre de Poutine transforme le continent et ne laisse plus de place pour l’ambiguïté stratégique. Alors que l’adhésion à l’UE prendra du temps, il faut tout de suite offrir une nouvelle place géostratégique à l’Ukraine en tant qu’État, dans le « concert européen ».

La vocation première de la Communauté politique européenne sera donc de donner un sens et une incarnation au nouvel ordre géopolitique continental. Des mesures concrètes seront les bienvenues, mais l’essentiel à Prague réside dans le fait de signaler où sont les nouvelles frontières de l’Europe.

Que faut-il en retenir ? Que sur la forme, l’idée d’un G44 répond bien à l’intention initiale de rassembler l’ensemble des acteurs à l’échelle continentale européenne tandis que l’image de la famille traduit bien la nécessité que les « adultes » autour de la table, qu’ils soient membres de l’UE, candidats, ou voisins discutent de leurs problèmes communs voire de solutions éventuelles.

Ainsi, comme souvent avec la construction européenne reposant sur des « solidarités de fait », ce sont souvent des petits pas discrets comme la Communauté politique européenne qui conduisent à terme vers davantage d’unité et de fraternité européennes.

Quel impact des partis politiques et de l’opinion publique sur les priorités des politiques publiques européennes ?

Logiquement, plus l’Europe compte, plus elle sera visible, et plus les citoyens et les partis prêteront attention à l’UE et à ses politiques, tant « chez eux » qu’à Bruxelles. La visibilité devrait notamment augmenter avec la contestation eurosceptique croissante lors des élections européennes. La Commission européenne – l’incarnation de l’UE et de ses politiques – devrait être au cœur la première cible des attaques et son agenda législatif être un « outil » stratégique pour réagir en réponse à l’euroscepticisme. En somme, sous la menace publique et électorale, la Commission devrait chercher à survivre en signalant une retenue, pour protéger son territoire et consolider sa réputation. Qu’en est-il vraiment, selon les résultats d’une recherche dans “Agenda-setting under pressure: Does domestic politics influence the European Commission?

Mécanismes au cœur des priorités politiques de l’agenda de la Commission européenne

Dans des conditions d’incertitude, la Commission hésite à établir ses propres priorités tant sous l’effet des élections nationales que des élargissements de l’UE mais en revanche, la Commission n’hésitera pas à accorder effectivement la priorité à des dossiers qui élargissent les compétences de l’UE – et les siennes propres.

De même, au lieu de se dérober à l’établissement de priorités en raison d’un conflit potentiel entre le Conseil et le Parlement européen, la Commission devient plus susceptible d’établir ses priorités sans que le potentiel conflit la rende hésitante ; au lieu de cela, elle investit davantage de ressources dans les dossiers législatifs dans de telles conditions afin d’« augmenter » les chances d’approbation des projets de textes.

En somme, les principales motivations de la Commission européenne dans le choix de ses priorités sont d’une part, les résultats politiques et d’autre part, la survie bureaucratique.

Politisation de l’arène démocratique de l’UE – ses institutions, son processus législatif, ses politiques

Théoriquement, la Commission devrait faire preuve de retenue en réponse aux menaces eurosceptiques et aux séquences électorales nationales. Concrètement, la Commission semble bien recourir à l’établissement d’un agenda et à des priorités législatives en réponse à des pressions politiques ascendantes. Cette hiérarchisation signale ce qui compte le plus pour la Commission dans l’ordre du jour qu’elle fixe.

L’analyse de plus de 2 000 textes adoptés en codécision confirme que la Commission accorde la priorité à certaines législations en fonction des domaines politiques qui comptent le plus pour les citoyens ; Juncker renforce ce lien dans ses propositions législatives plus que ses prédécesseurs, mais l’importance des questions publiques façonne l’agenda de la Commission au moins depuis le début des années 2000.

Cette constatation est importante : avec la fin du consensus permissif et la baisse du soutien public, la congruence de l’agenda envoie un signal clair dans le processus législatif : la Commission européenne continue de s’efforcer de mettre en œuvre les politiques et de promouvoir une législation qui compte pour les citoyens.

Pourtant, même une Commission « politique » autoproclamée sous Juncker ne répond qu’aux priorités publiques ; l’importance des problèmes des partis au pouvoir ne semble pas déterminer les priorités de son propre agenda.

Une exception avec Barroso II est intéressante : face aux risques systémiques, les partis nationaux au pouvoir choisissent de pousser leurs problèmes saillants au niveau européen et de mettre en œuvre – et, potentiellement, de communiquer – des problèmes résolus conjointement au niveau national.

Alors que nous constatons que l’importance des problèmes publics motive la Commission, l’euroscepticisme ne semble pas la contraindre : même sous une menace élevée, la Commission s’efforce de consolider son pouvoir et de donner la priorité à une législation qui étend les compétences de l’UE.

Quoique ne faisant pas partie de l’enquête, l’ajustement observé d’Ursula von der Leyen en mai 2020 de son premier programme de travail annuel – publié en janvier 2020 – pour préparer une meilleure réponse supranationale à la crise COVID-19 et pour répondre aux attentes des citoyens est l’un des plus récents et des plus dramatiques exemple de réactivité à l’agenda, un aspect crucial de l’élaboration des politiques de l’UE.

Pour conclure, la Commission utilise son programme législatif pour signaler sa quête de résultats sur ce qui compte le plus pour les citoyens de l’UE, sans contrainte par une contestation systémique et en sachant surmonter la complexité et les conflits interinstitutionnels.

La communication européenne, ça n’existe pas, vraiment ?

A l’occasion du 1500e billet depuis le lancement de Lacomeuropéenne en septembre 2007, une question récurrente, en filigrane des interrogations, revient sans cesse : est-ce que la communication de l’Union européenne existe-elle vraiment ? Prenons cette occasion particulière pour tenter d’y apporter des éléments de réponse à partir d’une fresque de l’évolution des figures de la communication européenne au cours des dernières décennies de la construction européenne…

La communication technique, intégrative : la base de la communauté européenne

Même s’il n’est pas contestable que la communication n’existe pas dans le traité fondateur de la construction européenne, il n’en demeure pas moins que l’enjeu apparaît rapidement dans la mesure où toute organisation publique se doit de rendre compte au public de l’usage et des résultats des dépenses de financement public. Le rapport d’activité de la CEE porte ainsi sur les fonds baptismaux la grande évolution de la communication européenne à venir.

Cette première fonction d’organisation des administrations, de nature technique, sur les décennies des années 1950s à 1970s, exerce un rôle important pour porter à la connaissance du public les avancées de l’intégration du système avec la publicisation des premières décisions et la présentation des premières politiques publiques européennes.

La communication symbolique, représentative : le développement du Parlement européen

Face aux accusations dans la littérature scientifique britannique de « déficit démocratique » de la construction européenne en raison du rôle réduit confié au Parlement européen, l’évolution de cette institution va très largement répondre aux attentes et corriger ce défaut de démocratie dans le dispositif institutionnel européen. Les premières élections européennes en 1979 marquent un tournant majeur pour la communication européenne.

Cette deuxième fonction de représentation des citoyens, de nature symbolique, sur les décennies suivantes à partir des années 1980s, entraîne des transformations significatives des discours et de la médiatisation de la construction européenne, en particulier autour des temps forts correspondants aux campagnes électorales, sans sous-estimer la communication parlementaire, tant de l’institution en tant que telle, que les communications des eurodéputés.

La communication éthique, justificative : la clé de voute du Conseil européen

Confrontés à une multiplication de crises de plus en plus importantes, la légitimité de la construction européenne est renforcée par la montée du Conseil européen qui rassemble les chefs d’État et de gouvernement qui incarnent le pouvoir. Cette institution devient la clé de voute de la construction européenne à partir des années 1990s. Les réunions nocturnes et les conclusions partagées au milieu de la nuit incarnent cette nouvelle nécessité de s’appuyer sur la politique des événements et cette responsabilité de trancher et prendre des décisions.

Cette troisième fonction de justification des choix, de nature éthique, s’applique en donnant des orientations publiques, communiquées aux autres institutions européennes, en particulier pour la Commission européenne qui conserve le pouvoir d’initiative législative. La communication autour du Conseil européen s’est raffinée notamment en amont pour parvenir à poser les enjeux, peser les choix, orienter les opinions publiques avec des mobilisations dorénavant paneuropéennes des leaders européens dans les médias ; mais aussi en aval, pour organiser des conférences de presse avec les correspondants de presse de chaque espace national ou parfois commune à plusieurs chefs d’État et de gouvernement qui assurent le service après-vente auprès des citoyens.

La communication critique : la vie politique européenne

Avec la montée de forces politiques populistes et la formulation de critiques eurosceptiques et europhobes de masse, la conversation publique, les controverses partisanes, les débats publics dans les hémicycles des assemblées, les panels télévisés, etc. se sont très largement développées autour de l’Europe depuis les années 2000s. Le discours programmatique ex-cathedra donné depuis une université européenne par une personnalité politique est devenu une figure de style imposée à tout leader politique européen qui veut exercer un rôle d’influence de premier plan.

Cette quatrième fonction de contestation et de proposition, de nature critique, s’exerce non seulement au sein de toutes les institutions européennes mais surtout dans les sociétés civiles, dans les médias, dans les lieux qui accueillent une parole européenne, plus libre, plus critique. En somme, la vie politique européenne s’est peu à peu imposée dans nos vies quotidiennes, pour qui veut tendre l’oreille. La politisation renforce l’incarnation des orientations, personnalise les choix, mobilise aujourd’hui les électorats – le taux de participation a augmenté pour la première fois lors des dernières élections européennes – et demain aussi les journalistes.

Alors, est-ce que vous êtes convaincu dorénavant que la communication européenne, ça existe pour de vrai ?

Discours sur l’état de l’Union 2022 : l’Europe à l’heure des solidarités

Pour ce 13e discours sur l’état de l’Union, le premier en temps de guerre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a enfilé l’uniforme militaire en se vetant littéralement aux couleurs de l’Ukraine, avec un propos offensif pour une Union européenne forte de ses valeurs qui n’est plus tant proactive sur son propre agenda mais réactive face au événements et crises comme l’Ukraine ou l’énergie, un discours très politique…

La solidarité de l’UE en soutien au courage de l’Ukraine

La force intérieure de l’Europe a été ravivée par l’agression de la Russie en Ukraine, l’unité doit être préservée pour que l’UE soit à la hauteur des enjeux considérables, même si un nouveau train de sanctions contre la Russie n’a pas été annoncé.

Le courage a dorénavant un nom, un visage, c’est le peuple ukrainien, une nation de héros, dont la solidarité européenne à hauteur de 19 milliards d’euros va se poursuivre avec aussi d’autres mesures d’intégration au marché intérieur européen : roaming, accès au marché de l’électricité…

La solidarité économique pour un changement de paradigme économique

La crise énergétique, qui est la plus saillante lors de cette rentrée fait l’objet d’une série de propositions pour viser l’indépendance aux hydrocarbures russes et la fin des manipulations des prix des marchés des énergies par la Russie.

Outre la diversification des approvisionnements et la réduction de la consommation des ménages, des entreprises et des administrations déjà largement engagées, la réforme du marché de l’électricité pour découpler les prix du gaz et de l’électricité ainsi que le plafonnement des recettes des producteurs d’électricité, soit une estimation de 140 milliards d’euros redistribués, sont à l’ordre du jour.

Le changement de paradigme pour une solidarité en action implique aussi d’autres propositions comme :

  • La création d’une banque de l’hydrogène, dotée de 3 milliards d’euros pour construire le futur marché de cette énergie prometteuse,
  • Le doublement des capacités de lutte contre les incendies,
  • La poursuite des investissements du plan NextGenerationEU, dont 700 milliards d’euros doivent être encore investis dans les économies sociales de marché européennes,
  • La souplesse dans les trajectoires de désendettements des États pour la gouvernance économique,
  • Le soutien aux PME avec plusieurs actions,
  • L’Année européenne des talents, en 2023, pour la formation continue,
  • Un règlement sur les matières premières critiques, après l’action de l’UE pour les batteries et les semi-conducteurs,
  • La création future d’un fonds de souveraineté européenne pour investir dans les industries d’avenir.

La solidarité des démocraties européennes

Afin de défendre la démocratie, Ursula von der Leyen recommande d’investir dans le pouvoir collectif des démocraties pour les biens publics mondiaux avec plusieurs actions comme le soutien à la Communauté politique européenne suggérée par Macron, la poursuite de Global Gateway, les routes de la soie à la sauce UE et de nouvelles mesures contre les ingérences malveillantes d’agents étrangers et la lutte contre la corruption, inclus dans le régime de sanction des droits de l’Homme.

Pour conclure, deux recommandations institutionnelles pour approfondir la démocratie européenne : d’une part, suivre la recommandation de la conférence sur l’avenir de l’Europe de maintenir des panels de citoyens comme une composante permanente de la vie démocratique (sans oublier une nouvelle initiative sur la santé mentale, issue des recommandations de la COFEU) et d’autre part, consacrer la solidarité intergénérationnelle dans les traités européens afin de renouveler la promesse européenne, via la convocation d’une Convention pour la révision des traités.

« Puisque nous songeons sérieusement à élargir notre Union, nous devons aussi envisager sérieusement de la réformer. »

Au total, le discours sur l’état de l’Union d’Ursula von der Leyen 2022 gagne par rapport aux années précédentes, un vrai fil rouge, un narratif cohérent autour de la solidarité ; tandis que quasi toutes les propositions mentionnées viennent des États-membres plutôt que des services internes ou des partis politiques, mais manque un peu d’idées ground-breaking.

Panorama des journalistes accrédités auprès des institutions de l’Union européenne

Les journalistes accrédités auprès de la Commission européenne, et les types de médias représentés, fournissent des informations très utiles sur la façon dont les médias couvrent l’Union européenne à partir de Bruxelles. Au fur et à mesure que le nombre de membres et le pouvoir de l’Union européenne ont augmenté, la taille du « corps de presse bruxellois » a également augmenté, mais que disent les derniers chiffres

Évolutions historiques des journalistes accrédités auprès de la Commission européenne

En 1976, alors que la Communauté économique européenne de l’époque comptait neuf membres, seuls 259 journalistes étaient accrédités auprès des institutions européennes. Le nombre de journalistes accrédités auprès de la Commission européenne a connu son pic en 2018 avec 1 031 journalistes. En septembre 2020, 899 journalistes étaient accrédités auprès de la Commission européenne. Tous ces chiffres représentent les accréditations annuelles, mais n’incluent pas les accréditations temporaires ou événementielles.

Pourquoi cette stabilisation du nombre de correspondants de presse à Bruxelles ?

  1. Les salles de rédaction à travers l’Europe – d’où viennent la plupart des correspondants basés à Bruxelles – ont licencié du personnel depuis le milieu des années 1990 en raison de la crise économique, de la baisse des sources de revenus et des coûts de maintenance des bureaux coûteux à l’étranger.
  2. Le nombre de correspondants étrangers diminue parce que le temps consacré par les médias traditionnels à l’information internationale a diminué.
  3. De nombreux journalistes d’Europe centrale et orientale venus à Bruxelles pour couvrir l’adhésion de leur pays à l’UE sont rentrés chez eux après l’adhésion de leur pays.

Tendances récentes des journalistes accrédités auprès de la Commission européenne

Chiffres clés : En septembre 2020, 189 de ces 899 journalistes, soit 21 % de tous les représentants des médias, travaillent pour des agences de presse. Les journalistes des agences de presse font majoritairement partie du personnel (160 journalistes), tandis que seulement 29 (15 %) sont des pigistes.

Déclin presse écrite : Depuis 2004, il y a eu un léger déplacement des journalistes de la presse écrite vers les médias en ligne, les agences de presse et les médias audiovisuels (radio et télévision). En 2005, près de la moitié des journalistes accrédités à Bruxelles travaillaient dans la presse écrite. En mai 2012, un peu plus de 40 %, et ce chiffre est tombé à 26 % en octobre 2015.

Stabilisation des agences de presse : La part des journalistes d’agences de presse a légèrement diminué au cours de la dernière décennie. En 2012, 26 % des journalistes accrédités travaillaient pour des agences de presse. Ce chiffre est tombé à 21 % à la fin de 2015 et reste à ce niveau en 2020. Les agences de presse de six pays européens (le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, la Belgique, l’Italie et l’Espagne) dominent ouvertement le secteur, puisque chacun d’eux compte plus de dix journalistes et qu’ensemble, ils représentent 76 % des effectifs des agences de presse à Bruxelles, avec 116 journalistes accrédités en permanence.

Médias accrédités principalement de pays européens et membres de l’UE : Sur l’ensemble des journalistes accrédités, 609, soit 68 %, travaillent pour des médias de 34 pays membres, candidats ou candidats potentiels à l’Union européenne.

Déficit des pays candidats et candidats potentiels : Dix pays figurant sur la liste des pays membres, candidats ou candidats potentiels n’ont pas de journalistes d’agence de presse couvrant l’Union européenne à Bruxelles, et 13 n’ont qu’un seul journaliste d’agence de presse accrédité auprès de la Commission européenne.

Focus sur les agences de presse d’Europe Ouest et Est dans les institutions de l’UE

Un premier groupe « UE-Ouest » constitué des États qui ont rejoint l’UE avant ou au cours de l’élargissement de 1995 comprend 14 agences de presse tandis qu’un deuxième groupe « UE Est » composé d’agences de pays qui ont rejoint l’UE entre 2004 et 2013 ainsi que de pays candidats et de pays candidats potentiels contient des agences de 20 pays. Les États qui ne sont pas membres de l’UE – comme la Norvège, la Suisse ou encore le Royaume-Uni – sont exclus des comparaisons exhaustives entre les « anciens » et les « nouveaux » États membres ou pays candidats.

La sortie du Royaume-Uni de l’adhésion à l’UE est un événement important pour la couverture des affaires européennes puisqu’il y reste actuellement 138 journalistes de médias britanniques accrédités auprès de la Commission européenne. C’est plus que tout autre pays, même l’Allemagne (96) et la France (99), bien que ces deux pays aient une population plus importante que le Royaume-Uni. Il existe plusieurs médias importants sur les affaires européennes qui sont enregistrés au Royaume-Uni, comme le Financial Times, Euractiv et MLex. D’un autre côté, Euronews est enregistré à Lyon, en France, dynamisant les chiffres français, tandis que Politico Europe dynamise ceux de la Belgique.

Les agences de presse des pays membres de l’UE-Ouest dominent les ressources pour couvrir l’Union européenne lorsque le nombre de journalistes accrédités auprès de la Commission européenne est pris en considération. 531 journalistes couvrant l’UE sont originaires de ces 14 pays. En revanche, seuls 75 journalistes travaillent pour les 20 autres pays européens, composés de 13 membres qui ont rejoint l’UE avec l’élargissement, et de 7 pays candidats.

En plus de tous les journalistes, les membres des médias travaillant pour les agences de presse dans les pays de l’UE-Ouest (100) sont quatre fois plus nombreux que ceux des pays de l’UE-Est (21). Deux pays du groupe UE-Ouest n’ont pas de journaliste accrédité travaillant pour une agence de presse à Bruxelles, tandis que 8 des 20 pays du groupe UE-Est n’ont pas d’agence de presse à Bruxelles. Huit autres pays sur 20 n’ont qu’un seul journaliste accrédité contribuant pour une agence de presse.

Pourquoi ce déficit du nombre de correspondants de presse à Bruxelles par leurs agences de presse du groupe UE-Est ?

Petite taille du paysage médiatique dans les pays concernés, dépendance vis-à-vis des agences de presse internationales, réduisant le rôle des services d’information générale des agences nationales, et perte de revenus de leurs médias d’information en raison de bouleversement numérique.

Quelles conséquences sur l’information européenne ?

Outre le fait que les agences de presse nationales du groupe UE-Est ont des capacités et des ressources limitées pour couvrir Bruxelles, le nombre de journalistes accrédités auprès de l’UE travaillant pour tous les types de médias (74 journalistes y compris ceux des agences de presse) est très faible dans ces pays par rapport au groupe UE-Ouest (531). Cela signifie que les habitants de ces pays ont peu de sources d’informations et de points de vue sur les affaires européennes, car leurs médias nationaux n’emploient pratiquement aucun journaliste pour couvrir Bruxelles. L’un des 20 pays n’a même pas un seul reporter à Bruxelles. 2 autres de ces pays n’ont qu’un seul journaliste accrédité couvrant l’UE. 14 de ces 20 pays n’ont pas plus de trois journalistes accrédités auprès de la Commission européenne.

Alors, quelles peuvent être les solutions pour compenser le déficit de correspondants à Bruxelles travaillant dans des agences de presse issus d’États-membres et candidats de l’Europe Centrale et Orientale ?