Archives mensuelles : novembre 2007

Contribution à la définition d’un nouveau modèle européen

Anthony Giddens, le théoricien de la « troisième voie » blairiste, vient de publier un livre qui vient opportunément alimenter la réflexion sur la réalité sociale européenne initiée par la Commission.

L’idée principale de l’ancien directeur de la London School of Economics : « les mutations sociales des dernières décennies (progrès technologique, atomisation du marché du travail, montée de l’individualisme…) ont rendu inefficaces les leviers d’action traditionnels de l’Etat providence ».

Puisqu’il ne saurait y avoir de progrès social sans croissance. Les pouvoirs publics des Etats membres doivent encourager le développement économique et favoriser l’accès à l’emploi, notamment en développant la « flexisécurité ».

L’Union européenne quant à elle doit se positionner à l’avant-garde des changements en favorisant et accompagnant le basculement vers une économie de la connaissance et des services tout en poursuivant l’excellence écologique. La définition d’un modèle social européen constitue le levier d’action du rebond européen.

La mesure du bonheur comme fondement d’une communication sur les valeurs de l’Europe

Dans une tribune dans Le Figaro, Raphaël Wintrebert, sociologue, se propose de mesurer le bonheur. A partir de ses critères de mesure du bonheur, il est possible d’en faire une lecture orientée sur l’European way of life de l’UE que nous tentions de définir. De ce point de vue, sa contribution s’inscrirait alors dans une vaste réflexion sur une communication sur les valeurs de l’UE.

Partant du constat que « les gens sont nettement plus heureux dans les pays plus riches, sécuritaires, libres, égaux et tolérants », il dégage les 4 principales valeurs sur lesquelles reposeraient le bonheur.

  • La richesse : tant le pouvoir d’achat (sur le court terme) que le patrimoine (sur le plus long terme).
  • La liberté : d’expression, de déplacement, d’entreprise et de culte.
  • La sûreté : la sécurité physique/la santé, la sécurité légale (le droit), la sécurité professionnelle
  • La solidarité : la confiance dans la famille, la participation à la vie sociale, la perception de l’équité, notamment dans l’éducation et la tolérance.

Lorsque tous ces éléments sont satisfaits – et l’on peut y voir tous les domaines de l’intervention publique – alors le bonheur peut être mesuré et comparé.

A titre d’exemple, le Canada se dote d’outils de mesure du bonheur s’appuyant sur les critères suivants : le niveau de vie, la santé, l’organisation du temps, l’éducation, la vitalité communautaire, la protection de l’environnement et la gouvernance.

A quand une campagne de communication de l’Europe sur ces valeurs, sources de bonheur ?

Adoption du budget de la présidence française de l’UE (190 M EUR)

Après les Sénateurs, les députés viennent d’approuver les crédits de la prochaine présidence française de l’UE, s’élevant à 190 millions d’euros, un record historique.

Les dépenses seront « regroupées en trois actions » :

  • 90 millions pour les manifestations « obligatoires et traditionnelles » (deux Conseils européens, neuf sommets avec les pays tiers, 35 conseils formels) ;
  • 80 millions pour les réunions « à l’initiative propre de la France » (une vingtaine de réunions informelles en France) ;
  • 20 millions pour les « activités interministérielles » (communication, internet…).

La France présidera pour la 12è fois l’Union européenne et sera probablement la dernière à le faire sous cette forme.

Le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, a déclaré que « le succès d’une présidence se mesure à la qualité de son organisation ». La France se donne ouvertement comme objectif de « faire rayonner son image ».

La députée Nicole Ameline, rapporteur du budget, a souhaité que le gouvernement se montre « disponible » à l’égard du Parlement Européen, préconisant un « effort de communication ».

Les paradoxes de la réalité sociale française

Dans le cadre de la consultation sur la réalité sociale européenne organisée par la Commission, une contribution vient de paraître avec un rapport réalisé par le Centre d’Analyse Stratégique dressant un panorama des « réalités sociales françaises à l’aune européenne ».

L’enseignement le plus marquant est que malgré un grand nombre d’indicateurs encourageants, les Français sont inquiets.

Si l’on en croit les chiffres, il fait plutôt bon vivre en France. Néanmoins, les Français se situent en dessous de la moyenne européenne lorsqu’on leur demande leur sentiment sur leur niveau de vie ou leur logement.

Par ailleurs, alors même que la politique familiale et le modèle social français en matière d’inégalités et de pauvreté sont parmi les plus généreux et redistributifs en Europe ; les Français sont nettement moins satisfaits de leur vie familiale et ils sont ceux qui craignent le plus de tomber dans un état de pauvreté.

Concernant l’éducation, la France arrive avant-dernière en termes de satisfaction, alors que ses dépenses dans ce domaine la placent au 7e rang en Europe. Les Français sont aussi les Européens les moins favorables à la mondialisation et figurent parmi les plus inquiets pour les générations futures.

Inventaire sur la réalité sociale européenne

Existe-il un « European way of life » sur lequel l’UE pourrait s’appuyer pour une éventuelle campagne de communication sur les valeurs européennes ?

Dans le cadre d’un projet de programme d’action intitulé : « Un projet pour les citoyens : produire des résultats pour l’Europe », la Commission européenne organise cette année une vaste consultation publique sur les réalités sociales de l’Europe. La consultation vise à recueillir des avis sur les tendances sociales actuelles et sur le «bien-être» aujourd’hui.

Le constat est simple

  • Les sociétés européennes changent profondément : tendances démographiques, vie familiale, place des femmes dans la société, mobilité sociale, incidence de la pauvreté et des inégalités, valeurs multiculturelles…
  • Les défis de la mondialisation (sentiment d’insécurité, nature du travail) sont sans cesse plus nombreux et ne peuvent que renforcer le besoin d’Europe ;
  • Les attentes des citoyens à l’égard de l’Union européenne sont fortes ;
  • L’Europe sociale demeure pour l’instant dans les limbes.

La méthode est originale

La Commission n’avance à ce stade aucune option politique ou projet de proposition. Les conclusions de cette consultation ouverte à tous citoyens (notamment sur le site Internet dédié, qui publiera l’ensemble des contributions), menée en étroite coopération avec les États membres, serviront à alimenter la réflexion sur le rôle des politiques européennes et le contenu des actions futures.

Le bilan de la réalité sociale européenne

Les principales transformations :

  • l’évolution vers une société de services : qualification et besoins différents pour les salariés/consommateurs ;
  • le changement démographique : vieillissement et non renouvellement des générations ;
  • les faiblesses à ces systèmes de protection sociale : système de retraite et de préretraite et montée de la pauvreté des enfants ;
  • le changement des valeurs de la société : délitement des liens sociaux (fin des religions, de la famille et de l’engagement politique).

Les motifs de satisfaction :

  • selon l’enquête Eurobaromètre réalisé en 2006 et rassemblant un ensemble de donnée sur la situation sociale des Européens : 87 % des Européens disent « aller bien »;
  • la montée de l’espérance de vie ;
  • la part des gens diplômés augmente : démocratisation du savoir.

Peut-on pour autant parler d' »European way of life » ? Serait-il possible d’envisager une campagne de communication sur les valeurs partagées par les Européens ?