Archives mensuelles : octobre 2013

Pourquoi la disparition des partenariats de gestion est une mauvaise nouvelle pour la communication européenne ?

Lors de la dernière réunion, le 13 septembre dernier, du groupe de travail sur l’information réunissant les communicants des institutions européennes, la Commission européenne a définitivement confirmé la disparition des partenariats de gestion, qui permettent à ce jour à 18 Etats-membres de communiquer sur l’Europe, conjointement avec les institutions européennes. Pourquoi s’agit-il d’une mauvaise nouvelle ?

Les partenariats, le chaînon manquant de la communication européenne

Jusqu’à la déclaration politique « «Communiquer sur l’Europe en partenariat » signée par les institutions européennes le 22 octobre 2008, les institutions européennes n’étaient jamais parvenues à trouver une forme à la fois souple et contraignante pour impliquer efficacement les Etats-membres dans la communication européenne. Quelques collaborations ad hoc, notamment avec l’Allemagne, sans planification stratégique des messages et des moyens avaient permis au moins de mener ponctuellement des actions de communication.

Il semble que la solution, qui avait fait ses preuves tant auprès des Etats-membres (18 partenariats de gestion signés à ce jour) qu’en termes de résultats (des évaluations indépendantes ont toutes confirmées l’intérêt du dispositif) ait vécu. En dépit de ses engagements, la Commission européenne prévoit – de manière unilatérale, sans consultation préalable et sans solution alternative – de cesser dès 2014 les partenariats de gestion.

Les partenariats de gestion, la clé de voute de la stratégie de communication européenne

Entre la communication de l’UE, le plus souvent limitée à la sphère bruxelloise et donc sans impact sur les citoyens européens et la communication sur l’Europe des acteurs publics et privés dans les Etats-membres, souvent très limitée faute de moyens, les partenariats de gestion représentent une synthèse réussie :

  • Clé de voute de toute l’architecture de la stratégie de communication, les partenariats de gestion symbolisent le travail conjoint entre l’UE et les Etats-membres. Leur disparition signe comme un aveu d’échec ou d’incapacité pour la Commission européenne à travailler avec des partenaires ;
  • Charnière ouvrière entre Bruxelles et les citoyens, les partenariats de gestion incarnent concrètement la mise en œuvre des priorités interinstitutionnelles en matière de communication européenne et la programmation pluriannuelle.
  • Bras armé et sans doute le seul efficace avec le principe du double financement européen et national, les partenariats de gestion parviennent à toucher largement les Européens, notamment les jeunes, un public souvent prioritaire.

Vers un nouveau déficit de communication européenne, dès les élections européennes

Non seulement, les partenariats de gestion ne sont pas aisément remplaçables. Les autres formes de partenariats sont inadaptées : les partenariats stratégiques avec exécution séparée des budgets fonctionnent mal (seuls 5 Etats-membres, dont 2 qui envisageaient de passer aux partenariats de gestion) et les partenariats ponctuels n’ont jamais été engagés.

Mais surtout, les partenariats de gestion en disparaissant vont immanquablement se traduire par un déficit de communication européenne dans de nombreux pays, d’autant que les ressources budgétaires nationales (y compris les fonds de la communication) sont rationalisées en raison de la crise.

Au total, le choix de la Commission européenne est vraiment inadapté puisque les partenariats ont permis de communiquer avec succès à une époque de baisse du soutien à l’UE et d’absence de connaissances sur la valeur ajoutée de l’UE. De surcroit, les partenariats devaient jouer un rôle important dans la stratégie de communication pour susciter l’intérêt et la sensibilisation des citoyens dans la perspective des élections européennes de 2014.

La disparition des partenariats de gestion rebat considérablement les cartes de la communication européenne. Cette mauvaise nouvelle devrait malheureusement peser sur les élections européennes.

Engagement des fans : benchmark des meilleures pages Facebook sur l’Europe

Au-delà du stock de fans – un repère souvent pris en compte pour comparer des pages Facebook – le flux des conversations – un critère plus fluctuant – permet à un moment donné de calculer le taux d’engagement, en rapportant les conversations au nombre de fans. Alors qu’en est-il du taux d’engagement des pages Facebook sur l’Europe ?

Match entre les institutions européennes remporté par la Commission européenne

Tandis que la page Facebook du Parlement européen s’apprête à franchir le million de fans avant les élections européennes (938K aujourd’hui), c’est la page de la Commission européenne qui recueille en ce moment le taux d’engagement le plus élevé à plus de 7% – un score plus élevé que l’engagement de la page des Nations Unies (4%) par exemple.

european_parliament

Actuellement, le niveau d’engagement de la page du Parlement européen (1,5%) est comparable à l’engagement de la page Facebook du Conseil de l’UE – l’institution la moins visible auprès du grand public.

european_commission

Jeu inégal des campagnes de communication de l’UE sur Facebook

Entre les différentes campagnes de communication de l’UE, l’engagement sur Facebook est très inégal entre l’engagement le plus considérable de la page « Unstoppable » (30%) incitant les Européens à arrêter de fumer et l’engagement le plus réduit de la page « Generation Awake » (0,2%) au sujet de la « consommation intelligente ».

unstoppable

generation_awakeLes Représentations de la Commission plus engageantes que les Directions Générales

Disposant de communautés plus réduites, car pour la plupart les pages sont plus récentes ; les Représentations de la Commission européenne dans les Etats-membres semblent pourtant générer un taux d’engagement plus important que les pages plus anciennes et disposant d’une communauté plus vaste des principales directions générales de l’institution.

benchmark_engagement_facebook

A titre d’exemple, sur la base d’une mesure forcément très circonstancielle, l’engagement des pages de la Commission en France et en Espagne est proportionnellement plus élevé que sur les pages « historiques » (Social Europe, DG ECHO, European External Action Service).

Au total, la règle paradoxale qui frappe l’engagement sur Facebook des pages sur l’Europe tend à une baisse des conversations à mesure que la communauté des fans s’élargit.