Pour la communication politique aux élections européennes 2019 : « Fake it until you make it » !

Alors que le slogan du Parlement européen en 2014 annonçait « Cette fois, c’est différent », plusieurs chercheurs Wouter van der Brug, Katjana Gattermann et Claes H. de Vreese ont analysés avec recul « How Different Were the European Elections of 2014? ». Autant de leçons à tirer, en particulier pour les partis politiques, et les médias lors des prochaines élections européennes de 2019…

Les élections européennes : un cirque médiatique influencé par les partis « radicaux » ?

Les partis politiques doivent redoubler leurs efforts de mobilisation des citoyens car l’exposition à la couverture de l’UE par les médias induit des changements d’attitude à l’égard de l’UE et par voie de conséquence sur le comportement électoral aux élections européennes.

Ce n’est pas tant que les médias d’information jouent un rôle dans la formation de l’opinion publique sur l’UE, même s’il est prouvé que les citoyens relient leurs évaluations de l’UE au fil du temps aux contenus des médias d’information auxquels nous sommes exposés.

C’est surtout que les modèles de mobilisation partisane sur les questions européennes dans l’actualité en France sont inquiétants. En comparant les élections européennes de 2014 et de 2009, les efforts de mobilisation visibles dans les informations des partis contestataires affectent ceux des autres partis. Alors que la plupart des partis traditionnels et surtout des partis en place se mobilisent publiquement sur les questions européennes pendant les deux campagnes, les efforts de mobilisation des partis « radicaux » sont devenus plus visibles lors des élections de 2014. En outre, la visibilité des partis eurosceptiques présente des effets de contagion significatifs sur la visibilité des partis traditionnels dans les informations.

Autrement dit, la couverture médiatique des élections européennes est en partie conditionnée par la mobilisation partisane des extrêmes qui poussent et réussissent à mettre à l’agenda médiatique les sujets européens, notamment à cause de leur capacité à simplifier les enjeux – ce que certains médias audiovisuels ont déniés aux Spitzenkandidaten lors des dernières élections.

Les élections européennes : une machine à perdre pour les partis gouvernementaux ?

En ce qui concerne le choix du vote, une analyse des effets de l’actualité révèle que les problèmes de l’UE affectent le résultat électoral : plus les partis sont associés aux informations, comme par exemple en 2014 avec la crise de l’euro et la crise en Ukraine, moins ils obtiennent le soutien des électeurs.

Les élections européennes de 2019 auront lieu après une période où l’UE aura été beaucoup plus visible dans l’agenda des médias que lors des précédentes élections, non plus seulement pour une couverture consacrée au rôle international de l’UE ou aux développements économiques de l’UE, comme en 2014, où il s’agissait alors de sujets non régaliens qui ne sont pas nécessairement abordés lors de la campagne électorale.

Mais là encore, ce n’est pas les effets de l’exposition aux informations qu’il faut craindre, même si l’exposition à l’information sur l’UE peut se traduire par des évaluations de la performance de l’UE… tant qu’une partie non négligeable des citoyens de l’UE continue à se tourner vers les sources d’information traditionnelles.

Ce qu’il faut craindre, c’est que le fait d’être associé aux questions européennes est négativement associé au succès électoral, c’est-à-dire que l’UE est un sujet sur lequel les partis peuvent potentiellement perdre des voix.

L’histoire ne repasse pas les plats. Mais autant la situation en 2014 n’était finalement pas si différente des précédentes, ni l’introduction des Spitzenkandidaten, ni la politisation accrue autour de l’UE, n’ayant fait beaucoup pour changer la nature de « second ordre » des élections européennes, ce que confirment les résultats électoraux avec l’abstention et la relative bonne performance des grands partis européens ; autant la période actuelle, entre le Brexit, la contamination quasi générale au populisme en Europe et le glissement d’une crise économique à une crise identitaire ont rendu les affaires de l’UE beaucoup plus visibles, sur des enjeux qui comptent aux yeux du public et risquent ainsi de bouleverser le paysage politique au Parlement européen, si les électeurs prennent vraiment conscience de ce qui est enjeu.

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