Fête de l’Europe : la communication européenne fait semblant

En s’inspirant de l’entretien accordé par Jean-Louis Bourlanges dans Le Monde du 2 décembre 2007 qui justifiait sa démission du Parlement européen ainsi : « l’Europe fait semblant d’être une solution aux yeux de ses promoteurs et à l’inverse, d’être une menace aux yeux de ses adversaires qui lui attribuent abusivement la responsabilité… » ; il n’est pas abusif d’affirmer qu’à l’occasion de la fête de l’Europe, la communication européenne fait également semblant…

La communication européenne à Bruxelles fait semblant d’être un événement populaire en ouvrant les portes des institutions

Comme il est devenu la tradition à Bruxelles, depuis quelques années, les institutions européennes organisent une « journée portes ouvertes » avec de nombreux stands, animations, villages enfants et autre karaoké…

Nouveauté cette année, la réalisation d’une appli iPhone/iPad « Festival of Europe » pour :

  • connaître le programme des festivités ;
  • trouver son chemin dans le quartier européen avec une Google Map ;
  • expérimenter même de la réalité augmentée en filmant les bâtiments pour obtenir davantage d’informations.

Néanmoins, l’événement qui fait l’objet d’une relative participation du public – au moins pour celui qui peut se rendre sur place – n’est pas sans soulever un « mélange de déception » selon Kosmopolito dans « The « Festival of Europe »: efficient communication or just a colourful marketplace? » :

  • d’une part, les gens rejettent tout matériel d’information ou pire récupèrent des papiers qui ne seront jamais lus de toute façon ;
  • d’autre part, les institutions conçoivent la journée portes ouvertes comme une opération « marketing » sans chercher à vraiment plus éclairés les visiteurs sur les questions européennes.

Conclusion, l’UE fait semblant d’organiser un événement populaire, « un peu de cirque pour un jour par an », selon Kosmopolito qui conclut « après tout, il s’agit d’un événement réussi, à ce que les gens disent. Un bon exemple de l’inertie institutionnelle… »

La communication européenne en ligne fait semblant de faire du web social avec un « monologue 2 .0 » de Herman Van Rompuy

Alors que les médias sociaux apparaissent de plus en plus comme une bouée illusoire : « En Europe, les médias sociaux peuvent-ils combler le déficit démocratique ? », le Président du Conseil européen, Herman Van Rompuy réalise, pour l’occasion, une page Facebook « Ask your question ».

Avec seulement 38 questions (la plupart par les « usual suspects ») et 10 réponses dans l’ensemble du week end, là encore, la communication européenne en ligne fait semblant de dialoguer avec les internautes. D’ailleurs, la vidéo suivante – déjà 27 vues sur Youtube (!) – est une grande leçon (à partir de 1 min) :

Bilan, selon Cédric Puisney dans « Herman Van Rompuy ou l’éloge du monologue 2.0 », « Herman est bel et bien un as de Facebook : en 27 secondes, notre président aura répondu à 2 questions, en 12 mots. ».

La communication européenne de Laurent Wauquiez en France fait semblant en s’adressant uniquement aux pro-Européens

Dans un message publié sur Facebook, le ministre des Affaires européennes se mobilise à l’occasion de la fête de l’Europe. La preuve ?

Laurent Wauquiez « propose d’afficher collectivement notre attachement au projet européen par un signe distinctif (…) afin que tous les pro-européens puissent se mobiliser ensemble et de façon visible ».

Un logo « Fête l’Europe ! » pour :

  • démontrer la vivacité du sentiment d’appartenance au projet européen ;
  • afficher un visage de l’Europe moderne, proche des citoyens et participatif ;
  • montrer la force de la majorité silencieuse pro-européenne de notre pays.

Une bien curieuse façon de s’adresser à tous les Français en concentrant le message de la Fête de l’Europe aux seuls pro-Européens et de bien nombreuses missions pour un simple logo.

D’ailleurs, l’agenda du ministre, lundi 9 mai 2011, entre un colloque « Aimez-vous l’Europe ? » et un « déjeuner européen » avec des personnalités impliquées dans la construction européenne confirme cette orientation principalement « auto-centrée » sur les publics captifs de l’Europe.

Finalement la fête de l’Europe apparaît bien plus comme une autocélébration pour les milieux européens captifs que comme un rendez-vous d’information sur l’Europe. Une occasion manquée pour profiter de la relative focalisation médiatique pour communiquer davantage sur les réalisations concrètes de l’UE.

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