Archives mensuelles : septembre 2010

Dégradation de la présence de l’Europe dans les JT français

Dans la dernière livraison du « baromètre thématique des journaux télévisés » réalisé par l’Institut national de l’audiovisuel (INA), le nouveau paysage de l’information est marqué par une réduction du temps des JT, particulièrement préjudiciable pour les sujets déjà minces sur l’Europe…

Réduction de la durée des JT des chaînes hertziennes

Selon les calculs de l’INA, « ce sont en moyenne plus de 4 sujets par jour qui disparaissent en 2009, soit moins de 1692 sujets qu’en 2008, correspondant à une baisse de près de 52h d’information » :

  • moins 5mn de JT en moyenne par jour pour France 2 depuis la suppression de la publicité après 20h ;
  • moins de 2 mn et presque 3 sujets par jour pour TF1 qui aligne ses horaires de prime time en conséquence.

Plongée des sujets internationaux et politiques

C’est l’information internationale et politique, les deux catégories dans lesquelles l’Europe est traitée qui subissent les plus fortes chutes :

  • moins 989 sujets – la plus forte baisse – pour l’information internationale ;
  • moins 591 sujets en 2009 – de la 4ème à la 10ème place – pour l’information politique qui ne « pèse » plus qu’à peine 5% de l’offre globale.

Ligne éditoriale similaire pour les chaînes d’information continue

Par ailleurs, les chaînes d’info en continue ne compensent pas cette tendance puisque « l’analyse de LCI, I>Télé, BFM TV et France 24 révèle que ces chaînes affichent une ligne éditoriale généraliste très similaire à l’offre d’information proposée par les chaînes hertziennes ».

Ainsi, les dernières nouvelles de l’info ne sont pas bonnes pour la présence de l’Europe dans les JT. Un constat qui ne fait que renforcer l’édition spéciale « Europe » qu’INA’Stat avait réalisée en 2008. À l’époque, l’Europe, en particulier sur les institutions européennes n’occupaient à peine que 2,5 % de l’offre totale et seulement 1,6% pour les JT de TF1 et France 2.

Rapport financier de l’UE 2009 : que dépense l’UE pour faire sa communication ?

Deux chiffres frappent à la lecture du rapport financier sur le budget de l’UE en 2009 :

  • le budget de l’UE représente 1% du PIB des 27 États-membres ;
  • le budget dédié à la communication représente 0,1% du budget de l’UE.

Le budget « communication » sous l’angle du personnel : à peine plus de 1 000 personnes pour communiquer auprès de 500 millions de citoyens européens

Sur l’ensemble de la ligne budgétaire « Presse & Communication » qui s’élève à 194 millions d’euros en 2009, les dépenses liées au personnel s’élève à 31% avec un total de 1033 personnes :

  • 411 travaillent à Bruxelles et 622 dans les Représentations et autres centres d’information décentralisés ;
  • 568 sont fonctionnaires et 465 contractuels.

Le budget « communication » sous l’angle des actions : à peine 100 millions d’euros pour « informer le public des politiques européennes et améliorer les liens avec les citoyens »

Sur l’ensemble de la ligne budgétaire « Presse & Communication » qui s’élève à 194 millions d’euros en 2009, les dépenses liées aux opérations s’élèvent à 98 millions d’euros. Les actions de communication de l’UE se concentrent sur 3 objectifs principaux: écouter, communiquer et prendre contact au niveau local.

Parmi les activités financées :

  • les partenariats avec les chaînes d’information européennes : Euronews : 6,6 millions de téléspectateurs par jour soit 936 heures d’antenne, Euranet : 30 millions d’auditeurs par semaine soit plus de 8 000 heures d’antenne et PressEurop ;
  • la gestion des 497 centres d’information sur l’UE « Europe Direct » : 570 000 e-mails et appels téléphoniques, 27 000 interviews et communiqués dans la presse locale, 9 100 événements ;
  • les partenariats de communication avec 16 États-membres dotés de 6, 5 millions d’euros.

Naturellement, le budget « communication » du rapport financier ne recouvre pas l’intégralité des dépenses de communication qui peuvent également être menées dans le cadre des autres programmes. Il n’en demeure pas moins que la communication est réduite à la portion congrue.

Quelles sont les leçons de la « communication transformative » pour l’UE ?

Laurent Habib – PDG de l’agence Euro RSCG C&O et DG de Havas en France – publie « la communication transformative » une réflexion pour « redonner à la communication son utilité et sa légitimité au service de la création de valeur ». Une occasion également pour en tirer des leçons pour la communication de l’UE…

La communication « d’avant-crise » où quand le règne de la « société de communication » – que l’UE tente néanmoins d’embrasser – démonétise toute parole

Sans concession sur les pratiques de communication actuelles – spectacle et cynisme – frappées par la déconnexion entre discours et réalité, Laurent Habib estime dans Les Echos :

  • « en fabriquant un monde à ce point saturé de discours, la seule chance d’exister est de parler plus vite et plus fort que les autres » ;
  • Pour quel résultat ? « la très forte démonétisation de la parole … avec pour conséquence l’affaiblissement général des figures d’autorité dans nos sociétés ».

Comment hélas ne pas inscrire la démarche récente de Viviane Reding sur les Roms dans cette logique de la surenchère : si désireuse d’assurer une présence médiatique « plus vite » et « plus forte » que son discours a été emporté par ses propos spectaculaires.

La communication « d’après-crise » où quand le règne de la « marque globale » – qui fait tant défaut à l’UE – crée de la valeur durable

Avec angélisme, Laurent Habib – également président de la Commission « valeur » de l’Association des agences-conseil en communication – envisage de rétablir une « éthique du sens » afin que la création de valeur durable repose sur la réalité de la marque :

  • « On fabrique une communication non pas en fonction de la réalité intrinsèque de la marque ou du personnage, mais des cibles que l’on vise » ;
  • Pour quel résultat ? « Au lieu de préserver la marque ou le personnage, vous les surexposez, avec tous les risques que cela comporte. »

Comment hélas ne pas regretter l’absence de « marque globale » fédérant les visions des parties prenantes de l’UE, si surexposée à toutes les critiques. Mais surtout, comment éviter la tendance de l’UE à mettre l’accent sur une conception technique de la communication dominée par l’idée de transfert d’informations au détriment de la signification et de l’intériorisation.

Proposition pour que 2013 soit déclarée « Année européenne de lutte contre les violences faites aux femmes »

Parce que de toutes les discriminations dont souffrent les femmes, les violences domestiques ou sexuelles sont les plus insupportables, prenons comme prochain thème de l’Année européenne disponible (2013) la lutte contre les violences faites aux femmes. Une proposition que la plus récente actualité européenne ne démentira pas…

Publication d’un Eurobaromètre « Violence domestique à l’égard des Femmes » : impact positif de la sensibilisation des citoyens à la violence domestique contre les femmes

Aujourd’hui, une enquête Eurobaromètre « Violence domestique à l’égard des Femmes » vient de sortir dont les principales conclusions (p. 145) indiquent que la sensibilisation des citoyens est positive dans la lutte contre la violence domestique contre les femmes :

  • De plus en plus de gens entendent parler de violence domestique contre les femmes dans les médias, un signe que cette question est maintenant de moins d’un « tabou » ;
  • Les initiatives telles que des campagnes d’information ont contribué à la prise de conscience accrue de la question ;
  • « Ces constatations prouvent hors de tout doute que l’initiative de la Commission européenne d’aborder la question est pertinente ».

Adoption par la Commission européenne d’une stratégie quinquennale pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes en Europe : parmi 5 priorités, la lutte contre la violence à caractère sexiste

Aujourd’hui, Viviane Reding, Vice présidente de la Commission européenne, chargée du portefeuille de la justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté, vient de présenter « une série d’actions axées sur cinq priorités: l’économie et le marché de l’emploi; l’égalité de rémunération; l’égalité dans les postes à responsabilité; la promotion de l’égalité en dehors de l’UE et la lutte contre la violence à caractère sexiste.

Au titre de cette dernière priorité, la Commission européenne prévoit au cours des prochaines années de lutter contre les violences encourues par les femmes du seul fait de leur appartenance à leur sexe tels que « harcèlement sexuel, viol, violence sexuelle en temps de conflit, pratiques coutumières ou traditionnelles préjudiciables comme les mutilations génitales féminines, les mariages forcés et les crimes d’honneur ».

Ainsi, l’impulsion tant à la base (cf. l’enquête d’opinion) qu’au sommet (cf. la stratégie de la Commission) est forte pour lutter contre les violences faites aux femmes. Les institutions européennes seraient ainsi bien inspirées de reprendre l’une des propositions du rapport de l’eurodéputé Marc Tarabella sur « l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de l’Union européenne en 2009 » qui demandait la création « d’une année européenne contre la violence envers les femmes ».

Quels sont les effets d’opinion de la crise européenne autour des Roms ?

Alors que la crise autour des Roms n’a cessé ces derniers jours d’occuper le devant de la scène, quels en sont les effets sur l’opinion ?

Effet d’exposition : la crise autour des Roms focalise l’attention médiatique dans les sphères publiques nationales

Premier effet immédiat, la crise autour des Roms entraîne une mobilisation importante des médias :

  • en France, une visibilité de l’UE renforcée, notamment pour la Commission européenne au cœur de la tourmente ;
  • dans les autres États membres, une dégradation de l’image de la France au sein du Conseil européen et plus largement sur la scène internationale, avec Nicolas Sarkozy comme principale victime.

Effet de conformation : la crise autour des Roms conforme les interprétations politiques préétablies sur l’UE

Second effet, la crise de Roms fait l’objet d’une polémique forte au sein de la classe politique, avec de nombreuses déclarations politiques à l’emporte-pièce – qu’il n’est nul besoin de citer : Pierre Lellouche, Chantal Brunel, Philippe Marini…

Au-delà de ces raccourcis partisans, s’opèrent des interprétations politiques conformes aux schématisations préexistantes sur l’Europe :

  • pour les pro-européens convaincus, qu’ils soient dans la majorité ou l’opposition : l’intervention de la Commission européenne – quoique indélicate sur la forme – est légitime quant au fond de l’affaire ; seule une solution européenne doit permettre de trouver une issue à la crise ;
  • pour les anti-européens de tous bords : la Commission européenne est sinon incapable de trouver une solution du moins illégitime à critiquer la France.

Au total, la crise autour des Roms marque une préemption temporaire des enjeux européens par la politique nationale dans une sorte de prise d’otage politicienne de l’Europe, dont les effets sont davantage à rechercher dans la mobilisation des partisans pro- ou anti- européens que dans un quelconque progrès de la compréhension durable de l’UE.