Ce soir, Notre Europe – Institut Jacques Delors a organisé une conférence sur la communication en vue des élections européennes. Quels sont les points clés du débat ?
Les enjeux de la communication sur les élections européennes selon Yves Bertoncini
Après un propos liminaire d’Anne Houtman, Chef de la Représentation de la Commission européenne à Paris, et avant une présentation de la campagne de communication par Mathieu Blondeau, Yves Bertoncini a posé les enjeux de la communication sur les élections européennes :
Pourquoi communiquer ? Augmenter le taux de participation électorale en baisse constante depuis 1979 auprès des abstentionnistes ou informer les électeurs « pratiquants » des choix pour l’avenir de l’UE.
Quoi communiquer ? Les nouveautés institutionnelles notamment l’importance du scrutin dans le choix du futur président de la Commission européenne ou le fond, en particulier l’accord commercial transatlantique, la protection des données personnelles en ligne, la lutte européenne contre le changement climatique, les réponses à la crise, etc.
Quels outils ? Conserver les professions de foi des candidats certes, mais surtout l’audiovisuel, le web et les médias sociaux.
Qui doit communiquer ? Les institutions européennes, les Etats-membres, les partis politiques, les médias, la société civile…
Que ton ? Rester docte et pédagogique ou être plus contradictoire/polémique éventuellement dramatisé/exagéré, voire jouer avec l’humour ?
La politisation du débat public sur l’Europe comme condition pour intéresser les électeurs et faire reculer le populisme selon Philippe Cordery, député
Normalement les électeurs se déplacent pour voter car ils font un choix et veulent réorienter la politique. Mais, avec les élections européennes, ils ont l’impression que leur bulletin de vote ne compte pas.
Afin que les élections européennes ne fassent pas exception parmi les scrutins, il faut parvenir à :
- Changer la nature du débat sur l’Europe, qui ne doit plus porter sur pour ou contre l’UE trop simpliste et favorable aux populisme mais sur les projets pour l’avenir de l’UE
- Changer les repères pour poser un raisonnement majorité/opposition à l’échelle européenne à une époque où le compromis entre démocrates-chrétiens et sociaux-démocrates se voit remplacé par des alliances à la carte et des alternances possibles.
La communication institutionnelle du Parlement européen : mission de mobilisation des électeurs quasi impossible mais transformation possible de la scène européenne autour de nouveaux rites selon Michaël Malherbe
Tandis que 3 objectifs peuvent être assignés à toute communication : changer les perceptions (le plus facile), changer les opinions (c’est pas facile) et changer les comportements (le plus dur), la communication du Parlement européen vise à transformer la réalité.
Transformer la réalité de l’abstention électorale est une mission nécessaire quoique quasi impossible de la communication institutionnelle du Parlement européen.
D’autant plus impossible que les premiers pas de la campagne ne vont pas dans la bonne direction entre un slogan littéralement démagogique pour tout Européen lambda (cf. « Cette fois, c’est différent ») et une vidéo « humanifesto » décriée lors de sa sortie.
Transformer la réalité de la scène politique européenne semble une mission ambitieuse possible en créant de nouveaux rites politiques européens qui s’inspirent des grands temps forts du débat électoral américain.
Au travers de plusieurs innovations, de nouveaux rites politiques européens vont peut-être parvenir grâce à la campagne de communication du Parlement européen à s’inscrire dans la réalité :
- des débats télévisés entre les candidats à la présidence de la Commission européenne ;
- une soirée électorale couverte en direct et en ligne ;
- un discours le jour de l’inauguration du président de la Commission européenne.
La conclusion du débat sur les élections européennes revient à Nicolas Leron, président d’Eurocité qui insiste sur le biais de laisser les institutions européennes s’assurer par elles-mêmes de conforter leur légitimité démocratique et le risque de ne pas sortir du cercle des initiés ou de laisser le débat public s’organiser autour des seuls partis populistes les plus audibles par leur simplisme.
Au total, la communication sur les élections européennes s’accorde à la fois à mobiliser les électeurs (la mission de la communication institutionnelle) et à animer le débat public (la mission de la communication politique).