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Quels sont les enseignements des études qualitatives sur les opinions européennes des citoyens ?

Le plus souvent, nos connaissances de l’opinion publique européenne proviennent d’études quantitatives comme les sondages de l’Eurobaromètre. Quelques études qualitatives sont, plus rarement, réalisées avec des focus groupes d’Européens. Quels sont les enseignements de ces études qualitatives permettant de mieux connaître les opinions européennes des citoyens ?

Faible saillance de l’Europe : les opinions européennes des citoyens sont superficielles

Pour Sophie Duchesne dans « l’identité européenne, entre science politique et science fiction », le point de convergence le plus net entre toutes les recherches qualitatives est la faible saillance de l’intégration européenne dans les discours recueillis.

Ceux pour qui l’UE constitue un sujet important sont l’exception. Seuls les plus politisés des interviewés sont enclins à prendre sur le sujet des positions tranchées.

Pour les autres, on cherche en vain les traces de l’Euroscepticisme tellement redouté par les milieux européistes : l’Europe est peu saillante à la fois parce qu’elle est peu visible mais aussi parce que l’intégration fait peu débat, en tout cas chez ceux que la politique intéresse peu.

L’acceptation « à distance » du processus en cours caractérise assez largement les propos recueillis dans ces différentes recherches, questionnant ainsi le rejet populaire mesuré par nombre de sondages.

Autrement dit, les études qualitatives invitent à modérer les résultats issus des sondages. Ce ne sont pas les opinions tranchées et/ou critiques qui dominent au sujet de l’Europe. En revanche, ce sujet fait peu débat et au fond une large majorité y est attachée, mais de manière secondaire et superficielle.

Cet enseignement est important car il permet de dire que pour la majorité des Européens, leur opinion à l’égard de l’Europe est à priori plutôt bienveillante quoique fragile.

Forte indécision sur l’Europe : les opinions européennes des citoyens sont ambivalentes

Martin Deleixhe dans « Pourquoi l’Europe n’est pas un sujet de conversation ? » complète ce que les enquêtes qualitatives peuvent nous apprendre des opinions européennes des citoyens.

Les opinions européennes des citoyens ne sont pas le fruit de leur ignorance. L’hypothèse d’un « déficit cognitif qui pousserait les citoyens à refuser de se positionner sur la question européenne est à écartée » :

Les différents participants des « focus groups » identifiés comme étant des indécis européens n’éprouvent visiblement pas moins de difficulté à parler de l’Europe que leurs interlocuteurs qui professent pourtant parfois des opinions bien affirmées.

Les indécis font preuve d’une beaucoup plus grande fluctuation que les autres participants dans leur appréciation de l’UE au cours d’une même conversation. L’indécision n’est donc pas due à de l’ignorance ou au désintérêt mais à une perception ambivalente de l’intégration européenne.

Cet enseignement est capital. Les Européens ne parviennent pas à fixer leurs opinions au sujet de l’UE (hormis les plus politisés) parce qu’ils ne savent pas interpréter, traduire ce qu’ils perçoivent de l’UE.

Au total, une plus grande visibilité de l’Europe risque à la fois de réduire l’acceptation à distance de la construction européenne et de « conforter la relation ambivalente des citoyens à leurs institutions et encourager une certaine apathie politique ».

À rebours de ce que semblent espérer certaines institutions européennes, accroître la visibilité et la connaissance de l’UE ne suffira en tout cas pas à relancer la participation citoyenne au niveau européen et à combler ce qui est perçu par certains comme son déficit démocratique.

Une meilleure connaissance des opinions européennes des citoyens, grâce aux études qualitatives, invite à revoir une bonne partie de la stratégie de communication de l’UE.

Les Français et l’Europe : état des lieux de l’opinion publique française en 2011

Dans un sondage Ifop réalisé en septembre 2011, l’opinion publique française est auscultée en matière européenne. Quels sont les principaux résultats de l’analyse ?

RAPPORT DES FRANÇAIS A L’EUROPE : ATTACHEMENT ET BÉNÉFICE MAJORITAIRES

Attachement européen des Français timidement majoritaire

Avec à peine plus d’une personne interrogée sur deux attachée à la « construction européenne » – dont 19% très attachée vs 19% pas du tout attachée – le sentiment d’attachement des Français à la construction européenne apparaît relativement limité.

Par ailleurs, le cœur des Français les plus attachés à la construction européenne demeure clivé à une population plutôt, âgée, aisée et diplômée « principalement dans les rangs des couches les plus âgées (61% chez les personnes âgées de 65 ans et plus), les plus aisées (67% des CSP+) et les plus diplômées de la population (73% des titulaires d’un diplôme supérieur à BAC + 2) ».

Bénéfice de l’appartenance de la France à l’UE majoritairement positif (66%) pour les Français

Pour autant, selon l’analyse du sondage, « en dépit de la prégnance dans le champ politico-médiatique de discours stigmatisant l’Europe, les deux tiers des Français (66%) considèrent que la France a bénéficié de son appartenance à l’Union européenne, soit une proportion inégalée depuis le référendum constitutionnel de 2005 ».

Par ailleurs, « sur ce point un consensus des sympathisants des partis de gouvernement plus enclins que la moyenne à percevoir des bénéfices pour la France de son appartenance à l’Union (UMP 72% et PS 69%) ».

L’EUROPE DANS LE MONDE : SOUTIEN CONSENSUEL

Sur l’impact de l’appartenance à l’UE sur la puissance de la France dans les relations internationales, 59% estiment que l’UE rend la France plus puissante dans les relations internationales.

Les Français disposés à confier « les politiques du global » à l’échelle européenne mais désireux de conserver « les politiques du quotidien » à l’échelle nationale

Près des deux tiers des personnes interrogées (64%) considèrent que les décisions doivent être prises à la majorité des États membres, soit une hausse de 10 points en huit ans – une position qui fait consensus dans l’ensemble des catégories de la population.

Sur de grandes problématiques globales d’avenir, les Français se montrent favorables à l’idée que l’UE prenne les décisions :

  • questions de défense (66%),
  • politique étrangère (61%),
  • règles en matière d’immigration (58%),
  • politique économique et industrielle (54%).

En revanche, pour des domaines qui concernent directement leur quotidien, qui conditionnent leur niveau de vie ou nourrissent leurs craintes, les Français restent attachés au principe de souveraineté nationale :

  • fiscalité (52%),
  • problèmes de sécurité (56%).

L’EUROPE FACE A LA CRISE : SOUTIEN DES INSTITUTIONS, REJET DES ACTIONS

Quoique les Français semblent majoritairement favorables au renforcement des pouvoirs des institutions européennes, l’action de l’Europe est jugé globalement très négatifs.

Jugement sur les institutions européennes majoritairement favorables à un renforcement de leurs pouvoirs

La majorité des Français appellent de leurs vœux un renforcement des pouvoirs des différentes institutions européennes : Banque centrale européenne (61%), Commission européenne (65%), Parlement européen (69%), et Cour de justice de l’UE (76%).

Jugements de l’action de l’Europe face à la crise plutôt négatifs

Quand il s’agit de l’action de l’Europe face à la crise, les jugements sont plutôt fortement négatifs :

  • 79% estime que l’action de l’Union européenne face à la crise n’est pas efficace ;
  • 68% juge que les intérêts nationaux l’ont emporté sur la cohésion européenne tandis que 31% considère que l’Europe a été suffisamment soudée et a su réagir collectivement.

AVENIR DE L’EUROPE : FRACTURES SOCIODEMOGRAPHIQUES

Qu’il s’agisse du modèle pour l’Europe (fédérale / supranationale / confédérale) ou de la question de l’entrée de la Turquie dans l’Europe, les lignes de fracture se situent sur un plan sociodémographiques.

Perceptions « bloc contre bloc » quant au modèle de l’Europe

Une majorité de Français préfère encore le modèle d’une Europe des nations préservant la souveraineté des États (59%) à celui d’une Europe fédérale (40%) ou l’idée de jeter les bases d’un État supranational à l’instar des États-Unis (40%).

Cet attachement à l’idée d’une Europe des nations est particulièrement fort dans les catégories les moins aisées et les moins diplômées de la population et inversement.

Jugements « jeunes vs seniors » quant à l’entrée de la Turquie en Europe

Sur la question de l’adhésion à l’entrée de la Turquie dans l’UE, 68% sont opposés dont 74% chez les plus de 65 ans tandis que 31% y sont favorables, dont 46% chez les moins de 25 ans.

Ainsi, les Français face à l’Europe ont une vision contrastée tant en raison d’un soutien plutôt acquis lorsqu’il s’agit de la place de l’Europe dans le monde et plutôt sceptique quant à l’action de l’Europe face à la crise. Mais surtout, en raison d’une fracture sociodémographique forte, visible au niveau de l’attachement à la construction européenne et particulièrement lorsqu’il s’agit du modèle pour l’avenir de l’Europe.

Pourquoi l’Europe est largement absente des « conversations des Français » ?

Tous les mois, l’institut de sondages Ifop enquête pour Paris Match sur les conversations des Français. Au vu des données, analysées par Eddy Fougier : « Les Français et la télévision face à l’Europe : le grand malentendu? » les Français ne semblent pas véritablement se passionner pour les questions européennes dans leurs conversations quotidiennes…

LES CONVERSATIONS SUR L’EUROPE

L’Europe : seulement 2,5%% des conversations des Français

De novembre 2003, jusqu’à décembre 2008, 397 sujets ont fait l’objet d’une conversation d’au moins 50 % des personnes interrogées. Sur ces 397 sujets, on peut en dénombrer seulement 10 qui soient en lien avec l’Union européenne.

Des conversations sur l’Europe dominées par la Turquie et la Constitution européenne

Les deux sujets de conversation européens sont les enjeux autour de l’élargissement, notamment à la Turquie (4 sujets), et le processus d’élaboration et d’adoption de la Constitution européenne (8 sujets), dont 6 sujets pour la seule année 2005, année du référendum.

Des conversations sur l’Europe marquées par les enjeux politiques et socio-économiques

Les autres thèmes ont trait à des enjeux politiques – tensions avec le Royaume-Uni en 2005, proposition de traité simplifié par Nicolas Sarkozy, présidence français de 2008 ou à l’économie et à ses conséquences sociales – TVA de 5,5% dans le bâtiment, ouverture du marché de l’électricité à la concurrence, euro fort face au dollar, directive sur les services, délocalisations.

LES RAISONS DE LA QUASI ABSENCE DE L’EUROPE DANS LES CONVERSATIONS

Un faible intérêt pour les sujets liés aux questions institutionnelles

Que ce soit à l’échelle nationale, européenne ou internationale, les sujets de conversation liés aux questions institutionnelles semblent très peu intéresser les Français :

  • A l’échelle française, on peut observer, en effet, un nombre relativement faible de sujets de conversations liés à la politique française (activités des partis et des responsables politiques) ;
  • A l’échelle internationale, les sujets de conversation liés à l’étranger de nature politiques ou institutionnels ainsi que les questions économiques internationales sont également rares.

Un réel intérêt pour les faits divers et les menaces ou événements spectaculaires

En réalité, les sujets de conversation sur l’étranger qui dominent ont trait aux faits divers, ce qui correspond au mode de traitement de l’actualité internationale par les médias : psychologisation, personnalisation et description d’« histoires humaines » pour susciter l’identification des téléspectateurs.

Or, la spécificité de l’actualité européenne est justement qu’elle peut être difficilement transformée en  » fait-divers  » ou en information  » spectaculaire « . Donc, selon Eddy Fougier : « l’information européenne forcément complexe, pauvre en mise en scène et longue à expliquer, est une victime collatérale de cette fait-diversification de la couverture rédactionnelle ».

Bilan en sondage de la PFUE

Dans « Le palmarès de l’action gouvernementale et de l’opposition / Vague18 », un sondage réalisé par Opinionway pour le quotidien Metro en janvier 2009, les Français ont été interrogés sur la PFUE. Voici un bref panorama des principaux résultats :

Quelle perception de la PFUE ?

Globalement positif pour une majorité de Français :

  • 44 % des personnes interrogées jugent la PFUE plutôt un succès ;
  • 18 % des personnes interrogées pensent que c’est un échec ;
  • 38 % ne se prononcent pas.

Précisément, une présidence de crise pour la majorité des Français : Les évènements marquants de la PFUE – en mémorisation spontanée – sont la gestion de la crise financière (29%) et la gestion de la crise russo-géorgienne (12 %) Les autres dossiers (environnement, immigration, agriculture) semblent avoir moins marqué l’opinion publique.

Quel impact sur la place de la France ?

61 % des personnes interrogées pensent que la PFUE a permis de renforcer la place de la France dans l’Union européenne, 53 % qu’elle a amélioré la place de la France dans le monde.

Fort clivage en fonction des sympathies partisanes et des situations socioprofessionnelles

Cette perception est d’autant plus positive :

  • que les personnes interrogées sont des sympathisants de droite (80%) par rapport aux sympathisants de gauche (25%)
  • que les personnes interrogées sont dans une situation professionnelle de CSP+

Bilan de la PFUE : un sondage révèle la bonne opinion de l’action de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UE

Interrogés les 12 et 13 décembre par BVA pour Les Echos et France Inter, plus d’un Français sur deux (56%) a une bonne opinion de l’action de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UE.

Le Président de l’UE est approuvé par les Français.

Selon les conclusions de l’analyse de Gaël Sliman, Directeur Général Adjoint de BVA : « la perception du bilan de Nicolas Sarkozy en tant que Président de l’UE est extrêmement positive :

  • tant au niveau de sa gestion de la crise,
  • que de l’ambition de son projet pour l’Europe
  • ou sur sa capacité à se montrer diplomate avec ses partenaires ».

Il faut signaler, qu’avant l’été, un tiers seulement des Français faisaient confiance à Nicolas Sarkozy pour obtenir des avancées pendant le semestre de présidence française de l’Union.

Le Président français, lui, ne suscite pas la même confiance, selon les résultats de ce sondage.