Elections européennes : quelle stratégie de communication pour le Parlement européen ?

Dans une note du secrétaire général du Parlement Klaus Welle, obtenue par Politico et prévue à l’agenda aujourd’hui du Bureau du Parlement européen, les contours de la prochaine campagne de communication du Parlement européen pour les prochaines élections européennes…

Un positionnement « au service de la politique » forcément problématique

Dans la note de 10 pages, le process des élections européennes est décomposé en 3 éléments que le Parlement européen tente de distinguer :

  1. La campagne électorale menée par les partis politiques et les candidats ;
  2. La campagne des Spitzenkandidaten, dont il est rappelé que son succès en 2014 a été largement dû à l’action du Parlement européen ;
  3. La campagne de communication institutionnelle du Parlement européen qui est décrite, et là est le problème comme « a background service provider to the political campaigns ».

Il semble que cette hiérarchisation incidente entre les campagnes politiques sur le devant de la scène et la campagne institutionnelle au service de la politique n’a jamais été à ce point assumée par l’institution européenne, qui s’est toujours prévalue de mener une campagne de communication neutre, pédagogique et civique autour des élections européennes, en parallèle et en complément de l’activité politique partisane.

Des messages « en faveur de l’UE » forcément polémique

La note de 10 pages n’y va pas sans détour en affirmant que dans sa stratégie de communication, le Parlement européen « should take a clear and unambigious stance in favour of the European Union », soit un Parlement européen adoptant une position claire et sans équivoque en faveur de l’Union européenne ».

Là encore, le pas est franchi entre les campagnes de communication traditionnelles du Parlement européen se fixant comme objectifs l’inscription sur les listes électorales et la participation le jour du scrutin et cette proposition qui plonge l’institution dans le débat sur le projet européen.

Cela se traduit, selon le résumé de Politico Europe comme : « une campagne financée par les contribuables pour dissuader les gens de voter pour les partis eurosceptiques lors des élections européennes de 2019 ».

Maladroitement, la note aborde frontalement la question des messages (pp 5 et 6) en s’inspirant des slogans des dernières campagnes victorieuses : « Make America Great Again » de Trump ou « La France en Marche ! » de Macron pour envisager « For a Europe that protects and empowers », comme si le Parlement européen allait faire campagne en faveur d’une option pro-européenne.

Des public cibles de la campagne forcément discriminants

La note aborde le sujet de l’audience visée par la campagne du Parlement européen en fixant comme cœur de cible « les segments de la population qui voit favorablement l’UE et le PE » mais ne votent pas aux élections européennes, à savoir en particulier une partie des leaders d’opinion, des jeunes et des étudiants.

Quoique justifiées par le « retour sur investissement » et l’impact sur le taux de participation – deux raisons tout à fait légitimes – ne peut-on pas regretter de la part d’un acteur public de segmenter à ce point les électeurs et de négliger une partie des citoyens, à fortiori ceux qui en auraient le plus besoin, mais avec moins de garantie de résultats.

Au total, ce document interne au Parlement européen reflète une position inhabituelle et beaucoup plus sensible quant à sa stratégie de communication, décrite comme « courageuse et innovante » pour les prochaines élections européennes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de confidentialité, ainsi que les Conditions de service Google s’appliquent.