Archives annuelles : 2009

Réflexion sur l’organisation de la communication au sein de la Commission européenne

Alors que la semaine dernière, plusieurs hypothèses circulaient sur la place qu’il conviendrait d’accorder à la DG Communication au sein de la Commission européenne pour faire face à la priorité du public jeune :

  • DG COMM élargie rassemblant communication, relations institutionnelles et citoyenneté ?
  • DG COMM rétrécie fusionnant éducation, formation, culture, jeunesse, sport, société civile et communication ?

la question principale – au-delà du découpage des « portefeuilles » entre directions générales – devrait porter sur l’organisation de la communication qu’il conviendrait d’optimiser afin d’atteindre les objectifs de communication.

Les objectifs de la Commission en matière de communication

Suivant le dernier document officiel émis en mars 2009 : « la politique de communication de la Commission européenne », les missions de communication de la Commission européenne sont :

  • faire mieux connaître l’Union européenne ;
  • créer un climat de soutien en faveur des politiques de l’UE et de ses objectifs ;
  • établir une certaine cohérence entre l’identité narrative et l’identité visuelle de ses activités de communication ;
  • procéder à un échange de vues avec les citoyens ;
  • promouvoir la citoyenneté européenne active ;
  • contribuer au développement d’une sphère publique européenne ;
  • mener des activités de diplomatie publique et de communication dans des pays tiers.

Les deux acteurs de la Commission en matière de communication

La DG Communication, placée sous une vice-présidente chargée des relations interinstitutionnelles et de la stratégie de communication :

  • propose, planifie et met en œuvre, en coordination avec les DG concernées, les priorités de la Commission en matière de communication ;
  • garantit une approche cohérente dans les questions de communication et d’information au sein de la Commission ;
  • maximise et évalue l’impact de la communication ;
  • démultiplie sa présence dans les États membres à travers un réseau de Représentations.

Le service du porte-parole, agissant sous l’autorité politique du président de la Commission,

  • est la voix officielle de la Commission européenne :
  • garantit un profil cohérent à l’égard de la presse avec des informations journalières sur toutes les politiques et activités ;
  • répond aux questions des médias et réfute les informations erronées ;
  • démultiplie sa présence auprès des médias nationaux via des chefs et chargés des relations avec la presse dans les Représentations.

Cette organisation de la Commission en matière de communication est-elle la plus pertinente ?

Certes, l’organisation territoriale des communicants de la Commission européenne semble particulièrement pertinente :

  • aspect à conforter : des Représentations au-delà des capitales des Etats-membres devraient être ouvertes dans les villes moyennes afin de toucher au plus près les public cibles, notamment les citoyens ;
  • aspect à améliorer : des communicants devraient également être détachés dans des pays tiers, ce qui ne semble pas encore développé.

Mais, l’organisation fonctionnelle des communicants de la Commission européenne semble relativement optimisable :

  • réduction de la dichotomie de métier entre d’une part, les équipes chargées des relations presse et d’autre part, tous les autres métiers de la communication ;
  • disparition de la dichotomie de hiérarchie entre d’une part, le président de la Commission et d’autre part, la vice-présidente chargée des relations interinstitutionnelles et de la stratégie de communication.

Ainsi, avec une Direction Générale Information et Communication (DG INFO-COMM) capable à la fois de produire une vision et des informations concrètes et aussi d’entrer en relation, de dialoguer avec les différents publics cibles, la communication de la Commission européenne serait plus à même de démultiplier les savoir faire au plus près de chaque problématique ou public.

Conférence « l’Europe, c’est qui ? » à l’institut néerlandais de Luuk van Middelaar, auteur de « Passage à l’Europe : histoire d’un commencement »

Alors que les Français parlent de « construction européenne », les Anglais d’« intégration européenne » et les néerlandais de « coopération européenne », le fait européen – vingt ans après la chute du mur de Berlin – est indéniable.

Auteur de « Passage à l’Europe : histoire d’un commencement », voir la critique de cette thèse sur Nonfiction, Luuk van Middelaar était invité, mardi 29 septembre par l’institut néerlandais, à répondre à l’interrogation apparemment simple : « L’Europe, c’est qui ? »….

« Qui est-ce qui peut parler au nom de l’Europe ? »

Déjà en 1876, Bismarck notait « qui parle Europe à tort (…) j’ai trouvé le mot Europe dans la bouches des politiciens qui demandaient des concessions étrangères… ». Aujourd’hui, en est-il vraiment autrement ? Certes, des décisions sont prises au nom de l’Europe. Mais, les prétentions à parler au nom de l’Europe finissent souvent dans la « cacophonie », que l’on songe juste aux positions des Européens lors des conflits yougoslave ou irakien. Alors, l’Europe est-elle condamnée à demeurer un concept vide ?

« L’Europe, c’est des sphères concentriques formant une identité »

La « sphère externe de l’Europe » est délimitée par la géographie et l’histoire du « continent » :

  • y domine le discours intergouvernemental des États-nations ;
  • y règne le « concert européen », fait de jeux diplomatiques et de conflits militaires.

La « sphère interne de l’Europe » est définie par les traités instituant la « communauté » :

  • y domine le discours supranational des organes communautaires ;
  • y règne l’« esprit d’avant-garde », fait de visions intégrationnistes et de convictions fédéralistes.

La « sphère intermédiaire de l’Europe » est découverte par le « club » des États membres de l’Union, défini d’abord par les autres qui veulent y entrer et ensuite par le poids des responsabilités face à l’élargissement :

  • peu à peu émerge une « voix de l’Europe » lors des Conseils européens rassemblant les chefs d’Etat et de gouvernement ;
  • peu à peu émerge une « incarnation du corps politique de l’Europe » avec la présidence du Conseil de l’UE, exercée successivement tous les 6 mois par un chef d’Etat et de gouvernement.

Ainsi, progressivement, par la participation des autorités politiques nationales à la sphère intermédiaire, l’Europe, il faut s’en convaincre, c’est aussi nous, c’est notre identité.

« En sommes-nous au Moyen-âge de l’Europe, au moment de la naissance du purgatoire ? »

Proposant une métaphore religieuse :

  • la sphère externe serait l’enfer, l’Europe des intérêts, des guerres et de la Shoah ;
  • la sphère interne serait le ciel, l’Europe harmonieuse, unie, rêvée par les Pères fondateurs ;
  • la sphère intermédiaire serait le purgatoire, l’Europe désillusionnée, mais réelle et concrète.

« Le purgatoire surpasse en poésie le ciel et l’enfer, en ce qu’il représente un avenir qui manque aux deux premiers. » François René de Chateaubriand, cité par Jacques Le Goff dans « La Naissance du Purgatoire ».

Comment l’UE en arrive à lancer une campagne de communication sur l’obésité enfantine ?

Consciente que la Politique Agricole Commune (PAC) demeure la première politique communautaire (politique ancienne remontant à 1962 et représentant aujourd’hui près de 40% du budget de l’UE), la Commission européenne s’attache à défendre l’agriculture européenne auprès de l’opinion publique par tous les moyens, notamment par le biais de la lutte contre l’obésité enfantine, véritable phénomène de société avec près de 22 millions d’enfants en surpoids dans l’UE et 5 millions en situation d’obésité. Comment l’UE en arrive-t-elle à lancer une campagne de communication sur l’obésité enfantine ?

Étape 1 : publication d’un « Livre blanc sur la nutrition »

En mai 2007, la Commission européenne aborde les problèmes de santé liés à la nutrition, à la surcharge pondérale et à l’obésité et propose une action à l’échelle de l’UE pour enrayer la multiplication des cas d’obésité.

Étape 2 : organisation d’une « Journée européenne de l’alimentation saine et de la cuisine de qualité »

En novembre 2007, la Commission européenne promeut une manifestation paneuropéenne et rassemble des fonctionnaires européens, des chefs de haut niveau et des écoliers « à l’occasion de démonstrations de cuisine saine et savoureuse et d’ateliers visant à favoriser un mode de vie équilibré ».

Étape 3 : actions « contribuant à une alimentation plus équilibrée et à des habitudes alimentaires plus saines chez les jeunes »

Entièrement financés par le budget agricole de l’UE – ce qui n’est pas sans soulever des critiques, notamment celles du think tank Timbro dans « The European Union’s Burden : Information dans communication to a reluctant people », la Commission européenne soutient :

  • Programme en faveur de la consommation de fruits à l’école : destiné aux enfants de 6 à 10 ans, doté d’un budget total de 90 millions d’euros pour l’année scolaire 2009/2010 (la facture sera réglée pour moitié par Bruxelles et pour l’autre moitié par les États membres, qui pourront puiser les fruits et légumes dans leur propre production ou les importer).
  • Programme de distribution de lait aux écoliers : existant depuis 1995, 22 sur 27 Etats membres ont choisi de participer à ce programme, aide totale pour l’année scolaire 2009 s’élève à 69 millions d’euros soit 305 000 tonnes de lait.

Étape 4 : campagne de communication sur l’obésité enfantine: « Mange bien, parce que ça le fait d’être en forme. »

Afin de compléter la stratégie de l’UE sur la nutrition, l’activité physique et la santé auprès des écoliers et collégiens de l’Union, Marianne Fischer Boel, Commissaire chargée de l’agriculture et du développement durable, lance aujourd’hui une campagne de communication « pour faire reculer l’obésité des enfants en Europe » :

  • volet événementiel avec une exposition itinérante organisée autour du slogan «Savoure, déguste et bouge» permettant à 18 000 enfants de 180 écoles dans 7 pays européens de prendre part aux activités et aux jeux organisés ;
  • volet virtuel avec une chasse au trésor interactive pendant 8 semaines sur le site web de l’équipe-saveurs de l’UE, où tous les élèves de l’UE âgés de 8 à 15 ans pourront tenter de remporter des articles de sports.

Face à la priorité du public jeune : quelle place pour la DG Communication au sein de la Commission européenne ?

A l’heure des négociations entre les capitales européennes sur les noms et les portefeuilles des futurs Commissaires européens – signalons au passage que les dernières tendances rassemblées par le blog de Touteleurope montrent qu’aucun des 27 États membres se positionne sur le poste de Commissaire à la communication – les réflexions au sein de la Commission européenne sur les réorganisations des directions générales vont bon train. Qu’en est-il des hypothèses de travail pour la DG Communication ?

Vers une DG COMM élargie : rassemblant communication, relations institutionnelles et citoyenneté ?

Formulée par Margot Wallström, la vice-présidente sortante chargée des relations interinstitutionnelles et de la stratégie de communication, dans une interview testamentaire à Euractiv, l’idée serait de « donner à son portefeuille un travail législatif autonome et des moyens financiers propres » et « la seule manière d’avancer est de donner au nouveau commissaire le contrôle de la législation sur la citoyenneté, avec les programmes et le budget qui vont avec ».

Vers une DG COMM rétrécie : fusionnant éducation, formation, culture, jeunesse, sport, société civile et communication ?

Lancé par EUconfidential sur Twitter avec l’annonce que « la Commission européenne prévoirait de fusionner la DG Communication avec la DG Education & Culture », l’idée serait semble-t-il de concentrer les efforts de la Commission européenne autour de la cible des jeunes.

Certes, l’objectif de fixer le public des jeunes comme priorité stratégique des actions de l’UE semble tout à fait justifié. Mais, l’objectif de placer la communication comme modalité stratégique pour cibler les publics de l’UE, notamment les jeunes justifie de conserver l’affichage politique lié à un portefeuille de Commissaire et la professionnalisation liée à l’existence d’une DG COMM autonome.

Campagne de sensibilisation de l’UE sur la pénurie d’interprètes : « le français, langue rare ? »

Dans les 10 ans à venir, près de la moitié des interprètes francophones prendront leur retraite. A défaut d’une bonne anticipation des recrutements de jeunes diplômés qualifiés, les services d’interprétation des institutions communautaires seront confrontés à une pénurie sérieuse d’interprètes de langue française.

Aussi, la DG Interprétation de la Commission européenne, en collaboration avec ses homologues du Parlement européen et de la Cour de Justice européenne lance une campagne de sensibilisation avec un clip vidéo  » Interpréter pour l’Europe – en français :

D’autres langues parmi les 22 langues officielles de l’UE ont été et feront également l’objet d’une pour communication pour aider les jeunes à en apprendre un peu plus sur la profession d’interprète.