Archives mensuelles : juillet 2022

Recommandations pour la communication de la conférence sur l’avenir de l’Europe ?

Avec près de 5 millions de visiteurs uniques sur la plateforme numérique multilingue, plus de 50 000 participants actifs et 17 000 idées débattues, quelles sont en particulier les recommandations en termes de communication des citoyens européens ayant participé à la conférence sur l’avenir de l’Europe ?

Une nouvelle stratégie de communication pour l’Union européenne

Parmi la centaine de recommandations tous azimuts, deux propositions portent spécifiquement sur la stratégie d’information et de communication de l’Union européenne.

Afin de susciter plus d’intérêt et d’implication parmi des citoyens européens davantage impliqués dans le processus décisionnel et de s’assurer que leur voix est entendue, la première recommandation consiste :

  • D’une part, l’UE devrait renforcer sa visibilité sur les médias sociaux et promouvoir activement son contenu ;
  • D’autre part, l’UE devrait continuer la conférence sur l’avenir de l’Europe sur une base annuelle en personne ;
  • Par ailleurs, l’UE devrait encourager davantage l’innovation en promouvant une plateforme européenne de médias sociaux accessible.

Afin de rendre l’Union européenne plus compréhensible et accessible et renforcer une identité européenne commune, la seconde recommandation vise à

  1. Rendre des informations fiables sur l’UE facilement accessibles de manière inclusive à tous les citoyens. Les institutions de l’UE devraient utiliser un langage plus accessible et éviter d’utiliser des termes bureaucratiques dans leur communication, tout en maintenant la qualité et l’expertise des informations fournies et en adaptant les informations aux différents canaux de communication et profils d’audience.
  2. Créer une application mobile où les informations concernant les politiques de l’UE présentées dans un langage clair. Un effort particulier doit être fait pour atteindre les jeunes par le biais des médias numériques, des mouvements de jeunesse et de divers « ambassadeurs » (organisations et individus) expliquant le projet de l’UE.

De nouvelles actions de communication européenne

Dès la 1ère recommandation au chapitre du changement climatique et de l’environnement, la communication est considérée comme nécessaire sous la forme d’un système de conseil et de formation pour et par les agriculteurs, ce qui semble un levier clé, pour promouvoir une production alimentaire sûre, durable, juste, climatiquement responsable et abordable, respectant les principes de durabilité, l’environnement, la sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes, tout en garantissant la sécurité alimentaire.

Au sujet de la transparence de l’UE et de ses relations avec les citoyens, la communication est perçue comme indispensable afin d’améliorer l’accessibilité pour les citoyens aux actions au niveau international, y compris les négociations commerciales sur lesquelles les critiques et les fantasmes aussi sont nombreux, par une meilleure information, éducation et participation citoyenne.

Parmi les nombreuses recommandations autour de la révolution numérique pour une société numérique sûre et digne de confiance, les citoyens identifient principalement deux justifications pour la communication :

  • D’une part, dans les luttes cybersécurité et désinformation, l’UE devrait assurer l’existence d’infrastructures résilientes et de canaux de communication alternatifs ;
  • D’autre part, pour la protection des données, l’UE devrait accroître la transparence et améliorer la communication pour un consentement éclairé qui utilisent un langage simple et clair compréhensible par tous.

Sur l’épineuse question d’accroître la participation des citoyens et l’implication des jeunes dans la démocratie au niveau de l’Union européenne afin de développer une « expérience civique complète » pour les Européens, garantir que leur voix soit entendue également entre les élections et que la participation soit effective, la recommandation porte sur des mécanismes participatifs inclusifs et leur communication pour pouvoir atteindre un public diversifié et une attention particulière doit être portée aux contenus, aux sujets et aux compétences des modérateurs.

Au sujet du rôle de l’UE en matière de migration légale, l’idée serait de lancer une campagne de communication à l’échelle européenne afin qu’EURES (services européens de l’emploi), le portail européen sur l’immigration et l’outil de profil de compétences de l’UE pour les ressortissants de pays tiers soient mieux connus des citoyens européens et plus fréquemment consultés et utilisés par les entreprises de l’UE lorsqu’elles recrutent.

Enfin, autour du sport, crucial pour nos sociétés afin de défendre nos valeurs, assurer un mode de vie et un vieillissement sains, promouvoir une culture des échanges et aussi célébrer la diversité du patrimoine européen, il s’agirait d’investir davantage dans les efforts de communication tels que la Semaine européenne du sport pour garantir que les citoyens de toute l’UE puissent bénéficier ensemble d’opportunités.

Ainsi, dans les recommandations de la conférence sur l’avenir de l’Europe, la communication occupe une place importante tant autour d’une nouvelle stratégique que de nouvelles actions.

Quelles politiques et stratégies de communication européenne en Italie ?

Dans « Educating citizens to the EU: How policies and communication strategies are implemented in Italy », Lucia D’Ambrosi analyse la stratégie de communication réussie afin d’impliquer les institutions européennes avec les institutions nationales et locales en vue de faire connaître aux citoyens les politiques de l’Union européenne, promettre l’inclusion à l’information, respecter la diversité culturelle et d’opinion dans les débats publics et promouvoir la participation des citoyens dans la vie démocratique.

Information trop sectorielle, peu orientée vers l’information sur les questions européennes et faible participation des citoyens aux processus décisionnels avec une indifférence conséquente envers la politique européenne

Dans le contexte italien, règne souvent un sentiment de désinformation et de confusion sur les institutions européennes, leurs activités et leur fonctionnement. Les informations en provenance d’Europe sont souvent perçues comme quelque chose de lointain, difficile à comprendre, peu utile pour les besoins d’information et de transparence exigés par les citoyens.

De plus, la quantité et la qualité croissantes des sources d’information rendent plus difficile l’accès et l’utilisation de ces informations par les citoyens et les désorientent au sein de ce même univers informatif.

Deux raisons principales semblent être responsables du manque d’information :

  • Le langage « eurocratique » parlé par les institutions européennes, souvent trop autoréférentiel et incompréhensible pour la plupart des citoyens ;
  • L’aspect sectoriel de l’actualité, concernant principalement des sujets de politique nationale et donc peu propice à l’analyse et à la réflexion critique.

En Italie, les médias nationaux et locaux accordent peu d’espace aux actions de l’UE et à l’impact positif que de telles opérations peuvent avoir sur le territoire. Les informations concernant une dimension identitaire européenne et ses racines sont totalement marginalisées, avec une désaffection conséquente que les citoyens ressentent envers les symboles et les politiques de l’UE.

Priorités de communication : être « européen » donne une valeur supplémentaire et sensibiliser les jeunes à leurs droits et devoirs découlant de la citoyenneté européenne

En Italie, le partenariat de gestion né dès 2008, vise à investir dans des projets de communication civique relatives à l’Union européenne qui mettent en évidence des actions de formation promues localement et favorisent un partenariat mieux intégré (institutions européennes et nationales, agences éducatives et citoyens).

Le rôle joué dans la communication européenne concerne soit l’information soit l’éducation à travers des programmes de formation, ainsi que l’éducation civique à l’école, le maillage entre l’université, l’école et les institutions, et le soutien au débat européen :

1. Un processus d’acculturation est promu par le recours aux systèmes éducatifs formels et informels, supports cruciaux pour la prise de conscience des droits et des devoirs de l’UE. Les principaux centres de formation et d’éducation, tels que les écoles et les universités, et les composantes sociales travaillent ensemble pour trouver didactiques et méthodes d’apprentissage efficaces pour éduquer les gens à la citoyenneté. L’acquisition de certaines capacités et techniques ainsi que d’attitudes et de valeurs liées à des contextes adéquats où exercer la citoyenneté européenne, renforcent une telle identification européenne et facilitent l’intégration culturelle.

L’expérience pionnière réussie du projet « HOPEurope — Building Citizenship, Democracy, Peace and Sustainability in a Multilevel United Europe », financé par l’Union européenne, comme contribution au développement de l’éducation civique européenne dans les lycées de Ligurie, au profit des élèves et des enseignants.

Le projet « Apiceuropa.eu » (Association pour les rencontres des cultures en Europe), qui signifie informer et sensibiliser sur la politique et les cultures européennes et stimuler les enquêtes et les confrontations sur les perspectives futures de l’Union européenne, en accordant une attention particulière à la jeunesse.

2. La responsabilisation des réseaux entre le système éducatif, les institutions et le journalisme afin d’expérimenter des langues adéquates pour chaque type de citoyen et pour trouver des stratégies de communication capables de rendre les informations plus attrayantes et émotionnellement engageantes. L’approfondissement des connaissances et l’analyse critique des questions européennes sont en effet des priorités à mener à travers une plus grande intégration entre les canaux d’information, qu’ils soient formels ou informels. Ainsi, le rôle joué par les centres et réseaux d’information de l’Union européenne apparaît utile et nécessaire pour rapprocher les citoyens des institutions et articuler les activités directes ou de contre avec les projets de transparence informante.

L’observatoire « Puglia-Europa » sur la communication de l’UE, destiné à surveiller l’information européenne sur la presse locale et à améliorer les connaissances des journalistes même dans un contexte régional. « Europe Direct Puglia » est son partenaire dans ce projet et ils travaillent activement ensemble pour promouvoir l’information. Un tel exemple est le fruit d’une synergie entre différents acteurs qui partagent leur expertise pour assurer la veille de l’information européenne et mettre en œuvre des actions de communication.

3. Le soutien et l’extension des débats européens est de favoriser la confrontation, de permettre aux citoyens d’exprimer leurs opinions sur les politiques communautaires et d’utiliser des lieux physiques pour expérimenter la participation. L’aspect opérationnel implique que la participation du public européen s’élargisse et devrait prendre en compte les différents multiples niveaux d’interaction nationaux et supranationaux avec les outils pour accéder au débat. Plus précisément, les nouvelles technologies et particulièrement les médias sociaux offrent des perspectives intéressantes pour stimuler l’intérêt et la curiosité des citoyens.

Parmi les expériences italiennes les plus significatives, le projet réalisé par « Casa per l’Europa (Home for Europe) » (Gemona — Friuli-Venezia Giulia), une organisation à but non lucratif, qui encourage des valeurs telles que le pluralisme, la paix et la coopération afin d’éveiller une conscience européenne civique également par une utilisation innovante des technologies existantes. Casa per l’Europa a sa place sur notre territoire et travaille comme médiateur entre les institutions européennes et les jeunes pour leur offrir des programmes et des opportunités.

En conclusion, il ne s’agit pas d’aller au-delà dans la promotion d’outils et de stratégies pour une citoyenneté active, mais plutôt d’œuvrer à rendre réelles les opportunités d’inclusion actuellement offertes par les politiques européennes. Un tel résultat peut être soutenu par la création de réseaux plus ou moins formels d’acteurs et d’experts qui peuvent rechercher des solutions pragmatiques, politiquement faisables, et qui peuvent aussi élaborer des points de vue partagés et des positions communes.

Le plan de communication pour l’UE recommandé par la conférence sur l’avenir de l’Europe

Dans les annexes du rapport final de la conférence sur l’avenir de l’Europe, toute une réflexion relative à la communication européenne est développée, de quoi s’agit-il ?

1. La communication sur l’UE n’est pas satisfaisante.

1.1 Des enseignements sur l’Union européenne devraient être intégrés dans le programme scolaire dès le troisième cycle de l’école primaire afin d’atteindre tous les citoyens et d’améliorer la connaissance de l’Union européenne.

1.2 L’Union européenne, et en particulier la Commission, devrait fournir du matériel pédagogique sur le fonctionnement de l’Europe et les pouvoirs des institutions aux ministères de l’éducation des États membres. Une attention particulière doit être portée à l’utilisation d’un langage clair, compréhensible et accessible, ainsi qu’aux outils pédagogiques tels que documentaires, clips ou émissions télévisées scolaires, dans les 24 langues.

2. Le projet européen reste étranger aux citoyens.

2.1 Les institutions européennes devraient veiller à ce que leur communication explique mieux ce qui relève des compétences de l’UE, mais aussi ce qui ne relève pas de ses compétences.

2.2 L’Union européenne devrait intégrer dans sa communication des exemples familiers de la vie quotidienne des Européens. Ces explications devraient être diffusées au sein des États membres par le biais d’accords entre les institutions européennes et les télévisions publiques nationales afin d’atteindre un large public.

2.3 Les ressortissants de tous les États membres devraient être régulièrement informés du rôle de l’Union européenne dans les autres États membres. Les avantages et les inconvénients de l’Europe seraient ainsi mieux mis en perspective dans les débats sur l’avenir de l’Europe.

2.4 Afin de renforcer l’identité européenne, des informations devraient être mises à disposition et régulièrement communiquées sur ce que serait la vie des Européens sans l’UE et ses réalisations concrètes.

2.5 La Journée de l’Europe (9 mai) devrait devenir un jour férié européen pour tous les citoyens de l’UE.

2.6 Les institutions européennes devraient accorder encore plus d’attention à la simplification, à la compréhensibilité et à l’accessibilité des informations sur les sujets prioritaires traités au niveau européen.

2.7 L’Union européenne devrait fournir un tableau de bord indiquant les ressources allouées par l’UE par pays et par thème prioritaire. Toutes ces informations devraient être disponibles sur les sites web de l’UE.

2.8 L’UE devrait fournir une présentation claire des travaux législatifs en cours. Toutes ces informations devraient être disponibles sur les sites web de l’UE.

2.9 Les institutions européennes devraient être plus accessibles aux Européens. Leur participation aux débats lors des sessions du Parlement européen devrait être facilitée.

2.10 La participation au programme Erasmus devrait être étendue à tous les étudiants quel que soit leur parcours scolaire (formation professionnelle et technique, alternance). Tout le monde devrait pouvoir participer aux échanges européens.

2.11 La population active devrait pouvoir bénéficier des programmes d’échanges européens, quel que soit le secteur d’activité, y compris pour les entreprises locales. Tout le monde devrait pouvoir participer aux échanges européens.

2.12 Créer des cours de citoyenneté européenne pour tous les citoyens européens.

3. La législation européenne n’est pas appliquée de la même manière dans tous les États membres.

Nous recommandons à l’Union européenne de recourir plus fréquemment à la législation directement applicable dans les États membres. Cela réduirait les différences nationales dans la mise en œuvre de la législation européenne, ce qui fragilise le projet européen. De cette façon, l’UE sera mieux à même de sauvegarder et de promouvoir l’intégrité des réalisations telles que le marché intérieur, l’euro et l’espace Schengen.

4. La démocratie européenne est menacée.

4.1 La communication de l’UE sur la démocratie européenne devrait rappeller constamment et sans ambiguïté ce que signifie l’Europe pour les Européens.

4.2 Les valeurs et les principes des traités de l’UE, auxquels les États membres ont souscrit lors de l’adhésion, sont irréversibles. Leur protection doit continuer à être assurée.

4.3 La protection des valeurs et des principes des traités est assurée par la Cour européenne et ne peut être remise en cause par les États membres.

5. Les informations sur l’UE ne sont pas facilement accessibles et compréhensibles.

5.1 Renforcer le fact-checking sur les questions européennes ; des informations, diffusées et vérifiées par les institutions, devraient être facilement accessibles au public européen et aux médias nationaux de chaque État membre.

6. Les médias nationaux véhiculent souvent une image négative de l’UE.

6.1 L’UE doit également être plus présente dans la vie quotidienne des Européens en communiquant de manière plus proactive. (Par exemple, en parrainant des événements, notamment culturels, qui rassemblent les citoyens et les rendent fiers d’être citoyens de l’UE. La production de reportages et de teasers permettrait également aux Européens d’avoir accès à des informations contextualisées sur l’UE).

7. Les citoyens ne connaissent pas les personnes qui les représentent au Parlement européen.

7.1 Les députés européens devraient mieux se faire connaître dans leur pays d’origine, notamment en dehors des périodes électorales. Ils doivent être plus accessibles. Les motivations de leurs votes au Parlement européen devraient être rendues plus facilement accessibles aux citoyens européens sur le site internet du Parlement européen.

7.2 Les partis politiques nationaux devraient veiller à ce que des candidats plus jeunes soient également inscrits sur leurs listes pour les élections au Parlement européen. Un tel mandat ne doit pas être considéré comme une récompense pour de bons et loyaux services dans la politique nationale.

8. La communication de l’UE est trop uniforme ; elle ne tient pas compte de la diversité de la population.

8.1 Pour s’adresser à un public suffisamment large et varié, l’UE devrait tenir compte du niveau d’éducation de ses groupes cibles et de leurs éventuels handicaps, au moyen d’une communication inclusive, dès la phase de conception. De plus, les personnes et les organisations (éducateurs de rue, agents de quartier, travailleurs sociaux, société civile) devraient être impliquées dans la transmission de cette communication.

8.2 Pour atteindre la population active, investir davantage dans l’utilisation des canaux de communication existants pour fournir régulièrement des informations appropriées sur l’UE, par exemple par le biais de programmes explicatifs et compter sur des ambassadeurs (individuels et organisations) qui promeuvent le projet européen.

8.3 Pour atteindre les jeunes et les étudiants, en plus des canaux existants tels que l’éducation et les mouvements de jeunesse pertinents, des ambassadeurs devraient être utilisés, en particulier pour cibler les influenceurs qui peuvent atteindre les jeunes via les médias sociaux. Organiser un concours paneuropéen pour créer un personnage de bande dessinée qui attire les jeunes et leur apporte des messages européens.

8.4 Pour les seniors, utiliser les mêmes canaux que ceux proposés pour la population active en trouvant le juste équilibre entre communication digitale et non digitale (presse écrite, radio, événementiel présentiel) pour répondre aux besoins de chacun, y compris ceux qui sont moins à l’aise dans un environnement numérique comme ceux qui sont moins mobiles dans la société.

8.5 A travers les cours d’intégration qui existent déjà dans de nombreux États membres, l’UE devrait s’engager à inclure les « nouveaux Européens » (personnes qui, par l’une ou l’autre des procédures d’immigration légale, résident dans l’UE) et les sensibiliser aux canaux par lesquels l’UE communique et aussi donner un rôle aux associations locales.

8.6 Faire descendre l’UE dans la rue avec une communication inclusive. Par exemple, des panneaux d’affichage (numériques) pourraient être utilisés, ainsi que des moyens de communication traditionnels et nouveaux comme les QR codes.

8.7 Rendre l’UE plus visuelle (via des courts métrages ou des infographies), la création d’un mouvement sportif européen pour créer un lien/sentiment d’appartenance, et mieux faire connaître l’hymne européen.

Quel bilan pour la présidence française de l’Union européenne ?

Exercice aussi rituel que les annonces initiales, le bilan – avec un programme déjà bien trop ambitieux pour un exercice très atypique avec les élections en son plein cœur – a été bouleversé par l’imprévu de l’événement majeur de la guerre en Ukraine, comme la précédente PFUE en 2008 avec la Géorgie. Que retenir ?

Des circonstances exceptionnelles favorables au Statesmanship de l’UE sous présidence française

L’Union européenne – comme on le dit trop souvent « qui progresse dans les crises » – aura, pendant ces six derniers mois, clairement cheminée vers davantage de souveraineté européenne tant le champ stratégique aura été élargi par les questions de sanctions (6 packages) de la Russie et d’interdépendance énergétique et alimentaire pour les Européens.

La période aura été marquée notamment par le sommet de Versailles en mars visant à renforcer l’autonomie de l’UE (énergies, matières premières, santé, alimentation, tech & numérique) et par l’adoption de la boussole stratégique en matière d’orientation de sécurité et de défense de l’UE dans un contexte de renforcement de la position de l’OTAN en Europe avec les demandes d’adhésion de la Suède et de la Finlande.

Du côté de l’agenda institutionnel, peuvent être porté au crédit de la présidence semestrielle plusieurs grands dossiers comme l’adoption de la législation phare sur le numérique avec le Digital Market Act et le Digital Services Act ; l’adoption dans la douleur (après un premier échec) de la taxe carbone aux frontières d’un Green Deal dont la route législative sera encore longue et des directives sur les quotas de femmes dans les conseils d’administration et sur un salaire minimum européen sans oublier la présentation par la Commission européen du programme REPowerEU visant l’indépendance des approvisionnements énergétiques via la diversification des partenaires et la construction de nouvelles infrastructures.

Avec le leadership français, le renforcement des capacités européennes, de son Statesmanship, aura globalement été au rendez-vous ; même si les partenaires de la France sont encore loin d’être alignés sur les thèses et les arguments hexagonaux en matière de souveraineté stratégique. La pédagogie autour de l’Union européenne aura été largement articulée autour de l’agression russe contre l’Ukraine et l’adhésion officielle du pays à l’UE.

Des controverses circonstancielles défavorables au Thought-leadership de la France en Europe

La crédibilité des positions françaises n’aura pas permis d’obtenir des avancées décisives sur trois sujets qui seront repris par la future présidence tchèque :

Sur les questions migratoires, les intentions de réforme de l’espace Schengen pour poser un cadre aux situations de crise sanitaire ou lutter contre l’instrumentalisation des flux migratoires par un pays-tiers (comme la Biélorussie avec la Pologne) se sont heurtées à la démission spectaculaire du patron français de l’agence Frontex.

Sur la réforme du pacte de croissance et de stabilité, l’exemplarité légendaire des finances publiques françaises n’en ont pas fait le champion d’un sujet encore en suspens, les esprits ne sont pas encore mûrs pour avancer.

Sur la convocation d’une convention de révision des traités européens sur la base des recommandations de la conférence sur l’avenir de l’Europe, le consensus ne semble pas pour le moment se faire sur les positions défendues par le président de la République. De même, le débat sur l’idée d’une communauté politique européenne pour un élargissement politique immédiat n’a pas vraiment encore pris au sein de la sphère bruxelloise.

Au total, l’ordre du jour prévu a volé en éclats avec l’agression russe de l’Ukraine et la France a tenté de faire avancer son agenda afin que ce nouveau moment critique pour l’unité européenne participe de l’accouchement de l’Union européenne en tant que puissance géopolitique.