Le défi de la participation électorale aux élections européennes
Les électeurs européens participent de moins en moins au scrutin des européennes.
Malgré l’influence croissante du Parlement européen, le taux de participation des électeurs n’a cessé de diminuer depuis la première élection du Parlement européen au suffrage universel direct il y a trente ans :
- 1979 : CEE10 – participation de 63%
- 1984 : CEE 10 – participation de 61%
- 1989 : CEE 10 – participation de 58,5%
- 1994 : UE 12 – participation de 56.8%
- 1999 : UE 15 – participation de 49.8%
- 2004 : UE 25 – participation de 45.6%
Les prochaines élections auront lieu dans moins de 4 mois, en juin prochain, et pourtant, seuls 26 % des citoyens européens le savent. En France, ce pourcentage ne dépasse pas 20 %. », selon Margot Wallström.
Le défi de la perception d’une gouvernance européenne multi-niveau
Les citoyens européens souhaitent que tous les niveaux de pouvoir représentent leurs intérêts au niveau de l’UE.
Une enquête Eurobaromètre de mars 2009 « Le rôle et l’influence des autorités locales et régionales au sein de l’Union européenne » montre que les citoyens européens envisagent l’UE comme un projet de gouvernance à plusieurs niveaux :
Qui est le mieux placé pour défendre leurs intérêts personnels au niveau de l’UE ?
- Les représentants politiques nationaux (29%)
- Les eurodéputés (26%)
- Les représentants locaux et régionaux (21%)
Qui est le mieux placé pour expliquer l’impact des politiques européennes dans leur vie quotidienne ?
- Les représentants nationaux (28%)
- Les représentants locaux et régionaux (26%)
- Les eurodéputés (21%)
La confiance complémentaire que les citoyens accordent aux représentants politiques nationaux, régionaux et locaux « confère à ces derniers la responsabilité de les informer sur l’Europe », selon Margot Wallström. Les collectivités régionales et locales peuvent contribuer à vaincre la méfiance vis-à-vis de l’Europe.
Le défi de la régionalisation du Parlement européen
Dans une tribune « L’Europe par les régions au Parlement de Strasbourg » dans Critique internationale n°5 – automne 1999, Olivier Costa considère que la réduction du déficit de représentativité de l’institution passe par « la prise en compte des implications régionales des politiques de l’Union ».
D’abord, les eurodéputés ont noué avec les élus locaux et régionaux des rapports particulièrement constructifs, car préservés des phénomènes de concurrence qui affectent leurs relations avec les parlementaires nationaux.
Ensuite, les eurodéputés ne sont ni des responsables politiques nationaux de premier plan, ni une élite européenne durablement expatriée à Strasbourg et Bruxelles.
Enfin, les eurodéputés ont adopté en 1998 le principe de l’uniformisation du mode de scrutin pour les élections européennes en faveur de l’instauration de circonscriptions régionales dans tous les États de plus de 20 millions d’habitants.
Ainsi, la représentation des territoires régionaux au Parlement européen clarifie les enjeux de l’élection européenne et modifie l’image du Parlement européen.
D’ailleurs cette représentation des territoires régionaux au Parlement européen semble validée par l’opinion publique française interrogée récemment par un sondage CSA « Les Français, les représentants européens et les réponses » réalisé pour la convention « L’Europe d’après : 1989-2009 -2029 : Une génération s’engage » organisée le mardi 3 mars 2009 à Sciences-Po Paris par EuropaNova et en partenariat avec Touteleurope.
53% des Français estiment qu’un député représentant la France au Parlement européen devrait posséder en priorité un bon contact sur le terrain avec les citoyens européens pour être le plus influent possible au sein du Parlement européen.
Le défi des attentes des électeurs européens
Une enquête Eurobaromètre consacrée aux « élections européennes de 2009 » permet d’identifier les attentes des électeurs européens, notamment à travers les raisons invoquées pour ne pas aller voter :
- un manque d’information sur le fonctionnement du Parlement européen, le rôle des députés et l’impact de leur travail sur le quotidien des citoyens européens (60% des disent ne pas connaître assez le rôle du Parlement européen) ;
- un sentiment d’éloignement des citoyens par rapport au Parlement européen (57% pensent que le Parlement européen ne s’occupe pas assez des problèmes qui les concernent).
Ainsi, pour changer les comportements des électeurs européens, il convient de connaître les raisons de leur attitude actuelle : les électeurs européens participent peu au scrutin car ils sont en attente d’information et de proximité.
Le défi de la complémentarité d’une communication européenne multi-niveau et régionalisée pour relancer la participation aux élections européennes
Dans un discours au Comité des Régions début mars, Margot Wallstöm – la Vice Présidente de la Commission européenne, chargée de la stratégie de communication– a présenté la campagne de communication sur les élections européennes :
Le Parlement européen a lancé le mois dernier une campagne de communication d’envergure européenne « à vous de choisir » afin de sensibiliser le public aux prochaines élections.
Divers outils de communication (panneaux d’affichage, spots vidéo, site internet spécifique et installations en plein air) mettront en exergue des questions fondamentales :
- « Comment devons-nous cultiver nos produits alimentaires? »
- « Quelle sorte d’énergie voulons-nous? »
- « À quel stade la sécurité devient-elle excessive? »
- « Dans quelle mesure devons-nous contrôler les marchés financiers? »
- « À quel point devons-nous ouvrir nos frontières? »
La Commission européenne soutiendra la campagne et y contribuera par le biais des activités et des réseaux de contacts de chaque direction générale. Ces efforts sont encouragés et coordonnés par la direction générale de la communication qui prévoit notamment les actions suivantes :
- agir au niveau local par le biais des bureaux de représentation ;
- utiliser les contacts entretenus avec les stations de radio et les chaînes de télévision ;
- mettre à contribution les réseaux tels qu’Europe direct ;
- avoir recours aux partenariats de gestion en coopération avec les États membres ;
- consulter les enquêtes Eurobaromètre afin de suivre les tendances.
Un effort tout particulier sera fourni afin de sensibiliser les femmes qui ont souvent tendance à ne pas se rendre aux urnes, notamment via un clip vidéo « 50/50 pour la démocratie » afin de promouvoir l’égalité des genres dans les politiques communautaires.
Le Comité des Régions s’est également engagé à jouer un rôle actif pour sensibiliser la population aux élections européennes : sessions d’informations sur l’Europe, pages Internet consacrées à la couverture des élections, débats en direct avec les candidats ».
En conclusion, force est de constater que la stratégie de communication des institutions communautaires sur les élections européennes 2009 doit faire face à de nombreux défis, sans compter celui des moyens (humains et budgétaires) faibles à l’échelle des 450 millions d’Européens dans les 27 États membres et des barrières, notamment linguistique fortes.
La stratégie de communication des institutions communautaires sur les élections européennes 2009 sera sans doute marquée par un succès paradoxal :
- pour la première fois, les institutions communautaires coordonneront leurs efforts pour amplifier la communication sur les élections européennes ;
- une nouvelle fois, les actions de communication risqueront de ne pas franchir le seuil d’audibilité auprès des citoyens européens.