Au-delà des réflexions nécessaires sur l’inquiétant recul continu de la participation électorale depuis les premières élections en 1979, Il semble important de s’intéresser aux conséquences institutionnelles et médiatiques des résultats du scrutin européen de juin 2009…
Les résultats du scrutin de juin 2009 : victoire des partis modérés sur les partis d’extrême
Le scrutin se caractérise par un relatif renforcement de la droite et du centre droit par rapport à la gauche :
- en 2004, victoire de la droite et du centre droit dans 14 États membres et la gauche dans 11
- en 2009, la droite et le centre droit sont victorieux dans 20 États membres et la gauche dans 7 (Slovaquie, Malte, Danemark, Grèce, Roumanie, Suède, Estonie).
Le scrutin se caractérise également par une relative stagnation des extrêmes (les partis d’extrême droite atteignent un résultat à 2 chiffres dans 8 États membres : Belgique, Pays-Bas, Hongrie, Finlande, Autriche, Danemark, Bulgarie et Italie).
Ainsi, suivant un premier niveau de lecture du scrutin, « face à la crise économique, les Européens ont majoritairement exprimé leur confiance aux forces modérées qui proposaient des réponses européennes aux problèmes », selon la lettre n°399 du 15 juin de la Fondation Robert-Schuman.
Vers une radicalisation des clivages entre les groupes exigeants et les groupes réticents
Quelle que soit la recomposition du paysage politique en Europe, pour prendre un second niveau de lecture du scrutin proposé par Gaëtane Ricard-Nihoul, secrétaire générale de Notre Europe dans « Elections européennes : cinq réflexions pour susciter le débat », « un clivage assez profond semble donc s’installer entre :
- les Européens exigeants quant à leur représentation à Bruxelles : « ils n’acceptent plus que l’action européenne soit prise en otage par les querelles nationales et qu’il y ait un décalage entre discours et réalité des actes ».
- les Européens réticents quant à l’intégration européenne : « leur position se renforce par la montée des partis d’extrême droite qui instrumentalisent l’euroscepticisme et par l’exploitation par les eurosceptiques du discours sur le caractère non démocratique de l’UE ».
Conclusion de Gaëtane Ricard-Nihoul, « il faut donc s’attendre à une prochaine législature où les positions se radicalisent quant à la perspective de l’intégration politique de l’UE ». Il s’agit d’un point de vue assez proche de Jean-Dominique Gillani, président de la Fondation Robert-Schuman dans une tribune « Ce que permettra la nouvelle physionomie du Parlement de Strasbourg » dans Le Figaro du 9 juin : « De nouvelles alliances sont possibles pour trouver des majorités sur les textes en discussion. Le rôle pivot du centre droit n’est pas contesté. Il lui permet l’expression d’une nouvelle vision de l’Union, plus politique, plus offensive… ».
Vers une médiatisation des débats parlementaires européens
Selon Gaëtane Ricard-Nihoul, « ‘cette cristallisation du débat sur la nature et la perspective politique de l’Union serait sans doute bienvenue :
- pour attirer les médias qui aiment la polémique vers le Parlement européen ;
- pour rendre les options politiques défendues par celui-ci plus lisibles pour le citoyen ;
- pour mettre au grand jour des divergences fondamentales entre forces politiques et Etats membres, trop souvent mises sous le boisseau.
Avec cette nouvelle configuration politique au Parlement européen, les nouveaux eurodéputés pourraient être davantage présents dans le débat public à condition qu’ils se conforment davantage aux critères de sélection médiatique, notamment :
- meilleure personnalisation des courants idéologiques à travers des leaders identifiés par les médias ;
- meilleure spectacularisation des arguments politiques à travers des prises de parole calibrées pour les médias.
Ainsi, les résultats du scrutin impliquent une nouvelle composition politique du Parlement européen qui pourrait également induire un meilleur traitement médiatique des débats au sein de cette assemblée.