Dans une interview au Figaro du 22 janvier, le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, annonce des initiatives :
- « Je veux avec le ministre de l’Éducation nationale, Luc Chatel, développer la pédagogie de l’Europe dans les collèges et les lycées en délivrant une éducation civique européenne. »
- « Je veux mettre en place une université de l’Europe pour qu’il y ait en France un lieu où tous les citoyens, toutes les forces vives de la nation pourront s’informer sur les institutions et les mécanismes européens qui peuvent leur servir, sur leurs interlocuteurs et les aides dont ils peuvent disposer. »
Reprise de la proposition de créer des cours d’éducation civique européenne pour les jeunes scolarisés
Dans un avis du Comité économique et social européen sur « Comment concilier dimension nationale et dimension européenne dans la communication sur l’Europe » sollicité par la Présidence française de l’UE et adopté le 10 juillet 2008, la rapporteur Béatrice Ouin « recommande au niveau européen, de mettre à disposition un socle commun de connaissances » rassemblant l’essentiel de l’histoire et des valeurs européennes pour former les jeunes.
Quel modèle pour l’éducation civique européenne ?
Alors qu’en France, la formation européenne est marquée principalement par l’enseignement des langues vivantes et les échanges d’enseignants et de classes, selon Sabine Strauss, Directrice adjointe du département des séminaires au Centre international de Formation européenne dans « Enseignement et construction européenne », 2 types de programmes seraient envisageables :
- un cours d’éducation civique européenne traiterait des objectifs originaux et des grandes lignes de l’unification européenne ;
- une instruction civique européenne serait à insérer dans chaque matière, notamment l’histoire et les sciences sociales.
Quel contenu pour l’éducation civique européenne ?
Pour Raymond Toraille, Inspecteur Général honoraire de l’Éducation Nationale, dans « Pour une éducation civique européenne », 3 objectifs de connaissances seraient à développer selon le niveau de scolarité :
- valoriser les valeurs de la démocratie ;
- informer sur le fonctionnement global de l’Union européenne ;
- favoriser la mise en pratique du respect des valeurs et de la connaissance des institutions européenne dans la vie quotidienne.
Relance d’une ambition de créer une Université de l’Europe pour former les Européens à l’Europe
Utopie formulée par le regretté Bronislaw Geremek dans une tribune publiée dans Le Monde du 19 janvier 2006 « Pour une Université de l’Europe », cette université qu’il proposait d’installer à Strasbourg dans les locaux du Parlement européen :
- serait une occasion de revenir aux fondamentaux de l’idéal classique : le retour à un véritable humanisme européen qui symbolise l’esprit européen ;
- serait un lieu d’excellence où s’unirait harmonieusement enseignement pluridisciplinaire de haute qualité et recherche à vocation universelle.
Pourquoi lancer une Université de l’Europe ?
Pour Pauline Gessant, Vice-Présidente des JEF-Europe dans Le Taurillon, les raisons seraient :
- Forger une conscience et une identité communes ;
- Donner à la mobilité étudiante un nouveau moyen de réalisation grâce à la mise en place de ce réseau universitaire européen ;
- Donner corps à l’idée de mobilité des chercheurs au sein de l’espace européen de la recherche ;
- Rétablir le lien entre « Université et Europe » alors que ce sont aujourd’hui les universités américaines qui attirent une majorité d’étudiants.
Comment éviter le risque de s’adresser uniquement aux élites ?
Selon Bronislaw Geremek dans une interview à Touteleurope, « l’université ne concerne pas uniquement les élites, mais l’Europe tout entière. Si nous n’arrivons pas à changer le système éducatif en Europe, à lui donner une dimension européenne, à retrouver la force d’innovation qui caractérise l’esprit européen, l’Europe ne se fera pas. Il faut que les citoyens se retrouvent dans la construction européenne, qu’ils voient dans quels domaines c’est une chance pour eux. Or l’éducation est au centre de la vie quotidienne, il n’existe pas de sujet plus populaire, plus universel. »
Avec ces 2 initiatives, le Secrétariat d’Etat aux Affaires européennes reprend la 3e des 10 propositions pour l’avenir de l’Union européenne proposées lors des « Consultations européennes des citoyens » : inciter l’apprentissage d’une langue européenne dès la maternelle en :
- créant un cours d’éducation civique européenne, mis en pratique par un dialogue hebdomadaire avec une classe partenaire via les NTIC ;
- organisant un échange par cycle scolaire ;
- créant un mensuel européen distribué dans les écoles et mis en ligne sur le site de l’UE.
Ainsi, une nouvelle pédagogie sur l’Europe longtemps attendue s’annonce en France.