Et si nous pouvions améliorer la façon dont nous communiquons sur l’Europe afin d’engager différemment une variété de publics différents, sur la base d’une meilleure connaissance des attitudes des Européens et de leurs réflexions sur les enjeux contemporains…
Une méthodologie éprouvée mise en œuvre pour l’Europe : de l’écoute, à l’apprentissage et à l’engagement actif
Parce que dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, les gens se socialisent dans les espaces numériques, le projet « Listen to Europe » lancé en 2019 avant les élections européennes vise à apprendre comment améliorer l’efficacité des campagnes de communication au-delà des bases existantes en reposant sur une démarche rigoureuse :
- Évaluer ce que nos concitoyens pensent de la démocratie en général mais aussi leur position sur certaines questions plus spécifiques ;
- Tester des récits et développer des messages pour atteindre et convaincre au-delà du public habituel européen ;
- Lancer des campagnes ciblées, informées et interactives qui permettent l’engagement actif des citoyens, en particulier ceux qui ne le sont pas.
Face aux défis de l’agenda de l’UE (relance européenne, démocratie européenne, avenir de l’Europe), mais aussi de la lutte contre la désinformation et du nécessaire réengagement civique, en particulier en ligne, tout en favorisant un débat européen démocratique et informé, la clé réside dans la façon dont on communique avec une variété de publics différents en dehors des supporters, à savoir viser à atteindre les citoyens généralement ignorés mais intéressés par l’UE.
Une compréhension des comportements et des attitudes des citoyens ignorés mais intéressés par l’UE à l’égard des problèmes importants de notre époque
Le point de départ de toute démarche de communication consiste à savoir qui est notre public, ce qui l’intéresse, où aller pour se connecter avec lui et quel type de message résonnera auprès de lui. Plus facile à dire qu’à faire, surtout à grande échelle.
Le projet « Listen To Europe » combine données de sondage d’opinion classiques, recherche via des groupes de discussion, écoute des médias et tests de campagne afin de structurer ces données autour de segments basés sur les attitudes envers la démocratie, l’UE et plusieurs autres valeurs et attitudes fondamentales.
Avec cette méthode, l’audience peut être structurée, sous l’angle de la communication européenne, selon :
1. Public enthousiaste de partisans et supporters : aime la démocratie et l’UE, ainsi que la diversité, l’égalité, la protection de l’environnement, la solidarité et la coopération internationales, autant de sujets perçus comme des problèmes prioritaires ;
2. Public modéré de personnes susceptibles de bouger : peut être persuadé d’aimer la démocratie et l’UE, même si ce n’est pas une priorité, car ils sont occupés par leur vie quotidienne, travail et famille. Cependant, certains problèmes peuvent les déclencher dans les deux sens.
3. Public ambivalent : plus sceptique à l’égard de la démocratie et de l’UE, mais comme les modérés, ils sont occupés par leur vie quotidienne, ce n’est donc pas leur priorité. Cependant, certains problèmes peuvent les déclencher dans les deux sens.
4. Public d’opposition : n’aime pas la démocratie ou l’UE, et travaille activement contre la plupart des choses pour lesquelles un enthousiaste travaille. Ils ont tendance à être autoritaires, favorisent les dirigeants « forts » et détestent généralement les immigrés et les droits des femmes, en particulier. C’est généralement de là que provient la désinformation, et ils sont souvent très organisés dans leurs actions de désinformation, car ils tentent d’influencer négativement les récits publics.
Une interprétation des potentiels points de résonnance qui mobilisent autour de la cause européenne
À partir de cette large catégorisation, des publics cibles plus décomposés par thématique peuvent servir de point d’ancrage dans la façon d’aborder et de concevoir des groupes de publics particuliers cohérents. Reste à savoir comment les approcher.
La clé pour interpréter les positionnements d’opinion sur l’Europe consiste, de manière schématique à comparer Enthusiasts Vs Sceptics afin de définir la taille de notre base de supporters par rapport à celle de nos adversaires, puis Moderates Vs Ambivalents, afin d’indiquer avec quelle « facilité » on peut persuader un public moyen plus large de soutenir notre cause.
Ces premiers segments peuvent et doivent être décomposés encore plus selon différents thèmes pour être appliqués dans une campagne de communication au jour le jour.
Une communication européenne au-delà de sa base saisissant des opportunités dans l’opinion afin de proposer des modalités d’implication
A partir des actions de communication d’ores et déjà réalisées, plusieurs conseils se dessinent pour les professionnels :
N’utilisez pas de visuels de démonstrations si vous souhaitez attirer un public moyen, en particulier s’ils peuvent être interprétés comme potentiellement agressifs ou perturbateurs de la vie quotidienne. C’est une réaction qui revient maintes et maintes fois dans notre groupe de discussion – même parmi les enthousiastes.
L’authenticité est la clé. Le contenu trop « élégant » est sous-performant au-delà de la base. Il peut apparaître comme un contenu manipulateur et plus politique. Le but est de le raffiner au maximum avec de vraies personnes et des expériences réelles, bien mieux testées.
Ne vous engagez pas directement dans la désinformation. S’engager avec ce contenu ne fait que renforcer sa portée. Plutôt que de vous engager directement dans la désinformation, concentrez-vous sur la publication de vos récits les plus convaincants pour votre sous-audience.
La formulation est importante. Des termes tels que « justice climatique » ou « transition juste » ont l’effet inverse de persuader le public moyen. En fait, les gens les trouvent déroutantes. Parlez-en plutôt en termes plus spécifiques, comme « Comment l’innovation allemande peut aider à résoudre la crise climatique » ou « Quand les forêts vont bien, nous nous faisons bien ».
Il y a une ligne fine entre motivation et apathie. Par exemple, si vous souhaitez mobiliser des actions contre la corruption, ne parlez pas de la corruption comme d’un problème systémique, même si c’est le cas. Il est préférable de l’attacher à des personnes ou à des événements spécifiques. Cela est moins susceptible de submerger les publics intermédiaires et en fin de compte, d’inspirer l’inaction, au lieu de les motiver et de les mobiliser.
Que faut-il surtout retenir pour mobiliser sur l’Europe ? En tant que communicant, vous devez coder ce que vous voulez dire, dans le contexte de ce que votre public peut entendre ou auquel il peut s’identifier.