Quels sont les défis de la Conférence sur l’avenir de l’Europe ?

Afin d’embarquer les citoyens européens dans la démarche inédite de démocratie participative à l’échelle paneuropéenne avec la Conférence sur l’avenir de l’Europe, les défis de la participation citoyenne à relever sont nombreux. Quels sont-ils à l’écoute de l’événement de la Maison de l’Europe de Paris consacré au sujet en juin dernier ?

Le défi de l’information et de la communication

Premier défi pour le succès de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, la mobilisation des citoyens reposera sur une démarche complète.

Pour la première fois dans ces proportions, toutes les institutions européennes travaillent ensemble à une entreprise collective d’information et de communication avec des actions à l’échelle bruxelloise et surtout dans les États-membres, de concert avec les gouvernements nationaux.

La mobilisation des multiplicateurs, des relais, des médias en particulier audiovisuels, des influenceurs, des acteurs de la société civile sera déterminante pour attirer les publics les moins représentés : les jeunes, les femmes, les moins diplômés, les ruraux, etc.

Les défis institutionnels

Pour le Parlement européen, selon Isabelle Coustet, chef du bureau du Parlement européen à Paris, l’institution motrice de la Conférence sur l’avenir de l’Europe sera représentée par un président et des observateurs des groupes politiques dans le conseil exécutif et par 108 eurodéputés sélectionnés pour participer à l’assemblée plénière de la Conférence.

L’enjeu du calendrier est sensible puisque la Conférence étant prévue sur 2 ans, mais les échéances électorales notamment en France pèsent pour accélérer la démarche.

Pour la Commission européenne, selon Sixtine Bouygues, Adjointe au Directeur général à la Direction de la communication, la plateforme digitale, véritable hub où convergent les propositions des citoyens en direct et des conclusions des événements décentralisés est crucial, en proposant une traduction automatique de toutes les contributions dans les 24 langues de l’UE.

L’enjeu de donner le même poids à toute les idées est clé pour la participation. De même, l’enjeu des conclusions, l’engagement formel pris par les autorités, est le plus important. Une première analyse avec une intelligence artificielle fera le tri des propositions et des équipes d’analystes rédigeront 2 rapports intermédiaires et un rapport final. Les participants aux panels et les représentants dans la plénière s’appuieront sur ces éléments pour débattre et adopter les conclusions finales.

Les défis de la société civile

Pour Guillaume Klossa d’Europanova, la nécessité d’associer les citoyens européens à la réflexion européenne doit aussi répondre au besoin de comprendre les transformations en cours pour faire émerger des idées nouvelles. La participation sera d’autant plus importante que l’on consulte directement les citoyens au niveau européen et la consultation sera d’autant plus crédible qu’elle ne reposera pas uniquement sur la volonté des institutions.

Comment faire de la Conférence sur l’avenir de l’Europe un succès ?

Timing : on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif, il n’y a pas cette soif aujourd’hui avec la pandémie.

Méthodologie : on questionne les gens sans que la prospective ne soit maîtrisée, il faut un énorme travail de pédagogie pour faire connaître les potentialités européennes.

  • Communication : on doit mettre sur la table des moyens budgétaires conséquents pour crédibiliser la démarche et l’implication des gouvernements nationaux.
  • Outils : dans les débats publics, les vraies bonnes idées murissent et arrivent vers la fin quand le sujet est à maturité. Faire passer des attentes de protection actuelles à des besoins de projection prendra du temps.
  • Gouvernance : le leadership politique n’est pas assez incarné et la co-construction avec la société civile n’est pas suffisante, il faut davantage de collaboration et des rencontres entre les médias et les leaders d’opinion.
  • Instrumentalisation : le sentiment d’un risque d’instrumentalisation doit être maîtrisé.
  • Médiatisation : pour que la communication auprès des journalistes marche, il faut pouvoir raconter de belles histoires, ce critère n’a pas été intégré dans la sélection des participants.

Pour Thomas Dorget, de Confrontation Europe, la réflexion sur de nouveaux biens communs européens doit toucher les non convaincus, ce qui pose la question des défis suivants :

  • Collectivités territoriales : améliorer l’implication des territoires comme acteur de la délibération, surtout pour évaluer l’impact des politiques publiques européenne dans la vie quotidienne afin de revitaliser la vie politique.
  • Associations : impliquer le tissu de la société civile comme contributeur aux panels, surtout les associations de consommateurs, sur l’environnement, etc. afin d’élargir la participation.
  • Entreprises et syndicats

La finalité est d’arrimer un processus démocratique participatif pérenne au système européen et la France a un rôle particulier à jouer pour faire bouger la capacité réformatrice afin de changer de manière durable l’Europe. 

Afin de reconnecter les citoyens européens éloignés de l’Europe, celle-ci doit prendre son risque pour trouver de nouvelles façons originales et surprenantes de parler d’Europe.

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