Raisonnablement, force est de reconnaître que le seuil de motivation que les citoyens européens doivent surmonter afin de s’engager sur les questions politiques de l’UE est tout simplement trop élevé pour la plupart des citoyens, la plupart du temps. Comment y remédier, selon Bernd Spanier, auteur d’une thèse « The EU’s “Communication Deficit” Revisited » ?
Le défi de la communication de l’UE : savoir parler à ses publics « captifs » tout autant qu’au grand public désintéressés
Le public des experts joue un rôle dans le maintien de la qualité des politique de l’UE et contribue ainsi en partie à la légitimité du système. Tout comme le grand public fournit également une légitimité sous la forme d’un soutien
Le défi décisif pour la politique de communication de l’UE est d’améliorer la communication avec le grand public sans pour autant négliger les demandes d’information de la sphère des experts.
En dépit de toutes les différences culturelles et linguistiques nationales, les activités de communication de l’UE ont su réalisé une communication substantielle au deux sens du terme auprès de médias spécialisés européens mais aussi des sections spécifiques des principaux médias européens qui jouent un rôle important comme sources d’information, premiers points de référence et catalyseurs pour les parties prenantes dans le processus politique dans toute l’Europe.
L’importance de la visibilité de l’UE dans les médias audiovisuels
L’UE devrait aujourd’hui assumer la tâche de compléter les relations avec les médias vers le secteur audiovisuel. La télévision offre « le hasard des rencontres » avec des sujets européens à des gens qui ne devraient normalement pas avoir la motivation intrinsèque à lire sur les questions liées à l’UE dans la presse. L’effet cumulatif de ces rencontres pourrait contribuer à des niveaux plus élevés d’intérêt et de compréhension.
Les relations avec les médias audiovisuels poursuivrait un objectif de renforcement de la sensibilisation plutôt qu’un objectif de formation d’opinion comme, effectué avec la presse « d’élite ». L’objectif à long terme serait d’élever le niveau d’attention pour les sujets de l’UE qui, dans une deuxième étape, pourrait modifier les modes de perception et de traitement de l’information dans la mesure où les possibilités d’un débat constructif pourraient émerger.
Le manque de visibilité dans les médias audiovisuels est d’une part un problème structurel de communication de l’UE, à savoir le résultat d’un manque de drame, d’un processus de prise de décision complexe et d’acteurs ayant peu d’incitation à rendre public leur travail.
Pourtant, la couverture télévisuelle pourrait être considérablement améliorée en supposant que les médias reçoivent des informations adaptées à leurs contraintes, comme par exemple des Commissaires formés aux médias avec une capacité de parler en « soundbites » et d’expliquer la politique européenne compliquée en termes simples.
Et surtout si la perception de l’UE entre la nature intellectuelle plus « savante » de la presse écrite d’opinion par rapport aux médias audiovisuels plus « bas de gamme » cesse de se traduire par des contenus produits par l’UE largement ciblé auprès d’un public d’experts, caractérisés par un style plutôt technique et dans un jargon spécialisé, difficiles à digérer pour le lecteur non initié.
La communication des décisions européennes auprès du grand public jusqu’à présent trop négligée exige un style différent, «simple» et plus «terre à terre». En dépit des améliorations dans le passé, cette tradition de la communication de l’UE continue sans un «contrôle de réalité».
La faiblesse de la visibilité des leaders européens à la télévision
Politico Europe a réalisé avec Media Tenor International une analyse de la présence des leaders européens sur les principales chaînes de télévision européennes.
Les résultats sont préoccupants. Les leaders européens n’impriment pas. Malgré son importance, Bruxelles rompt rarement l’actualité des nouvelles à l’agenda des grands médias. Et quand il le fait, c’est généralement rapporté négativement.
Même lorsqu’ils sont combinés, le temps d’écran consacré aux figures les plus importantes de l’UE, Tusk, Juncker, Mogherini… est inférieur à celui des dirigeants politiques nationaux – ou de Donald Trump.
Plus d’un quart de tous les sujets dans les programmes d’information de télévision jusqu’à présent cette année ont cadré l’UE comme un échec, contre environ 5% qui dépeint l’UE de manière positive.
La priorité de la communication de l’UE doit se porter sur une meilleure action auprès des médias audiovisuels maintream afin d’assurer une présence plus importante, et plus positive auprès du grand public.