L’introduction de l’euro le 1er janvier 1999 est un événement européen incontournable qui fit l’objet d’une attention médiatique considérable. Une excellente opportunité pour une « étude de cas » du traitement médiatique en Europe. Y a-t-il eu un traitement commun paneuropéen ?
Dans « Framing Politics at the Launch of the Euro: A Cross-National Comparative Study of Frames in the News », l’analyse a porté sur le traitement médiatique de l’introduction de l’euro à la télévision pendant 10 jours fin décembre 1998 et début janvier 1999, dans 4 pays européens :
- Pays-Bas : petit pays pro-intégration, membre de l’euro-zone ;
- Danemark : petit pays eurosceptique, non membre de l’euro-zone ;
- Allemagne : grand pays pro-intégration, membre de l’euro-zone ;
- Royaume-Uni : grand pays pro-intégration, non membre de l’euro-zone.
Agenda-setting : une visibilité médiatique comparable entre les pays européens
Principal enseignement de cette étude, la visibilité médiatique de l’introduction de l’euro s’est révélée très comparable entre les différents pays européens : d’un quart à un cinquième de l’ensemble des actualités.
Dans tous les pays, cette visibilité consacrée à l’introduction de l’euro est exclusivement événementielle sans que la place des sujets politiques/économiques n’a été bouleversée par l’événement.
Tandis que les sujets politiques/économiques (au sein desquels étaient traités l’euro) représentent entre 45% en Allemagne et 60% des sujets dans les JT aux Pays-Bas, la place des sujets exclusivement consacrés à l’euro oscille entre 18% en Allemagne et 26% au Danemark.
Agenda-framing : un cadrage médiatique divergent sur les conséquences économiques
De manière globale, les journalistes des différents pays étudiés ont privilégié un cadrage autour des conséquences économiques de l’introduction de l’euro à un cadrage autour des conflits liés au sujet.
Les auteurs de l’étude estiment que les raisons en sont le relatif succès objectif de l’événement et la convergence des routines et valeurs journalistiques dans les démocraties européennes occidentales.
Dans le détail, un autre papier antérieur sur le même sujet et par les mêmes auteurs « Europeanised politics, Europeanised media? European intégration and political communication » se concentrent sur les divergences entre le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Les cadrages nationaux des médias audiovisuels semblent relativement conformes aux positions gouvernementales sur l’euro :
- Les médias TV britanniques insistent sur l’anxiété liée à l’impact négatif de l’euro sur la place internationale de la livre et sur les potentielles répercussions négatives sur l’économie nationale et les entreprises ;
- Les médias TV allemands mettent l’accent sur les conséquences positives sur l’économie nationale et sur la relative indifférence, sinon bienveillance des citoyens interrogés dans les sujets tant que la stabilité et l’inflation demeurent maîtrisées.
Au total, les traitements médiatiques en Europe liés au lancement de l’euro se révèlent contrastés avec une convergence quant à la visibilité du sujet dans les JT et une divergence quant aux angles.