Bilan de la campagne électorale en ligne pour les élections européennes de 2019

Que peut-on apprendre de l’Observatoire européen des élections, qui a collecté plus de 10 000 documents électoraux, en particulier les publications sur les réseaux sociaux et des annonces imprimées, produits par 418 partis politiques ou candidats et 193 de leurs comptes Facebook officiels, dans les 28 États-membres appelés à voter…

Principales tendances : une campagne globalement pro-Europe

28 campagnes électorales différentes : La campagne électorale pour les élections européennes ne s’est pas déroulée de manière uniforme, il existe plusieurs différences entre les 28 nations européennes, chacune d’entre elles marquée par des spécificités et particularités.

Pas de campagne supranationale : Les différentes campagnes électorales nationales ont présenté un faible degré d’internationalisation. La présence des campagnes de l’UE n’était pas détectable. Un aspect qui, au moins pour la communication électorale, confirme que les identités nationales priment de loin sur les affiliations politiques européennes.

L’impact des réseaux sociaux : Un changement dans les instruments de la campagne apparaît évident, les réseaux sociaux, dont l’utilisation représente la plus grande nouveauté de cette campagne électorale, ont surclassé les médias traditionnels. Pourtant, des différences notables apparaissent dans la production et l’utilisation des réseaux sociaux entre les quatre zones géographiques et familles politiques.

Une campagne électorale de faible intensité : A deux semaines du scrutin, la campagne électorale avait encore du mal à décoller. Seuls dans quelques pays, on peut parler d’une campagne électorale intense, alors que dans la plupart des autres, la campagne européenne était à peine perceptible.

Des thèmes plus nationaux qu’européens : La prédominance des thèmes domestiques par rapport aux thèmes européens était une tendance commune dans presque tous les pays. Les sujets abordés par les partis politiques et leurs candidats étaient principalement nationaux, par exemple, l’immigration, bien que potentiellement supranationale, était fréquemment présentée et discutée dans la limite de ses conséquences nationale. En revanche, les sujets environnementaux étaient généralement traités dans une dimension supranationale.

Des enjeux géographiés : Parmi les macro-thèmes les plus discutés pendant la campagne électorale, outre l’Europe, on retrouve les valeurs, puis l’économie. Les macro-thèmes de l’environnement et de l’immigration présentent une caractérisation géographique marquée, alors que les questions liées à l’immigration sont plus présentes dans la campagne électorale en Europe de l’Est, l’environnement est strictement lié à l’Europe du Nord et de l’Ouest.

Une campagne pro-Europe : Malgré l’opinion générale d’une campagne électorale caractérisée par l’activisme significatif des sentiments eurosceptiques et des partis eurocritiques, les forces les plus actives dans la campagne électorale et celles qui ont le plus communiqué ont été celles fortement ou en tout cas assez favorable à l’Europe. La campagne électorale européenne de 2019 n’a pas été dominée par la propagande des forces eurocritiques ou eurosceptiques, ni par le front généralement défini des forces souveraines. Un fait qui pourrait être lié au changement des thèmes de la campagne électorale de certains partis politiques qui par le passé avaient soutenu des positions d’opposition radicale envers l’Europe jusqu’à la sortie de l’euro, et qui cette année ont plutôt limité leurs critiques sur aspects spécifiques de l’UE et de ses politiques.

Meilleurs partis politiques sur les réseaux sociaux : l’engagement des populistes

Les partis des pays les plus actifs sur Facebook concernent l’Italie, entre la Lega, près de quatre fois le deuxième parti du classement, également italien, le Movimento 5 Stelle tandis que le Britannique Ukip n’était pas loin derrière.

Au sein des groupes politiques au Parlement européen, cinq des sept premiers partis, dont les deux premiers, sont membres d’Identité et démocratie (ID) et d’Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD). Le premier rassemble certains des principaux partis d’extrême droite, le second quelques partis eurosceptiques dont le Brexit Party. Les deux formations partagent une vision fortement critique et sceptique de l’Europe.

Les partis des familles politiques les plus nombreuses et les plus pro-européennes, tels que le Parti populaire européen (PPE), l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) et Renew Europe se trouvent en bas de la liste.

L’engagement n’est pas automatiquement lié à la production. L’Italie détient la suprématie absolue dans ce domaine. Les positions suivantes révèlent plusieurs changements par rapport au classement de la production. En deuxième position se trouve la Grande-Bretagne, en troisième position la Hongrie et en quatrième position l’Espagne, avec un ratio particulièrement élevé entre posts et engagement.

La hiérarchisation des interactions par parti et leur affiliation politique au sein du Parlement européen confirme le plus grand activisme des partis qui soutiennent des positions critiques et eurosceptiques, caractérisées par un leadership dit populiste.

La présence de deux partis appartenant au PPE aux premières places est atténuée par la particularité du parti hongrois Fidez, au point qu’il a été suspendu par le PPE. Les trois partis S&D sont en bas du tableau. Le seul membre du groupe GUE/NGL est le parti espagnol Podemos, qui se classe dixième.

Globalement, les réseaux sociaux ont impacté la campagne électorale européenne 2019, s’avérant être un outil plus largement utilisé et encore plus utile pour certains segments politiques, des partis non traditionnels et des partisans de positions plus critiques et vision sceptique de l’Europe ; quoique la tonalité pro-Europe ait été plus largement présente.

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