Quels sont les problèmes de la communication européenne ?

La période estivale étant normalement propice à la prise de recul, il peut être intéressant de prendre le temps de mieux comprendre pourquoi la communication européenne semble souvent faire du surplace, en raison de plusieurs problèmes intrinsèques encore irrésolus…

Un problème d’audibilité du discours européen

Le premier problème réside dans le fait que le discours européen, quel qu’en soit l’émetteur, est encore trop souvent littéralement inaudible. Pourquoi ?

Selon Thierry Chopin, dans Telos : « depuis trop longtemps, le discours sur le projet européen s’est enlisé dans une triple impasse » :

  • Le biais technique qui rend tout sujet européen jargonneux, pas seulement à cause des trop nombreux acronymes ; et fini en bouilli juridique ou budgétaire ;
  • Le biais incantatoire qui réduit tout projet au modèle des pères fondateurs sur la paix ; qu’il faut impérativement actualisé ;
  • Le biais militant qui cantonne tout message européen à un public sinon confidentiel, du moins principalement convaincu.

Tant que la communication européenne demeurera inaudible auprès d’un très large public en raison de ces biais technique, incantatoire et militant, ni les médias ne pourront davantage s’intéresser à l’Europe, ni a fortiori les citoyens.

Un problème d’acceptabilité de l’information européenne

Le deuxième problème, d’égale importance, porte plus spécifiquement sur le fait que les conditions de production de l’information européenne ne la rendent pas acceptable pour les journalistes. Pourquoi ?

Si l’on suit les réflexions d’Arnauld Leclerc, chercheur et fondateur d’Euradio, lors d’une conférence, parce que l’information européenne d’une certaine manière ne rentre pas encore assez dans les canons de la fabrique des médias :

L’effet d’agenda de l’Europe se limite à sa capacité à inscrire sporadiquement quelques temps forts autour des sommets européens ou de sujets polémiques de grande ampleur, comme la question de l’euro ou des migrants, sans être encore parvenu à vraiment routiniser l’impératif d’un traitement de l’actualité institutionnelle européenne auprès des rédactions nationales des grands médias, notamment audiovisuels.

L’effet de cadrage de l’Europe est encore plus réduit, puisque la capacité de la communication européenne à influer sur le choix des mots et des angles pour couvrir les dossiers européens dans les médias est quasi absente, si l’on excepte quelques contre-exemples où de rares programmes emblématiques comme Erasmus, Schengen, la PAC, le FSE sont parvenus à raconter une histoire et à s’inscrire dans l’environnement familier des journalistes.

L’effet de personnalisation de l’Europe est encore plus mineur, puisque les quelques personnalités européennes sont absentes des médias, non pas qu’elles ne soient pas des « bons clients » capable de porter haut les couleurs de l’Europe, mais parce qu’elles ne considèrent pas une telle présence comme prioritaire alors que l’invitation à un journal télévisé est l’accès immédiat à une audience qui ne serait jamais atteinte sans des investissements que les institutions européennes ne sont pas prêtes à consentir.

Finalement, le problème de la communication européenne, c’est qu’elle n’est pas encore parvenue à se banaliser suffisamment, tant dans les discours politiques que dans l’actualité.

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