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L’auberge européenne : le web-documentaire pour communiquer l’Europe auprès des jeunes

Dès qu’il s’agit d’Europe auprès des jeunes, deux idées reviennent immanquablement : l’auberge espagnole, le film culte de Cédric Klapisch et Erasmus, le programme de mobilité. Alors, pourquoi ne pas fusionner les deux ? C’est le défi de « l’auberge européenne », le web-documentaire européen de la rentrée 2013…

Concept de l’auberge européenne : 10 étudiants, 10 villes européennes, 10 visions de la vie Erasmus

Au travers d’un web-documentaire composé de portraits de 10 étudiants français expérimentant la vie Erasmus en Europe, « l’auberge européenne » offre une plongée au cœur d’une génération d’Européens de terrain.

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Les portraits de chaque étudiant (Cléo, Léon) se décomposent d’une vidéo, d’une question posée à Cédric Klapisch qui y répond, d’une présentation d’un groupe de musique, de bonnes adresses dans la ville et d’un lien vers un réseau social pour entrer en contact avec l’étudiant.

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L’auberge européenne : les bons registres de communication pour toucher les jeunes

Avec le dispositif mis en place, les bons registres de communication sont activés pour toucher les jeunes :

  • L’auberge européenne se fonde sur ce qui préoccupe vraiment les publics jeunes, leur avenir personnel ;
  • L’auberge européenne crée de la proximité avec les jeunes, sans tomber dans la démagogie du langage « jeune » en incluant des témoignages « terrain » ;
  • L’auberge européenne joue sur le sentiment d’appartenance des jeunes en intégrant une dimension musicale et sociale.

En bref, les contenus sont au rendez-vous pour séduire les jeunes et faire passer des messages sur l’Europe.

L’auberge européenne : la faible activation participative pour engager les jeunes

L’auberge européenne ne prévoit pas suffisamment de mécanique d’engagement en ligne – ce qui risque de limiter la viralité et la visibilité du web-documentaire.

L’auberge européenne ne répond pas au désir d’engagement des jeunes, à leur souhait d’être impliqués et de contribuer. Les jeunes ne peuvent pas s’approprier le web-documentaire dans lequel ils pourraient se reconnaître. Aucun mécanisme ne permet aux jeunes de partager le web-documentaire sur les réseaux sociaux. De même, ils ne peuvent pas interagir avec les jeunes témoins et ne peuvent pas eux-mêmes témoignés.

Autrement dit, la forme du web-documentaire n’est pas suffisamment optimisée pour favoriser une pleine appropriation par les jeunes en reprenant les codes et les mécaniques qu’ils pratiquent en ligne.

Au total, l’auberge européenne est une action de communication sur l’Europe auprès des jeunes particulièrement séduisante quoiqu’incomplète.

« Our space » : la nouvelle plateforme délibérative européenne destinée aux jeunes

À un an des élections européennes, une nouvelle plateforme délibérative est lancée par l’UE. « Our space – the virtual youth space » est le MySpace des jeunes européens pour parler, contribuer, partager, participer et voter « sur ce qui est décidé pour vous, sans vous ». L’objectif est de proposer un espace commun aux jeunes européens et aux décideurs politiques…

Quel est le bilan des initiatives délibératives et participatives européennes antérieures ?

Comme le rappelle Thomas Delahais dans « Les effets de programmes européens de participation citoyenne sur l’action publique européenne : les cas de Plan D et Debate Europe » : les résultats des nombreuses initiatives européennes, notamment en ligne, ont souvent été très limités.

De 2006 à 2009, « la Commission européenne a investi 10 millions d’euros dans une centaine de débats organisés à travers toute l’Europe, dont un certain nombre de projets participatifs, voire délibératifs, à l’échelle européenne. Or, malgré la bonne volonté de leurs organisateurs et la bonne tenue, en général, de ces débats, leur caractère innovant aussi, leurs effets sur la sphère publique et sur ses acteurs se sont généralement révélés à peine perceptibles, voire totalement absents.

Les initiatives délibératives et participatives de la Commission européenne se confrontent toujours, selon Thomas Delahais à la « difficulté des fonctionnaires à accepter la parole de citoyens “qui ne représentent qu’eux mêmes” ».

Que faut-il attendre du MySpace des jeunes européens ?

Qu’en sera-t-il des effets attendus ou induits par « Our space » à la lecture des principales limites constatées dans les projets précédents ?

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Our space aura-t-il des effets utilisables pour l’action publique, dans le cadre du processus électoral ?

Sûrement, est-ce l’effet attendu le plus recherché si le projet réussi, encore que les jeunes participants seront recrutés parmi des jeunes déjà engagés et que tout dépendra de l’implication des candidats aux élections européennes.

Our space produira-t-il des résultats utiles pour l’action publique, en vue de proposer une solution à des problèmes européens ?

Sans doute, est-ce l’effet attendu le moins susceptible d’être obtenu, compte tenu de l’étendue relativement limitée des législations européennes, de la méconnaissance répandue des politiques publiques européennes et que tout dépendra de la qualité du community management.

Our space sera-t-il communiqué aux bonnes personnes, notamment les participants, sans même parler des destinataires des conclusions ?

Comme dans la plupart des actions de l’UE, la publicisation est réduite et ce n’est pas la page Facebook (360 like) ou le compte Twitter (264 followers) qui suffiront à ce que la participation ne se limitent pas, comme trop souvent, aux publics proche de l’UE.

Au total, « Our space » représente une réelle innovation : la 1e plateforme pan-européenne de dialogue entre les jeunes et les politiques sur l’Europe. Reste à savoir si c’est également une opportunité pour mobiliser les jeunes à voter aux élections européennes.

Coïncidence paradoxale : Erasmus à la TV en France et en faillite dans l’UE

Alors que le programme « Erasmus » pour la mobilité des étudiant(e)s s’apprête à fêter son 25e anniversaire le 8 octobre prochain, une campagne de communication en France propulse la génération Erasmus sur les écrans de télévision tandis que les budgets à l’échelle européenne sont en situation de faillite…

Campagne de communication TV sur la « génération Erasmus » en France

Suivant le plan de communication « génération Erasmus » pour la France, que nous avions présenté en février dernier, une campagne de communication se déploie du 26 septembre au 24 octobre à la télévision (M6, NT1, iTélé, BFM TV, Tv5 Monde, LCI) à travers 4 portraits de jeunes partis étudier et se former en Europe.

Un site Internet ainsi qu’un relais sur les sites d’hébergement de vidéos (You Tube et Daily Motion) complète le dispositif mis en œuvre par l’Agence Europe-Education-Formation France.

Panique bruxelloise sur la faillite budgétaire du programme Erasmus

Au même moment, « Erasmus est en faillite » titre Presseurop : les coupes budgétaires souhaitées par les Etats-membres menacent le budget du programme Erasmus qui représente « bon an mal an, entre 400 et 450 millions d’euros » et près de 220 000 mobilités étudiantes.

 

C’est Alain Lamassoure, le président de la Commission des budgets du Parlement européen qui tire la sonnette d’alarme et sort ainsi « une arme de communication massive » selon MyEurop pour négocier ainsi une rallonge budgétaire pour la fin de l’année.

Alors que l’attachement des Européens à ce programme emblématique n’est plus à prouver (cf. la tribune de Cédric Klapisch : « 25 ans déjà… ») et que l’attention des Français est particulièrement attirée, il ne reste plus qu’à souhaiter qu’un compromis soit rapidement trouvé pour boucler la fin de l’année.

La Commission européenne sait-elle communiquer avec les jeunes ?

Public réputé difficile pour n’importe quelle institution, les jeunes adolescents/adultes (15-25 ans) sont particulièrement ciblés par les campagnes de communication de la Commission européenne. Pour quels résultats ?

Solliciter des jeunes avec des jeux-concours, ce n’est pas communiquer avec les jeunes

Véritable effet de mode, les concours – pour solliciter l’implication des jeunes – sont particulièrement répandus au sein de la Commission européenne.

« Quoique les concours soient des opérations de communication très filtrées, sans véritable participation du grand public, leur multiplication apparaît comme un ultime moyen aisé pour les communicants européens pour tenter de recruter et de fidéliser des Européens. »

Le plus souvent, les concours sont ratés (exemples 1 et 2) – non pas tant en raison du « usual management approach of allocating no time, money or resources » (management traditionnel n’allouant ni temps, ni argent ni ressources) selon un Euroblogger donnant ses « Thoughts On Running An EU Video Competition » – mais bien plus parce que les concours posent des questions que la Commission européenne se pose mais que les jeunes ne se posent absolument pas.

Le dernier concours lancé par la Commission européenne illustre le décalage entre les préoccupations bruxelloises et jeunes puisqu’il s’agit d’un appel à la « Génération 1992 » generation1992.eu : « Fais-nous part de ton point de vue et de ton expérience sur la manière dont le marché unique influe sur ton quotidien ».

Cette invitation « Rejoins les autres jeunes Européens nés en 1992 et dis-nous ce que le marché unique représente pour toi » est vouée à l’échec et révèle même davantage le désintérêt voire le mépris de la Commission européenne qui ne s’intéresse pas aux jeunes, mais leur demande de s’exprimer sur une réalité européenne qu’ils méconnaissent.

Interpeller des jeunes avec le concours de MTV ou de vidéos virales, ce n’est pas communiquer avec les jeunes

Autre approche là encore contestable, la démarche de totale connivence qui consiste pour la Commission européenne à « faire jeune », à s’inscrire dans les codes, notamment de langage et les canaux de communication réputés jeunes, voire à caricaturer les « d’jeunz » avec le concours de MTV ou de vidéos virales sulfureuses.

A deux reprises, la Commission européenne s’est associée à la chaine musicale américaine MTV pour interpeller les jeunes, par le biais de prescripteurs disposant d’un important capital de notoriété et de sympathie :

  • Campagne « Play to stop – Europe for climate » visant à mobiliser des artistes internationaux pour qu’ils convainquent les jeunes de s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique ;
  • Campagne « Ohé l’Europe tu m’entends » visant à inciter à faire entendre leur voix et à voter aux élections européennes.

Plus récemment, la Commission européenne a lancé, selon ses propres termes « un clip viral ciblant un public jeune à travers une diffusion dans les réseaux sociaux en détournant les codes de leurs univers, les films d’arts martiaux et les jeux vidéo ». Cette vidéo virale « The more, the stronger » à peine en ligne a soulevé de telles indignations qu’elle a été précipitamment retirée – ce qui ne fut pas le cas des vidéos « Film Lovers Will Love This » ou « Hot Summer Holiday ».

Bilan : qu’il s’agisse de l’instrument jeux-concours faisant appel aux intérêts les mieux compris des jeunes au détriment de toutes autres approches portant un véritable message ; ou de l’instrumentalisation des codes culturels capitalisant maladroitement sur ce que constituerait l’univers référentiel des jeunes ; la Commission européenne ne semble pas savoir communiquer avec les jeunes. Le pragmatisme ne saurait être suffisant contre l’indifférence ?

Génération Erasmus : comment fêter les 25 ans du programme de mobilité des étudiants ?

Depuis 25 ans, près de 3 millions d’étudiants ont pu, grâce au programme Erasmus, faire une partie de leurs études ou effectuer un stage à l’étranger. En 1987, seuls 3 244 jeunes avaient pris part dans l’un des 11 pays participants. Au cours de l’année universitaire 2011-2012, plus de 250 000 étudiants seront « Erasmus » dans 33 pays européens. L’UE alloue environ 3 milliards d’euros à Erasmus pour la période 2007-2013.

La campagne de l’UE : « Erasmus change les vies et ouvre les esprits depuis un quart de siècle »

Des « ambassadeurs Erasmus » des 33 pays participant au programme (chaque pays est représenté par un étudiant et un membre du corps éducatif choisis pour l’influence qu’Erasmus a exercée sur leur vie professionnelle et privée) ont pour rôle de présenter un manifeste sur leur vision de l’évolution du programme.

Quel bilan valoriser à l’occasion du 25e anniversaire ?

José Manuel Barroso, le Président de la Commission européenne insiste en période de chômage de masse des jeunes sur les perspectives d’emploi :

Les retombées d’Erasmus sont extraordinaires, non seulement pour les étudiants, mais pour l’économie européenne tout entière (…) apporte aussi aux jeunes l’assurance et les aptitudes requises pour travailler dans un autre pays, là où ils trouveront peut-être l’emploi qui leur convient, échappant ainsi au piège du déséquilibre géographique., selon le communiqué.

Le verre à moitié plein sous l’angle de l’image : « Erasmus est l’une des grandes réussites de l’Union, celui de nos programmes qui est le plus connu et le plus populaire », selon Androulla Vassiliou, Commissaire à l’éducation, à la culture, au multilinguisme et à la jeunesse.

Le verre à moitié vide sous l’angle des chiffres : Certes, les étudiants européens sont parmi les plus mobiles au monde (22%) et 90 % des universités européennes participent à Erasmus. Mais, cette mobilité rapportée aux effectifs étudiants demeure limitée (2,2%).

Quelle communication sur le programme Erasmus aujourd’hui ?

Relative dispersion de l’information sur la mobilité des jeunes en Europe car la communication est liée aux programmes (Comenius, Leonardo da Vinci, Erasmus).
En France, cette situation est limitée car seule l’agence Europe Education Formation France (2e2f) gère les fonds européens pour permettre aux Français de partir étudier à l’étranger.

Quels sont les freins à la relative désaffectation de la mobilité ?

  • Obstacles économiques et sociaux : montant trop faible des bourses (254 euros par mois en moyenne) entraînant un effet d’éviction pour les publics les moins favorisés ;
  • Éparpillement des soutiens publics et complexité du rôle de chaque acteur : UE, Etat, collectivités locales.

Le plan de communication « Génération Erasmus »  pour la France

Dans la programmation nationale, un plan de communication « Génération Erasmus » est prévu en France :

  • Lancement officiel de l’année Erasmus au plan national, en janvier, à partir de l’agence 2e2f située à Bordeaux, sous l’impulsion du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
  • Promotion en mars, dans toute la France, diffusion du kit « Génération Erasmus » et du « Passeport Erasmus » destiné aux 1 060 établissements chartés Erasmus et aux autres, pour les inciter à développer le programme.
  • Evènementiel Arts-Culture : partenariat avec le festival européen Europavox les 25, 26 et 27 mai à Clermont-Ferrrand et réalisation d’une compilation d’artistes actuels (25 titres, 25 ans).
  • Evènementiel Scientifique : Rencontres Universités-Entreprises initiées par l’AEF, les 15 et 16 mars  à Paris – Palais des Congrès et Conférence des Présidents d’Université et Direction des relations européennes internationales et de la coopération en juin.
  • Production Intellectuelles – Publications : lancement d’une revue scientifique internationale en  sciences sociales et revue « L’ENA hors les murs » spéciale Erasmus.
  • Opération de notoriété – marque Erasmus : sortie d’un timbre de la Poste « Génération Erasmus 25 ans » lors de la Journée de l’Europe le 9 mai.
  • Partenariats médias : réalisation d’une journée spéciale Erasmus sur le réseau Radio-France lors de la rentrée universitaire : reportages, interviews, mise en valeur de l’esprit « Génération Erasmus » et partenariat privilégié avec l’émission « Allo La Planète » d’Eric Lange sur le  Mouv’ et de TV5 Monde (en négociation).
  • Internet : création d’une page facebook dédiée « Génération Erasmus » et lancement d’un site internet grand public en juin : erasmuspourtous.fr.

Rappelons que la Commission européenne propose que les sept programmes pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport fusionnent au sein d’un nouveau programme « Erasmus pour tous » actuellement soumis à l’examen des États membres et du Parlement européen.