Le débat sur la possibilité d’un « blogging » européen est relancé : l’euroblogosphère souffre-t-elle d’un manque d’interconnexion ou d’un défaut de crédibilité ?
Pourquoi l’euroblogosphère entre blogs européens déconnectés n’existe pas vraiment ?
Certes, selon Ronny Patz dans « Blogs on European affairs are written by insiders. There is a need for these EU specialists and academics to bring their debates to the digital public. », l’existence de blogs spécialisés sur les affaires européennes correspond à une certaine réalité puisque plus de 900 blogs (dont 200 actifs sur les 15 derniers jours) sont référencés sur la plateforme de référence BloggingPortal.
Mais, l’euroblogosphère est une chimère dans la mesure où la plupart de ces blogs sont écrits par des experts et non par des citoyens, le plus souvent en anglais et non dans leur langue maternelle, sur des sujets hyper-spécialisés en résonance avec l’agenda des institutions européennes et surtout sans interaction effective les uns avec les autres : seuls 1 blog sur 5 renvoie vers un autre blog dans les dernières publications.
Par ailleurs, en publiant cette tribune sur le nouveau blog de la London School of Economics & Political Science, Ronny Patz exhorte le monde académique – pourtant riche en chercheurs et en publications dédiés à l’UE – à s’investir dans la discussion en ligne via le « blogging » européen.
Comment une euroblogosphère connectée pourrait émerger ?
Quoique l’implication du monde académique serait sans nul doute un atout pour approfondir et enrichir la discussion en ligne (tout comme le serait une implication des institutions européennes), il est à craindre – comme le confirme les commentaires de Craig Willy et Mathew Lowry – que le blogging européen – même davantage connecté – demeure une activité de niche, tant que plusieurs conditions ne seront pas réunies :
- il faut davantage de multilinguisme dans les blogs européens ;
- il faut des liens plus nombreux avec les blogs des sphères publiques nationales pour transmettre les éléments de débats ;
- il faut surtout des thèmes et des enjeux qui concernent vraiment la vie quotidienne des Européens au-delà des querelles sur le sexe de la construction européenne.
Une autre réponse sous l’angle du blogging économique sur l’UE vient sur le blog du think tank Bruegel : « Europeans can’t blog ». les raisons de la faiblesses des connexions et de la densité et de la qualité des discussions entre blogs économiques européens sont :
- la barrière linguistique et médiatique contraint les économistes européens à s’exprimer dans des médias nationaux, inscrits dans un contexte et un espace publics dont le prisme demeure principalement national ;
- l’apprentissage défaillant de la pratique du débat dans la formation académique des économistes européen tend à développer la perception que le blogging est « une distraction face à la discussion avec des gens sérieux ».
Ainsi, tant la sphère académique en science politique que le milieu des économistes européens laissent à penser que l’euroblogosphère ne souffrerait pas tant d’un manque d’interconnexion que d’un défaut de crédibilité.